Le 18/01/14 P Laurent était invité chez Ruquier à ONPC. Aurélien Bernier commente dans une note récente de son blogs ses propos. Propos et commentaires qui doivent être mis en perspective de l’histoire du PCF et du PRCF, démontrant que le PRCF avait raison.
Il suffit de lire les échanges ci-dessous pour s’en convaincre !
Il est vraiment malheureux que trop souvent, notre PRCF ne soit pas écouté A TEMPS par les communistes. Car pour finir ses analyses deviennent presque toujours une évidence partagée.
Lors du 29ème congrès du PCF, nos camarades Georges Gastaud et Laurent Nardi, tous deux délégués au 29ème congrès, l’un pour le Pas-de-Calais, l’autre pour la Haute-Savoie, sont intervenus – dans les limites étroites des congrès hyper-verrouillés du PCF – pour dénoncer le virage euro-constructif de la clique de Robert Hue. Militants de la Coordination communiste du PCF, dont sortira le PRCF en 2004, Gastaud et Nardi soulignaient que l’enjeu principal du congrès était de maintenir ou d’abroger le « préalable » que constituait jusqu’alors le refus catégorique de l’UE de Maastricht par le PCF pour entrer au gouvernement socialiste. Mais Hue et les siens, les Gayssot, Buffet, Demessine, etc. voulaient aller au gouvernement.
Le PCF a alors bel et bien « pris le virage » euroconstructif avec l’absurde théorie défendue par Wurtz de la « réorientation progressiste de la construction européenne » complété à notre époque par le conte de fées d’un « euro au service des peuples ». Pourtant Hue lui-même, lors de sa prise de fonction au PCF (28ème congrès) considérait encore la « monnaie unique comme antinomique de progrès social ». Se reniant misérablement, comme ils l’avaient déjà fait plus d’une décennie plus tôt en abandonnant la dictature du prolétariat et le marxisme-léninisme (22 et 23èmes congrès), les dirigeants du PCF ont de fait rallié la conception social-démocrate de l’ « Europe sociale ». Ils ont été suivis par la direction de la CGT qui dans la même période, renonçait à s’affilier à la Fédération Syndicale Mondiale pour adhérer à la très maastrichtienne Confédération Européenne des Syndicats.
Le PCF est alors entré au gouvernement Jospin et ses ministres NON communistes Buffet, Gayssot et Demessine ont cautionné durant cinq ans un gouvernement de privatisations (notamment de France-Télécom, avec les tragédies qui ont suivi), de guerres impérialistes (Afghanistan, Yougoslavie) et de mise en place du funeste euro, dont tout être sensé constate aujourd’hui qu’il a largement contribué à plomber notre pouvoir d’achat et à démolir notre industrie.
Depuis ce virage, qui ne fut qu’une trahison opportuniste indigne, le mouvement ouvrier français a été très gravement désorienté. Le FN a occupé seul, en le dévoyant et en le stérilisant, le combat pour l’indépendance nationale et du produire en France : il est devenu le premier parti identifié chez les ouvriers. Et le PCF n’a cessé de décliner et de « muter » jusqu’à devenir la clé de voûte du Parti de la Gauche Européenne, cet appendice informe de l’Internationale socialiste qui est subventionné par Bruxelles pour développer la « conscience européenne » des Français. On comprend que M. Laurent soit attaché à ce parti qu’il préside, même s’il est en réalité une bouée en plomb pour notre mouvement ouvrier en grave difficulté, à l’instar de la C.E.S.
Plus que jamais, il faut rétablir l’INDEPENDANCE : celle de la nation française, ce qui suppose de SORTIR de manière unilatérale et par la voie progressiste de l’UE, celle aussi du mouvement ouvrier français. Ce qui signifie reconstruire un vrai parti communiste sur la base de l’unité d’action des forces franchement communistes organisées à l’intérieur, comme à l’extérieur du PCF-PGE.
Voici donc l’article de Aurélien Bernier, auteur de La gauche radicale et ses tabous.
L’embarras de Pierre Laurent sur les questions européennes
Le 18 janvier 2014, Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français et président du Parti de la gauche européenne (PGE), était l’invité de l’animateur Laurent Ruquier dans l’émission « On n’est pas couché », sur France 2 (http://www.france2.fr/emissions/on-n-est-pas-couche/diffusions/18-01-2014_166212).
Interrogé sur différents sujets d’actualité, Pierre Laurent a été interpellé par la journaliste Natacha Polony à propos de mon dernier livre, La gauche radicale et ses tabous, ce qui a donné lieu à l’échange suivant :
Natacha Polony – Il y a un livre qui vient de paraître, d’Aurélien Bernier, qui est membre du Front de gauche, enfin qui est proche du Front de gauche, qui analyse les différents tabous qui, selon lui, empêchent la gauche radicale, la gauche de la gauche, de percer. Et ce qu’il explique est assez intéressant : pour lui, il y a un basculement en 1997, au moment où, dit-il, le Parti communiste accepte d’entrer dans la majorité plurielle en échange de, on va dire, de son basculement sur la question européenne. C’est à dire qu’avant cette période-là, le Parti communiste était très critique sur la construction européenne, parce qu’elle était ultralibérale, parce qu’elle était en train de démanteler tout le modèle social français, et en 97 Lionel Jospin met un marché : en gros, vous serez morts si le PS ne vous aide pas dans les élections locales, ne vous aide pas aux législatives, mais il faut mettre un peu d’eau dans votre vin sur la question européenne.
Alors je vous vois secouer de la tête, vous vous dites que ce n’est pas vrai, pourtant on est quand même très très frappé, pourtant, quand on voit les discours du Parti communiste sur cette question-là, on est frappé par le fait que vous avez acquis cette idée que, finalement… pouvoir réformer de l’intérieur… que, sur l’euro, vous pouvez aussi réformer de l’intérieur, qu’il y aurait cette Europe sociale qu’on pourrait un jour construire… Est-ce que vous vous êtes reniés ? Est-ce que vous vous êtes faits avoir par le Parti socialiste ?
Laurent Ruquier – C’est la real-politik !
Pierre Laurent – Le Parti socialiste vous obsède beaucoup, voyez. On ne se détermine pas par rapport au Parti socialiste sur toutes ces questions. On se détermine par rapport à ce qu’on pense.
Natacha Polony – Sauf que vous avez changé de discours. Le Parti communiste a changé de discours.
Pierre Laurent – Sur l’Europe, je secoue la tête, pourquoi… Moi je préside le Parti de la gauche européenne. C’est toutes les forces politiques qui ressemblent à notre famille politique, qui sont très diverses au plan européen. Celui qui travaille au Parti de la gauche européenne à mes côtés, Alexis Tsipras, qui est le leader de la gauche grecque, qui résiste aux plans d’austérité, on vient de décider qu’il serait notre candidat, à l’échelle de toute l’Europe. Or, le combat qu’on mène ensemble, que je mène avec Syriza, avec Die Linke, avec beaucoup d’autres partis européens, c’est justement un combat de critique radicale de l’Union européenne actuelle, parce que nous, nous pensons que cette construction européenne ultralibérale est la responsable de la crise dans laquelle nous nous trouvons, qui enfonce l’Europe dans le chômage, dans la précarité, qu’il faut radicalement refonder cette Europe, mais effectivement, nous pensons qu’il faut construire un autre espace européen. Nous ne renonçons pas pour autant à l’idée européenne. On peut la faire de manière démocratique, en donnant davantage de pouvoir aux peuples, en mettant la coopération à la place de la mise en concurrence systématique et du dumping.
Cette réponse du dirigeant communiste, et surtout son évitement face à certaines questions, méritent une analyse
Le tournant « euroconstructif » et ses conséquences
Sans surprise, Pierre Laurent ne s’exprime pas sur le tournant idéologique opéré par Robert Hue en 1997 et défend la stratégie du PCF et du PGE : celle d’une réforme « de l’intérieur » des institutions européennes. Les images montrent un certain embarras du dirigeant de la gauche radicale, sans doute lié au format globalement accusatoire de l’entretien, mais sans doute également au sujet traité dans mon livre et résumé sur le plateau par Natacha Polony. L’embarras est compréhensible, car le tournant stratégique du PCF, sous la pression du Parti socialiste est une réalité incontestable.
Début 1997, le PCF lance une pétition pour refuser le passage à la monnaie unique. En meeting à Paris, Robert Hue déclare le 19 février que la monnaie unique est « un véritable carcan, assurant la soumission des peuples aux conditions fixées par les marchés financiers et annulant par la même toute velléité d’indépendance, tout libre choix des français et des élus qu’ils se donneraient, notamment en matière de politiques économiques et sociales ». La ligne du PCF est encore celle de 1992, et de la campagne contre Maastricht. A cette époque, on lisait dans les Cahiers du communisme que « Maastricht prolonge et focalise ce choix majeur que la grande bourgeoisie a effectué dès le milieu des années 1970, qui consiste à rapetisser la France aux normes communautaires pour gonfler les profits des possédants. »1 Le PCF défendait l’idée d’une « Europe des Nations ». Il était fermement opposé à la monnaie unique et proposait une monnaie commune, qui permette la coopération sans remettre en cause la souveraineté des peuples.
La tournant a lieu en mars-avril 1997. Les négociations pour les législatives (prévues à l’époque pour juin 1998) se déroulent entre les directions du PS et du PCF et par médias interposés. Chacun défend ses positions et le PCF attend des socialistes une « vraie politique de gauche ». Mais le 3 mars 1997, Lionel Jospin déclare : « La direction du PC ne peut pas à la fois dire qu’elle veut gouverner, critiquer le partenaire principal et refuser tout mouvement sur des points essentiels qui assureraient la cohérence d’un futur gouvernement. Qu’il s’agisse de l’euro ou d’un certain nombre de mesures de politique intérieure »2. Même si la diplomatie est de mise, tout le monde comprend qu’il s’agit d’un ultimatum auquel, dans un premier temps, le PCF ne réagit pas. Mais le 21 avril 1997, Jacques Chirac annonce officiellement la dissolution de l’Assemblée nationale et la convocation d’élections anticipées le 25 mai et le 1er juin 1997. Le tempo s’accélère d’un coup. Dès le 29 avril, un accord entre le PCF et le Parti socialiste est trouvé pour une « déclaration commune » sur les grandes orientations politiques. Le compromis obtenu sur l’Europe évoque, de façon très floue, un « dépassement de Maastricht » et un engagement dans des « discussions pour réorienter la construction européenne ». Dans L’Humanité, à la question « Comment dépasser Maastricht ? », Robert Hue répond : « Il reste un an pour un grand débat national, une renégociation »3.
Le PS gagne les élections du 1er juin, le PCF entre au gouvernement… mais cette renégociation n’aura jamais lieu. Le tout premier acte de Lionel Jospin vis-à-vis de l’Union européenne sera de signer, dès le 17 juin 1997, le traité d’Amsterdam qui confirme le passage à l’euro au prix de mesures d’austérité que l’on appelle pudiquement « critères de convergence ». Malgré l’absence d’ « Europe sociale », malgré le libéralisme assumé des sociaux-démocrates européens qui accéderont au pouvoir au Royaume-Uni puis en Allemagne, Robert Hue continue à défendre l’idée d’une transformation de la construction européenne. Le 6 novembre 1997, il déclarait « Nous avons besoin d’Europe pour réussir le changement en France »4. Le 3 décembre 1997, il se qualifiait pour la première fois d’« euroconstructif »5. Le 27 mai 1998, il affirmait : « Je ne peux imaginer l’avenir de notre pays en dehors d’un ensemble européen. Et j’ajoute : pour le meilleur et pour le pire. »6 Enfin, le 15 mars 1999, la liste « Bouge l’Europe! » formée par le PCF pour les élections européennes de juin publiait son manifeste, qui débutait par « La France, le monde ont aujourd’hui besoin d’Europe ». Durant toute la campagne, le PCF s’efforçait de montrer qu’on peut changer l’Union européenne et l’euro « de l’intérieur ».
Il y a donc bien eu un tournant du PCF sur les questions européennes en 1997, qui explique aujourd’hui encore la position « euro-réformiste » du PCF et du Front de gauche. Ainsi, en mars 2011, Pierre Laurent affirmait, comme Robert Hue en son temps, qu’aucune politique de gauche en France ne serait possible sans refonte des institutions européennes : « il n’y aura pas de politique de gauche dans ce pays si la France ne reprend pas l’initiative pour changer l’Union Européenne »7. Cette analyse est terrible. Elle signifie que le PCF n’a que deux options : soit réussir le projet titanesque (et totalement irréaliste à court terme) de « refonder la construction européenne », soit renoncer à toute transformation sociale.
Aussi regrettable soit-il, ce changement de stratégie est un fait, et nous ne referons pas l’histoire. Il est même inutile de chercher à savoir quelle est la part de calcul et la part de naïveté dans le comportement des dirigeants communistes de l’époque, Robert Hue en tête. Aujourd’hui, la seule question qui ait du sens est : comment sortir de cette stratégie à laquelle plus personne ne croit ?
Entre la souveraineté et l’Union européenne, le PCF doit choisir
En janvier 2014, une enquête Ipsos/Steria intitulée « Nouvelles fractures françaises » (http://www.ipsos.fr/ipsos-public-affairs/actualites/2014-01-21-nouvelles-fractures-francaises-resultats-et-analyse-l-enquete-ipsos-steria) donnait, sur les questions européennes, des résultats spectaculaires. 70 % des sondés considèrent qu’« il faut renforcer les pouvoirs de décision de notre pays même si cela doit conduire à limiter ceux de l’Europe », contre seulement 17 % qui pensent qu’ « il faut renforcer les pouvoirs de décision de l’Europe même si cela doit conduire à limiter ceux de notre pays ». Jamais le désaveu des politiques européennes n’a été aussi flagrant. Cette demande de renationalisation des pouvoirs atteint 81 % chez les sympathisants du Front de gauche et 78 % chez les ouvriers. Alors qu’une propagande incroyable est menée en faveur de l’euro, 33 % des sondés sont pour la sortie de la France de la zone euro et un retour à une monnaie nationale. Ils n’étaient que 28 % en 2013, lors de la première édition de l’enquête.
Les citoyens ont visiblement mieux compris que les directions des partis politiques le besoin de désobéir à l’Union européenne – c’est à dire de restaurer la primauté du droit national sur le droit communautaire – et de sortir de la monnaie unique pour mettre fin à la crise. Il est dommage que la gauche radicale n’admette pas encore qu’il s’agit de mesures incontournable pour mener des politiques de gauche, et qu’elle n’en tire pas la conclusion qui s’impose : tant qu’elle ne clarifiera pas son discours, elle ne sera pas suffisamment crédible et sera battue dans les urnes. Rappelons que le programme du Front de gauche, l’Humain d’abord, propose de mettre en place un « protectionnisme européen » qui nécessiterait un accord des vingt-huit États membres de l’Union européenne, de changer les statuts de la Banque centrale européenne, ce qui nécessiterait un accord des dix-huit États membres de la zone euro, et que, s’il évoque la désobéissance européenne, il le fait sans dire que restaurer la primauté du droit national sur le droit communautaire est un préalable juridique incontournable.
A la veille des élections européennes de 2014, la question est de savoir si le Front de gauche radicalisera ou non son programme. En novembre 2013, le Comité du Projet du PCF, chargé de proposer des orientations pour le programme politique, publiait un document intitulé « Refonder l’Europe » (http://www.pcf.fr/43018), dans lequel on peut mesurer l’embarras des communistes sur la question.
Dans un court paragraphe, le Comité du Projet du PCF donne sa vision de la construction européenne : « Le type d’ « Union » répondant le mieux, selon nous, à ces buts communs [de solidarité et de coopération entre États] est une construction qui ne cherche pas à reproduire au niveau européen la structure d’un État national quelle qu’elle soit. Il s’agit, à nos yeux, d’une union de nations et de peuples souverains et associés, donc d’un cadre très spécifique à créer d’un commun accord. » Ce positionnement est très important, puisqu’il affirme le besoin de préserver et de reconquérir la souveraineté nationale et populaire, dans une perspective de coopération. Or, depuis le tournant « euroconstructif » de Robert Hue, le PCF restait extrêmement timide, voire silencieux, sur le sujet. Il s’agit donc d’une évolution positive.
Pour autant, le Comité du Projet est loin de revenir aux positions du PCF du début des années 1990. Dès les premières pages de son document, il « récuse le qualificatif d’eurosceptiques ». Les auteurs considèrent que « la grande majorité [des citoyens] se rendent compte du besoin impérieux d’un cadre européen dans la mondialisation » et que la sortie de l’euro, concertée ou non « n’est pas une solution ». Ils ne proposent finalement que de mettre en place un nouveau traité en remplacement de celui de Lisbonne. Ils ne formulent aucune mesure de rupture en cas d’échec de cette stratégie : pas de désobéissance européenne, pas de retour à la monnaie nationale, même comme deuxième choix. Dès lors, l’Europe des nations souveraines et solidaires que le PCF appelle de ses vœux n’est qu’un rêve lointain. Et puisque la quasi-totalité des mesures proposées par le Front de gauche sont conditionnées à ce changement « de l’intérieur » de l’Union européenne, tout son programme est bâti sur du sable.
Dans ces conditions, on voit mal comment la personnalité d’Alexis Tsipras suffirait à convaincre les électeurs français de voter pour le Front de gauche aux élections européennes de mai 2014. Par contre, on voit très bien comment le rejet des politiques européennes pourra mener à une abstention massive et à un score élevé, voire très élevé, pour le Front national. S’il veut éviter la catastrophe, le Front de gauche doit impérativement changer de ligne et revenir au discours radical qui était celui du PCF en 1992. Or, le Front de gauche ne changera pas de ligne si le PCF n’y est pas prêt. Les communistes doivent relire leur propre histoire et retrouver, sur l’Europe, leur cohérence et leur radicalité d’avant les « années Robert Hue ». Il leur reste moins de quatre mois pour le faire.
Aurélien Bernier 30/01/2014
1Gérard Streiff, « Maastricht-Elysée . L’impossible quête d’un référendum apolitique », cahiers du communisme, septembre 1992.
2L’Humanité, 4 mars 1997.
3« Une dynamique à gauche pour répondre aux exigences citoyennes », L’Humanité, 29/04/1997.
4« Robert Hue : redonner du sens à l’Europe », L’Humanité, 6 novembre 1997.
5« Robert Hue : un esprit euroconstructif », L’Humanité, 3 décembre 1997.
6« Robert Hue : un nouvel élan est nécessaire », L’Humanité, 27 mai 1998.
7« Le Front de gauche rejoue les airs du « non » européen », Libération, 2 mars 2011.
Pour compléter le sujet, www.initiative-communiste.fr rappelle le texte proposé au 29e congrès du PCF entre autre par G Gastaud (PRCF), H Alleg (membre du comité de parrainage du PRCF) ou Rémy Auchedé
Et en clin d’oeil un reportage de france 3 au sujet de la liste bouge l’europe du PCF aux européennes.
Pour une alternative populaire à Maastricht et au capitalisme Pour faire du neuf, revenons à la lutte de classes!
Texte présenté aux militants communistes pour la discussion au 29e Congrès du PCF<br><br>par les initiateurs de l’appel «Nous voulons rester communistes»<br><br>
DANS la préparation de ce 29e Congrès, les communistes s’interrogent sur l’avenir et l’utilité de leur parti. Nombreux sont les camarades qui s’inquiètent des orientations actuelles et à venir. Cela d’autant plus que les abandons sur ce qui constitue l’identité d’un Parti communiste ne cessent de s’accumuler. En outre, ces «mutations» ne font qu’accompagner en l’aggravant la poursuite continue du déclin de notre influence et de notre organisation.
Ainsi, le Comité national renonce à l’objectif fondamental du renversement révolutionnaire du capitalisme pour établir une société socialiste ouvrant la voie au communisme. Il lui substitue la notion d’un «dépassement du capitalisme» qui, niant les réalités de la lutte de classes, ne vise qu’à la correction des excès du système. Affirmant clairement notre identité révolutionnaire, nous arrivions hier à imposer des réformes progressistes en faveur des victimes du capitalisme. Aujourd’hui avec le système capitaliste en crise, il est plus que jamais nécessaire de mettre en oeuvre une stratégie révolutionnaire pour contrer l’offensive réactionnaire du capital.
Pour justifier ces orientations, l’histoire du mouvement communiste international et de notre parti, qui appelle certes à une analyse critique, est dénigrée avec acharnement.
En l’absence de repères politiques et idéologiques clairs, le militantisme s’affaiblit de façon préoccupante. Aux difficultés générales de la presse communiste s’ajoutent celles qui découlent d’une volonté délibérée de transformer nos publications en faire-valoir de l’abandon de la stratégie révolutionnaire.
Notre influence électorale continue de stagner. Premier parti en influence dans le monde ouvrier, il y a peu de temps encore, le PCF y est aujourd’hui largement distancé par Le Pen. A gauche même, élections et sondages montrent qu’après la chute spectaculaire du PS en 1993, l’écart se creuse à nouveau à son profit, alors que tous nos actes tendent à lui donner un nouveau label de «force de progrès».
Voilà les problèmes réels auxquels nous sommes confrontés et qui devraient être au coeur de notre 29e Congrès.
Avec le contenu, la méthode pose aussi problème. Les qualificatifs élogieux sur celle-ci ne peuvent occulter le fait que les militants auront au mieux un mois pour discuter le texte définitif et exercer leur droit souverain à fixer les orientations du Parti. «L’ouverture» tant affirmée fait la part belle à l’opinion d’experts et d’idéologues de diverses tendances, mais censure la publication dans «l’Humanité» de l’appel de centaines de militants qui disent «nous voulons rester communistes».
Nous jugeons non communistes les orientations qui sont proposées. Parce que nous voulons voir notre parti retrouver la crédibilité, le rôle et la place qui furent les siens dans la société française, parce que nous sommes inquiets de l’influence grandissante des idées de la droite et de l’extrême droite et parce que nous condamnons une nouvelle expérience, cette fois-ci suicidaire, de participation à une alternance social-démocrate, nous voulons réagir. Nous ne prétendons pas donner des recettes toutes faites, mais nous avons la certitude qu’une place existe pour un parti révolutionnaire au moment même où s’affirment davantage le refus des travailleurs de faire les frais du système capitaliste et de Maastricht. C’est la leçon des luttes de novembre-décembre 1995.
I. 29e Congrès: des orientations à rejeter.
Au-delà de points d’accord partiels, l’orientation d’ensemble des cinq textes qui ont été soumis à la prédiscussion et qui dessinent l’orientation générale du texte définitif, se caractérise par l’abandon des principes communistes et le brouillage des repères politiques essentiels.
A. Texte sur «l’orientation politique du Parti».
Ce texte est marqué par un renoncement politique particulièrement grave. La majorité du Comité national y propose de renoncer à considérer que la condamnation du traité de Maastricht demeure l’un des points essentiels des désaccords entre le Parti socialiste et le Parti communiste pour une participation communiste à un éventuel gouvernement Jospin en 1998! Or le traité de Maastricht est tout entier conçu pour écraser la souveraineté des nations et laminer les acquis sociaux, il est inamendable! Un gouvernement inscrivant son action dans ce cadre et celui de la monnaie unique qui l’accompagne ne pourra donc qu’aggraver l’austérité et multiplier les «plans Juppé» sous un verbiage «de gauche». C’est la raison qui permet de dire que le traité de Maastricht et la mise en oeuvre de ses dispositions opèrent une ligne de démarcation entre une politique réactionnaire et une politique progressiste. Chacun connaît l’engagement «maastrichien» du PS. Celui-ci n’ayant aucunement rejeté ni critiqué sa politique gouvernementale, nous ne pouvons que constater que les conditions politiques pour la mise en place d’un gouvernement d’union populaire ne sont actuellement pas réalisées. Dès lors, les critères proposés par les rédacteurs du texte pour une telle participation ne sont que des faux-semblants qui laissent de côté tout engagement précis (Maastricht, revendications sociales, nationalisations, mesures antifascistes…). Accepter cette orientation, c’est aller tout droit vers la réédition, dans des conditions aggravées, de l’expérience malheureuse de 1981. Dans ces conditions, la déception populaire qui suivrait la mise en place d’une nouvelle austérité «de gauche» ferait le jeu du fascisme et des forces les plus réactionnaires.
Les communistes au 29e Congrès doivent répondre à la question suivante:
Le PCF doit-il soutenir ou participer à un éventuel gouvernement «de gauche» qui n’aurait pas pris clairement l’engagement d’abroger le traité de Maastricht?
B. Texte sur «la société française».
Si ce texte condamne avec force la dérive financière et les «choix» de gestion capitalistes, il élude toute mise en cause directe du mode de production capitaliste. Pourtant «l’argent-roi», le «cancer financier» ne sont que des effets du système. Pour le «dépasser», il ne suffira pas «d’inverser» les «choix» du patronat. Il faudra s’en prendre à la racine de l’exploitation capitaliste, la propriété privée des grands moyens de production et d’échange, au pouvoir politique de la grande bourgeoisie financière et son appareil d’Etat. Il nous faut plus que jamais, dans les conditions de notre pays et de notre temps, lutter pour le pouvoir des travailleurs, pour la socialisation des moyens de production et d’échange, pour une société socialiste.
C. Texte sur le «communisme».
Ce texte censé affirmer l’identité communiste fait totalement l’impasse sur le socialisme, qui figure pourtant toujours dans nos statuts comme notre objectif stratégique. Le texte abandonne les fondements matérialistes du communisme et prône un «nouveau communisme» défini comme «l’humanisme et la démocratie» sans contenu de classe. Avec une telle «définition» le communisme couvre un éventail idéologique «sans rivage»!
A notre époque, il convient au contraire, et plus que jamais, d’associer et non d’opposer socialisme et communisme. Si le socialisme, sous peine de stagner et de régresser, doit constamment viser la phase historiquement supérieure du communisme (la société sans classe et sans domination d’Etat selon Marx), inversement, le communisme est une imposture sans révolution socialiste préalable organisant l’économie et la vie sociale sous l’autorité des travailleurs. En outre, le texte tend à diaboliser et à noircir à plaisir la première expérience historique de construction du socialisme en Union soviétique et dans les démocraties populaires. Au lieu de se complaire dans l’autoflagellation et d’accentuer la désorientation idéologique, il faut, tout en procédant à une critique sans concession du passé, montrer avec force ce qu’a coûté la destruction de l’URSS et des pays socialistes: chômage et misère de masse, guerres fratricides et néofascisme et retour à la domination sans partage de l’impérialisme. Le rôle des communistes est de procéder à une analyse scientifique des conditions internes et externes de la lutte de classes ayant permis la restauration du capitalisme à la faveur des graves déviations politiques et idéologiques dans les partis au pouvoir à l’Est.
Cela doit s’accompagner également d’une solidarité (ce qui n’exclut pas les critiques) aux communistes qui, malgré la censure et la répression, défendent courageusement les acquis de leur peuple et les idéaux émancipateurs de la Révolution d’Octobre.
D. Texte sur le «programme».
Il évite soigneusement de formuler des revendications précises. Cela apparaît pourtant indispensable, pour éviter le type d’accord au rabais de 1981 en 1998, et pour donner dès aujourd’hui des points de repères clairs aux travailleurs en lutte. Nous ne pouvons accepter en aucun cas que l’adoption du programme soit l’apanage du Comité national! Les communistes doivent formuler des propositions précises pour les nationalisations, les salaires, les retraites, la sécurité sociale, le temps de travail, le logement, les marchés agricoles, l’école et les services publics, l’action contre la précarité et pour le plein-emploi, la défense des capacités de production et de la souveraineté nationale, les mesures antifascistes et antiracistes, le renouveau démocratique de la culture, les revendications féministes, etc. Cela en partant, non pas du désir de donner une «image» rassurante du Parti, mais des besoins réels des travailleurs, actifs ou sans-emploi, des retraités, c’est-à-dire des intérêts du mouvement populaire et du combat de classe.
E. Texte sur «le Parti».
Il fait silence sur l’état réel de notre parti et de ses rapports au mouvement social. Il nous faut procéder à l’examen de «l’état des lieux» en matière d’effectifs, d’organisation, de finances, de presse, d’influence électorale et dire la vérité au Parti. Pour nous, le renouveau du Parti passe plus que jamais par son engagement résolu dans la lutte de classes. Comme l’ont montré les luttes de novembre-décembre 1995, cette voie est bien celle de l’avenir dans une société capitaliste de plus en plus bloquée et porteuse d’explosion sociale. C’est en redevenant, dans la pratique, un parti d’avant-garde, un parti de la classe ouvrière, capable de procéder à l’analyse scientifique de la réalité, un parti solidement organisé en cellules dans les entreprises, les quartiers populaires, les établissements scolaires, les villes, les villages, un parti accueillant aux travailleurs immigrés, que nous serons réellement le «parti utile» dont les travailleurs et notre peuple ont besoin.
II. Des propositions pour mobiliser le Parti, résister à l’offensive réactionnaire, ouvrir la voie du vrai changement.
Dans les conditions actuelles de durcissement de l’affrontement de classe entre capital et travail, entre forces réactionnaires et forces démocratiques, la mutation réformiste proposée au 29e Congrès est un contresens historique majeur. La véritable modernité exige au contraire de déployer l’identité internationaliste et révolutionnaire du Parti communiste français. Celui-ci doit être au coeur de l’opposition populaire à la droite et à Maastricht, il doit être le tribun des luttes pour les conquêtes sociales, les libertés démocratiques et la souveraineté nationale, le pôle d’un large rassemblement pour une politique nouvelle de rupture avec le capitalisme.
A. Pour l’internationalisme prolétarien.
A l’heure de la mondialisation capitaliste, il urge de travailler dans des formes respectant l’égalité entre tous les partis, à la renaissance du mouvement communiste et révolutionnaire international. Comment, sans cela, faire front efficacement au nouvel «ordre mondial» de l’impérialisme américain, comment résister aux transnationales, à Maastricht, au G 7 et au FMI? Comment s’opposer à la montée planétaire des chauvinismes, des intégrismes et des racismes, sans renouer avec la solidarité de classe internationale des travailleurs?
Dans cet esprit, nous devons combattre l’impérialisme français, ses ingérences criminelles en Afrique, son armée de métier, sa force de frappe au service de l’Europe des financiers, sa participation à l’OTAN et à l’Alliance Atlantique, sa soumission à l’hégémonie de la RFA et son intégration dans l’Europe de Maastricht.
A contre-courant, nous devons dénoncer les guerres, blocus, embargos et autres «ingérences humanitaires»
(sic)
de l’impérialisme américain et de ses alliés. Nous devons en permanence impulser une campagne de solidarité matérielle et politique avec le peuple cubain, pour lui permettre de préserver et d’améliorer les acquis de sa révolution.
B. Faire face au glissement autoritaire et aux éléments de fascisation.
La montée de l’extrême droite fasciste, de plus en plus ouvertement raciste et factieuse, fait peser de lourdes menaces sur le mouvement ouvrier et les libertés démocratiques. Elle s’accompagne de mesures réactionnaires et répressives prises par les gouvernements successifs. Pour stopper ce dangereux processus, notre Parti doit éviter le piège du prétendu «front républicain». Il faut à l’inverse dénoncer sans faiblesse les responsabilités de la droite et des dirigeants socialistes dans la promotion de Le Pen, donner tout son contenu de classe à la lutte pour la défense de la République et de la souveraineté nationale, menacées par le grand capital et non par l’ouvrier ou le jeune immigré. Nous devons passer aux actes en faisant campagne pour le droit de vote des immigrés, pour la dissolution de tous les mouvements fascistes et racistes; nous devons forger une solidarité de combat avec les communistes et progressistes algériens pour battre ensemble les ennemis communs des deux peuples, tant les fascistes comme Le Pen et les intégristes du FIS, que le Fonds monétaire international. Il faut redevenir le parti combatif exprimant sans détours la colère du peuple et des travailleurs, le parti qui, indépendamment du PS et des combinaisons électoralistes, propose, sans crainte des «explosions sociales», la transformation révolutionnaire de la société.
C. Forger une union populaire nouvelle dans l’action pour le retrait des plans Juppé et l’abrogation du traité de Maastricht.
Pour couper court à une alternance sans contenu, il nous faut d’urgence faire la clarté sur le bilan du PS au gouvernement et sur ses perspectives réelles. C’est à partir des luttes qu’il faut rassembler les victimes du capitalisme et construire une union nouvelle. Il faut que le Parti prenne l’initiative, à partir de l’opposition aux plans Juppé, d’une grande campagne nationale pour l’abrogation du traité de Maastricht, ouverte à toutes les forces progressistes, avec manifestations, grèves et comités populaires de base. Cette campagne permettrait d’unir la classe ouvrière et les salariés, de rassembler autour d’eux des centaines de milliers de paysans, d’artisans, de marins pêcheurs, de membres des professions libérales et culturelles, écrasés par l’Europe du capital financier. Elle mettrait le PS face à ses contradictions et à son double langage. Elle rendrait au PCF sa dimension historique de défenseur internationaliste de la nation contre l’oligarchie financière. Loin d’isoler les travailleurs de France, elle donnerait une impulsion décisive à l’unité dans les luttes avec les travailleurs d’Allemagne, d’Italie et des autres pays de l’Union européenne et hors d’elle, victimes des mêmes plans d’austérité découlant de Maastricht. Elle permettrait au mouvement populaire de s’organiser à la base et d’être plus fort.
A partir de la lutte de classes, la question d’un gouvernement d’union populaire défenseur de la souveraineté nationale, relançant l’emploi et la production par la nationalisation des secteurs clés de l’économie, la planification démocratique et les coopérations internationales pourrait alors se poser concrètement. Ce gouvernement, contrôlé et soutenu par le mouvement populaire se fixerait pour tâche première de restaurer et élargir les acquis sociaux et les libertés démocratiques. C’est dans un tel contexte qu’il appartiendra à la classe ouvrière et au mouvement populaire de se prononcer sur la rupture avec le capitalisme.
Ce n’est malheureusement pas à cela que tendent les propositions faites pour le congrès. Sous couvert de mutation c’est une régression sans précédent qui nous est proposée au risque de désarmer politiquement le mouvement populaire dans une phase d’affrontement social majeur. Se taire en croyant préserver l’unité du Parti serait la plus grave des erreurs. C’est au contraire en combattant le danger qu’on pourra le mieux rassembler les communistes et redonner sa force et sa cohésion au Parti pour toutes les luttes du présent et de l’avenir. Celui-ci reste à la lutte de classes, au socialisme et au communisme.
Georges Gastaud, Henri Alleg, Rémy Auchedé, Jean-Jacques Karman, Jean-Luc Sallé, Maurice Cukierman,
Tout à fait d’accord avec votre analyse sur l’UE, il faut en finir avec l’euro qui est une monnaie austéritaire pour les peuples européens, cette monnaie est une copie du mark et a été mise en place pour le bonheur des capitalistes allemands.
Des spécialistes comme jacques Sapir et Frédéric Lordon prédisent d’ailleurs la fin de l’euro pour cette année, ils demandent la mise en place d’une monnaie commune et de revenir aux anciennes monnaies.