https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-eco/l-edito-eco-du-lundi-01-mai-2023-4999472Alors que la branche assurance chômage de la Sécurité Sociale est largement bénéficaire, le régime Macron décide une nouvelle contre réforme réduisant les droits à indemnités. La durée d’indemnisation serait réduite à un maximum de 15 mois, et l’activation des droits ne serait possible qu’après avoir travailler 8 mois sur les 20 derniers mois. Frappant lourdement les travailleurs tout particulièrement les jeunes, les saisonniers et précaires ou encore les plus de 50 ans. Toutes catégories d’actifs qui sont largement représentés parmis les plus de 5.4 millions de chômeurs en France, un nombre en augmentation. Rappelons qu’en 1979 les chômeurs avaient droit à 36 mois d’indemnisation, avec une couverture dès 3 mois de cotisations. Cette contre réforme, a pour objet d’économiser d’après le patronat 3,6 milliards d’euros. Qui s’ajoute au 17 milliards d’euros pris aux travailleurs (dès 2027) avec la réforme des retraites de 2023. Dans un double affiché de respecter l’objectif budgétaire imposée par l’Union Européenne et l’Euro d’un déficit public de 3% du PIB . Pourtant dans le même temps, le gouvernement Macron, là aussi pour satisfaire aux directives européennes de dépenser 2% du PIB pour la guerre et le budget de l’OTAN, augmente les dépenses militaires sans compter : 413 milliards d’euros pour la guerre pour la période 2024-2030 (lire ici), soit près de 70 milliards par an, soit une augmentation de 68% du buget des armées ( 41M€ en 2022). Une dépense encore augmentée puisque pour escalader la guerre que fait l’OTAN à la Russie en Ukraine, Macron vient d’annoncer 7 milliards d’euros supplémentaires de livraison d’armes à la junte Zelenski, qui s’ajoute au 4 milliards d’euros déjà livrés, et au 9 milliards de subventions budgétaires délivrées via l’UE. Soit un total de près de 20 milliards. La réforme des retraites et de l’assurance chômage vient donc ici équilibrer les dépenses de la guerre de l’OTAN en Ukraine. Georges Gastaud, directeur politique d’Initiative Communiste revient sur le lien direct entre la guerre menée par l’impérialisme à l’extérieur et la guerre menée à l’intérieur contre les salaires.
Pastichant Clausewitz, le grand théoricien de la guerre, Engels disait que « la guerre est la continuation de la lutte entre classes par d’autres moyens« .
La réciproque vaut pleinement. En effet, pendant que Macron « n’a plus d’argent » pour indemniser les chômeurs, pour permettre aux travailleurs de prendre une retraite décente à 60 ans, pour faire en sorte que chaque malade puisse aller chez le médecin ou en pharmacie sans se priver sur la nourriture ou sur le chauffage, le délégué élyséen de Rothschild a des milliards d’euro, et sans compter, pour envoyer des armes ultramodernes en Ukraine et pour mettre en place une « économie de guerre » et une « armée européenne » qui font d’avance les choux gras des capitalistes de l’armement (aujourd’hui) et de la reconstruction (demain, s’il y a un demain!).
Sans oublier le gouffre des Jeux Olympiques de Paris dont il faudra demain régler l’énorme facture alors que l’EPS à l’école manque de tout !
Et de fait, c’est une vraie guerre contre la classe ouvrière, contre la paysannerie laborieuse, contre les classes populaires et, mine de rien, contre une part croissante des classes moyennes extérieures à l’oligarchie capitaliste (cf la grève très suivie des pharmaciens!), qui est menée par l’euro-gouvernement atlantiste de Macron: ces jours-ci, « ça pleut comme à Gravelote » sous la direction d’Attal, de la Commission européenne (le chef d’orchestre discret), de la Cour des comptes dirigée par le « socialiste » Moscovici :
- projet gouvernemental d’instituer une semaine complète de jours de carence (que les ouvriers fiévreux aillent donc soulever des parpaings sur les chantiers, que les instituts malades aillent en classe contaminer les enfants, etc.),
- obligation faite aux jeunes précaires ou aux seniors licenciés d’accepter n’importe quel « job » hors qualif et hors périmètre d’habitation,
- projet gouvernemental de détruire les statuts de la fonction publique et ainsi pulvériser les grilles de qualification et de rémunération de la fonction publique
- « droit » de licencier à tout moment un fonctionnaire (dernier avantage de ce secteur salarial déjà extrêmemement déclassé…), histoire notamment que plus personne n’ait envie de passer les concours de l’Education nationale…
- nouveaux déremboursements de médicaments et nouvelles incitations faites aux médecins de lésiner sur les ordonnances et les examens médicaux
- augmentation de la rémunération des médecins (ce qui n’a en soi rien de choquant) intégralement financée par la Sécu et par les mutuelles (bonjour les nouvelles augmentations de cotisation !),
- blocage maintenu de facto pour l’ensemble des petits et moyens salaires et autres pensions, à commencer par ceux des agents de l’Etat…
- poursuites contre des syndicalistes CGT, y compris de premier plan, comme Céline Verzeletti, Sébastien Menesplier, Jean-Paul Delescaut, etc.
Tout cela pendant que les PDG du CAC 40 s’attribuent d’énormes et indécentes rémunérations, que les dividendes du CAC augmentent de 20% l’an, et que jamais l’Etat ne demande rien aux maxi-profiteurs du grand capital tout en tapant à bras raccourcis, avec l’aide du haineux Ciotti, sur les travailleurs immigrés venus d’Afrique francophone…
Et tout cela pour complaire aux sacro-saintes « agences de notation » chères aux néolibéraux, aux sommations de Bruxelles et Berlin sur les 3% de déficit indispensables au maintien de la prétendue monnaie « commune » et déflationniste dite « euro », et pour pouvoir continuer à emprunter, non plus à taux faible à la Banque de France, comme le faisait l’Etat avant Maastricht, mais aux « marchés financiers » qui se gavent comme des vampires de l’endettement forcé des peuples!
Et, si l’on met à part les opérations publicitaires très coûteuses et totalement anglicisées (dehors la langue française en de tels forums organisés… à Paris!) consistant à mendier des investissements capitalistes venus de l’étranger et à ses conditions (j’ai nommé l’indécent salon annuel « Choose France! », dont les résultats sont du reste dérisoires), aucune politique industrielle et agricole nationale visant à reconstituer le « produire en France » industriel et agricole au lieu d’importer quantité de produits qui pourraient être fabriqués ici en réduisant le chômage et l’empreinte carbone (encore faudrait-il pour cela briser les chaines de l’UE, nationaliser les secteurs-clés de notre économie, stopper durement l’expatriation des capitaux et mettre en place une planification démocratique à l’échelle de la République une et indivisible: le programme minimum, en somme, que porte le PRCF héritier du grand PCF dans une perspective clairement socialiste!).
Plus que jamais, disons-le autour de nous: les projets mirifiques du RN visant à « recouvrer une France française » tout en restant pleutrement, pour complaire à l’oligarchie, dans l’UE-OTAN, sont des mensonges comme on le voit en Italie avec GIorgia Melloni, la « patriote » admiratrice du « Duce » qui se couche à tous coups devant Bruxelles et Washington. Pures menteries aussi que les promesses de cette fausse gauche euro-vautrée, et de ces états-majors syndicaux euro-subventionnés qui jurent de mettre en place l’increvable foutaise de « Europe sociale » dans le cadre d’une UE entièrement faite pour détruire les acquis sociaux (au nom de l’ « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » de TOUS les traités européens…). Et qui promettent aussi, dans la foulée, de consolider la paix dans le cadre d’une OTAN, entièrement conçue, depuis les années 1950, pour mener une guerre mondiale suicidaire contre les pays de l’Est et du Sud… Et plus indirectement, contre le peuple travailleur de notre pays quand, tôt ou tard, il se soulèvera pour recouvrer sa dignité comme l’a annoncé en 2019 l’insurrection spontanée durement réprimée des Gilets jaunes.
Georges Gastaud pour www.initiative-communiste.fr – 2 juin 2024