Dimanche, c’est par milliers que les marseillais se sont rassemblés dans une marche blanche, emprunte de dignité et de colère, en hommage aux victimes de l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne, au cœur du 1er arrondissement de la seconde ville de France. Loin des polémiques, les militants communistes avec le PRCF Marseille appellent à désigner les vraies causes pour apporter de vraies solutions. Non, ils ne pourront pas cacher les crimes du Capitalisme en accusant la pluie.
Le 14 novembre à 18h, un appel a été lancé par le collectif du 5 novembre Noailles en Colère pour une marche de la colère. Jeudi à 20h, un concert de soutien aux sinistrés aura lieu au Molotov
Ils ne pourront pas cacher les crimes du Capitalisme en accusant la pluie
Marseille – Les militants marseillais du PRCF et avec eux ceux des Bouches-du-Rhône et de toute la France tiennent à faire part de leur douleur et de leur soutien à tous ceux frappés par le drame de la rue d’Aubagne.
Marseille, rue d’Aubagne, au cœur d’un des quartiers populaires du centre ville de Marseille, 3 immeubles s’effondrent le lundi 5 novembre. 8 habitants sont tués, ensevelis sous les décombres. La municipalité LR de Jean-Claude Gaudin accuse la pluie. Les politiciens de la Macronie immédiatement pérorent avec indécence profitant de la catastrophe pour lancer leur offensive sur le fauteuil de maire en s’en prenant violemment aux services publics municipaux. Le cynisme le dispute à l’irresponsabilité. Ces gens n’ont aucune honte. Aucune honte de réclamer la mise sous tutelle de la compétence Habitat de la ville de Marseille alors que dans le même temps le régime Macron est en train d’achever la destruction de ses services publics de l’Équipement : à force de suppressions de postes, de fusions et de réorganisations et par leur faute ceux-ci n’ont plus les moyens d’assurer cette tutelle ! Et les lois de décentralisation ont remis les clés de la gestion en totalité aux collectivités locales, éradiquant au passage les communes pour les remplacer par des métropoles, permettant de renforcer les pouvoirs des féodalités locales et accélérant toutes les dérives possibles ! Assurément non, ce n’est pas la pluie qui est la cause de cela.
Cette catastrophe n’est malheureusement une surprise pour personne. Les travailleurs à Marseille savent ce qu’il en est de la difficulté de trouver un logement décent à des prix abordables à Marseille, ils savent tous ce qu’est l’état de nombre d’immeubles à Noailles, Belsunce et ailleurs. Le gouvernement alerté de longue date par les services publics et experts de l’Équipement sait parfaitement l’ampleur de la question du logement insalubre et des marchands de sommeil à Marseille et dans son agglomération. Un rapport de 2005 non publié à l’époque dénombrait déjà plus de 42 400 logements indignes à Marseille, 1 marseillais sur 8 habitant dans un logement présentant un danger pour sa sécurité ou sa santé. La SOLEAM, aménageur public, estime à 48% le nombre de logements insalubres dans le quartier de Noailles où s’est produit la catastrophe. Assurément non, ce n’est pas la pluie qui est la cause de cela.
Ce serait également faire un faux procès et injuste que d’accuser les fonctionnaires, que ce soit ceux de la ville de Marseille ou de l’État, eux dont on sait combien ils ont été frappés ces dernières années par les coupes sombres et les suppressions d’effectifs, se retrouvant à devoir gérer des problèmes toujours plus graves avec toujours moins de moyens. Un arrêté de péril avait d’ailleurs été pris par les services de la ville de Marseille dès 2005 pour le 63 de la rue d’Aubagne. Devant la carence des propriétaires de l’immeuble, la Soleam avait réalisé d’office des travaux d’urgence en 2008. S’en est suivi une très longue procédure judiciaire avant que l’expropriation ne soit lancée en 2013 et que la procédure aboutisse en avril 2017. C’est que la propriété privée est plus sacrée que la vie des travailleurs en régime capitaliste. Nos services publics n’ont pas besoin des agressions des sbires de LREM mais au contraire de soutien et d’être renforcés. Le préfet de région a annoncé prendre la main pour faire face à la crise, à la demande de la ville de Marseille: on se demande sur quels services publics il va bien pouvoir s’appuyer. En effet, depuis 2003, les services d’ingénierie publique de l’État portant sur ses capacités opérationnelles d’action ont été liquidés. Et le gouvernement, dans une circulaire cet été, demandait encore de nouveaux suppressions ou transferts aux collectivités locales. On voit pourtant que cela ne fonctionne pas et met en danger nos concitoyens ! Assurément non, ce n’est pas la pluie qui est la cause de cela.
Tandis que le régime et ses médias ont jeté le voile du silence sur cette catastrophe, après tout ce ne sont que des pauvres et précaires qui ont été tués et il ne faudrait pas que cela perturbe la campagne de propagande de Macron, les travailleurs de Marseille eux se mobilisent dans la dignité. Car ils savent derrière ce drame ce qu’est la situation : Marseille manque cruellement de logements sociaux. Dans le premier arrondissement, il n’y a que 15% de logements sociaux, et à Noailles qui est l’un des plus pauvres de France on en compte moins encore. Ils savent que les obligations fixées par la loi SRU de construction de logements très sociaux ne sont pas respectées. Condamnant ainsi les travailleurs les plus pauvres, précaires, étudiants, retraités, à la spéculation des marchands de morts, aux marchands de sommeil. Tandis que le gouvernement veut faire passer les pauvres pour des assistés, à Marseille comme dans nombre de villes de France, les travailleurs doivent payer des fortunes pour se loger. Alors que le droit du travail a été démoli sous les ordres de l’Union Européenne par la loi travail et les ordonnances Macron, la précarité devient désormais pour de plus en plus de travailleurs la règle générale, tandis que les salaires sont bloqués. Le résultat de cette exploitation ce sont les sans abris privés de toit, et les millions de nos concitoyens sans logement digne, à l’instar des victimes de la rue d’Aubagne, dont l’insécurité économique provoque l’insécurité physique tout court en les privant d’accès à des logements sains et sûrs. Assurément non, ce n’est pas la pluie qui est la cause de cela.
La ville de Marseille, tout à la spéculation immobilière effrénée qui a vu chasser les travailleurs des rues des 2e et 3e arrondissements pour faire place nette aux promoteurs d’euro méditerranée et ses logements pour classe moyenne supérieure, consacre moins de 3 millions d’euros par an pour supprimer l’habitat indigne. La priorité, c’est la spéculation immobilière, pas le droit à un logement décent, pourtant inscrit dans la Constitution à la libération sous la pression des communistes. Le Capitalisme ne connait qu’un seul droit, celui des capitalistes.
Alors que la priorité doit être la mise à disposition de logements sociaux, ce ne sont pas les dernières dispositions législatives prises par le régime Macron qui vont améliorer la situation : en effet, ce dernier a décidé d’inciter les offices HLM à vendre leurs logements, et tout en les ponctionnant, leur impose une réduction des loyers pour compenser la baisse des APL. En clair, il s’agit d’assécher les moyens des opérateurs du logements social, et de renforcer la main mise de la spéculation privée. Assurément non, ce n’est pas la pluie qui est la cause de cela. Rue d’Aubagne, ce n’est pas la pluie qui a frappé mais le règne du marché et de la spéculation immobilière.
Austérité, spéculation immobilière, destruction des services publics, casse des salaires, précarité et exploitation, non, notre colère ne doit pas accuser la pluie ou des lampistes. Tous ensemble nous devons au contraire désigner les vraies causes de la catastrophe de la rue d’Aubange, et accuser le système qui conduit à cela, le Capitalisme. Non, ils ne pourront pas cacher les crimes du Capitalisme en accusant la pluie.
PRCF Marseille
Samedi 10 novembre, près de 8000 personnes, selon la police, ont défilé dans les rues de Marseille du cours Julien jusqu’au Vieux-Port devant l’Hôtel de ville lors d’une marche blanche en mémoire des victimes des effondrements d’immeubles de la rue d’Aubagne le matin du lundi 5 novembre.
Devant l’Hôtel de ville, après un moment de colère de la foule et quelques prises de parole de proches de victimes, un porte-parole des habitants, associations et commerçants du quartier de Noailles a lu leurs revendications. Ils appellent à une marche de la colère le mercredi suivant, le 14 novembre, afin de « s’assurer que ces mesures soient mises en place et pour réclamer enfin partout dans Marseille un logement digne pour toutes et tous » et invitient « tous les quartiers, toutes les marseillaises et tous les marseillais » à les rejoindre.
Alors qu’il ne pleuvait pourtant pas, un bout de balcon au 20 boulevard Garibaldi s’est effondré lors du passage du cortège. Bilan: 3 blessés légers.
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Le communiqué de l’UD CGT 13
Scène terrible à Marseille rue d’Aubagne dans le 1er arrondissement, où 3 immeubles se sont effondrés ce lundi 5 novembre 2018 faisant de nombreuses victimes.
À la tristesse provoquée par cette catastrophe succède à présent la colère. Car au moment de faire le point sur les causes de cet accident – pour que cela ne se reproduise plus – les autorités politiques se déresponsabilisent une fois de plus. Dans un communiqué publié par la ville de Marseille on peut même lire : « Ce dramatique accident pourrait être dû aux fortes pluies qui se sont abattues sur Marseille ces derniers jours ». La mairie tient donc son coupable : la pluie.
Sans doute est-elle frustrée de ne pouvoir enfermer cet assassin notoire afin de redonner à la ville son surnom de « ville du soleil », faute de pouvoir redonner la vie à ceux qui en ont été privés injustement. Mais pour la CGT, il ne s’agit pas d’un accident qui serait le fruit du hasard des circonstances météorologiques, mais il s’agit bien d’une catastrophe qui était prévisible et qui aurait put donc être évitée.
En effet, l’état de délabrement des bâtiments effondrés était connu depuis de nombreuses années. L’un des bâtiments avait été simplement muré et abandonné depuis 2012 et était occupé par des habitants sans domicile fixe. Tandis qu’un autre « avait fait l’objet, le 18 octobre dernier, d’une expertise des services compétents qui avait donné lieu à la réalisation de travaux de confortement permettant la réintégration des occupants », indique l’Hôtel de Ville. Enfin, le premier bâtiment à s’effondrer était même la propriété de Marseille Habitat dont la mairie est actionnaire majoritaire. Les autorités étaient donc non seulement au courant du niveau d’insalubrité et de danger potentiel mais elles estimaient avoir tout mis en oeuvre pour leurs concitoyens.
Dans le premier arrondissement, plus de 40 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, dont la plupart vivent dans des logements insalubres. Pourtant ces habitants ne sont visiblement pas la priorité de la mairie qui est plus préoccupée par l’image de façade qu’il faut donner pour attirer les touristes.
Car comment ne pas faire le parallèle avec les travaux de rénovation du quartier de « la Plaine » à quelques 100m de là qui sont très fortement combattus par les habitants du quartier ? Car pour offrir aux touristes de nouvelles et grandes terrasses de bar sur la place Jean Jaurès, la mairie n’hésite pas à déployer des moyens immenses en termes de forces de police mais aussi dans la construction d’un mur – baptisé « mur de la honte » et dont le prix est estimé à plus de 400 000 € – simplement pour empêcher les habitants et habitués du quartier de s’opposer à cette construction.
Des moyens il y en a, ce sont donc bel et bien des choix politiques qui sont la cause du drame de la rue d’Aubagne.
La grande majorité des habitations des travailleurs Marseillais nécessitent d’être rénovées, d’autant plus celles des plus pauvres. Il s’agit d’une urgence. Cependant les rénovations doivent être faites dans l’intérêt des habitants. Car les plans de rénovation permettent aux propriétaires immobiliers de se faire financer – jusqu’à 50 % – par de l’argent public les grands travaux. Or, il s’en suit que ces mêmes propriétaires profitent de ces opérations de rénovations pour augmenter les loyers ce qui ne fait que décaler le problème : les habitants les plus pauvres qui ne peuvent payer l’augmentation des loyers voire de la taxe d’habitation sont obligés de déménager.
Cette « gentrification » de certains quartiers ne change rien au problème : les plus pauvres continuent de vivre dans des logements insalubres. C’est pourquoi, il faut d’urgence une véritable politique publique de l’habitat et du logement qui permette à tous d’accéder à des logements de qualité.
La CGT présente ses condoléances aux familles des victimes. Nous restons solidaires et disponibles pour faire valoir nos droits à vivre dans la dignité et faire en sorte que les autorités assument leurs responsabilités et donne réparation, autant que possible, aux victimes et familles des victimes.
Marseille, le 7 novembre 2018