Par Floréal, PRCF, juillet 2022
Périodiquement, quand la Corse ou les Pyrénées-Atlantiques flambent sous les incendies de l’été, quand l’Alsace devient l’épicentre du coronavirus en France, quand la Bretagne subit une marée noire venue du grand Large, ce qui subsiste de l’État-nation français républicain se mobilise : les pompiers accourent de tout l’Hexagone, les hôpitaux de tout le pays « font de la place » pour accueillir les malades en surnombre, les Canadairs sillonnent le territoire pour aider les pompiers locaux à éteindre les sinistres.
Et l’on est alors bien content que cette langue française prétendument « coloniale » et « impérialiste » permette aux agents des services publics, moyennant l’existence de quelques accents locaux pittoresques et bien venus, de communiquer sans passer par des traducteurs corse/breton, flamand/nissard, franconien/occitan ou catalan/basque…
Il en va de même, et c’est la moindre des choses, avec les méga-feux qui ravagent présentement la Gironde sur fond de dérèglement climatique massif: alors, d’un seul coup, le mot « Girondin » ne désigne plus, très sainement et égalitairement, qu’un département français parmi 99 autres au lieu de servir de bannière réactionnaire à l’attaque contre « Paris » et la « France jacobine », cette galeuse d’où nous viendrait tout le mal et qui serait si opportunément remplacée, aux yeux du Parti Maastrichtien Unique, par une « moderne » Europe fédérale des grandes régions construite sur le modèle de l’Allemagne fédérale. Alors, contraint d’en appeler au pays pour faire face chez lui, le président du département de Gironde met d’un seul coup une sourdine aux déclamations démagogiquement antijacobines, alors il se tourne vers « l’État » et il pose enfin la vraie question qui fâche: celle des moyens insuffisants dévolus depuis des décennies aux différents services publics NATIONAUX pour cause d’austérité pan-européenne…
Quant à dire « merci » aux pompiers auvergnats ou lorrains venant périodiquement éteindre des feux en Corse, on a du mal parfois à les entendre distinctement. Avouons cependant que cela doit faire drôle aux « envahisseurs » venus du « continent » quand, leurs vacances d’été étant supprimées pour cause de solidarité nationale et de République une et indivisible, ils découvrent sur les murs de Bastia des douzaines de slogans « Francesi fora! » (les Français dehors!). Ou quand, feuilletant le Télégramme de Brest, ils peuvent y découvrir un feuilleton pousse-au-crime provocatricement intitulé « La Bretagne largue les amarres »…
Et si notre pays avait besoin, non pas d’un « pacte girondin » et d’un prétendu « droit à la différenciation des territoires » qui détruisent l’unité territoriale de la nation et l’égalité républicaine, mais d’un nouvel élan jacobin assurant la péréquation systématique des moyens entre régions riches et régions pauvres sur fond de rupture NATIONALE avec l’euro et l’UE, de manière à pouvoir à nouveau INVESTIR dans les biens communs ?
Voilà qui serait une bonne nouvelle pour la lutte anti-incendie, pour la protection sanitaire des populations, pour la remise en état des routes nationales, pour la relance générale de la Poste et de la SNCF, pour la reconstruction de l’Éducation nationale brisée par les contre-réformes, pour le redémarrage planifié et nationalement coordonné d’un « produire en France » dévasté par les délocalisations: bref, pour la reconstruction d’un pays dévasté par trente ans de « construction » européenne, par l’épuisante course aux armements atlantiques et plus généralement, par sa mise en coupe réglée par le système capitaliste, par son oligarchie mondialisée… et par ses petits barons locaux nostalgiques de l’époque féodale.
Nouveaux Jacobins de Gironde, de Vendée et d’ailleurs, unissons-nous!