Le gouvernement vient d’annoncer des milliers de suppressions de postes dans l’Éducation nationale pour la rentrée 2019 et d’autres, plus massives encore, pour les rentrées suivantes.
Il ne s’agit que d’une annonce de plus, cohérente avec le reste de la politique de destruction de l’Éducation Nationale entreprise depuis des années, accélérée par Macron mais qui n’est que l’application des stratégies européennes de l’Éducation pilotées par l’UE :
contre-réforme du collège – contre-réforme du lycée et casse du bac national – « parcoursup » et sélection sociale accrue à l’Université – Loi ORE sur le Supérieur – casse de la voie professionnelle et formation professionnelle livrée au MEDEF – fusion des académies et pilotage régional de l’Éducation – menaces sur les statuts – mise en concurrence des établissements et des agents – pouvoirs accrus aux chefs d’établissement dans le cadre du « new public management » – nouveaux programmes aux fondements réactionnaires – recrutement massif de contractuels à qui sont imposés précarité et bas salaires….
D’autres annonces, convergentes avec cette politique sont tout aussi préoccupantes.
Ainsi des projets d’enseignements obligatoires en anglais (et non pas d’enseignement de l’anglais) avec le recrutement de « locuteurs natifs » hors statut et avec comme résultat prévisible la mise en place du « globish » ou comment pousser les élèves à abandonner et à déclasser la langue de Molière et de Diderot SANS même leur apprendre un anglais correct…
Comme l’explique le Front Syndical de Classe : « C’est donc bien la construction d’une riposte globale qui doit être à l’ordre du jour des organisations syndicales de l’Education, faisant le lien avec l’ensemble des régressions (FP, retraites, droit du travail, allocations chômage, sécu…) et débouchant sur la construction d’un mouvement social de grande ampleur permettant de mettre le pouvoir sur la défensive, alors que déjà, les vaillantes luttes des cheminots, des étudiants, des postiers et des électriciens ont fortement affaibli le régime thatchérien de Macron. »
La vague doit déferler
Depuis des années, les enseignants victimes avec leurs élèves de mauvaises conditions de travail et des violences qui se développent dans toutes la société le savent bien : le soutien de l’administration est généralement défaillant, celle-ci cherchant à la fois à minorer les difficultés tout en engageant les enseignants à en rabattre fortement sur les exigences de niveau dans les quartiers populaires. Au lieu de créer de véritables conditions permettant aux élèves de progresser (petits groupes et classes à effectifs réduits pour commencer), les enseignants sont encouragés à multiplier les « projets » sans intérêt pédagogique véritable, tandis que dans les « beaux quartiers », le savoir est toujours valorisé.
Dès lors, face aux violences de certains élèves comme face à l’impossibilité de faire progresser l’ensemble des jeunes, les enseignants sont laissés seuls face à ce qui devient leur responsabilité exclusive. Dans ce contexte, il est sain que les bouches s’ouvrent contre l’abandon des enseignants par leur administration afin que les collègues reconstruisent du collectif et qu’il s’engagent dans une lutte déterminée pour changer l’école en même temps que la société.
conseil de classe 12 novembre 2018