Alors que la campagne présidentielle 2017 n’est même pas encore lancée, de vilains bruits de casseroles résonnent déjà autour des candidats de la droite extrême et de l’extrême droite.
- Fillon avec les affaires autour d’accusations d’emplois fictifs de sa femme,
- Marine Le Pen alors que les affaires et mises en examen se multiplient pour le FN.
- Et également Macron, pour qui des questions sont désormais posées par la presse sur son usage de l’argent et des moyens de l’État pour sa campagne alors qu’il était encore ministre du Budget.
Pour qui connait le programme politique de ces trois candidats (« remplir les coffres de leurs amis de l’oligarchie capitaliste en faisant les poches des travailleurs ») la multiplication de ces affaires n’est pas une surprise. Ce que constate par exemple Floréal dans son récent billet d’humeur à partager largement :
« comment un homme qui sert passionnément le Capital n’aimerait-il pas le pognon ? Comment n’aimerait-il pas en gagner un max sans travailler trop dur ? Car enfin, à part ses contre-réformes sur les retraites qui ont appauvri des millions de pensionnés, qu’a donc jamais produit Fillon, intellectuellement ou manuellement ? » – Floréal
Les affaires Fillon
Mains propres. C’était l’un des arguments de Fillon dans la primaire de la droite. Sauf qu’il n’aura pas fallu plus de quelques mois pour que le châtelain de Sablé -sur -Sarthe soit rattrapé par les affaires. Faut-il ici rappeler que François Fillon, qui se présente comme le candidat du travail – au sens pétainiste du terme – n’a lui jamais travaillé de sa vie, vivant richement de ses nombreux mandats électoraux.
Alors qu’il n’est plus premier ministre, en 2014, François Fillon bénéficiait de la rémunération d’un assistant (54 717 euros), d’un chauffeur (12 167 euros), les frais d’entretien de la voiture (4 452 euros), l’essence (14 263 euros) et même l’assurance du véhicule (541 euros) ! Total de la facture : plus de 86 000 euros de fonds publics. Et le même Fillon prétend réduire la dépense publique … sauf pour lui !
Le scandale Pénélope
Ces dernièrs jours plusieurs révélations, par le toujours très bien informé Canard Enchaîné, ont conduit à l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet national financier à l’encontre du clan Fillon, l’épouse du candidat Fillon.
A sa une, le Canard enchaîné du 25 janvier révèle que l’épouse de Fillon a gagné 600 000 euros : Penelope a pendant 8 ans été rémunérée comme assistante parlementaire de son mari, puis de son suppléant. Soit un salaire de plus de 5200 € par mois. Des couloirs de l’Assemblée Nationale à la biographie de Fillon par la pourtant très informée, point de trace de ce travail. L’ intéressée elle-même, en 2007, interviewée par le Telegraph au moment où son mari devenait premier ministre et qu’elle était censée trimer comme attachée parlementaire indiquait que ne pas travailler lui pesait et qu’elle s’était donc inscrite à un cours de littérature anglaise.
« J’ai réalisé que mes enfants m’ont connue uniquement dans le rôle de mère. Mais j’ai un diplôme de français. Je suis certifiée avocate. J’ai pensé : « Regarde, je ne suis pas idiote. Cela va me remettre au travail, me faire penser de nouveau… » «
En 2008, elle confirme sur France 2 ne pas faire partie de l’équipe de François Fillon : “Ah ben je n’ai pas de rôle, je l’accompagne de temps en temps, comme ça. Ça se limite à ça”.
Ce qui lui permet tout de même d’empocher un demi-million d’euros !
En voulant dénoncer ces accusations, François Fillon s’est par ailleurs enfoncé, expliquant avoir salarié également deux de ses enfants lorsqu’il était sénateur – en tant qu’avocats – alors qu’il s’avère que les deux n’étaient qu’étudiants…
Une attachée parlementaire si occupée qu’elle travaillait également pour le journal d’un ami de Fillon !
Parmi les révélations du palmipède déchaîné dans son édition du 25 janvier, une seconde affaire d’emploi présumé fictif vise également l’épouse du candidat du travailler plus pour être payé moins François Fillon. Celle de la rémunération de Penelope Fillon par la Revue des Deux Mondes, une revue appartenant à un proche de Fillon, le très riche Marc Ladreit de Lacharrière 32e fortune française, l’un des magnats des agences de notation. Entre mai 2012 et décembre 2013, Pénélope Fillon touche le coquet salaire de 5 000 € par mois. Pour un total de près de 100 000 €.
Problème, d’après le journal Marianne, seules deux notes de lectures de livres pour un total de 3500 signes ont été publiées ! soit une rémunération de près de 30€ la lettre ! Et le directeur de la publication à l’époque, Michel Crépu témoigne, toujours auprès de Marianne n’avoir « jamais eu affaire à elle, ni physiquement, ni au téléphone, ni même par mail ». Interrogé par le journal le Monde, il précise : « Un après-midi, Marc Ladreit de Lacharrière m’a appelé et m’a dit : “Pénélope Fillon s’ennuie. Pourrait-elle critiquer quelques livres ?”, « Je ne l’ai jamais vue, ne lui ai jamais parlé. Les deux notes ne sont pas passées par moi. » Si le propriétaire de la revue indique qu’elle aurait remplie également des missions de conseil stratégique, l’ancien directeur balaie ses affirmations comme « totalement extravagantes » et « pas plausibles »
le scandale des voyages en Falcon
Lorsqu’il était premier ministre, le fantomatique François Fillon qui se pique de pilotage automobile, avait visiblement un faible pour l’aviation privée. Utilisant à tout va les Falcons 50 de l’Etat. Dépensant sans compter, alors que prétendant être la tête d’un « Etat en faillite », l’austérie Fillon sabrait dans les pensions de retraite et les salaires. Florilège des différentes affaires épinglées alors déjà par le Canard Enchaîné :
- Pour faire le trajet de Matignon à son fief de Sablé-sur- Sarthe (255 km, accessible en train par une gare de TGV, en moins de deux heures de trajet, 70 € l’aller retour ), le week-end, François Fillon préférait utiliser un jet privé, un Falcon payé par l’Etat : 27 000 € par trajet au minimum. En imaginant que durant les 5 ans de sa présence à Matignon, il ne soit rentré qu’un week-end sur trois, cela aurait coûté aux contribuables de 4 à 5 millions d’euros
- En mai 2009, François Fillon s’accorde un week-end privé au Maroc, qu’il a rejoint à bord d’un Falcon 50 de l’Etat.. 182 272 euros payés par le contribuable, François Fillon n’a jamais apporté la preuve qu’il avait remboursé les frais.
- En 2007, Fillon doit participer au voyage inaugural du TGV-Est. Une voiture est privatisée pour lui. Mais contrairement aux affirmations de son équipe, pas de Fillon dans le train. Il préfère se rendre en jet privé à Nancy, où le TGV est obligé de l’attendre une demi-heure. La présidente de la SNCF moque alors le « voyage multimodal » de Fillon.
- Réveillon avec le dictateur Egyptien Moubarak : du 26 décembre 2010 au 2 janvier 2011 Fillon séjourne chez le Rais Egyptien. Dans le palace Movenpick, de l’Ile Eléphantine, avec promenade en jet privé vers le temple d’Abou Simbel, au frais de l’Egypte… Et dans le même temps, le Falcon de la République est lui immobilisé à attendre Fillon. Entre l’hébergement et l’immobilisation du jet, un vraie petite fortune. Le très soucieux des deniers publics Fillon n’aura lui payé que le prix du billet d’un avion de ligne ! Rappelons que l’heure de vol d’un Falcon 50 coûte 10 000 € aux contribuables.
- Au delà de l’Etat, le goût pour les jets privés de Fillon, coûtent également très cher à son parti l’UMP, qui a payé des dizaines de milliers d’euros de location d’hélicoptères et autres jets privés pour le bras droit de Sarkozy (lire l’enquête de Europe 1).
Le scandale de l’appartement de Matignon
En 2007, Fillon est nommé à Matignon. Où il bénéficie en tant que premier ministre d’un appartement de fonction de 78m² dans un palais qui est parmi les plus beaux de Paris, comptant notamment le plus grand parc privé de la capitale. Trop petit déclare le sieur Fillon, sa femme et ses trois enfants ne sont-ils pas habitués aux fastes de leur château de la Sarthe et de ses 14 chambres ? Qui fait agrandir ses appartements privés à plus de 309 m² d’après le Canard Enchaîné !
Des détournements de fonds lorsqu’il était sénateur ?
Après ce qui est déjà appelé par la presse le Penelope Gate, le 28 janvier 2017 journal en ligne Mediapart lance de nouvelles accusations contre François Fillon. C’est cette fois de détournements de fonds publics qui seraient en cause lorsqu’il était sénateur (entre 2005 – 2007) dans ce qui est appelé l’affaire de la « Ristourne ». Ce système de la ristourne est un stratagème qui aurait été utilisé entre 2003 et 2004 par plusieurs sénateurs récemment mis en examen pour « recel de détournements de fonds publics » consistant à empocher une partie de l’argent destiné à la rémunération d’assistants parlementaires par un système de « commissions occultes ». L’information judiciaire actuellement ouverte ne porte que sur des faits postérieurs à 2009 et ne vise donc pas Fillon qui a ce moment était le premier ministre de Sarkozy. Mediapart cite pourtant à l’appui de ses accusations des témoignages et des documents qui suggéreraient que Fillon aurait également perçu ces mêmes fonds lors de son mandat.
Macron et le financement de sa campagne
Un livre des journalistes Frédéric Says et Marion L’Hour vient de jeter un pavé dans la mare (Dans l’enfer de Bercy: Enquête sur les secrets du ministère des Finances). Au détour de leur enquête sur le fonctionnement de Bercy, on apprend qu’en 2016, Emmanuel Macron a dépensé en seulement 8 mois 80% du budget de frais de représentation qui lui était attribué. Une dépense à mettre en relation avec la campagne ouverte lancée dès avril 2016 par le ministre qui ne quittera officiellement ses fonctions qu’en août 2016. Selon les auteurs, les témoignages convergent : Macron aurait organisé grâce au ministère des dizaines de réceptions, de repas et d’entretiens pour rassembler ses soutiens. Faut-il rappeler qu’il est strictement interdit de financer une campagne électorale avec le budget de fonctionnement d’un ministère ?
En avril dernier déjà, le banquier-ministre avait fait polémique en organisant un déplacement à Londres qui lui avait permis de mener une levée de fonds pour son parti auprès des financiers de la City.
D’après le site d’info Le vent se lève, Macron aurait également bénéficié d’une aide pour mener sa campagne jusqu’au Liban avec un voyage au Liban bien aidé par une intervention de l’Elysée et une aide matérielle du quai d’Orsay, l’ex- ministre étant d’ailleurs logé par l’ambassade de France à Beyrouth. Cette visite au Liban interviendrait par l’entremise des réseaux de Bernard Mourad : l’ancien directeur général adjoint du pôle médias du groupe SFR et banquier d’affaires chez Morgan Stanley a rejoint le mouvement « En Marche » après qu’il eut organisé le rachat de SFR par l’oligarque Drahi, un rachat favorisé et validé par le ministre Macron (lire ici)
A nouveau, des repas de « levée de fonds » ont été organisés. Selon le web journal, une place dans l’un de ces dîners aurait coûté de 10 000 à 15 000 euros. Des chiffres qui interpellent sur le respect de la légalité par l’homme du système (lire ici) : le plafond légal des dons individuels est de 4600 euros pour une campagne présidentielle et de 7500 euros pour un parti politique.
Le service de communication du banquier picard a par la suite démenti avoir reçu un coup de main de l’Elysée pour l’organisation de sa visite au Liban. Ce qui n’enlève rien à la question posée, comment Macron – dont le « parti » « En Marche » faute d’adhérents en est réduit à compter pour seuls militants… les visiteurs de son site internet ! – finance-t-il donc sa campagne électorale et son officine politique ?
Les affaires Le Pen / FN
Marine Le Pen est une habituée des tribunaux. Pas seulement en tant qu’avocate mais également en tant qu’accusée. Elle a été condamnée notamment pour :
- diffamation en janvier 2011, condamnation confirmée en procédure d’appel.
- procédure abusive par le tribunal correctionnel de Paris le 24 janvier 2014, condamnation dont elle a indiqué vouloir faire appel.
A quelques mois de la présidentielle, la fille Le Pen est rattrapée par les affaires. (lire ici pour plus de détails : Le FN dégoûte même ses élus ! Les Le Pen rattrapés par les affaires ! )
Marine Le Pen aurait-elle fait de fausses déclarations de patrimoine ?
En 2014, les Le Pen sont obligés de faire une déclaration de leur patrimoine auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Cette dernière effectue un signalement au parquet financier pour sous-évaluation – estimée manifeste – du patrimoine déclaré. D’après le journal Les Echos, les » sous-évaluations sont estimées à plus de 1 million d’euros pour JM Le Pen et plusieurs centaines de milliers d’euros pour Marine Le Pen. »
C’est que Marine Le Pen, héritière du FN, possède un très gros patrimoine. Outre les 12,5% de la société qui possède le château de Montretout (810m² à Saint Cloud estimé à près de 7 millions d’euros) , elle posséderait également une belle villa à Reuil-Malmaison (200 m sur 1200 m² de terrain d’une valeur estimée à 3,3 millions d’euros), ou encore 1/8 de la villa de la Trinité-sur-Mer (estimé à 1 million d’euros), sans oublier via une société civile immobilière la SCI Palouma, une villa de 180 m² près de Perpignan, pour plus de 300 000 €. Soit un solide patrimoine immobilier de plus de 4 millions d’euros. On comprend mieux pourquoi Marine Le Pen propose dans son programme de supprimer l’ISF…
L’affaire des attachés parlementaires du FN : des emplois fictifs pour financer le FN ?
En 2015, le parlement européen accuse les députés européen FN de rémunérer à l’aide des fonds dédiés aux attachés parlementaires 20 assistant parlementaires qui seraient en fait des salariés du FN. L’institution anti fraude du parlement européen a par ailleurs exigé le remboursement de plus de 340 000 euros de salaires d’une assistante parlementaire de Marine Le Pen et de son garde du corps également déclaré comme attaché parlementaire, les preuves de leurs travail étant jugés insuffisante. Un autre député frontiste – Bruno Gollnish s’est également vu demander de rembourser 380 000 €. Saisie par le parlement européen, la justice française a ouvert une information judiciaire pour abus de confiance et recel, escroqueries en bande organisée, faux et usage de faux.
Rappelons que comme François Fillon, le mari de Marine Le Pen a été salarié par Maine Le Pen en tant qu’attaché parlementaire. Pour un mi temps, Louis Alliot aurait ainsi touché 5000 € par mois !
L’affaire du financement du micro-parti de Marine Le Pen : Jeanne
Une information judiciaire pour « escroquerie en bande organisée », faux et usage de faux » a été ouverte en avril 2014 à la suite du signalement d’irrégularités par la CNCCFP suite à la campagne des législatives 2012. En 2015, plusieurs mises en examen ont été prononcées contre les trésoriers du micro-parti de Marine Le Pen, ainsi que son principal prestataire de services. Les recettes de ce parti politique en 2012 s’élèvent à plus de 9 millions d’ euros ce qui en fait alors le 4e parti politique par le budget en France. En 2013, Médiapart révèle que l’un des commissaires aux comptes qui a certifié comme le veut la loi les comptes de « Jeanne » est un militant frontiste, candidat du FN en 1992, le second expert-comptable est un associé de l’ancien trésorier du micro-parti de Marine Le Pen.
Lors des législatives de 2012, le parti aurait surfacturé des kits de campagne aux candidats FN, une manière de financer le parti sur la base des remboursements publics de frais de campagne électorale. L’enquête judiciaire concerne à la fois les élections cantonales de 2011, les élections législatives de 2012 et l’élection présidentielle de 2012. Trois proches, ex du GUD, de Marine Le Pen font l’objet d’une mise en examen.
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Tous pourris et c’est eux qui veulent diriger la France, oui mais pour leurs intérêts personnels.