Neuf mois après le bouillonnant 53eme congrès de la CGT et la cuisante défaite contre la casse de nos retraites, nous, syndiqués CGT, souhaitons nous adresser à nos camarades se revendiquant dans l’action du syndicalisme de classe pour faire le point sur la situation actuelle et faire des propositions pour cette nouvelle année 2024 afin de sortir la classe ouvrière de la torpeur dans laquelle le « syndicalisme rassemblé », véritable stratégie de la défaite de l’intersyndicale-CFDT, l’a placée.
D’une part, concernant la situation internationale, nous constatons que la contestation mondiale de l’hégémonie de l’impérialisme états-unien et, derrière lui, du bloc UE-OTAN, qui s’est violemment ouverte en Ukraine, a pris un tournant avec l’ouverture d’un nouveau front en Palestine où les autorités colonisatrices israéliennes perpètrent un génocide du peuple palestinien à Gaza tout en continuant la colonisation des territoires palestiniens en Cisjordanie. Si, concernant la situation en Palestine, la CGT a adopté une position conforme à son histoire, elle ne fait aucune analyse d’un potentiel embrasement du Moyen-Orient. En effet, l’Etat d’Israël, non content de seulement exterminer les Gazaouis, attaque régulièrement ses voisins libanais ou syrien, faisant du Moyen-Orient une poudrière dont la responsabilité incombe largement aux autoproclamés « Occidentaux », soutiens inconditionnels au régime de Tel-Aviv. Par conséquent, la primordiale campagne en faveur d’une paix mondiale passe par un combat en faveur de la désescalade militaire de l’Ukraine à Israël, en cessant de livrer des armes à ces deux entités et en développant une campagne claire en faveur du retrait de la France de l’OTAN, organisation qui fait peser sur la tête de l’humanité toute entière le risque d’une conflagration nucléaire exterminatrice.
Concernant la situation en Europe, l’Union européenne continue de porter ses néfastes projets contre l’ensemble des travailleurs des pays qui lui sont soumis. Après avoir fait démanteler le produire en France à coups de délocalisations, le code du travail (loi « travail », ordonnance Macron…), les services publics à soumettre au dogme de la concurrence libre et non faussée (sur laquelle en réalité s’assoient depuis longtemps les monopoles capitalistes trans-continentaux), verrouiller les budgets nationaux avec le pacte de stabilité (sauf pour la guerre, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius ayant récemment déclaré que l’UE devait être prête à faire la guerre d’ici 2030 !) et l’€uro, elle s’attaque désormais au principe même d’État-Nation, en imposant le « saut fédéral européen », autrement dit la désintégration même de la France par son éclatement en de multiples régions, ce qui signera l’arrêt de mort de la sécurité sociale NATIONALE, du code du travail NATIONAL, du statut de la fonction publique NATIONAL, etc. À ce titre, il est particulièrement inquiétant que le Parlement européen, suivi par l’Assemblée nationale, aient voté, fin novembre de cette année, une résolution appelant ouvertement à cette federalisation de l’Union européenne : suppression du vote à l’unanimité ; droit européen supérieur aux droits nationaux ; création d’une défense européenne qui sera arrimée à Washington et, de fait, transfert du siège au Conseil de sécurité de l’ONU à Berlin. Le tout, en faisant de l’UE une machine de guerre dont le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, vient d’annoncer que l’UE devait être prête pour la guerre d’ici 2030 !
C’est dans cette même logique que le Macronat porte le funeste projet « d’indépendance de la Corse », immédiatement rejoint par les « indépendantistes » bretons et alsaciens. De tels projets auraient pour conséquence la création « d’euro-régions » inféodées à Bruxelles, désintégrant encore plus la France dans l’UE.
Or, la CGT actuelle, comme depuis le milieu des années 90, n’a pas un mot contre la politique supranationale de l’UE. Au contraire, elle encourage ce processus en faisant miroiter une introuvable « Europe sociale » et elle entend interpeller les candidats à « l’élection européenne ». « Pas de lien avec les politiques » affirmait-elle pourtant en septembre…
Et pour cause, puisque la CGT adhère à la CSI (Confédération Syndicale Internationale) et à la CES (Confédération européenne des syndicats). La première est connue de notoriété publique comme le bras syndical de l’OTAN et de l’impérialisme nord-américain, pendant que la seconde est la courroie de transmission des directives de casse sociale et nationale de la commission européenne de Bruxelles. Impossible, par conséquent, de retrouver une CGT de combat aussi bien en faveur de la paix mondiale que de la classe ouvrière ! A ce titre, il est de démonstration que ni l’une, ni l’autre, ne se prononcent, ni ne dénoncent, ni ne luttent contre le génocide en cours à Gaza. Au surplus, après le 53eme congrès, la stratégie de l’actuelle direction confédérale est de mettre en avant la CES dont la CGT prétend qu’elle est en voie de « réorientation ». Il s’en suit une stratégie portant des journées de mobilisation « européennes ». Pour quel résultat ? Un échec retentissant le 13 octobre avec une mobilisation uniquement en France, logiquement boudée par les syndicats européens qui ne sont que des clones de la CFDT et une « euro-manifestation » le 12 décembre sur laquelle il n’y a eu aucun appel à la gréve ! Quel syndicalisme de lutte que celui-ci !
D’autre part, en France, la situation en Palestine a été un puissant accélérateur d’une fascisation déjà bien avancée par le régime Macron : multiplication des interdictions de manifestations, directive Dupond-Moretti installant un scandaleux « délit d’opinion », arrestation de Jean-Paul Delescaut, SG de l’UD CGT du Nord pour « apologie du terrorisme », soutien inconditionnel au régime colonisateur et exterminateur Israélien, banalisation du RN (Rassemblement National), etc. Le tout, alors que la criminalisation des luttes sociales (répression des gilets jaunes et des syndicalistes à l’image de Sébastien Menesplier) est désormais décomplexée !
Enfin, force est de constater que la mandature de Sophie Binet n’est pas à l’hauteur de la situation. En réalité, toujours inféodée à la CES et à la CSI, malgré les humiliations successives qu’elles lui font subir, la CGT est plus que jamais inféodée à ses organisations qui collaborent allégrement avec le grand capital et ses représentants politiques, à l’image d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, fièrement invitée au congrès de la CES de mai dernier, sous les applaudissements de la délégation CGT !
Dans cette logique, la CGT ne remet absolument pas en cause la stratégie du « syndicalisme rassemblé », pourtant synonyme de défaite depuis maintenant 30 ans ! Et pour cause : rappelons que la CFDT, FO, et la CFTC sont toutes membres des mêmes organisations « internationales » que la CGT, à savoir la CES et la CSI. Cette stratégie aboutit à la dissolution de la CGT dans une « Intersyndicale » menée par la CFDT et qui a très récemment conduit le mouvement contre la contre-réforme des retraites droit dans le mur, en exposant, qui plus est, son avant garde de classe, largement composée de travailleur CGTistes, laissée seule face à une violente répression policière et judiciaire.
Face à ce constat accablant, rester l’arme au pied, sur la défensive, signerait immanquablement la reprise par la confédération des bastions rouges, voir même de leur purge !
Par conséquent, il y a urgence en 2024 à ce que les syndicalistes de classe, qui ont largement marqué le 53éme congrès se rencontrent pour :
– échanger et établir une stratégie gagnante, dans un cadre similaire à celui des rencontres de Gardanne en 2021 ;
– développer une plateforme revendicative, mettant au centre l’augmentation des salaires, l’emploi, l’industrialisation, les services publics, le tout en liant ses revendications au problème centrale de la paix, bref, de défendre l’indépendance nationale ;
– élaborer une stratégie de lutte, en organisant le « blocage des profits » pour enfin renouer avec la victoire.
C’est à ces conditions que non seulement la CGT retrouvera ses couleurs rouges, mais en plus cela permettrait enfin de faire reculer le rouleau compresseur UE/MEDEF/Macron et desserrerrait l’étau de la fasciation qui étrangle de plus en plus la France et sa classe ouvrière !
Camarades, il y a urgence !