Ce mercredi 16 septembre 2020, le magnat du pneu Bridgestone, consortium japonais grassement subventionné par l’État français, a annoncé l’arrêt des lignes de production de sa seule usine française, implantée à Béthune depuis 1961, avec 863 emplois supprimés. Une nouvelle (et malheureusement pas ultime) preuve que le « monde d’après » ressemble plus que jamais au « Nouveau monde » macroniste, celui de la dictature du capitalisme triomphant, sans foi ni loi, profitant de la « mondialisation heureuse » (pour les forces du Capital) et de la « construction européenne » pour faire jouer la « concurrence » avec les travailleurs exploités de Hongrie ou de Pologne et contribuer davantage à la désindustrialisation et la constitution d’une armée de réserve des travailleurs en France.
En effet, cette nouvelle annonce inacceptable intervient au moment où, alors que le Tartuffe de la République Macron et son équipe de laquais zélés et serviles expliquent qu’il faut inventer le « monde d’après » à la suite de la première vague meurtrière de coronavirus en reconstituant une « souveraineté » – de fait, un éclatement de la France noyée dans une vaste « souveraineté européenne » joyeusement applaudie par le MEDEF – et en « relocalisant », la désindustrialisation s’accélère à un rythme exponentiel depuis juin 2020 : Renault, Sanofi, Nokia, Alcatel-Lucent, Airbus, Presstalis, General Electrics (à Villeurbane), Luxfer, etc., ne sont que quelques noms symboliques de l’immense désastre frappant à mort les travailleurs des usines pourtant indispensables pour la souveraineté industrielle de la France. Sans compter les nombreux travailleurs de l’hôtellerie-restauration, de la grande distribution, de la SNCF, des hôpitaux, de l’Éducation nationale, etc., cette « première ligne » attendant une prime dont elle ne verra jamais la couleur.
Bien entendu, les responsables du carnage cherchent à faire oublier les désastreuses conséquences de leurs politiques euro-austéritaires mortifères en adoptant des postures indignées face à la dictature totalitaire du capitalisme mondialisé qu’ils ont contribué à façonner dans de grandes proportions. Il est saugrenu, et même insultant, de voir Laurent Pietraszweski, secrétaire d’État chargé des Retraites et de la Santé au travail, estimer qu’il n’est « pas acceptable » que Bridgestone ferme l’usine de Béthune quand on sait que l’ancien responsable des ressources humaines d’Auchan – qui licencia en 2002 une employée d’Auchan à… Béthune pour une « erreur de caisse de 0,80 euros » – a été le rapporteur de la « Loi Travail » macroniste qui a détruit le code du travail et a succédé au corrompu Delevoye pour démanteler les retraites par répartition. Il est tout autant cocasse d’entendre Gabriel Attal, le fanatique porte-parole du gouvernement Castex, parler de « trahison » quand on sait qu’il passe son temps à briser les grèves des travailleurs en lutte pour sauver leurs emplois, à l’image des postiers des Hauts-de-Seine.
La palme de l’hypocrisie revient au président de la malnommée région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, évoquant un « assassinat prémédité » par des « menteurs » et des « cyniques ». Faut-il rappeler à celui qui cherche à se construire une stature de présidentiable pour 2022 que celui-ci a été ministre du gouvernement Fillon sous la mandature Sarkozy, contribuant à la destruction des conquêtes sociales et démocratiques tout en soutenant l’adoption du « Pacte budgétaire européen » arasant la souveraineté budgétaire des membres de l’UE ? Faut-il rappeler que Xavier Bertrand a soutenu la contre-« réforme » Macron en arguant que « les ordonnances rendent le Code du travail plus facile » – pour les capitalistes, certainement –, ajoutant au sujet de la sinistre Muriel Pénicaud que « quelqu’un qui vient de l’entreprise est forcément quelqu’un de pragmatique » ? Que n’a-t-il d’ailleurs fait comme président des Hauts-de-France quand on sait que le menace de fermeture planait depuis 2015.
Plus que jamais, le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) et les Jeunes pour la Renaissance communiste en France (JRCF) appellent tous les travailleurs à lutter contre les forces capitalistes nationales – MEDEF en tête – et internationales et contre leurs serviteurs zélés, à savoir la faussaire « République en marche », le mensonger « Rassemblement national », les prétendus « Républicains », et les collaborateurs de classe dits « syndicalistes » de la CFDT et – hélas de plus en plus – de la direction nationale de la CGT chantant les louanges d’un bidon « dialogue social » et d’une utopique « Europe sociale ».
Ce n’est pas en participant à un « débat » contre le président du MEDEF Geoffroy Roux de Bézieux lors de la Fête de l’Humanité (!) comme l’a récemment fait Philippe Martinez, ni en dissertant sans fin sur le « rassemblement de la gauche » avec des prétendus « socialistes » et Europe-« Écologie » les Verts, que seront vaincues les forces réactionnaires et fascisantes tenantes de l’ordre capitaliste euro-atlantique. Ce n’est pas plus en subventionnant grassement et en accordant des réductions de cotisations patronales que l’on relancera l’emploi industriel en France, et a fortiori que la dictature du capitalisme cessera : c’est en nationalisant sous le contrôle des travailleurs les grands secteurs de l’économie.
C’est pourquoi il est urgent de lutter pour le Frexit progressiste contre Macron/Castex, leurs laquais et leurs affidés « républicains », le RN, le MEDEF et l’UE, afin de construire le produire en France et d’ériger une souveraineté industrielle nationale sous contrôle populaire. Et pour cela, il faut en finir avec l’euro, l’UE, l’OTAN ET le capitalisme, dont la raison d’être repose sur l’accumulation et la réalisation maximale des profits tout en détruisant ce que Marx qualifiait de « sources de richesse », à savoir la Terre et les travailleurs.
La commission Luttes du PRCF
Georges Gastaud, secrétaire du PRCF-62
Fadi Kassem, co-secrétaire national du PRCF