Par Georges Gastaud, philosophe, militant communiste, et Arsène Schmitt, dirigeant syndical frontalier – 10 mars 2025

« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire » (Jaurès)
« Il n’est rien de plus révolutionnaire que de dire ce qui est » (Rosa Luxemburg)
Alors que la « Kaiserin »* Ursula von der Leyen, que la dirigeante balte russophobe de la « diplomatie » européenne mort-née Kaja Kallas, que le « chef de guerre » élyséen en mal de rebond politique et que les autres faucons européens, de Merz à Starmer, font tout pour saboter les timides possibilités de négociations, voire de paix en Ukraine ; alors que tous ces commis du grand capital, qui s’emploient d’ordinaire à abaisser les dépenses sociales et de santé, veulent trouver 800 milliards d’euros (!) dans nos poches pour gaver le complexe militaro-capitaliste européen (et américain !), pour créer une armée européenne tournée vers un nouveau « Drang nach Osten » (à bas Moscou… et Pékin !) ; alors que tous ces fauteurs de guerre veulent se saisir de la relative détente entre Washington et Moscou pour organiser un coup d’État euro-fédéraliste à Bruxelles en instituant illégalement un État fédéral européen (en clair un empire supranational) que les peuples refusent**, la réponse que la gauche politico-syndicale établie apporte à cette marche au suicide collectif de la France et de l’Europe est pitoyable de soumission et de veulerie…
Au nom du PS, Olivier Faure surenchérit sur Macron et demande que la France porte à 500 milliards son effort de surarmement, alors que notre pays censément surendetté doit déjà porter le fardeau d’une loi de programmation militaire de 413 milliards DOUBLANT le budget de la guerre d’ici 2030 !
Au nom des Verts, Marine Tondelier accepte la marche à la guerre sous réserve que l’on ne touche pas aux acquis sociaux et aux politiques écologiques (la guerre nucléaire serait-elle écologique?)
Au nom du PCF, l‘Humanité, tournant le dos à Jaurès et à Vaillant-Couturier, ose titrer dans une Une très ambiguë, jeudi 6 mars, « Pour la guerre, pas d’austérité! », et le sénateur « communiste » Ouzoulias, imité par le député PCF Lecoq, ose tweeter: « L’intervention du président de la République fut à la hauteur des enjeux. Je me retrouve dans l’essentiel de son propos ».
Bien entendu, la CFDT, qui ne fait qu’un avec la Confédération européenne des syndicats, cette courroie de transmission de Bruxelles, exige la mise à exécution rapide du budget de guerre et d’euro-austérité de Bayrou.
La confédération CGT, qui fut le grand syndicat ouvrier antifasciste, patriotique, internationaliste et anti-impérialiste de Frachon, Timbaud, Sémard, Croizat, Marcel Paul et Krasucki, cautionne le « conclave » sur les retraites organisé par Bayrou (alors que Macron se moque des syndicats en les appelant déjà à d’autres « réformes courageuses »: la retraite à 70 ans?). Pire : l’état-major confédéral CGT reste totalement l’arme au pied, abandonnant à elles-mêmes les luttes à la base et n’organisant strictement aucune riposte nationale aux dangers majeurs qui menacent le peuple travailleur, la paix mondiale et l’indépendance nationale. Sophie Binet, ce 7 mars et en réaction aux annonces euro-belliquo-austéritaire du gouvernement Macron-Bayrou, expliquant même qu’il urge de construire « une Europe qui s’émancipe des États-Unis » sachant « défendre notre industrie européenne« , accompagnant ainsi et de fait l’instauration d’une « souveraineté européenne » propre à paralyser les luttes ouvrières et à forger l’union sacrée continentale contre la Russie.
La direction de la FSU, qui se présente encore parfois comme un syndicat de « transformation sociale », n’est pas meilleure. Son dernier congrès s’inscrit entièrement dans la perspective illusoire et obsolète de l' »Europe sociale » et il désigne l’ « impérialisme russe » comme l’ennemi principal en oubliant totalement que les syndicalistes fidèles à la classe des travailleurs salariés doivent d’abord combattre l’impérialisme de leur propre pays ou groupes de pays, en l’occurrence celui de l’UE-OTAN. Non pas en cautionnant Macron et Bayrou, qui ont volé le résultat des législatives, mais en les boycottant et en appelant à les destituer!
Face à cette trahison massive, qui jette la classe travailleuse dans les bras des fauteurs de mort impérialiste, le mouvement populaire et ses militants, y compris ceux des organisations citées ci-dessus, sont mis en grave danger face à la répression d’État qui frappe déjà ceux qui, de manière ou d’autre, et si faiblement que ce soit, refusent et refuseront la politique de guerre, d’austérité, de répression et d’euro-dissolution nationale de l’ex-France indépendante. Dans ces conditions, les vrais communistes, les syndicalistes de classe, les patriotes républicains, les vrais militants internationalistes, antifascistes et anti-impérialistes doivent serrer les coudes, ils doivent avoir le courage d’ébrécher le consensus guerrier et d’engager la riposte commune, si difficile soit-elle au début. Pourquoi pas à l’occasion du 19 mars 2025, 75e anniversaire de l’Appel de Stockholm pour la paix et contre les armes nucléaires, et pourquoi pas par exemple à Paris devant le Café du Croissant où fut tué Jaurès en août 1914 ? Ou, si cette date est jugée trop proche, à ce même endroit le 8 mai 2025, date du 80ème anniversaire de la Libération ?
Camarades, ne suivons pas comme des moutons, par fausse loyauté d’appareil, les états-majors pseudo-progressistes qui obéissent en larmoyant aux faucons de la guerre mondiale euro-atlantique. Clamons ensemble, par-delà les divergences pouvant exister entre nous, « l’argent pour les salaires, pas pour la guerre! », « les crédits pour l’hôpital, pas pour la guerre mondiale », « même si Macron ne veut pas, on est là! », « produire en France pour la vie, pas pour la mort! », « non à l’UE-OTAN belliciste! », « non à l’armée européenne tournée vers l’agression », oui à une République sociale, souveraine et fraternelle envers tous les peuples de tous les pays! ».
* Impératrice en allemand.
** Créer un État fédéral européen viole de manière grossière le vote référendaire du 29 mai 2005 rejetant la mise en place d’une constitution supranationale européenne. C’est un nouveau coup d’État des eurocrates contre la France et la souveraineté populaire !