Ce samedi 17 juin marquait le huitième jour de mobilisation des caissières et caissier du Grand Frais de Saint-Priest-en-Jarez et de Firminy. Le PRCF 42 apporte bien évidement son soutien à toutes les travailleuses et travailleurs en lutte pour leurs droits les plus fondamentaux. Pour l’occasion, une équipe de camarade ont pu se mobiliser afin d’apporter notre soutien aux camarades et pour effectuer un entretien afin de diffuser au maximum la lutte. Nous remercions les camarades pour le chaleureux accueil.
Peux-tu te présenter ?
« Bonjour, je suis Nassima, déléguée syndicale et déléguée du personnel du Grand Frais de Saint-Priest-en-Jarez ».
Pourquoi es-tu là aujourd’hui ?
« Ça va faire bientôt une vingtaine d’année que je suis là et en 37 ans de boîte, il n’y jamais eu de grève ici, sauf qu’aujourd’hui les caissières en ont ras-le-bol de ne pas être payées à juste valeur ; les rayons eux, ont leurs primes, leurs pouvoir d’achat assez important à nous. Nous sommes considérés par la direction comme la dernière roue du char, soit prestaire de service et bien on ne nous donne rien du tout. Et puis hormis le pouvoir d’achat il y a les conditions de travail qui laissent à désirer, on est là on travaille dans des conditions déplorables, on nous impose de venir travailler sans avoir au moins un samedi de repos par mois sachant qu’on n’a plus de vie de famille, on passe notre vie au travail, à Grand Frais et aujourd’hui
Quel a été l’élément déclencheur ?
« La non-écoute des supérieurs, de la hiérarchie, une absence totale de réponse de leur part. Tout cela a fortement énervé. Notre RC (responsable caisse) qui jouait le rôle d’éponge entre nous et la direction, toujours à l’écoute de nos problèmes, de nos angoisses, de nos colères et essayait toujours d’éponger la situation. Malheureusement elle a eu un accident du travail et le jour où elle est partie en arrêt plus personne n’était là pour nous écouter, la direction était absente et sourde, la colère est donc montée, montée, montée et on a un prit une décision : une grève s’imposait ».
Combien de personne sont mobilisées dans la lutte ?
« Oulala rien qu’aujourd’hui on est une centaine, en semaine on doit être entre trente et quarante personnes (sur le piquet) mais en fin de semaine peut atteindre les deux-cents personnes facilement. C’est la première qu’on est aussi mobilisé, on remercie infiniment les camarades de la CGT avec qui nous avons trouvé beaucoup de soutien en particulier Cédric et Yannis, les deux responsable CGT de l’UL de Saint Etienne et franchement on est fier. Même les clients nous ont aidé moralement, physiquement et financièrement, c’est très important qu’on vous le dise, ils ont vraiment participé à la caisse de solidarité des caissières et c’est franchement formidable, on les remercie infiniment ».
Depuis combien de temps les piquets de Firminy et d’ici tiennent-ils ?
« C’est nous l’élément déclencheur, nous avions commencé le piquet samedi matin passé (le 10/03/23), on était sur le piquet. J’ai eu des appels de Firminy et d’Andrézieux qui se posaient eux aussi des questions et finalement Firminy n’a pas hésité à rejoindre le mouvement dès le samedi après-midi car eux aussi ont un ras-le-bol total, dont une histoire de lettre anonyme qui a fait beaucoup de brouhaha chez eux. La direction à mis un gros coup de pression sur les employés à cause de cette lettre. Aujourd’hui ils sont avec nous dans la lutte. Andrézieux ont beaucoup hésité car il y a beaucoup de CDD ; la hiérarchie ne peut faire grève, elle est venue nous soutenir mais en dehors de son temps de travail. Les caissiers et caissière ne sont qu’en CDD notamment à Firminy car une partie des CDI sont en vacances ».
Est-ce que cette lutte s’inscrit dans un cadre local où d’autre Grand Frais de France pourrait rejoindre le mouvement pour les mêmes raisons ?
« Alors, il y a déjà eu une affaire qui a été rapportée au tribunal car il n’y avait pas assez de représentant syndicaux, la direction a gagné grâce au prudhomme. Des camarades de Tours, de Décines, de Oullins qui m’ont appelé, donc je pense que nos conditions de travail sont similaires et qu’il suffit d’un élément déclencheur pour que la lutte s’étende ailleurs et que tout le monde se rejoigne ».
Est-il vrai que Grand Frais est un triumvirat, profite-t-ils de la situation ?
« Oui en effet, il y a Despinasse, Saveur d’Ailleurs et Fruitprix. Ils en profitent pour tomber en dessous de la barre des cinquante personnes pour éviter la formation d’un syndicat. Il s’est passé quelque chose de très grave à ce sujet. Le rayon fruit et légume ont mit un employé au rayon marais (le poisson) et éviter de former un syndicat, ils l’ont enlevé et l’ont envoyé dans un autre magasin avec une promotion de responsable (pour éviter qu’il ne porte plainte) à Vaulx-en-Velin. Ici on est en dessous de cinquante personnes car ils divisent volontairement, officiellement la direction ne compte que dix-huit personnes. L’unité économique et sociale avait été reconnue mais la CFDT (de Guillaume Toubinet) a, à l’époque, trahi et a été en cheville avec la direction. En partant ils ont signé un papier nous faisant sauter la prime d’ancienneté sans que nous ayons pu dire quoi que ce soit. Donc vive la CGT » !
Un petit mot de fin pour conclure ?
« J’espère que tout ce qu’on fait aujourd’hui sera vu et entendu dans toute la France par nos collègues qui travaillent dans les GIE Grand Frais. J’espère qu’il y aura un véritable national et que la direction nous écoute enfin pour qu’on puisse travailler enfin dans de meilleures conditions avec un pouvoir d’achat plus important que ce qu’on a aujourd’hui ».
Pour conclure il est nécessaire d’apporter du soutient à toutes initiatives de luttes car seulement tous ensemble et en même temps nous arriverons à faire tomber ce système qui nous écrase. Ici, à Saint Etienne et dans ses alentours, les luttes fleurissent avec le soleil. Nous espérons vivre un Été combatif et revendicatif. Vive la lutte, vive la CGT et vive la grève !
Retranscription de l’entretien fait par Alain, Virgil et Bastien du PRCF 42.