En ce 31 mars jours de grève générale, Initiative Communiste a souhaité donner la parole à un étudiant – Stevens – militant engagé pour le retrait de la Loi Travail
IC Cher camarade étudiant à Montpellier, tu es très engagé dans le mouvement actuel. Comment apprécies-tu la mobilisation dans les facs et les bahuts contre la loi El Khomri ?
Globalement, je suis content de voir qu’il se passe quelque chose. Etant donné l’Etat d’urgence, une manifestation de la part des étudiants, un mécontentement crié haut et fort, c’est considérable, les gens sont en effet de plus en plus muselés, il y avait jusque-là comme une sorte d’apolitisme ambiant, plus concrètement, à partir de Montpellier III (Paul Valéry), au cours des différentes journées de manifestation, il y a une initiative des différents étudiants de Paul Valéry pour aller manifester : on peut constater une évolution entre la première manifestation (celle du 9 mars) et celle d’hier (du 24 mars), évolution qui me semble positive dans le sens où celle d’hier au MEDEF était spontanée, c’est-à-dire sans recours à l’UNEF, qui est le principal syndicat étudiant habituellement à l’origine des mouvements. Une prise en charge des étudiants, sans chasse gardée par l’UNEF donc. Un scandale a éclaté après la manifestation lorsque les étudiants ont réalisé que les médias avaient présenté l’UNEF comme étant à l’initiative de cette manifestation. Des lycéens ont rejoint le cortège : lycée Jean Monnet et Joffre notamment.
IC : Les jeunes en lutte font-ils le lien, pointé par le PRCF (lire ici) et par les JRCF, entre cette loi destructive et les sommations adressées au gouvernement français par la commission européenne (sans parler bien sûr du MEDEF et du syndication patronal BusinessEurope). A propos de la dérégulation du « marché du travail français » ?
Il y a une réflexion, il y a cette conscience que la loi du travail participe de cette tendance à la libéralisation économique et à la mondialisation du marché du travail. Les étudiants ont conscience que cette loi entérine des pratiques qui existent déjà, ils ne souhaitent en aucun cas que ces lois exacerbent des pratiques déjà existantes dans le monde de l’entreprise (Mcdonald’s, Géant Casino, Ouigo et ses contrats intérimaires…)
Les étudiants ne sont pas dupes de la mise en scène du gouvernement. Il y a eu cette initiative d’aller au MEDEF et de se faire connaître en tant que jeunes. Il y avait les CRS, France 2, France 3, l’UD CGT 34, Sanofi déjà sur place. Cinq étudiants ont mis en scène, avec des clowns représentant le patronat et le MEDEF. Les mots d’ordre : « El Khomri t’es foutue, la jeunesse est dans la rue. » ; « Sortez, sortez, sortez manifester » ; « La jeunesse dans la galère, les vieux dans la misère : de cette société-là, on n’en veut pas ! »
IC Comment la jonction entre le mouvement de la jeunesse et le mouvement syndical se fait-elle (ou ne se fait-elle pas, ou pas suffisamment) selon ton expérience ?
La jonction s’est faite parfaitement, entre les étudiants et les acteurs de la lutte déjà sur place, en revanche il y a eu après la manifestation, lors d’un débriefing entre les étudiants, un désaccord sur le fait qu’au moment du départ la CGT ait pris la tête du cortège. Les étudiants ne veulent pas être récupérés.
IC Comment les jeunes militants franchement communistes peuvent-ils apporter un plus en terme de prise de conscience et de mot d’ordre dans le cadre de ce mouvement ?
Le système capitaliste va s’écrouler. Le mouvement des jeunes franchement communistes doit pouvoir éclairer sur les rouages de ce système. Le système d’informations traite d’une grande pluralité de sujets et les jeunes éprouvent de la difficulté à faire le tri : les attentats à Bruxelles, par exemple, nous détournent des problèmes sociaux. Le mouvement doit être l’outil qui permet de comprendre les mécanismes de la société. Le marxisme, c’est le prisme par lequel on peut étudier cette société. Globalement, Marx, Lénine, Trotsky, les soviets mis en place après la révolution d’octobre 1917, j’adhère. J’adhère également à un personnage comme Robespierre dont l’œuvre est mal connue par les gens en général de par une historiographie qui a sali sa mémoire et qui a longtemps laissé dans l’ombre les projets sociaux cruciaux qu’il portait pour mettre l’emphase sur la période de dictature de la Révolution qui a pris place dans un contexte bien spécifique. Dans l’historiographie, c’est-à-dire dans l’écriture de l’Histoire, il est courant qu’un travail visant à ternir la mémoire d’hommes progressistes se fasse de la part de certains historiens ou écrivains orientés politiquement, qui luttent par ce biais.
Quant au mot d’ordre le plus crucial : il faut essayer de sortir de la consommation de masse. Tu parlais des générations de la résistance, nous on baigne dans l’opulence – également par rapport à d’autres pays à notre époque. Il faut arrêter ces habitudes de vie, on est constamment bombardé de publicités et il est dur de le réaliser.
Les mots d’ordre doivent faire ressortir la volonté d’un écosystème préservé après le simulacre de la COP21, débarrassé de la mainmise du patronat. Ce sont des thématiques chères aux jeunes
Pour IC / PRCF ARC 34