Né dans le quartier populaire de Leipzig en 1893, Ulbricht y grandit ; son père est un tailleur, socialiste et athée. A partir de 1907, il suit un apprentissage en menuiserie. En 1908, il entre aux Jeunesses du SPD dont il fréquente l’école à Leipzig. Le parti social-démocrate local, de tendance pacifiste, est orienté à l’extrême gauche ; il l’intègre en 1912. De 1915 à 1918, il est soldat en Macédoine. Quand son unité est transférée sur le front occidental, il tente de déserter mais il est repris et un tribunal militaire le condamne à deux mois de prison. Il s’évade et rejoint Leipzig, où il participe à la révolution comme membre spartakiste du Conseil des soldats et ouvriers. En 1919, il s’inscrit au KPD ; deux ans plus tard, il est un permanent du Parti, occupant le poste de secrétaire pour la Thuringe.
Ses qualités le font remarquer de la direction du Parti qui le fait venir en 1923 à Berlin. Comme membre du comité central, il s’occupe du bureau d’organisation et du conseil militaire. Il contribue à transformer le KPD en un solide appareil centralisé. Ulbricht travaille à l’implantation des cellules communistes d’entreprises. De 1924 à 1927, il séjourne à Moscou où il collabore au Komintern. Il en est d’ailleurs ensuite un instructeur à Vienne et à Prague. En 1926, il est élu au Landtag de Saxe et, en 1928, au Reichstag où il est surnommé le « renard saxon ». En 1929, il succède à Wilhelm Pieck comme chef du KPD de Berlin ; il devient ainsi le principal adversaire de Goebbels qui s’est lancé à la conquête de la capitale allemande.Les affrontements sont sanglants entre les communistes d’un côté, les nazis et la police de l’autre. Front Rouge contre SA, il faut tout l’héroïsme des communistes pour non seulement tenir, résister mais amplifier l’influence de leur parti.
Walter Ulbricht, Albert Kuntz , Erich Weinert en meeting à Berlin, 1930
Hitler devient chancelier du Reich en janvier 33 et Ulbricht est contraint à une période de clandestinité, jusqu’en octobre 1933 où il se réfugie à Paris où il fait partie de la direction du KPD en exil. En 1938, il part pour l’URSS . Pendant la guerre, il continue son travail politique, il effectue un travail de propagande auprès des prisonniers allemands. En 1943, il contribue à la fondation du « Comité Allemagne libre ». Le 29 avril 1945, il est à Berlin où avec des survivants communistes ils installent une nouvelle administration municipale, démocratique, et reconstruisent le KPD, seul parti d’Allemagne à avoir résisté durant toute la dictature hitlérienne malgré une répression sauvage et incessante. Il est l’adjoint de Wilhelm Pieck, chef du KPD, et devient le chef du bureau de liaison avec la puissance soviétique. Il prépare la réforme agraire en zone d’occupation soviétique, la fusion du KPD et du SPD donnant naissance au SED (Parti Socialiste Unifié), et il met au point le plan économique de deux ans.
En 1950, il est nommé secrétaire général du pari. Il restera vingt ans à la tête du SED. En 1952, il annonce la « construction du socialisme en RDA ». En 1960, après la mort de W. Pieck, il devient président du Conseil d’État de RDA et du Conseil national de défense.
En 1961, il décide la construction du Mur de Berlin pour faire face à une tension internationale dangereuse pour la paix et dont Berlin est l’épicentre. Pour faire face aussi au départ de RDA de plus de deux millions de cadres, ouvriers qualifiés, médecins formés grâce aux efforts de la RDA et qui sont attirés à Berlin Ouest par le miroir aux alouettes instauré dans cette vitrine du capitalisme mise en place par les revanchards de Bonn et les États-Unis impérialistes. Pour faire face encore à une campagne de subversion, parfois terroriste, d’une grande ampleur contre la RDA, les puissances impérialistes ayant avec Berlin Ouest un dard planté au coeur de l’Allemagne démocratique et antifasciste.
Ulbricht démissionne en mai 1971, mais le SED en fait son président d’honneur. Il meurt le 1 août 1973 à Döllnsee près de Berlin.
Voilà l’homme que nos médias, propriété de nos marchands de canons, insultent depuis plusieurs jours célébrant la « chute du Mur de Berlin » comme la victoire le la liberté. Goebbels, leur inspirateur en chef, disait déjà que plus un mensonge est gros mieux il passe. A force de pilonner leurs obscénités à la télé, à la radio, dans les journaux, les capitalistes espèrent que le plomb se transformera en or, leurs mensonges en vérités. Mais cela ne peut être. Car l’histoire imposera la reconnaissance des faits. Pieck, Ulbricht et leurs camarades du KPD puis du SED représentent l’antifascisme de fer et de sang de la classe ouvrière et du peuple allemand. Ils représentent la tentative de construction d’un Allemagne pacifique et socialiste. Que des erreurs aient été commises changent-elles le fait massif, incontournable, écrasant que sans la RDA l’Europe et le monde revoit avec effroi renaître la « bête immonde » du ventre fécond du capitalisme, dénoncée en son temps par le citoyen de la RDA, Bertold Brecht.
AM