A lire les quelques articles qui paraissent sur ce sujet, la France serait peu inégalitaire au vu de la plupart des autres pays riches. D’après les rédacteurs de ces articles, « son système de redistribution maintient la plus grande masse des individus dans une fenêtre relativement réduite de niveaux de vie, allant de 875 à 3 125 euros par mois pour 80 % des personnes ».
Pour autant, les riches sont toujours plus riches et les pauvres sont toujours de plus en plus pauvres. (1) En 2010 le niveau de vie moyen annuel des 10 % des plus riches était sept fois supérieur à celui des 10 % des plus pauvres et avec l’approfondissement de la crise et des plans sociaux cet écart a considérablement progressé. En ce qui concerne les plus hauts revenus ils ont progressé beaucoup plus vite que ceux de la plupart des salariés. Entre 2 000 et 2010, les plus pauvres ont gagné 33 euros par mois, les plus riches 746 euros, soit une hausse de 5,3 % d’un côté et de 19 % de l’autre. Depuis 2008, la situation n’a fait que de se dégrader : le niveau de vie des plus démunis diminue et entre 2008 et 2010, ils ont perdu 22 euros par mois alors que les plus riches en ont gagné 128. Depuis 2010, la tendance s’est poursuivie pour passer d’une situation de hausse des inégalités tirées par les plus riches à une croissance des écarts liée aussi à un décrochage par le bas.
Les inégalités ne se rencontrent pas uniquement sur les revenus. Un cadre supérieur vit en moyenne jusqu’à 83 ans tandis qu’un ouvrier peut espérer atteindre l’âge moyen de 77 ans : six année de vie les séparent. Le fait de commencer à travailler tôt dans des conditions pénibles physiquement est déterminant. Mais évidemment, la manière dont le patronat traite désormais l’ensemble des professions, en aggravant partout la souffrance au travail et la course à la productivité, risque désormais de tirer vers le bas – sans forcément réduire les écarts – l’ensemble des professions salariées…
Toutes les réformes des retraites partent du postulat qu’il faut travailler plus longtemps pour compenser l’allongement de l’espérance de vie. C’est oublier que le travail est aujourd’hui une denrée rare et que la précarité de l’emploi et la baisse continue des pensions va se répercuter sur le niveau de vie et sur la santé des futurs retraités.
Concernant la jeunesse, sur quatre jeunes sur le marché du travail, le premier est au chômage, le second a un emploi précaire et les deux autres occupent un emploi à durée indéterminée.
D’après les statistiques de l’Insee, 29 % des jeunes ont du mal à se loger convenablement ou à se chauffer et 17 % ne parviennent pas à payer leurs factures et se retrouvent par dizaines de milliers en situation de surendettement.
Dans notre pays le prétendu ascenseur social est bloqué dans un contexte de croissance lente pour ne pas dire inexistante depuis quatre décennies. Concernant l’école, les plus favorisés ont investi les filières éducatives toujours plus sélectives qui avantagent les familles disposant d’un bon capital culturel et d’une connaissance approfondie des rouages de l’orientation scolaire. De fait, les enfants d’ouvriers représentent plus de 30 % d’une classe d’âge mais seulement 7 % des élèves d’écoles d’ingénieurs, et encore faudrait-il s’interroger sur la hiérarchisation desdites écoles.
Concernant les femmes, en dépit des obligations légales accumulées depuis trente ans, les femmes qui travaillent à temps complet gagnent 17 % de moins que les hommes et le rapprochement est lent. Le déclassement féminin est encore plus grave si l’on tient compte que, plus une profession est féminisée (c’est par exemple le cas de l’enseignement scolaire et secondaire), plus les salaires y sont relativement bas à qualification égale avec d’autres secteurs.
Que ce soit un ministre de l’intérieur de droite comme Guéant ou de « gauche » comme Valls, la logique de contrôle de l’immigration reste. Le niveau d’expulsions d’étrangers, de même que le nombre de déboutés du droit d’asile se maintiennent à des niveaux élevés, tandis que les évacuations de campements sauvages de Roms n’offrent pas davantage de solutions de relogement. En outre le report de la promesse d’étendre le droit de vote à tous les étrangers et plus seulement aux Européens, ainsi que la persistance de 5,3 millions d’emplois fermés aux étrangers, entretiennent un climat nauséabond qui fait le lit du FN. La lutte contre les discriminations interdites ne suffit pas, il faut d’abord s’attaquer aux discriminations légales qui font que les étrangers ne sont pas toujours considérés comme des citoyens à part entière.
Pour le PRCF, une façon de réduire considérablement les inégalités en France passe d’abord (2) par la suppression de l’avoir fiscal, de la T.V.A., de la plupart des impôts indirects, par le relèvement des taux de l’épargne populaire, par l’augmentation dégressive des salaires au bénéfice des revenus les plus modestes, par la suppression des revenus parasitaires tels que : jetons de présence, frais généraux, commissions, dividendes , retraites chapeau, etc., par l’augmentation du montant des pensions et allocations, par la baisse des loyers accompagnée de mesures en faveur des salariés qui se sont endettés pour acheter un logement dans le cadre de programme type loi Besson, par la suppression de l’aide de l’Etat aux logements de luxe et par la construction de nouveaux logements sociaux, par le rééchelonnement de prêts à taux zéro par les banques nationalisées, par le relèvement des retraites et enfin par un écart des revenus de 1 à 5.
Renforcement des droits des travailleurs, forte augmentation de la contribution des employeurs à la formation initiale, démocratisation des soins et du système de santé, amélioration de la protection sociale, mettre en œuvre les conditions matérielles pour mettre en place un nouveau type plus progressiste de la famille. Favoriser la socialisation de l’éduction des enfants (crèches, maisons maternelles, petite enfance)
Toutes ces mesures et bien d’autres ne pourront être mises en œuvre que par la sortie de l’Euro et de l’UE, puis, dans le cadre d’une nouvelle constitution et d’une république où le pouvoir à tous les échelons devra être assumé par des assemblées élues au suffrage universel direct, à la représentation proportionnelle avec, comme le réclamait le Conseil National de la Résistance, un « rôle central du monde du travail dans la vie nationale ». Mandat impératif des élus, révocables à tout moment à la demande d’une majorité des électeurs. Un Gouvernement désigné par l’Assemblée Nationale et responsable devant elle.
Tout cela s’inscrit bien sûr dans la visée du socialisme pour la France, car la cause centrale des inégalités structurelles est plus que jamais la propriété capitaliste des grands moyens d’échange et de production.
(1) Enquête issue de l’observatoire des inégalités en France.
(2) données tirée de la dernière Conférence nationale du PRCF qui a adopté un « Programme de résistance, de reconquête populaire et de reconstruction pour le socialisme en France » et parue sur revue théorique du PRCF « Etincelles »
Par JODEZ