
Pas un bateau n’entre ou ne sort du port de Marseille : les marins de la Corsica Linea (ex SNCM) et de la Meridionale sont en grève du 13 au 15 janvier. Un mouvement pour protéger les 600 emplois des marins de la compagnie maritime et plus largement le pavillon national français. La grève des marins et des sédentaires, à l’appel de la CGT, dénonce l’ouverture des liaisons maritimes en Méditerranée à la concurrence étrangère. Ce qui menacerait l’emploi salarié à Marseille et en Corse. En cause la prochaine arrivée revendiquée par la compagnie italienne GNV, filiale du groupe MSC, pour la desserte de l’Algérie depuis Sète : «Le gouvernement français, avec le laisser-faire de nos deux directions, vient d’autoriser GNV à opérer sous pavillon international italien entre la France et l’Algérie depuis le port de Sète » dénonce la CGT.
Pour les marins, la libéralisation du transport maritime passagers en méditerranée impose une concurrence déloyale et représente un danger pour le statut des marins français: Dès la fin de l’année, nous aurions très certainement des menaces sur 600 à 700 emplois« , dénonce Frédéric Alpozzo, secrétaire général CGT des marins de Marseille et délégué syndical CGT chez Corsica Linéa auprès de nos confrères d’ICI provence.
Cela fait un mois par exemple que la compagnie italienne GNV assure la liaison entre Sète et le Maghreb, et pour les marins, ce serait grave si des compagnies étrangères comme GNV remplaçaient la Corsica Linea et la Méridionale « parce qu’elle (la GNV) ne respecte pas le droit français« . « Elle utilise le droit international où en réalité les marins n’ont pas de droit du travail, pas de CDI à bord, forcément dans ces conditions-là il y aura un dumping social et tarifaire » « C’est le modèle low cost. Ce n’est pas seulement moins bien payé, ils n’ont pas de droit social, ils n’ont pas de contrat de travail à durée indéterminée (…) C’est le far west« , prévient Frédéric Alpozzo, qui ajoute qu’il « y aura un plan social dans les compagnies françaises« .
Le délégué CGT met vigoureusement en cause l’Union Européenne et ses directives de libéralisations : « Quand on vient travailler dans un pays au sein de l’Union européenne, quelle que soit la nationalité, on doit respecter le droit du travail et fiscal dans le pays où on s’installe pour faire une activité, sinon on n’est plus des citoyens dans notre propre pays«
Rappelons que c’est bien l’Union Européenne et ses traités qui ont organisé, sous l’objectif fixé par les traités, la casse des droits des marins, protégés par les pavillons nationaux, en particulier le pavillon français, pour organiser le dumping antisociale. Ce n’est pas nous qui l’affirmons, mais bien le parlement européen qui le revendique sur son site internet. Jugez plutôt : « La base juridique est l’article 100, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (traité FUE), complété par les dispositions générales du traité relatives à la concurrence et à la libre prestation de services (voir fiche 2.1.4). L’objectif est d’appliquer aux transports maritimes de l’Union le principe de la libre prestation de services et d’assurer le respect des règles de concurrence. » Avant de lister les dizaines de directives et règlements européens pris en la matière.
La CGT souligne qu’à l’Elysée, où officie le très controversé Alexis Koller, mis en cause judiciairement pour ses affaires au seins de l’armateur MSC, la collaboration avec les armateurs et leurs politiques de libéralisation ordonnée par l’UE est totale.
« Face aux ententes entre nos armateurs et directions avec le gouvernement illégitime, nos syndicats CGT appellent les marins et sédentaires des deux compagnies à se préparer pour une mobilisation à la hauteur des attaques. » Le message envoyé par la CGT des marins de Marseille a le mérite d’être clair.
« Nos deux directions n’ont pas cessé d’agir en coulisses pour étendre la libéralisation du transport maritime à passagers à la Méditerranée », dénonce la CGT, en référence aux précédents mouvements sociaux de 2024, dans un communiqué commun aux deux entreprises. Pour rappel, ils revendiquent le maintien du pavillon français 1erregistre.
L’avenir est d’autant plus inquiétant que l’on sait les les liens entre le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler et GNV. Et pour cause : ce dernier est justement mis en examen pour prise illégale d’intérêts car il aurait caché ses liens familiaux avec… MSC…
A Marseille, le PRCF 13 souligne sont soutien aux marins