Quelle est la situation des travailleurs en lutte de KEM ONE Saint Fons mobilisés depuis avril comme nous le rapportions ? Ce 26 mai 2021, Didier Chaix – Délégué CGT – KEM ONE, Saint-Fons a répondu aux questions du PRCF 69 qui a renouvelé le soutien du Pôle de Renaissance Communiste en France à cette juste lutte.
Bonjour Didier, pouvez-vous vous présenter ? Quel poste occupez-vous au sein de KEM-ONE ?
Cela fait 30 ans que je travaille sur le site de Saint-Fons. Je suis représentant du personnel depuis 2000. Je suis aujourd’hui délégué syndical CGT du site et aussi délégué syndical central CGT pour l’ensemble de KEM ONE.
Pouvez me dire ce que vous faites dans cette entreprise ?
KEM ONE est dans la fabrication du PVC, qui sert dans l’automobile, la construction, les emballages et le médical. Nous sommes basés essentiellement en Rhône-Alpes et en Paca.
Le 5 novembre 2020 en plein confinement, les salariés de BU PVC ont appris qu’ils allaient être contraints de déménager de Saint-Fons vers le siège Social dans le 8ème arrondissement de Lyon. Pourquoi ?
Ce déménagement est vendu par la direction comme quelque chose d’important. Il n’était pas normal à leurs yeux. La BU PVC, c’est en fait le service « vente marketing » mais aussi le service qui s’occupe de l’acheminement des matières premières. Pour la direction, ces services doivent être installés au siège à Lyon. Nous avions été placés à Saint-Fons par notre ancien propriétaire, Arkema, pour assoir et pérenniser l’action de l’usine de Saint-Fons.
Que répondez-vous à ceux qui disent que cela permettrait à l’entreprise de rapprocher les équipes et donc de travailler en meilleure synergie ?
C’est l’argument coup de poing de la direction : améliorer la synergie. A nos yeux, cet argument ne tient pas puisque à la naissance de KEM ONE, le siège était basé avenue Jean Jaurès à Lyon et quand il était question de le déménager là ou il est actuellement, nous voulions qu’il soit installé à Saint-Fons pour réunir toutes les équipes. A l’époque, cela avait été refusé car la direction avait mis en avant le fait que l’on pouvait travailler à distance, que les moyens de communication étaient suffisants pour la communication.
Aujourd’hui on nous dit tout l’inverse, comme quoi il est essentiel de rassembler les équipes. On n’est pas dupe, on sait que les politiques patronales évolues au gré des modes et d’autres choses ; ce qui est vrai un jour ne l’est plus le lendemain.
L’entreprise est pourtant propriétaire de votre site actuel. Qu’est-ce que la direction a y gagné ?
Sincèrement, je pense que c’est pour rapprocher les équipes, certainement pour des raisons professionnelles avec la réunion des cadres et des deux directions. Par contre pour ce qui est des équipes, elles n’y voient pas d’intérêt. Il n’y a pas d’argument coup de poing de la part de la direction, ils ont décidé et point. C’est dur à comprendre car cela va coûter à l’entreprise, ce déménagement, l’achat de matériel, du mobilier, il n’y avait pas lieu de le faire. Les locaux de Saint-Fons étaient adaptés et même eux disent qu’il n’y a pas d’intérêt économique dans ce déménagement, c’est uniquement pour rapprocher les équipes. Cela entraine beaucoup de problèmes personnels pour les salariés, en termes d’organisation familiale.
Et à propos des problèmes salariaux de l’atelier PVC ?
C’est un conflit qui couvait. Les conditions de travail se sont beaucoup dégradées, cet atelier souffrait de sous investissement de la part de l’employeur. Il y a eu un événement qui a déclenché les hostilités, c’est le versement de bons cadeaux d’un montant de 300 euros, pour un record de production battu, alors que cet atelier prend le PVC produit par l’atelier en question pour le retransformer en PVCC (autre type de PVC). Leur record est donc étroitement lié à notre PVC. Nos ouvriers se sont donc sentis floués. A partir de cela, tout est sorti le 1er avril sous forme d’une journée de grève. Ensuite, les salariés de cet atelier ont refusé de « prendre les clefs », c’est-à-dire de refuser d’intervenir sur l’outil de travail, pour protester contre cette décision injuste.
A l’heure actuelle, le conflit est suspendu depuis le 12 avril mais les revendications sont toujours là. Verser une ISC (indemnité de service continu), c’est une prime de panier à chaque poste, ce que la Direction a refusé. Cette revendication vient s’ajouter à une revendication salariale de 120 euros sur le salaire de base.
La direction s’est donc engagée à ce que les salariés touchent la prime de 300 euros sans que les salariés la demandent. Elle a même été étendue à tous les salariés de l’entreprise. Une AI (Augmentation individuelle) a été versée fin avril à 53 des 57 salariés de l’atelier. Ils n’ont pas donné aux 4 derniers pour dire qu’ils ne la donnent pas à tout le monde, mais la direction la donnera l’année prochaine : c’est du politiquement correct.
Des engagements sur l’emploi vont être mis en œuvre, ainsi qu’un plan d’allégement des conditions et charge de travail. Le mois prochain tout cela va être présenté aux employés. En attendant, l’atelier tourne toujours au ralenti (les collègues refusent toujours de « prendre les clés ») en attendant d’avoir confirmation de tout cela.
On est content pour vous ! On vous soutient à fond dans votre lutte, bon courage ! On suit la suite avec attention
Merci beaucoup.
Entretien réalisé par Dark Vlador le 26/05/2021