Le PRCF et les JRCF franciliens ont participé le mardi 13 août à la manifestation pour la régularisation des travailleurs sans-papiers de l’entreprise Atalian, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).
Située à Vitry, Atalian est une entreprise de sous-traitance de services aux entreprises, dans des secteurs comme le nettoyage, la sécurité, l’accueil, l’entretien d’espaces verts, mais aussi la maintenance des bâtiments. C’est une grosse société ayant racheté plusieurs sociétés de nettoyage : TFN, CARRARD SERVICES, SOGEPARK et LIMPA. Elle est aussi la sous-traitante de Chronopost pour le déchargement et le tri de colis à Nanterre.
Nous avons pu interroger l’un des travailleurs sans-papiers du CTSPV 94 (Collectif des travailleurs sans papiers de Vitry, association qui a organisé la manifestation).
IC : Est-ce que tu peux te présenter s’il te plaît ?
Cissoko : Je m’appelle A. Cissoko. Je suis délégué du Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry. Jamais je n’ai travaillé à Atalian, mais j’ai déjà accompagné les travailleurs pour rencontrer le directeur des affaires sociales.
IC : Peux-tu nous expliquer ce qui se passe à Atalian, la situation sociale à l’intérieur de l’entreprise ?
Cissoko : À Atalian, on emploie beaucoup de sans-papiers pour certaines tâches, car ils utilisent plusieurs alias. Un des camarades a travaillé sous quatre alias* ! Tu as vu, quatre alias ! Ils sont coincés car ils sont sans-papiers, mais les patrons eux ils nient. Ils disent qu’ils subissent cette situation parce qu’on n’a pas le droit de travailler sous un faux-nom. Alors qu’ils savent pertinemment qu’ils sont sans-papiers. Ce sont eux qui embauchent directement les salariés et qui provoquent cette situation. Quand le propriétaire de la carte lui-même (le travailleur sans-papiers) retourne chez lui, en France, ils te demandent d’arrêter. Tu dois aller chercher une autre carte et le chef d’équipe t’embauche avec l’autre carte. Quelle situation ! Et c’est partout pareil, mais surtout à Atalian. Dans tous les sites de ménage, les gens ce sont des sans-papiers.
IC : Le camarade (l’organisateur de la manifestation) a expliqué la situation et qu’elle pourrait peut-être se résoudre**. Je vois qu’il y a beaucoup des camarades sans-papiers de Chronopost. Tu peux nous rappeler les liens entre les travailleurs sans-papiers de Chronopost Alfortville et ceux d’Atalian ?
Cissoko : Depuis le début de la grève de Chronopost, le 11 juin, tous les membres du Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry, ils ont logé là-bas sur le piquet de grève, au siège de Chronopost d’Alfortville. Après, Atalian est un sous-traitant de Chronopost à Nanterre. Un des camarades travaille pour Chronopost à Nanterre. Il est travailleur à la fois de Chronopost et d’Atalian. Il a travaillé sous trois alias ! En plus, à Nanterre, ils sont nombreux à être sans-papiers. Pas tous, mais presque tous sans-papiers. On a décidé de soutenir les gens d’Atalian pour les aider à avoir leurs papiers de régularisation.
*Extrait du tract distribué par le collectif :
« dans certains cas, les employeurs savent parfaitement qu’ils emploient des salariés sans titre. Ils se servent de cela pour obtenir plus de travail en moins d’heures.
« C’est le cas de M. B. Mahamadou, embauché par CARRARD Services, une filiale d’Atalian, fin 2012 sous une identité d’emprunt. En six ans et demi, M. B. a été successivement employé sous quatre identités. »
** Lors de la réunion entre les travailleurs sans-papiers d’Atalian, le CTSPV 94 et des délégués de Chronopost, la direction s’est donnée dix jours pour remettre le nez dans les dossiers et tenter de régler la situation.