Danger sur le CAPES et le CRPE
Au moment même où la classe ouvrière de France se défend en masse et avec courage contre la destruction de SON système de retraites par répartition, le ministère de l’Education Nationale lance un ballon d’essai pour détruire le CAPES et le CRPE et donc pour jeter bas le statut de la Fonction Publique d’Etat.
Ce gouvernement réfléchit à recruter de façon locale et sans concours des enseignants sur seule présentation d’un diplôme universitaire lui aussi délivré localement par les INSPE sur la base d’un programme vidé des contenus disciplinaires.
Casser les concours enseignants, corps de fonctionnaires les plus nombreux, c’est casser tous les concours de la Fonction publique, ainsi que ceux de la SNCF et de l’EDF.
Le recrutement par concours est le pilier central du Statut de la Fonction publique. C’est la garantie d’une Fonction publique au service du Peuple et du pays. C’est une garantie contre les prébendes, les passes droits et les lobbys.
Comme les retraites par répartition et la Sécurité sociale instituées en 1946 par le ministre communiste Ambroise Croizat, comme le statut d’EDF mis en place par son camarade Marcel Paul, le statut de la Fonction publique est un conquis social gravé dans le marbre par le communiste Thorez à la Libération en application du programme du CNR mis en place sous l’autorité de Jean Moulin. Il fallait garantir l’indépendance des services publics contre les potentats capitalistes qui avaient pu utiliser sans aucun garde-fou toute la puissance de l’Etat pour collaborer avec l’occupant génocidaire.
Il y a un dénominateur commun à la casse des retraites et à la casse du Statut de la Fonction publique: les injonctions de la Commission européenne dans le cadre du pacte de stabilité de l’Euro et dans le cadre des traités de désintégration de la République française dans l’Union Européenne.
- L’U.E impose de respecter 3% de déficit pour payer l’euro et impose de faire payer l’austérité aux travailleurs, d’où la contre-réforme des retraites.
- L’U.E a imposé la réforme de masterisation contre la formation des enseignants dans le cadre du LMD afin de permettre la mise à bas des recrutement par concours. Le PRCF et les JRCF ont dès le départ dénoncé cette dynamique réactionnaire et dangereuse, alors même que les principales fédérations syndicales enseignantes, aveuglées par leur européisme beat et par le -faux- prestige du mastère, ont refusé d’en dénoncer le but.
Il y a en France dans de nombreuses disciplines un véritable problème de recrutement d’enseignants qualifiés.
Ce problème est dû à l’effondrement scientifique et industriel de notre pays, après plus de trente ans de contre-réformes anti-sociales imposées par l’UE.
Ce problème est dû à la paupérisation dramatique des enseignants et de la dégradation exponentielle de leur conditions de travail du fait de l’euro-austérité imposée depuis 1992 par le traité de Maastricht avec son corollaire, le blocage à répétition des traitements sous les gouvernements maastrichtiens successifs (Raffarin, Sarkozy, Hollande, Macron) assorti au report de fait de l’âge de départ en retraite à 67 ans pour les nouveaux entrants dans le métier, (contre-réforme Raffarin-Fillon de 2003, plus contre-réforme Touraine avec l’augmentation des annuités assorties de lourdes décotes pénalisant gravement les enseignantes).
Le recrutement local ne réglera pas ce problème, les étudiants qualifiés capables d’atteindre le niveau attendu ne vont pas apparaitre par génération spontanée. Les étudiants qui se détournent de la carrière enseignante car ils refusent à raison d’être maltraités et d’être sous payés, ne se précipiteront pas sur un recrutement qui dégradera encore davantage leurs droits.
Rappelons que le Statut de la Fonction Publique dispose qu’à chaque besoin pérenne doit correspondre un poste. De façon abjecte et cynique, en pleine crise de recrutement l’Etat employeur l’Etat employeur préfère faire enchaîner des CDD à des enseignants contractuels, formés ou non, puis de cesser leur réemploi au moment où il devient obligé de les employer en C.D.I pour les conserver dans les effectifs. C’est d’autant plus honteux que le ministère refusent à ses travailleurs précaires les aménagements d’emploi du temps et la formation nécessaire pour se présenter dans de bonnes conditions à des concours dont on rappelle que beaucoup ne font pas le plein de candidats.
Hier comme aujourd’hui les dirigeants capitalistes « français » se placent sous le giron d’impérialismes étrangers pour défaire la République afin d’attaquer nos droits. Ils dissolvent l’héritage franchement républicain de Robespierre, de Jaurès, de Thorez, ainsi que les orientations généreuses du plan Langevin-Wallon de l’après-guerre dans les traités européens et transatlantiques qui nous mènent à la misère, à la guerre et à à la destruction de la Nature.
Pour défendre leurs droits, les enseignants doivent refuser les régressions et pour cela doivent exiger la sortie de l’UE, de l’euro, de l’OTAN et plus loin du capitalisme. A eux de s’inscrire pleinement, avec leurs spécificités, dans le grand mouvement pour la sauvegarde des retraites qui va certainement rebondir avec la colère de masse qui déferle sur le pays suite au coup de force antidémocratique de l’ « adoption » sans vote prévue à l’Assemblée nationale d’un texte sur les retraites vomi par les Français.