Alors qu’en France la CFDT est cul et chemise avec le MEDEF, que la FSU recule suite à ses compromissions avec le gouvernement PS et que la haute direction CGT s’embourbe dans les luttes de places, les travailleurs des pays voisins passent à l’offensive. Belgique, Italie, Portugal, Angleterre, Allemagne, Espagne… ET NOUS, ET NOUS, ET NOUS ?
Plus que jamais, soutenons le Front syndical de classe qui lutte pour un retour de la CGT au syndicalisme de classe et de masse. Seule l’opposition franche à Hollande-MEDEF et à l’UE du grand capital peuvent sortir le mouvement ouvrier français de l’impasse mortelle où l’ont mis ses directions confédérées.
Grève générale massive en Italie, plus d’1 million de personnes dans la rue contre le ‘Jobs act’ qui casse le Code du travail
Article AC pour http://www.solidarite-
internationale-pcf.fr/ L’heure est grave en Italie. Le gouvernement de Renzi, frère de Valls acte la casse du Code du travail, les syndicats ont voulu négocier l’inamendable, la gauche institutionnelle sombre. Les travailleurs sont désarmés malgré un potentiel de mobilisation extraordinaire.
70 % de grévistes : les transports italiens paralysés
Les chiffres communiqués par l’UIL (Union italienne du travail) et la CGIL (Confédération générale italienne du travail) – relayés par l’agence de presse ANSA – donnent le vertige : 1,5 million de manifestants, et un taux de grévistes national compris entre 60 et 70 %.
L’objectif de la journée de mobilisation du 24 octobre – 1 million de manifestants – est dépassée ce 12 décembre.
A la mi-journée, les cortèges étaient massifs : entre 2 et 5 000 à Padoue, Venise, Brescia, Pescara, entre 10 et 15 000 à Ancone, Bari, Palerme, 30 000 à Bologne, Florence, enfin 50 000 à Naples, Milan, Turin et Rome.
La grève a conduit à une paralysie du pays qui s’est sentie avant tout dans les transports : annulation de plusieurs centaines de vols (300 pour le seul aéroport romain de Fiumicino), de la moitié des trains, alors que 70 % des métro et bus sont restés au dépôt (avec des pointes à 90%).
« Jobs act », une déclaration de guerre contre le monde du travail
Ce qui mobilise les travailleurs italiens, c’est la déclaration de guerre du nouveau Président du Conseil, le leader du Parti démocrate (PD, ex-Parti communiste reconverti en Parti à l’américaine!), Matteo Renzi contre le monde du travail.
Sa réforme du travail inspirée de Blair et Clinton, son « Jobs act » (la tonalité anglo-saxone n’est pas une coincidence!) cible un marqueur identitaire du monde du travail italien : l’article 18 du Code du travail qui conditionne tout licenciement jugé abusif à un reclassement du salarié.
Cela fait 15 ans que le patronat essaie à tout prix d’annihiler cette disposition. Berlusconi en a rêvé, les manifestations réelles de 2002 l’avaient fait chuter, celles qui craignaient en 2011 l’avaient incité à faire marche arrière.
L’homme de gauche, libéral-populiste, Renzi abolit ce qu’il appelle ce « totem », ce tabou de la gauche. Dans la réalité, l’article 18 joue un rôle moins important que celui qui lui est accordé. Il protège de façon importante les travailleurs individuellement mais les entreprises italiennes le contournent par des licenciements collectifs maquillés en chômage technique forcé.
Mais c’est le symbole qui compte, il s’agirait d’un signe fort de la casse du Code du travail, de la flexibilisation totale des licenciements pour le patronat, la porte ouverte aux réformes structurelles voulues par la Confindustria (le MEDEF italien), l’UE, la finance internationale.
Avec une forme de discours populiste, qui « parle aux gens » et méprise « les partis, la bureaucratie, les syndicats », revalorise le « sens du travail » au service de l’ « esprit d’entreprise », Renzi est entre Berlusconi et Sarkozy, Valls et Grillo.
Contrat unique de travail, garantie-jeune, revenu minimum universel : danger !
Renzi prévoit certes des réformes inspirées par celles de Blair, Clinton, Schroder. Mais elles ont aussi un caractère nouveau qui préfigure celles qui vont être mises en œuvre en France.
Un « contrat unique de travail » pour les nouvelles embauches, officiellement un CDI, comprenant une période probatoire de 3 ans (au lieu d’1 an) où le licenciement économique est autorisé ;
La « libéralisation des licenciements », donc l’abolition de l’article 18 du Code du travail. Le recasement du salarié licencié est remplacé par une indemnisation du travailleur, en fonction de son ancienneté ;
Une « garantie-jeunes » qui consiste en une allocation minimale de 400 € pour les jeunes en grande précarité, un dispositif coordonné par l’Union européenne. Une allocation conditionnée à leur suivi par l’agence nationale pour l’emploi, ainsi qu’à la réalisation de missions de travail, de stages et de formations liées aux besoins des employeurs ;
Enfin, une « allocation chômage universelle » qui est une remise en cause du droit à l’assurance chômage, maquillé derrière une allocation de 1 000 € puis 700 €, qui peut être supprimée après 2 ans, et destinée avant tout à 300 000 travailleurs aux carrières fragmentées ;
« Messieurs De Wever et Michel, la Belgique en grève veut prendre un tout autre chemin que le vôtre »
« C’est la plus grande grève qu’a connue notre pays en trente ans ; le signal de la population est donc très clair. L’action a eu lieu dans pour ainsi dire tous les secteurs, les routes sont désertées, la population active s’est croisé les bras. Il est vraiment temps pour une autre politique, dans laquelle les gens tiennent la place centrale et qui ose investir dans le renouveau social », a réagi Peter Mertens, le président du PTB, en tournée de solidarité aux piquets ce lundi.
Du Nord au Sud, en front commun syndical, les machinistes, infirmières, professeurs, métallurgistes, puéricultrices, dockers, gardiens de prison, artistes, étudiants… sont en colère : la grève générale de ce 15 décembre est « la plus générale » depuis plus de 30 ans.
Tous les grands secteurs industriels, les transports et services publics sont à l’arrêt, mais aussi, et plus encore que lors des grèves régionales, beaucoup de petites et moyennes entreprises, de grands magasins, d’écoles, d’hôpitaux et d’autres institutions du non-marchand sont en grève, parfois pour la première fois de leur existence.(…)
« Cette réalité est en totale opposition avec la volonté du Premier ministre de l’ombre De Wever de tenter à nouveau de communautariser le conflit social dans notre pays et de le marginaliser à de petits groupes de la société, ajoute Peter Mertens. En effet, 80% des Flamands estiment que les mesures du gouvernement répartissent la charge de manière inéquitable. Et la largeur du mouvement aujourd’hui, aussi forte au Nord qu’au Sud, montre que la politique d’inégalité portée par ce gouvernement est rejetée quelle que soit la langue parlée. » .
« Que des fédérations patronales affirment que la majorité des entreprises travaillent est tout simplement absurde : les routes sont quasiment désertes, les transports en commun sont à l’arrêt et peu de travailleurs non-grévistes se présentent aux piquets, précise Peter Mertens. Et ceci malgré les multiples pressions qu’ont subies des travailleurs : incitation à dormir sur les lieux de travail, pression financière pour venir travailler, mise en demeure par des huissiers voire menaces de délocalisation. Aujourd’hui, par la force du nombre, le monde du travail a fait pression par la grève sur les parrains du gouvernement Michel-De Wever : les grandes entreprises et leurs fédérations patronales FEB et VOKA. »
Peter Mertens : « Nous avons senti aux piquets de grève un malaise grandissant face à la surdité du gouvernement pour les demandes des travailleurs. Mais, de ce que nous avons pu voir aujourd’hui aux piquets, la détermination est bien là pour continuer le mouvement après la trêve hivernale si le gouvernement ne revient pas sur des éléments clés de sa politique. Comme l’allongement des carrières et l’âge de la pension à 67 ans. Comme le saut d’index et le démantèlement des services publics et de la sécurité sociale. Du côté du monde du travail, l’unité d’action est plus forte que jamais alors que, de l’autre côté, nous voyons les fissures se creuser au sein même de la coalition gouvernementale : de quoi être optimiste pour la suite. »
Peter Mertens déclare dans une interview à l’Humanité Dimanche : « Cette politique est insufflée au niveau européen par les directives néolibérales de la Commission et le pacte européen, qui empêche des grands investissements publics. Le langage de ce gouvernement est ouvertement patronal. De la crèche aux maisons de retraite, toutes les étapes de la vie d’un citoyen belge vont être bouleversées. Il va payer plus, travailler plus longtemps, pour un salaire moindre. Ces ministres veulent casser la concertation sociale et toute possibilité de résistance, qu’elle soit syndicale en réduisant leur pouvoir, leur action comme le droit de grève, et les moyens d’action de l’ensemble des organisations actives et citoyennes. C’est un gouvernement qui veut mettre à mal la démocratie.