Fascisation : État policier& justice de classe.Alors que plus de 1000 procès politiques frappent en ce moment des syndicalistes, des manifestants, des travailleurs qui ont osé relever la tête et s’opposer à la Loi Travail, la fascisation s’aggrave . L’Etat d’urgence est désormais ouvertement utilisé pour réprimer le mouvement social, faire la chasse aux réfugiés, ou embastiller les journalistes qui osent filmer les agissements violents de la police du gouvernement. A l’image de Gaspar Glantz -journaliste reporter d’image bien connu de l’agence Taranis News qui s’est illustrée par sa couverture de terrain tant des manifestations pour le retrait de la Loi Travail que des violences policières dans la ZAD de notre dame des landes ou la jungle de Calais – Gaspar Glantz interdit en application de l’état d’urgence de territoire dans le Pas de Calais, arrêté alors qu’il filmait le démantèlement du camps de migrants de Calais.
Etat d’urgence : l’état policier anti populaire du gouvernement Valls UE MEDEF
Les reporters du webjournal Reporterre ont mis la mains sur une circulaire du ministère de la Justice qui fait froid dans le dos. Détaillant les ordres d’un gouvernement policier préparant minutieusement ses violences pour écraser les militants du mouvement social. En ligne de mire le démantèlement du bidonville dit de la « jungle » de Calais accueillant des milliers de migrants fautes d’une prise en charge digne par le gouvernement, mais également l’écrasement de la mobilisation citoyenne à Notre Dame des Landes. Mais pas seulement. En ligne de mire c’est l’ensemble des mobilisations populaires, manifestations syndicales voir la répression des quartiers populaires.
Édicté le 20 septembre 2016 détaille par le menu les mesures répressives à mettre en œuvre pour embastiller à la chaine les opposants politiques. Car le but de la circulaire est écrit noir sur blanc : obtenir un « nombre conséquent d’interpellations » et condamner à tour de bras au moyen d’une justice d’exception reposant sur des tribunaux d’urgence, la circulaire demandant la « création d’audiences spécifiques lorsqu’elles n’existent pas, ou le dédoublement de celles déjà prévue« . Et pour condamner à tour de bras, le gouvernement à une méthode, utiliser massivement la vidéo surveillance.
- Télécharger la « Circulaire du 20 septembre 2016 relative à la lutte contre les infractions commises à l’occasion des manifestations et autres mouvements collectifs » :Justice expéditive visant à écraser les manifestations
Pour Laurence Blisson, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, interrogée par Reporterre, ce texte « est un vade-mecum de la répression, avec une volonté d’articulation de tous les dispositifs répressifs, tout en sécurisant les procédures pour réprimer plus ».
Les instructions données par le gouvernement à ses procureurs visent spécifiquement à écraser les manifestations. L’État policier pour criminaliser le mouvement social
La circulaire – caractéristique d’un état policier – assimile les manifestations à des « débordements violents » rappelant minutieusement les dispositions réglementaires permettant d’interdire et de réprimer les manifestants, sans rappeler à aucun moment que la liberté de manifester – au titre de la liberté d’expression – est un droit garanti par la constitution. Regrettant que les dispositions réglementaires courante ne permettent de punir les participation à une manifestation interdite que d’une simple contravention, la circulaire met en avant l’Etat d’Urgence, démontrant que celui ci vise en fait le mouvement social. Il est assez triste que le PRCF ait été quasi seul à le dénoncer dès sa mise en œuvre alors que certains députés se prétendant de gauche l’ont voté à l’unanimité de la droite ! (Etat d’urgence – Déclaration du secrétariat national du PRCF – 19 novembre 2015)
« dans le cadre de l’état d’urgence, en application de la loi n° 201-987 du 21 juillet 2016, modifiant la loi n° 55-385 du 3 avril 1955, l’article 8 un dernier alinéa dispose que « les cortèges, défilés et rassemblements de personnes sur la voie publique peuvent être interdits (…) Les infractions constituent alors des délits punis de six mois d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende conformément à l’article 13 de la loi du 3 avril 1955 modifiée, qui s’applique aux organisateurs ainsi qu’aux participants. » page 2 de la circulaire
Non content d’encourager explicitement l’interdiction des manifestations, le ministère de la justice appellent à mettre en oeuvre les moyens permettant de dissuader, ficher et terroriser les éventuels manifestants. En exigeant des procureurs de prendre les dispositions pour permettre à la police de conduire des contrôles massifs et systématiques d’identité
« il appartient aux procureurs de la République de délivrer toutes réquisitions aux fins de contrôle d’identité, de visite de véhicules, d’inspection visuelle et de fouille de bagages, qui apparaîtront utiles pour la recherche et la poursuite d’infractions susceptibles d’être commises dans le cadre ou en marge de manifestations ou de tout mouvement collectif connu. Ces réquisitions doivent viser notamment les lieux des manifestations, mais aussi les axes principaux de circulation permettant de s’y rendre »
Ces mesures caractéristiques d’un Etat policier, totalitaire ont du reste massivement étaient mise en œuvre durant les manifestations pour le retrait de la Loi Travail.
Le ministère de la justice demande également d’organiser des rafles de manifestants, en exigeant la mise en œuvre de dispositifs d’embastillement mobile, pour permettre d’embastiller les manifestants par centaines ! Le ministère de la justice prévoit il de réquisitionner des stades pour conduire ses gardes à vue ? il est vrai que pendant les manifestations de mai et juin dernier, les préparatifs de l’euro de foot ne l’ont pas permis !
« certains des officiers de police judiciaire pourront se tenir à proximité des lieux d’interpellation dans des véhicules adaptés susceptibles de constituer des antennes mobiles pour la notification immédiate
des droits aux personnes placées en garde à vue »
Prouvant le caractère politique de la répression mis en place, le gouvernement exige que ses procureurs privilégient » le déferrement des mis en cause et la comparution immédiate » de manière systématique lors des manifestations. On ne se souvient pas – par exemple – que le ministre de la justice ai donné de telles instructions s’agissant des délinquants présumés en col blancs, comme des ministres du gouvernement soupçonnés de fraudes fiscales ! Il s’agit donc bien là d’une justice de classe. Le gouvernement exige également des poursuites systématique en application de la loi Sarkozy interdisant de « dissimuler volontairement son visage afin de ne pas être identifié, au sein ou aux abords d’une manifestation sur la voie publique, dans des circonstances faisant craindre des atteintes à l’ordre public ». Depuis des semaines des policiers manifestent – dans des défilés interdits – dans de telles conditions sur la voie publique : mais visiblement ce n’est pas ce genre de trouble anti républicains à l’ordre public qui sont visés.
Pour mener à bien ses procès, la circulaire rappelle l’arsenal législatif disponible, et notamment le très employé « délit d’outrage » que le gouvernement décrit comme « relativement large, ce qui permet de qualifier toute forme d’intimidation des forces de l’ordre ». De fait derrière la notion « d’intimidation » particulièrement floue est la base de bien des procès politiques en cours ! Mais ce n’est pas tout, la circulaire exige également des procureurs qu’ils poursuivent de façon systématique pour « attroupement », qui transforme un rassemblement ou une manifestation en infraction pénale, et surtout « délit d’association de malfaiteurs » habituellement utilisé contre le grand banditisme les participants à des manifestations. Les instructions données par Urvoas – le ministre de la Justice du gouvernement Valls – sont caractéristiques d’une criminalisation totale du mouvement social, de la mise en œuvre d’une répression policière et judiciaire totalitaire, violente des syndicalistes et de l’opposition populaire. Démontrant le caractère de plus en plus fascisant d’un régime, minoritaire mais conduisant à marche forcée et contre l’opposition populaire les réformes imposées par les diktats patronaux de l’Union Européenne du Capital.
Étatpolicier :Protections des policiers et gendarmes coupables de violences policières
A la différence des manifestations contre qui la circulaire appelle à la répression la plus sévère, le ministre de la justice demande – s’agissant des plaintes contre des violences policières – « un traitement adapté ».
Soucieux d’interdire des enquêtes indépendantes, le ministère de la justice exige que les enquêtes visant des policiers soit confiées à … des policiers, et celles visant des gendarmes … à des gendarmes. Non vous ne rêvez pas !
« Lorsque la personne mise en cause est un fonctionnaire de police, les investigations seront confiées à un service de police, et lorsqu’il s’agit d’un militaire de la gendarmerie, elles le seront à une unité de gendarmerie »
La circulaire interdit la saisie systématique de l’IGPN ou de l’IGGN, qui ne pourront enquêter que pour les » faits sont d’une particulière gravité ou complexité ». En clair si les policiers et gendarmes n’ont pas encore le permis de tuer, ils savent avec cette circulaire qu’éborgner un manifestants, lui briser les membres, ou le violenter, ou de le priver de liberté ne fera pas l’objet de poursuite de la part du ministère public, les procureurs ayant ici ordre de n’ouvrir aucune enquète. Pourtant le code pénal prévoit que les policiers ou gendarmes commettant des violences ne causant pas d’incapacité de travail sont passibles de trois ans de prison :
« Les violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ayant entraîné aucune incapacité de travail sont punies de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende lorsqu’elles sont commise » Article 222-13 du Code Pénal
« Les violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente sont punies de quinze ans de réclusion criminelle lorsqu’elles sont commises par 7° Par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions ou de sa mission » Article 222-10
« Les violences prévues par les dispositions de la présente section sont réprimées quelle que soit leur nature, y compris s’il s’agit de violences psychologiques »
De fait, le ministère de la justice donne des instructions pour étouffer le maximum d’affaire. Interdisant par exemple la saisine de juge d’instruction, sauf si les affaires sont « médiatisée ». A l’évidence, les manifestants, les syndicalistes, les militants doivent donc s’organiser pour documenter et médiatiser de manière systématique les violences policières s’ils veulent pouvoir avoir une chance d’obtenir justice
» l’ouverture d’une information judiciaire pourra s’avérer opportune lorsqu’il apparaitra nécessaire de confier ces investigations à un juge d’instruction,notamment au regard de la médiatisation d’une affaire »
Les journalistes embastillés et interdit de faire leur travail
La répression des travailleurs, anti syndicale – avec par exemple les procès politiques contre les goodyear ou les Air France – s’accompagne également d’un tour de vis liberticide visant la presse : les journalistes faisant leur travail, refusant de se taire ou de relayer les éléments de langage de la propagande euro gouvernementale sont dans le viseurs. Ciblés par les violences policières et désormais par la répression judiciaires : frappés d’interdiction d’accès aux zones d’intervention policières (Notre Dame des Landes, manifestations, Calais…) en application de l’Etat d’Urgence, arrétés ou assignés à résidence.
Le 27 mai dernier, le syndicat des journalistes (SNJ CGT) dénonçait les violences systématiques de la police visant les journalistes pour les empécher de rendre compte des manifestations pour le retrait de la Loi Travail.
Le 26 octobre, à Calais, le gouvernement a délibérément fait arrêter un journaliste pour l’empêcher d’informer sur les conditions de démantèlement du camps de migrants dit de la jungle de Calais. Une nouvelle atteinte grave à la liberté de la presse. Une liberté de la presse toute relative quand on sait que la quasi totalité des médias sont détenus par quelques magnats de l’oligarchie capitaliste. Et la grève à I Télé, à la suite de l’affaire Lancelin, démontre ce que cela signifie en terme de censure et de propagande.
Le PRCF a fait part de son soutien à tous les journalistesréprimés et embastillés, appelant à la solidarité pour stopper la fascisation.
#libertedelapresseSoutiens aux journalistes réprimés et embastillés. Stop la #fascisation@TaranisNews https://t.co/aAPHhK3BGk
— PRCF (@PRCF_) 29 octobre 2016
Solidaire de tous les syndicalistes, manifestants, militants, journalistes et travailleurs réprimés, la rédaction de www.initiative-communiste.fr invite ses lecteurs a partager le plus largement possible le témoignage du journaliste Gaspar Glantz de l’agence Taranis News, réprimé pour faire son travail de journaliste : témoigner des agissements du gouvernement et de sa police !
33H DE GARDE À VUE : « VOUS SAVEZ ÇA VIENT D’EN HAUT. DE TOUT EN HAUT »
Il est 9h35 ce mercredi 26 octobre 2016 et la jungle de Calais a brulé toute la nuit. Devant la porte du hangar ou se déroule le dispatch des migrants pour tous les CAO de France, je filme l’entrée d’un des premiers groupes de la journée. Ils attendent ici en lignes dans la brume froide d’un petit matin au bord de la Manche. Il fait 5 degrès. Je suis arrivé la nuit même sur la zone de Calais et j’ai directement fait des plans de la jungle. Je n’avais pas encore eu le temps de faire des interviews.
Jungle de Calais : Mercredi 26 octobre 2016 à l’aube
Je me rends à l’entrée du Hangar pour la seconde fois depuis mon arrivée et cette fois il est ouvert. Il y a une énorme concentration de CRS et une armée de Gendarme dans toute la rue. Ce sont les Gendarmes Mobiles qui contrôlent l’entrée et la file, la Police et les CRS se contentant de rester à l’arrière. Mais c’est un policier qui commande toute l’opération, et je le reconnais facilement car c’est un commandant que j’ai déjà plusieurs fois croisé sur d’autres manifestations, avec son micro-boule au visage comme les geek qui font du teamspeak. Lui aussi, il me reconnait. Je comprends en lisant dans ses yeux qu’il ne m’aime pas beaucoup. Mais genre, pas du tout. Et d’ailleurs il le dit à l’un des commandants de la Gendarmerie Mobile qui est à coté de lui. Celui-ci se met aussitôt à me regarder de la même façon. Je fais mine de ne pas faire attention et je continue à faire des plans de l’entrée des migrants dans le Hangar (même si mon instinct me hurle de fuir très vite). Quelques secondes plus tard je suis agrippé par douze gendarmes mobiles en tenue anti-émeute. Oui, douze, j’ai compté. J’entends « on le ceinture, allez, allez », « on l’entoure. Allez monsieur, on avance ». Je reste totalement cool, je me laisse faire. La situation est ridicule. J’essaie de les rassurer parce qu’ils ont l’air nerveux : « Ok messieurs je vous suis, regardez, restez cool, pas besoin de me tenir ». Les migrants sont sidérés mais les associations détournent le regards, et les autres journalistes leurs caméras. Malgrès la présence de nombreux photographes et caméras tout autour de moi, il n’y a aucune image de mon arrestation. Si je me fais interpeller par la police, c’est que je dois être un grand délinquant !
On me fait rentrer dans le périmètre du Hangar et on me place contre le mur du coté droit, bien à l’abris de la foule. Et là ça devient moins marrant. Je repère une page A4 imprimée avec ma photo dans la main d’un policier en civil. On me place les mains contre le mur pour la fouille, on me ramène les bras à l’arrière puis on me sert les menottes dans le dos. « Vous avez une accréditation ? Vous n’avez rien volé ? ». Je suis transféré par trois policier 500m plus loin, dans un bus transformé en « commissariat mobile », les menottes aux poignets.
On me notifie mes droits. On me présente tout de suite l’arrêté m’interdisant le périmètre de Calais signé par la Préfète. Sauf que je n’avais jamais entendu parler de ce papier auparavant et qu’on ne me l’a pas notifié, ce que je fais remarquer. Je précise que j’ai fais 3 demandes d’accréditations à la Préfecture en respectant la procédure. Je n’ai pas eu de réponse (donc pas de réponse négative non plus) mais la preuve qu’ils ont bien reçu mes mails, c’est qu’à partir de là ils n’ont pas cessé de m’envoyer leurs communiqués de presse sur le déroulement des opérations… L’intitulé de mon placement en Garde à Vue est alors « séjour illégal dans un territoire protégé par l’état d’urgence et vol de matériel appartenant au ministère de l’intérieur ». Puis j’entends des « Bonjour monsieur le Procureur de la République » dans la pièce d’à coté, et je vois plusieurs officiers de police se raidir comme s’ils se mettaient au garde à vous. Le procureur entre dans la pièce et me jette un regard noir, il fait un petit tour, me regarde à nouveau et s’en va. Même scène dans l’autre sens : « Au revoir Monsieur le Procureur de la République ». Je comprends immédiatement que là, c’est la merde. Ils sont très fâchés.
Le reportage tourné le 1er octobre. On voit le talkie walkie à partir de 25 minutes 25 secondes.
J’ai le droit de voir un médecin dans une camionnette à part. C’est un véhicule qui a les vitres mi-teintées, c’est à dire que jusqu’à la moitié du carreau. Les policiers sont de l’autre coté et comme je suis en hauteur par rapport à eux, ils observent tout. Le médecin entrouvre la porte pour parler aux policiers 20 secondes, j’en profite immédiatement pour saisir discrètement mon téléphone. Jusqu’ici je n’étais pas tranquille parce qu’il était encore allumé et que j’aurais bien aimé l’éteindre pour activer un cryptage de plus, mais je comprend que j’ai juste le temps qu’il faut pour tweeter que je suis en GAV. À ce moment là si je ne le fais pas, je me demande si quelqu’un va savoir avant que j’en sorte. Un de policiers me voit et il se rapproche immédiatement « éteignez votre téléphone monsieur ! ». Je lui répond que c’est ce que je suis en train de faire et le temps qu’il regarde l’écran, je suis déjà en train de glisser mon doigt sur le bouton « éteindre ». Je pense qu’il n’a pas capté, ou qu’il a du se dire que je n’ai pas eu le temps de faire quoi que ce soit. Un partout dans la filouterie, la balle au centre.
Retour dans le bus du commissariat mobile. Blablabla état d’urgence, blablabla garde à vue renouvelée, blablabla méchant noborder t’as volé un talkie de la police. Les trois policiers en question sont restés corrects dans le sens ou ils n’ont pas été agressifs, insultants ou violents. On m’enlève dix secondes les menottes pour me faire signer un PV. Et en avant pour le commissariat de Calais. À tout berzingue dans une camionnette délabrée et avec un conducteur fou qui a pilé trois fois de 50km/h à 0 entre la jungle et le centre-ville. J’ai carrément volé de la banquette latérale pour m’écraser sur le flic qui était dos au conducteur, le tout menotté. Le flic en question était resté absolument stoïque et avait l’air d’avoir l’habitude de subir la conduite de son collègue. Enfin bref, je suis dans un film. À ce moment là je pense à Renaud qui chante « J’ai embrassé un flic » et j’ai envie de leur faire la blague « Je me suis écrasé sur un flic ».
Arrivée au commissariat de Calais. Briques rouges, grand immeuble ressemblant à une vieille école, son « Groupement Opérationnel » des CRS et ses couloirs délabrés. Démenotté, je suis interrogé pour la première fois sur mon identité. Les deux enquêteurs que je découvre vont se succéder au jeu des questions/réponses pendant les 30 prochaines heures. Le premier jour il y’a aura un jeune policier très concentré qui observera toute la scène. Il y a enfin une policière au fond de la pièce qui est surmonté d’une affiche taille cinéma de la saison 3 de Braquo, et qui restera à son bureau pendant toute ma garde à vue.
Il faut le dire franchement parce que voilà, on le dit quand il y a des violences policières. Durant toute ma garde à vue ces deux enquêteurs ont fait ce qu’on leur a demandé de faire (avec tout ce qu’il y a de désagréable à vivre cela quand on est accusé) mais je n’ai strictement rien à critiquer sur la façon dont ils l’ont fait. Ils sont restés polis, cordiaux, et même si ça peut faire bizarre de dire cela d’un policier : républicains. Je n’ai rien déclaré dans les procès verbaux, au début j’étais un poil en tension (parce que j’ai attendu cinq heures pour voir un avocat), j’ai directement refusé le test ADN, j’ai refusé de m’alimenter… mais ils ont eux même déclarés que j’en avait le droit et c’était réglé. Ça a détendu l’atmosphère de sentir que je n’allais pas me faire défoncer ou coin d’un couloir. J’ai eu le droit de fumer 2×2 cigarettes dans la cour du comissariat en 30h, j’ai eu de l’eau à partir du moment ou j’ai signalé qu’on ne m’en donnait pas en cellule. Eux, ils ont été réglos. L’un d’entre eux m’a dit qu’il était à la brigade des mineurs auparavant. Une affaire comme celle-là c’est pas compliqué de se mettre à sa place : ça a du le faire chier. Alors il a tout fait dans les règles du droit et de la bonne humeur, comme ça, c’est passé plus vite pour nous deux.
Même si le démarrage n’a pas été facile ! À peine arrivé je sens qu’il y a un petit problème avec la procédure. L’un des deux policiers part à coté pour téléphoner. Quand il revient il s’assoie à son bureau et déclare l’air embêté : « Il y a un problème textuel dans votre fiche de Garde à Vue, je vais devoir y mettre fin… » et il fait un petit silence. Sur le moment je me dis : « Woh putain le miracle, je vais sortir ! » avant de déchanter quand il ajoute : « … pour faire une nouvelle fiche de garde à vue à compter de maintenant » (j’imagine cher enquêteur que tu vas lire ce texte, autant je voudrais te dire que c’était très sadique!). J’essaie de comprendre de quel « problème textuel » il est question, et il faut un peu insister avant de comprendre que l’intitulé « Présence illégal sur un territoire protégé par l’état d’urgence » ça ne va pas bien passer comme motif de placement en garde à vue. La deuxième garde à vue portera donc uniquement pour ce qui est requalifié en « vol simple ». On m’explique comment ça va se passer, que la garde à vue peut-être renouvelée (elle le sera), et que je vais descendre en cellule en attendant l’arrivée de l’avocat.
Le gêolier est moins agréable et franchement assez binaire « Comment ça vous êtes journaliste ? Je vois vol simple moi. C’est bizarre ça, vous ne trouvez pas ? ». Je lui pose la question « avez-vous vu les images du manifestant qui braque son fusil de chasse sur la foule des migrants en janvier dernier ? » il répond instantanément « Ah ben ouais ! L’autre Gaël Rougemont là ? Tout le commissariat l’a vue cette vidéo ! ». J’avoue prendre du plaisir à vivre cet instant. J’insiste : « Et celle du général Piquemal qui se fait arrêter dans la manifestation Pegida en février ? », mais là il comprend. Il regarde le jeune policier qui m’escortait depuis le bureau et lui demande : « Ça se passe bien avec monsieur ? ». Celui-ci lui répond un peu en sursautant et visiblement surpris qu’on lui pose la question à lui : « oui oui très bien ». J’ai le privilège d’avoir droit à une des deux cellules « moderne » en béton et plexiglas, vidéo-surveillance incluse. Donc pas à l’une des cinq autres cellules/cachot du moyen-âge avec des toilettes à la turques remontant des odeurs d’égout, qui étaient situées dans le couloir d’à coté et visiblement réservée aux migrants en attente d’être remis à la Police aux Frontières.
Les graffitis sont nombreux sur le béton des murs « KEVIN 24H », « 48H FORT! », « JENY JE T’M », « LOGEZ MORGAN ! » et la plus vieille date gravée dans la peinture est de 2007. Dans une des cellules inoccupées de la partie cachot ou j’ai eu le droit d’aller pisser, j’ai découvert une (vraiment) magnifique fresque de tête de licorne dessinée en sauce de raviolis, avec les doigts. Ça couvrait la moitié du mur et clairement le mec qui avait fait ça était peintre. L’oeuvre avait séché depuis longtemps et je me suis demandé si elle était toujours là parce qu’ils ne lavaient jamais autre chose que le sol des cellules, ou si c’était parce que les policiers trouvaient ça joli. En interrogeant les gêoliers sur la licorne, j’ai découvert que le plupart ne l’avaient même pas vue. Du coup j’ai cessé mes investigations là dessus (on s’occupe comme on peu). J’ai compté 4×8 boulons sur la vitre, lu sur l’étiquette du matelas qu’il était en « polyuréthane spécialement ignifugé » avec comme nom de produit « Alcatraz 40 ». Comme je vous le dis, je me suis fait vraiment chier.
Vers 15h je rencontre mon avocat pour la première fois. Il s’appelle Maitre Vincent Fillola. Il me donne le sentiment de vraiment bien connaitre son métier et surtout il me donne un élément psychologique capital à ce moment de la garde à vue : le tweet est passé. Maintenant quelque part dans ma tête je sais qu’ils auront une pression de l’extérieur pour que je sorte. Il m’explique aussi que de ne pas parler c’est probablement se garantir un renouvellement de garde à vue. C’est la première fois que je comprends vraiment que tout ça va bien plus loin et semble être bien plus gros que ma dernière garde à vue arbitraire. Ce que je vais prendre comme décisions à partir de maintenant peut vraiment avoir un impact sur ce qu’il va se passer dans les mois à venir. Mais ce n’est pas simplement moi qui suis attaqué, c’est le journalisme, ses valeurs et son histoire. Alors il faut marquer le coup et ne pas se contenter de chercher à sortir. Il faut faire bloc, sans être désagréable mais avec la tête haute. Dès la première audition le ton va devenir très formel entre les enquêteurs et l’avocat.
Je n’ai rien à déclarer. Je ne souhaite pas répondre à la question. Je n’ai rien à déclarer. Je ne souhaite pas répondre à cette question. Ça va assez vite et puis c’est le retour en cellule. Je m’imagine déjà m’y faire chier pendant les douze prochaines heures, mais coup de théâtre : une plainte arrive tout droit de Rennes ! Je suis accusé d’avoir en date du 2 juin 2016 « par un moyen de communication audiovisuelle, en l’espèce le réseau social « Facebook » publiquement injurié 12 fonctionnaires de police à savoir XXX, personnes dépositaires de l’autorité publique, en assimilant ces derniers au bras armé du nazisme, en l’espèce en diffusant la photographie de ces agents surmontée du commentaire en langue allemande « Ein Volk, Ein Reich, Fin Führer » (traduction : un peuple, un pays, un guide), slogan du parti nazi. ».
Cette fois je réponds à l’audition en déclarant parce que c’est du grand n’importe quoi. J’ai du expliquer que ce slogan est avant tout électoral et qu’il a permis à Adolf Hitler d’être élu démocratiquement en 1933, ce qui ne porte pas le même sens comparatif et historique qu’une simple expression du type « bande de nazi ». Ensuite je dois repréciser que les policiers ne bénéficient pas d’un droit à l’image particulier sur l’espace public, et enfin je rappelle qu’il existe un truc qui s’appelle la liberté d’expression et que des magazines comme Charlie Hebdo pour ne citer que le plus illustratif, on fait bien pire que ça. On essaie de me faire dire que je suis l’auteur d’une photo dans la manifestation (sous entendu comme manifestant), alors que c’est une image retravaillée issue d’une capture d’écran de mon reportage vidéo … Bref cette plainte est tellement délirante. N’empêche que quelques heures plus tard je reçois une convocation pour un procès qui aura lieu le 16 janvier 2017 à 14h au Tribunal de Grande Instance de Rennes. Je vais devoir faire relire mes cours sur l’histoire du parti nazi et défendre la liberté d’expression face à un juge et douze policiers de Rennes …
Le reportage tourné ce 2 juin à Rennes. On aperçoit les policiers à partir de 1 minute 40 secondes.
Toutes les cellules de garde à vue on exactement la même odeur : un mélange subtil de parfum d’urine, de crasse et de raviolis dans une boite en plastique chauffée au micro-onde. J’ai passé une nuit longue et froide. Je ne crois pas une seconde à mon placement en détention provisoire à la suite de ma garde à vue, ça serait trop énorme. Je commence donc cette journée par un nouveau PV sans l’avocat, et je ne dis absolument rien d’autre que « je n’ai rien à déclarer » (j’ai fais mon petit sport du matin à monter et descendre 4 étages pour ça).
Retour en cellule puis rencontre avec mon deuxième avocat, Maitre Boris Rosenthal. On entre dans le sujet assez facilement car il connait la situation à Calais. Il porte un badge « Avocats sans Frontières », une association qui vient d’être refoulée de la jungle de Calais (avec Human Rights Watch) alors qu’elle souhaitait observer le déroulement des opérations, en particulier la situation des mineurs isolés. Nous préparons la comparution devant le procureur et le juge des libertés qui devrait avoir lieue dans l’après-midi, au tribunal de Boulogne-sur-Mer.
Mais avant de quitter le commissariat de Calais il me restera une dernière surprise de taille. Je n’avais plus entendu parler de l’arrêté d’interdiction de territoire qu’on m’avait montré trois secondes, la veille dans le bus du « commissariat mobile », et les enquêteurs du commissariat de Calais disaient n’en avoir pas connaissance. Ils se moquaient même de moi en disant « ouai ouai c’est ça, un arrêté nominatif et signé du préfet. Tu te prends pour Jacques Mesrine ? ». Comme ils avaient retirés l’objet « présence sur un territoire interdit par l’état d’urgence » à cause du soit disant « problème textuel » de la première garde à vue, je m’étais dit qu’ils s’en foutaient et que c’était juste un prétexte à mon interpellation. Mais non, l’arrêté est bien arrivé au commissariat et il faut que j’en signe la notification avant d’aller au tribunal. Direction Boulogne-sur-Mer.
À partir de maintenant mon avocat sera assisté par Maitre Calvin Job. J’ai le droit de m’entretenir avec eux avant de comparaitre, et c’est la première fois qu’ils ont accès à mon dossier (qu’ils devront rendre au procureur). Parmis d’autres choses, il y découvrent un truc qui fait froid dans le dos. Il y a un PV d’une « personne anonyme » qui explique que je suis un membre activiste-extrémiste de la mouvance d’extrême gauche. Un truc pas beaucoup plus développé que ça et qui tient en une seule page. Une version édulcorée de « la mouvance annarcho-autonome d’ultra-gauche », édition 2016. Euh, c’est quoi ce bordel, au juste ?! Il suffit d’écrire que je ne suis pas un journaliste mais un activiste d’extrême gauche et POUF! par la magie de l’état d’urgence et d’un témoignage annonyme, ça devient la vérité ?
Le fait de rentrer dans le bureau de madame la Procureur de la République avec deux avocats donne une certaine impression de solennité. C’était une personne moins autoritaire que je ne me représentait un procureur qui va décider de votre sort. Ensuite c’est au tour de la Juge des Libertés et de la Détention des Peines (JLD). C’était une dame habillé en haute couture avec un bijou « fleur de chène » en or sur le col du veston. Elle semblait très à la hauteur de sa fonction dans la manière dont elle parlait et émanait d’une certaine autorité renforcée par son âge. Elle représentait bien « l’autorité de l’État ». Autorité avec laquelle elle a d’ailleurs expliqué à l’avocat qu’il devait fermer sa gueule. Il n’y a pas eu de délibéré, l’avocat n’a même pas pu en placer une. Car la décision était déjà prise : interdiction du Nord-Pas-de-Calais et contrôle judiciaire avec pointage au commissariat de Strasbourg une fois par semaine.
J’ai beau avoir présenté toutes les garanties, démontré que j’avais un casier judiciaire vierge (ma seule condamnation date de quand j’étais mineur et j’ai 29 ans aujourd’hui) démontré que les services de Police savaient parfaitement me contacter par téléphone ou par courrier, expliqué que je n’ai jamais manqué une convocation (et j’en ai eu), y compris celles de l’IGPN chez qui j’étais d’ailleurs auditionné dix jours plus tôt à Paris : ça n’a rien changé. Si les services de police ont mon adresse et mon numéro de téléphone ils peuvent me convoquer et je viens, ce n’est pas la peine de me cueillir en plein reportage… À moins que cela soit la vraie raison de mon placement en garde à vue ? Roh mais quelle la mauvaise langue !
Interdire un journaliste de se rendre sur un terrain (qu’il investigue par ailleurs depuis trois ans) en prétextant la loi anti-terroriste et en l’accusant anonymement d’être un activiste, c’est déjà je crois sans exagérer franchir la frontière qui nous sépare du fascisme. M’obliger à pointer tous les samedi au commissariat de Strasbourg, ça va détruire mon activité professionnelle. Il faut comprendre que je me déplace en permanence, que j’ai fais des dizaines de milliers de kilomètres depuis le début de l’année en faisant des aller/retours entre Rennes, Nantes, Paris, Lille, Calais et je ne suis resté à Strasbourg que moins d’un mois en cumulé sur toute l’année. M’obliger à faire 1600km à 1800km aller/retour (si je suis à Rennes ou à Nantes par exemple) chaque semaine et juste pour pointer au commissariat de Strasbourg, économiquement cela va me laminer. Ça va me faire perdre deux jours par semaines en transport et je ne pourrai jamais être quelque part pour couvrir un évènement le samedi. En gros c’est la mort de mon activité à très court terme et c’est une mise en semi-assignation dans l’enclos de Strasbourg. J’ai même proposé à la JLD de pointer une fois par semaine dans n’importe quel commissariat du pays, en fonction de mes déplacements. C’est Niet.
Pour une simple mise en cause dans un « vol simple » avec un casier judiciaire vierge et toutes les garanties, j’ai donc le droit à un contrôle judiciaire mettant en péril mon activité professionnelle tout en portant préjudice à celle de mes collaborateurs.
J’ai fais appel de cette décision et je peux vous dire que je vais combattre ces mesures liberticides. C’est ma liberté de citoyen qui est attaquée, c’est tout ce que j’ai construis ces cinq dernières années qui est jeté aux ordures pour des raisons politiques, en utilisant des moyens légaux pour s’assoir sur les valeurs constitutives de notre démocratie. Trois cent ans d’Histoire de France et de ses Révolutions ont forgé le socle des textes comme la Constitution ou le Code Civil qui étaient posés sur le bureau qui me séparait de la Juge des Libertés et de la Détention, cela ne vaut pas le fascime qui n’a qu’un pauvre demi-siècle d’expérience tragique. Je l’avais dit il y a longtemps dans un éditorial alors que je venais de me prendre mes premiers éclats de grenade désencerclante et autres impacts de LBD40 en filmant des manifs : que la Police m’arrache un oeil au flashball, il me restera toujours l’autre pour filmer. Je crois que le message n’est pas bien passé à ce moment là : je ne lâcherai pas mes convictions et si le journalisme doit devenir un combat dans ce pays, je le mènerai la fleur au fusil avec une armée de « camarades journalistes », en sifflotant le chant des partisans.
Non mais regardez autour de vous … Vous êtes sérieux ? Les chaines d’information en continu ? Hanouna ? Morandini ? Tout ces trous du cul qu’on en a marre de voir et qui n’ont rien à dire ? Toute la diversité des titres de la presse française écrasée par un véritable trust d’investisseurs se comptant sur les doigts d’une main, pour tout un pays ? Vous pensez vraiment qu’on a le sentiment d’avoir tord de faire ce que l’on fait ? Qu’on va avoir peur, ou se sentir intimidés ? Plus on se fait taper dessus pour qu’on se taise et plus cela légitime notre travail. Ça se vérifie depuis des années et ça s’appelle l’effet Streisand. Vous pouvez nous emprisonner, nous humilier, nous blesser, nous diffamer, on continuera à produire des contenus d’information parce que les gens ont BESOIN de savoir pour qui voter, de savoir qu’est ce qui va et qu’est ce qui ne va pas, de savoir si le gouvernement fait bien son travail ou s’il ne le fait pas, dans les faits et sur le terrain. Le journalisme est plus qu’un droit, c’est un pouvoir. Et un pouvoir, ça se défend. Ça possède la légitimité républicaine de se défendre, et ça peut être très puissant quand ça se met en colère.
« Si vous attaquez un policier vous attaquez toute la profession » a-t-on entendu dans les manifestations de Policiers à Paris la semaine dernière. Et bien si vous attaquez un journaliste, c’est pareil. Malgré les privations justifiées sans convictions par cet état d’urgence (qui n’est devenu rien d’autre qu’un état d’exception permanent) et les lois anti-terroristes utilisées maintenant contre la presse : vous ne nous ferez pas taire, vous ne nous empêcherez pas de faire notre travail et de montrer la vérité des faits. Si cette vérité est différente de celle présentée par vos communiqués de presse, il ne faut pas chercher à nous écraser parce que nous le démontrons, il faut vous entrainer à dire la vérité aux Français. Parce que c’est ça, la démocratie.
Accepter de s’être trompé, accepter d’avoir tord. Parfois savoir démissionner, aussi. Savoir reconnaitre ses fautes quand on a faillit à défendre les intérêts du peuple. Vous pouvez m’assigner à fermer ma gueule ou m’interdire de me servir de ma caméra, mais vous ne pourrez pas empêcher les centaines d’autres qui prendrons ma place. Parce que « le peuple » sait toujours se défendre quand on baffoue ses droits. Et ce que je viens de dire ne porte en rien l’extrême gauche, c’est simplement le récit de notre Histoire commune.
Pour la France…
Gaspard Glanz
BILAN :
– Procès pour « Injure publique sur douze fonctionnaires de police » le 16 Janvier 2017 au TGI de Rennes
– Procès pour avoir« Soustrait frauduleusement un émetteur récepteur radio modèle TETRAPOL THP 900 appartenant au ministère de l’intérieur » le 2 mars 2017 à tribunal de Boulogne-sur-Mer
– Arrêté préfectoral d’interdiction de séjour sur le territoire de l’arrondissement de Calais « jusqu’à la fin de l’état d’urgence »
– Placement sous contrôle judiciaire avec instruction de ne pas se rendre dans le Pas-de-Calais, et de se présenter tous les samedi au commissariat de Strasbourg.