« Nous sommes en guerre » a proclamé notre monarque Macron à la télé le 16 mars, contre le Covid-19, en « chef des armées ». L’arrivée de la catastrophe fait réagir en urgence celui qui est en guerre contre le peuple, faisant oublier qu’il est en guerre contre le droit à la retraite et les fonctionnaires, exposant la santé en première ligne contre le coronavirus. Oui, il faut être en guerre contre la pandémie et faire « Nation » contre le coronavirus, mais pas à n’importe prix.
« Leurs profits plutôt que nos vies… »
Le fameux principe de précaution dont se gargarisent nos dirigeants habituellement a été appliqué en pensant protéger le CAC 40 et les profits des actionnaires des grandes sociétés : il ne fallait pas « bloquer l’économie » capitaliste. Macron et le gouvernement Philippe ont préféré « naviguer » à vue pour ne pas remettre en cause les « affaires » des grandes entreprises trans-nationales, alors que le principe de précaution aurait dû s’appliquer à la population bien avant l’aggravation de la pandémie. Mais cela suppose la souveraineté « sanitaire » de la nation par la décision immédiate de confinement de la population de notre pays : ce confinement pouvait donner goût à revenir à l’idée de souveraineté « tout court ».
Les médias officiels ont joué dans cette affaire une partition délétère en centrant leurs « Unes » alarmistes sur le nouveau virus. Là où ils devaient relayer de façon responsable et raisonnable les conseils sur les « gestes barrières », détailler les effets possibles et les façons de se comporter pour faire face, ils ont choisi le ton sensationnel et catastrophiste pour « informer » la population. Nous sommes en face non seulement d’une pandémie virale, mais aussi à la peur d’une société qui n’a plus confiance et qui voit son système de santé se détériorer chaque jour.
Pourtant le nouveau plan du ministère de la santé, appelé ORSAN, installé en 2019 et devant « actualiser » le « Plan Blanc », est censé permettre de déclencher une réponse du système de santé face aux situations sanitaires exceptionnelles. La chaîne de commandement établie par ce plan permet au pouvoir exécutif (ministères, préfets de département, préfets de zone) de prendre les rênes en y « associant » les dirigeants hospitaliers et les personnels de santé. Les soignants qui sont au front sont donc peu et assez mal représentés dans ces instances décisionnaires, si on ajoute que la majorité des administrateurs du secteur hospitalier, depuis les années 1990, n’ont aucune formation médicale.
Le dispositif ORSAN préconise un recensement régulier des moyens humains et techniques, des stocks de produits santé et se penche sur les événements générateurs de tensions hospitalières. Parmi ces événements, les directives insistent sur la tension liée à l’affluence des patients, les problèmes d’effectifs et la fragilisation du fonctionnement des structures d’accueil des urgences, fragilisation d’origine structurelle, exacerbée par une situation conjoncturelle (c’est le cas avec le Covid-19). Le manque de lits d’aval, l’inadéquation de l’offre de soins avec l’activité : tous ces dysfonctionnements structurels sont notés dans le plan Orsan de 2019, donc connus.
L’inaction de Macron Philippe dans la gestion de crise, leur politique coupable de destruction de l’hôpital public
Macron pouvait donc s’attendre à cette catastrophe sanitaire qui nous arrive puisqu’il connaissait le dispositif ORSAN et les manques qu’il pointait. A cela s’ajoutent l’exemple chinois et les chiffres italiens qui nous sont donnés par les médias depuis des semaines, les réactions en chaîne des différents pays… et il pouvait avoir en tête aussi un proverbe américain selon lequel « si vous ne voulez pas écouter la raison, elle ne manquera pas de se faire sentir ». Mais face aux appétits des milieux financiers qui veulent accaparer plus de secteurs profitables, notamment celui de la santé, Macron et le gouvernement Philippe n’ont pris aucune mesure – et d’ailleurs, la part de l’hôpital privé en France augmente régulièrement au détriment du public. Ils ont préféré jouer à « pile ou face » en espérant que le virus s’arrêterait aux frontières.
Depuis plus de trois décennies au moins, nous voyons nos équipements de santé publique se dégrader et ne plus pouvoir répondre aux besoins de la population, au motif de faire des économies pour réduire la « dette » du pays et le « trou » de la Sécurité Sociale. Les 4000 lits de réanimation disponibles en France seront très vite saturés, ces lits sont déjà indispensables pour nombre d’autres maladies ou accidentés.
La question centrale, c’est le nombre de lits d’hospitalisation qui a été dramatiquement réduit ces dernières années pour cause d’€uro-austérité. Le manque de médecins hospitaliers et généralistes, que les personnels de santé comme les associations de défenses de l’hôpital dénoncent, a été programmé dans les années 1970 sur la base de la théorie états-unienne selon laquelle « si on baisse l’offre, on abaisse la demande ». Le numérus clausus a été mis en place pour éliminer des étudiants en médecine. Résultat : en 2025, la baisse pourrait, selon les prévisions, être de 25% par rapport à 2007, sans parler de la situation présente où les lits et le personnel font criminellement défaut. Or faut-il rappeler que la population française augmente depuis 2010 et que les seniors représentent plus de 20% de la population (près de 13,5 millions de personnes) ?
C’est vital pour s’en sortir de sortir de l’Union Européenne du Capital et de son euro austérité
Le problème politique est de plus en plus apparent : il ne faut pas remettre en cause les « affaires » des entreprises du CAC 40 et parler du rôle néfaste de l’Union européenne dans cette euro-destruction de nos services publics, de la France solidaire, de la retraite par répartition, du code du travail… et tout simplement du bien-être et du vivre ensemble.
C’est pourquoi, au-delà des précautions nécessaires et immédiates à prendre afin d’éviter la diffusion du COVID-19, il est dorénavant vital de lutter contre les « recommandations » et les directives mortifères de l’Union européenne, et pour cela :
- Abroger les contres réformes hospitalières de ces dernières années ;
- Mettre en place les moyens indispensables au redressement et à la modernisation des hôpitaux ;
- Repenser la santé dans le strict cadre du service public pour en finir avec sa marchandisation croissante ;
- Augmenter fortement les effectifs de toutes les catégories de personnels et engager une politique de formation des professionnels de santé pour rattraper le déficit de personnel ;
- Constituer de véritables équipes hospitalières pluridisciplinaires ;
- Démocratiser l’hôpital par la participation accrue des représentants de toutes les catégories de personnels dans les instances de directions (conseils d’administration…) ;
- Supprimer l’exercice du privé à l’hôpital public ;
- Décider d’investissements financiers à la hauteur des besoins des hôpitaux et établissements de soins (constructions d’hôpitaux, centres de soins, équipements hospitaliers, financement public de la recherche) ;
- Envisager un service civique sanitaire des jeunes médecins en formation ;
- Promouvoir une réelle éducation sanitaire à l’école ;
- Favoriser la justice sociale en créant sur l’ensemble du territoire des centres de santés pluridisciplinaires en lien avec les équipes hospitalières
Mais pour que tout cela advienne, il est vital de sortir de l’Union européenne, elle dont les instances brillent par leur absence de réaction dans le contexte actuel. De cette « union » ne restent que les méfaits sur l’organisation des secteurs de la santé de tous les pays européens qui ont suivi servilement ses directives mortifères.
Déclaration de la commission Santé du PRCF 24 mars 2020