Emmanuel Macron l’incarnation du néofascisme libéral -libertaire : analyse de ce dont Macron est le nom, de qui Macron est le candidat !
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Un homme « nouveau »… pour que rien ne change
Les forces réactionnaires de notre pays avaient leur duel du deuxième tour de l’élection présidentielle tout prêt pour accélérer encore la fuite en avant dans la fascisation, avec un cauchemardesque face-à-face opposant Le Pen à Fillon. Or voilà que ce dernier, qui se voyait déjà, en nouveau Thatcher, détruire le peu de conquêtes sociales existant encore, rattrapé par les affaires, se trouve considérablement affaibli. Heureusement, prévoyante, la bourgeoisie a toujours plusieurs roues de secours dans ses bagages. Face à l’usure et aux compromissions de figures anciennes, quoi de mieux que de tabler sur un trentenaire inconnu en politique il y a cinq ans ?
Qu’il s’agisse de sa propagande directe (avec quels moyens, pour quelqu’un dont le mouvement nouveau-né propose l’adhésion à… zéro euro ?) ou de l’indécent battage médiatique qui le promeut depuis quelques mois, Macron joue pleinement la carte de l’homme « nouveau »… d’autant plus nécessaire qu’il s’agit d’un héraut d’un système capitaliste en général, et d’une Union Européenne en particulier, à bout de souffle, dont les méfaits suscitent la défiance grandissante du peuple et dont les représentants politiques apparaissent de plus en plus « jetables » en raison de leur impopularité, comme en témoigne le renoncement du président Hollande à briguer un second mandat. Ce dernier a lancé en politique un Macron qui ne détonait pas dans un gouvernement Valls dont il fut un pilier, et l’encore-président ne cesse de favoriser, plus ou moins discrètement, sa candidature.
L’homme et le moment de la dissolution de la démocratie formelle ?
Le moment politique où émerge la candidature de Macron est crucial pour l’avenir de la France, à l’orée du déclassement industriel, culturel, linguistique, scientifique, etc. complet et du possible saut qualitatif qui peut conduire notre pays de la fascisation de moins en moins rampante au fascisme de plus en plus affirmé. Rarement depuis la sinistre époque de Vichy le grand capital fut aussi tenté par la dissolution de la démocratie bourgeoise, que le coup d’État versaillais qui bafoua il y a quelque dix ans le NON français à la constitution européenne mit déjà fort à mal. Le fait de ne même pas pouvoir envisager de réutiliser une deuxième fois son serviteur zélé Hollande, inédit, illustre combien ce qui reste de démocratie se trouve à bout de souffle.
Macron est l’homme de la situation : interrogé, peu après son entrée au gouvernement, sur son parcours politique, il rétorqua froidement que la consécration par le suffrage universel constituait un cursus suranné. Elle eût émané d’un dirigeant du Front National, une telle déclaration eût suscité l’indignation générale des commentateurs. Mais de la part de Macron, cela ne provoqua nul tollé. Notre « homme nouveau » qui se vante de n’avoir point été adoubé par le suffrage universel est un employé direct du grand capital financier, très exactement, un haut commis de la Banque Rothschild. Préférer ouvertement le parcours validé par les banques plutôt que par le suffrage populaire, cela porte un nom en politique : le fascisme. Rappelons que les travaux historiques d’Annie Lacroix-Riz sur les années trente ont établi le rôle central des banques dans la fascisation galopante du pays qui prépara le « choix de la défaite » de 1940, de Vichy et de la Collaboration.
Il dénonce le « système », mais certainement pas le système capitaliste, dont il est un représentant direct
Pour parvenir au pouvoir, le fascisme maquille presque toujours, afin d’acquérir une certaine audience au-delà du grand capital dont il sert les seuls intérêts, une rhétorique trompeuse empruntant des éléments à la gauche, parfois même radicale. Comme Le Pen, Macron s’autoproclame hors du « système »… en se gardant bien de préciser de quel système il s’agit. Et pour cause, le Front National comme En Marche sont fort loin de contester le capitalisme. Mais Macron s’est payé le luxe d’intituler son dernier ouvrageRévolution. S’agit-il de la « révolution nationale » pétainiste ou de la « révolution conservatrice » de Reagan et Thatcher ?
Au vu de l’impressionnant palmarès en faveur du grand capital à son actif en deux ans de passage au gouvernement, qui fit fleurir le fort juste slogan Dans le Macron, tout est bon pour les patrons, il semble, en effet, que Macron pourrait constituer un « Thatcher français » bien plus efficace pour la haute bourgeoisie qu’un Fillon identifié depuis le début comme un réactionnaire largement porté par les franges les plus rétrogrades et les plus discréditées de l’Église catholique. Macron ne jouit pas d’une image aussi connotée dans un débat politique où les questions de classes sont hélas souvent savamment occultées par des questions « sociétales ».
Au-dessus des partis, ni gauche ni droite, pour une forme très particulière de « révolution »… cela ne vous rappelle-t-il rien ?
Même s’il prétend n’être ni de gauche ni de droite, le F.N. est à juste titre décrit comme un parti d’extrême droite par les médias. Mais quand Macron dit la même chose alors qu’il s’agit d’un agent particulièrement zélé du grand capital financier, il se trouve peu de monde pour le mettre en doute. Comme le F.N., le programme affiché de Macron est imprécis, fluctuant, il cherche superficiellement à emprunter, par démagogie, des éléments de revendication marqués d’un côté ou de l’autre de l’échiquier politique… mais la seule constante, derrière les manipulations de toutes sortes dont les précédents historiques sont bien connus, reste une politique de classe implacable au service du grand capital. Soi-disant au-dessus des partis traditionnels, le F.N. comme En marche constituent des rouages essentiels du système capitaliste dont la crise structurelle majeure impose de brouiller les cartes, de feindre la nouveauté pour préserver sa survie par des mesures de plus en plus anti-ouvrières et dictatoriales. Dans cet « en marche » vers la fascisation, il existe une répartition objective des rôles (cf. infra) entre une Marine Le Pen qui s’attribue le créneau « national », « identitaire » et quelque peu « vieille France », et un Macron qui vise un public plus jeune, fasciné par les mirages suicidaires de l’auto-entreprenariat universel, qui nie jusqu’à l’existence de la « culture nationale » et qui favorise outrageusement l’anglicisation linguistique de notre pays (comme on l’a vu lors de son discours de Berlin, prononcé en anglais dans le cadre d’une élection française). Public traditionnel des « beaufs » d’un côté, public plus boboïsant de l’autre, mais même visée ultra-policière et sécuritaire avec la même hargne antisyndicale et le même culte de l’Etat policier.
Un néofascisme du 21ème siècle à coloration libérale-libertaire [1]
Macron est l’homme de l’ubérisation de l’économie, c’est-à-dire de la forme adaptée à l’état des forces productives du 21ème siècle de la destruction complète de toutes les garanties collectives pour les travailleurs. C’est l’aboutissement monstrueux du « néolibéralisme », de la loi de la jungle, toujours prônée au nom de la liberté ou d’un ordre naturel qui serait contrarié par les vestiges du programme du Conseil National de la Résistance, dont on sait ce qu’il dut à l’apport du PCF clandestin. Ce « libéralisme » constitue en réalité une exacerbation considérable du capitalisme monopoliste d’État : le grand capital est plus que jamais sous perfusion d’argent public (c’est la baisse des prétendues charges : faire payer par l’État une partie des salaires !) ; les impôts indirects, qui frappent durement les travailleurs, explosent. Mais le discours de Macron, sur la forme, ne tend pas vers l’apologie de l’ordre ni du « sang et des larmes » version Le Pen ou Fillon. On « libère » les entreprises des entraves à leur soif d’entreprendre (non sans un petit parfum poujadiste), on « émancipe » les employés en leur « permettant » de devenir auto-entrepreneurs – en réalité esclaves des donneurs d’ordre, retour dans les conditions de notre temps au travail aux pièces largement répandu à l’époque où Marx écrivait leCapital. C’est l’apologie décomplexée du désordre « naturel », de la concurrence « libre et non faussée » à tous les niveaux.
On en arrive à ce que le regretté Michel Clouscard avait compris bien avant que ne fleurisse le phénomène Macron : l’achèvement de la contre-révolution libérale-libertaire débouche nécessairement sur le néofascisme. À nous de l’empêcher, en commençant par remettre ouvertement les questions de classes au centre du débat public, en portant le projet d’une sortie progressiste de l’UE et de l’OTAN et en démontant les manipulations « sociétales » du néofascisme « de gauche » du représentant jeune d’un système sénescent qui risque d’emporter l’humanité dans son agonie.
Bien sûr, le vrai bilan de Macron, même en matière « sociétale », est effroyable, qu’il s’agisse d’écologie (politique la plus anti-ferroviaire qui soit depuis des décennies alors que les déplacements de poids lourds explosent, incitation aux constructions sauvages dont la loi Macron interdit le démantèlement même si elles sont reconnues illégales…) ou de droit des femmes et des immigrés (surreprésentés dans les métiers les plus touchés par l’ « ubérisation » de l’économie, frappés de plein fouet par la loi « travail » dont Macron porte au moins autant la responsabilité que l’ exécutante El Khomri…).
Un ultranationaliste européen
L’extrême droite est ultranationaliste, pas Macron, diront certains naïfs. Faux : c’est un ultranationaliste européen. Il s’est récemment exprimé, en anglais, à Berlin, pour prôner une défense commune européenne. Dénoncer le « repli national » pour promouvoir le militarisme d’une Union Européenne de plus en plus fascisante, russophobe, germano-centrée et arrimée à l’OTAN, voilà qui n’augure rien de bon pour la paix et l’internationalisme. Macron constitue sans doute l’un des meilleurs candidats pour l’euro-destruction de la France, il fut au gouvernement l’un des plus grands zélateurs des contre-réformes européennes de casse de toutes les protections des travailleurs : c’est bel et bien un ultranationaliste, mais traître à la France. En d’autres temps, la bourgeoisie française se sentait de curieux élans « pacifistes » en préférant Hitler au Front Populaire et en signant les accords de Munich, qui donnaient à Hitler un véritable feu vert occidental pour menacer l’URSS et l’Europe de l’Est. Défenseur, devant la crise majeure de l’U.E. dont le Brexit est un symptôme, d’une Europe à deux vitesses resserrée autour d’un couple franco-allemand dans lequel on connaît les rapports de forces terriblement déséquilibrés, Macron est-il si éloigné de ces nauséabondes orientations de classe que l’on pourrait qualifier de« germanophiles » si elles n’étaient pas si contraire aux intérêts des travailleurs allemands appauvris par les Lois Hartz ?
Partage des rôles avec le F.N.
Les déboires de Fillon conduisent donc la bourgeoisie à resserrer sa tenaille électorale épouvantable autour d’un autre duo de choc, Le Pen/Macron. À Le Pen le fascisme soi-disant patriote (en réalité chauvin et xénophobe mais opposé à la vraie rupture avec l’U.E.), nationaliste français, à Macron le néofascisme soi-disant internationaliste, en fait national-européen. À Le Pen le dévoiement de la défense de la langue française, à Macron son assassinat complet en faveur du globish imposé par le MEDEF. À Le Pen les « beaufs » et les ouvriers désorientés et déclassés que les médias orientent savamment vers le FN et tentent d’écarter de la vraie gauche, à Macron les « bobos », les jeunes et les cadres bien propres sur eux. À Le Pen les partisans de l’ordre et du respect, à Macron ceux du laisser-faire et de la liberté individuelle. Mais derrière ce triste jeu de rôles, tous sont d’accord sur l’essentiel : écraser et diviser la classe ouvrière, détruire ce qui reste de la république française une et indivisible, remplir par la force les caisses du grand patronat (la tendance libérale-libertaire de Macron ne l’a bien sûr nullement conduit à protester contre l’usage du 49.3 ou de la répression de masse contre les manifestants CGT, lesquels furent nécessaires à Valls-Hollande pour imposer avec lui leur politique). Et le plus inquiétant pour un progressiste vient de ce que son duo infernal avec Macron dans le « débat » politique risque de conduire Le Pen à marquer encore plus de points parmi les classes populaires ; la victoire de Macron face à Le Pen donnerait à cette dernière des chances de succès particulièrement élevées quelques années plus tard. Même si la plupart des forces progressistes de notre pays sous-estiment de façon inquiétante le danger que représente le F.N., elles savent l’analyser comme un parti d’extrême droite, faisons preuve de la même clairvoyance pour En Marche qui en représente une forme renouvelée, et ne sous-estimons en rien la gravité du danger fasciste en France qui, accompagnant et complétant celui de l’euro-désintégration nationale et de la marche à la guerre antirusse, nous presse de tous côtés, quels qu’en soient les atours.
Adrien Delaplace pour www.initiative-communiste.fr
[1] Rappelons que Daniel Cohn-Bendit, l’homme du mai 68 libéral-libertaire (pas celui des grèves ouvrières !), toujours fanatiquement hostile au PCF et à la CGT, soutient Macron. Bel aboutissement pour un homme qui a consacré toute sa carrière politique à l’anticommunisme « de gauche », et qui a toujours dévalué l’héritage jacobin français tout en célébrant l’ordo-libéralisme allemand.