« En ces temps de canicule les fonctionnaires sont une nouvelle fois « privilégiés ». Ils bénéficient de leur point d’indice gelé pour se rafraichir »
Plaisanterie amère qui circule sur les réseaux sociaux
Les chiffres : 9,5% de baisse des salaires des fonctionnaires entre 2011 et 2018 d’après l’INSEE
Selon les chiffres officiels du gouvernement Macron, publiés par l’Insee, le pouvoir d’achat des fonctionnaires a une nouvelle fois reculé de 1,2% en 2018. Hors inflation, depuis 2011 et selon les chiffres de l’INSEE, le salaire moyen des fonctionnaires a reculé de 1,4%. Sur la même période les prix ont augmenté de 8% d’après les chiffres officiels de l’inflation publiés par l’INSEE. Ce qui signifie qu’en 8 ans, entre 2011 et 2018, le pouvoir d’achat des fonctionnaire a baissé de façon officielle de 9,5% ! Sans doute plus lorsque l’on sait que que le calcul du taux d’inflation ne tient pas compte de l’augmentation réelle des prix des biens de consommation, et encore moins de la flambée des prix de l’immobilier.
Fonctionnaires : point d’indice perpétuellement gelé, serrage de ceinture confirmé !
Le « Monde d’après » s’inscrit plus que jamais dans la continuité du « Nouveau monde » : alors que les fonctionnaires faisant tourner les services publics ont été mis à contribution lors de la première vague de coronavirus, alors que les personnels hospitaliers, pompiers, enseignants, policiers, cheminots, etc., se sont dépensés sans compter, alors que le Tartuffe de la République a expliqué que le pays devait montrer sa reconnaissance envers tous ces « héros » du quotidien, le gouvernement Castex a décidé de « récompenser » l’ensemble de la Fonction Publique en… prolongeant le gel du point d’indice jusqu’en 2022, soit 12 ans – a minima – de gel depuis la mise en place de cette mesure par Sarkozy-Fillon en 2010.
Il est vrai qu’il était difficile d’attendre autre chose de la part du gouvernement Castex, qui poursuit la politique de son prédécesseur Philippe qui avait déjà reporté à 2019 (gel pour une année) le protocole sur les parcours, carrières et rémunérations (PPCR) et rétabli le jour de carence. Il était tout autant difficile d’attendre autre chose de la part d’un gouvernement eurobéat appliquant les imbéciles et dogmatiques « critères de stabilité et de convergence » de Maastricht en cherchant à tout prix à « réduire les dépenses publiques », politique promue par la Commission européenne : entre 2011 et 2018, cette dernière a « préconisé » aux États membres de « réduire les dépenses de santé » à 63 reprises… Et qu’importe au passage si, selon l’Insee – qui peut difficilement être suspecte d’anti-macronisme primaire – le salaire net moyen dans la fonction publique d’État a baissé de 1,2% en 2018, la baisse ayant été deux fois plus rapide pour les enseignants.
Fréquemment stigmatisés par des personnes qui usent pourtant des services publics, les fonctionnaires ont été en première ligne pour nombre d’entre eux au plus fort de la première vague de l’épidémie du coronavirus – au même titre que certains métiers du secteur privé comme les caissières et caissiers. Cela ne saurait toutefois suffire à une macronie embarrassée de devoir reconnaître l’utilité d’un secteur public condamné à la contre-« réforme » perpétuelle, c’est-à-dire la contractualisation croissante en lieu et place de concours voués à la disparition, l’« individualisation des carrières » sur le principe des « rendez-vous de carrière » infantilisants et humiliants et du système des primes (très pratique pour ne pas augmenter les salaires et introduire la concurrence entre agents de la fonction publique) ou encore la « rationalisation » se traduisant par un non-renouvellement progressif de personnels partant à la retraite – retraite au demeurant destinée à être rognée avec la suppression programmée du système par répartition.
La macronie amplifie les politiques de démantèlement des services publics – « services d’intérêt général » dans le jargon européiste, ouvrant ainsi la voie à leur « gestion » par le secteur privé… – des euro-gouvernements précédents, acharnés à détruire le code du travail (Juncker s’en était vanté en son temps), la SNCF, EDF-GDF, l’Éducation Nationale, le système hospitalier public – faut-il rappeler que Castex a introduit la tarification à l’activité (T2A) quand il était directeur de l’Hospitalisation et de l’Offre de Soins au ministère de la Santé puis directeur de cabinet de Xavier Bertrand dans le gouvernement Villepin ? –, les retraites par répartition, l’assurance-chômage, et désormais même le système judiciaire et les pompiers. Une offensive en règle contre toutes les conquêtes sociales et démocratiques arrachées de haute lutte et mises en œuvre notamment par les ministres communistes dans le cadre du programme « Les Jours heureux » du Conseil national de la Résistance (CNR), que Denis Kessler, ancien numéro 2 du MEDEF, a promis de détruire en 2007 dans un article intitulé « Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! » érigé en ode honorant à l’époque Sarkozy et le gouvernement Fillon :
« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie.
Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme…
À y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »
La macronie a déclaré la guerre à l’ensemble des travailleurs, et notamment ceux de la Fonction Publique. Une seule réponse doit être apportée, qui ne sera certainement pas le prétendu « dialogue social » confinant à la pure et simple collaboration de classe, mais la lutte déterminée de tous les travailleurs pour en finir avec les tenants de l’ordre capitaliste euro-atlantique. Tous ensemble en même temps et dans le même sens, préparons une rentrée 2020 bouillante !