Repoussées à deux reprises, les élections TPE auront finalement lieu du 22 mars au 4 avril 2021. Ces élections professionnelles concernent près de 5 millions d’électeurs, salariés d’entreprises de moins de 11 salariés ou employés à domicile. La commission Luttes du PRCF dans un communiqué prend position et explique les enjeux de ces élections et les raisons de se mobiliser.
À l’occasion des élections professionnelles en cours au sein des P.M.E. et des T.P.M.E., tout est fait dans les médias d’État ainsi que dans les grands médias et journaux directement aux mains du grand capital pour valoriser la moindre prise de parole du jaune en chef Laurent Berger, chef de file de la CFDT et président de la Confédération Européenne des Syndicats.
De son côté, le patronat ne s’y trompe pas qui, dans les grandes entreprises notamment, fait tout pour conforter l’influence du syndicalisme jaune, acquis à la logique capitaliste et à cette « construction européenne » qui est synonyme de recul de la protection sociale et des retraites, de blocage des salaires au nom des « critères de Maastricht », de privatisation et d’asphyxie des services publics (Éducation nationale et hôpitaux en tête), de fusions et de délocalisations industrielles à l’échelle du continent et du monde.
C’est clair, le patronat voudrait à l’avenir pouvoir compter sur un syndicalisme français « raisonnable », dominant tous les secteurs du salariat français et totalement intégré aux « bonnes pratiques » européennes (c’est-à-dire à la soumission systématique des travailleurs au capital), de manière à pouvoir poursuivre tranquillement, à l’ombre d’un Empire euro-atlantique dominé par l’Axe Berlin/Washington, le démontage complet des avancées conquises par le syndicalisme français de classe et de masse représenté historiquement par la CGTU, puis par la CGT: conventions collectives de branche, code du travail national, statuts, secteur public et nationalisé, paritarisme effectif de l’administration de la sécurité sociale, justice prud’homale, etc.
Certes, l’orientation générale de la confédération CGT actuelle est extrêmement critiquable. Comme le Front syndical de classe (FSC) le démontre inlassablement depuis près de vingt ans, le « syndicalisme rassemblé », c’est-à-dire l’obsession des dirigeants confédéraux successifs de Louis Viannet à Philippe Martinez en passant par Bernard Thibault et Thierry Le Paon, de « coller » à la CFDT, n’a conduit, très logiquement qu’à des défaites sur tous les sujets, emploi, retraites, indemnités chômage, etc.
Comment la CGT pourrait-elle en effet obtenir des avancées tout en privilégiant les accords a minima avec un « syndicat », la CFDT, qui accepte a priori la logique capitaliste, qui cautionne toutes les contre-réformes émanant de Bruxelles (retraite, casse de l’hôpital, privatisation générale…) et qui bénit l’ « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée », credo de l’Union européenne depuis le Traité de Maastricht , alors fort justement rejeté par la CGT dirigée par Henri Krasucki ?
Par ailleurs, la confédération CGT n’a cessé, depuis sa rupture officielle avec la Fédération Syndicale Mondiale (FSM, qui regroupe 100 millions de salariés dans le monde sur des bases de classe) et son affiliation suicidaire à la Confédération Européenne des Syndicats (dominée par les syndicats allemands affiliés à la social-démocratie et partisans officiels de l’illusoire « collaboration des classes »), de dériver vers des positions euro-réformistes en abandonnant ce que Benoît Frachon appelait la « double besogne du syndicat », celle-ci consistant à défendre les intérêts immédiats des salariés dans l’entreprise tout en ouvrant en permanence aux salariés la perspective fédératrice et mobilisatrice d’une société débarrassée de l’exploitation capitaliste par la socialisation des moyens de production.
Malgré ces dérives hautement toxiques de la confédération CGT, le patronat ne s’y trompe pas: c’est encore la CGT qui, notamment dans les PME et les TPME, représente le syndicalisme le plus combatif, celui dont les traditions ouvrières de lutte sont les moins récupérables par le patronat, celui aussi où un nombre croissant de bases syndicales, Unions locales et départementales, syndicats d’entreprise, voire fédérations professionnelles, contestent les orientations euro-réformistes de la Confédération et appellent à revenir aux principes gagnants du syndicalisme CGT de classe et de masse.
C’est pourquoi la commission Luttes du PRCF, composée de militants syndicaux viscéralement attachés à la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs, ne saurait être indifférente au résultat des élections professionnelles en cours dans les PME et TPME.
Il faut à la fois renforcer le courant de classe dans tout le pays, dans tous les syndicats, y compris SUD, FO et la FSU et, bien sûr, dans la CGT, et empêcher la CFDT, cette courroie de transmission n°1 de l’UE, du gouvernement, du grand patronat et de la CES dans le monde du travail, de renforcer ses positions contre-réformatrices à l’occasion de ces élections.
Actifs, privés d’emploi ou retraités, nous faisons notre devoir envers notre classe et défendons avec elle l’emploi, notamment industriel, les salaires, les services publics, la protection sociale, la justice prud’homale et le logement social, en appelant les travailleurs salariés des TPME et des PME à voter massivement et à défendre par leur vote l’avenir d’un syndicalisme gagnant de classe et de masse: c’est indispensable, face à l’UE et à Macron-MEDEF, pour construire au plus tôt le grand « tous ensemble en même temps » indispensable pour changer positivement le rapport des forces entre Capital et Travail dans notre pays.
La commission lutte du PRCF
Comment voter : les explications de la CGT
https://www.cgt.fr/dossiers/tpe-donne-toi-le-droit-gagne-des-voix-pour-la-cgt