Dans un contexte économique et social marqué par plusieurs décennies de politique ultra-libérale qui au grès des privatisations totale ou partielle sous les gouvernements de droite et de gauche. et des politiques d’austérité n’a eu de cesse d’accroitre les inégalités et l’exclusion.
Pour mémoire privatisation sous les gouvernements – Chirac, Rocard, Balladur, Juppé, Jospin, Raffarin, Villepin, Fillon, Ayrault, Valls, Philippe : Aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, Aéroport de Nice-Côte d’Azur, Aéroport de Toulouse Blagnac, Aéroport de Paris, EADS, Nexte groupe français de l’armement, Safran groupe industriel de technologie Français, EDF-GDF, Autoroutes du sud de la France, Autoroutes Paris-Rhin-Rhône, Société des autoroutes du Nord et de l’Est de la France, Thomson, Crédit Lyonnais, Snecma, France Télécom, Thomson Multimédia, GAN société d’assurance, , Eramet entreprise minière, Air France, Compagnie française de navigation rhénane, Renault, Usinor-Sacilor, SEITA, TOTAL, CGM (Compagnie générale maritime, UAP, Elf-Aquitaine, BNP, Rhône-Poulenc, Matra, Banque du bâtiment et des travaux publics, Crédit commercial de France, Compagnie générale d’électricité, Bouygues,) ( privatisation en cours : Groupe ADP, Engie, Française des jeux, SNCF)
A l’instar de nombreux dirigeants politiques de droite et des réformistes de gauche soucieux de satisfaire l’insatiabilité du capital au détriment des conditions de vie de la population, la réaction du président Macron et de son Ministre de l’intérieur a été d’une extrême violence. Depuis le début de la colère des gilets jaunes, une répression d’une violence jamais vue s’est abattue sur les manifestants pacifiques faisant des milliers de blessés et d’incarcérations.
Le PRCF est pleinement solidaire des travailleuses et des travailleurs, de la population dans son ensemble. Il condamne vigoureusement l’escalade de la violence des forces de « l’ordre » au service non pas du peuple, mais de Macron, Philippe, Castaner et de l’oligarchie institutionnelles, qui font des émules au Chili puisque, un élu chilien justifie l’usage de la force en prenant pour exemple Macron avec les Gilets jaunes. En mars 2019, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU avait réclamé une enquête sur la répression policière en France et condamné « l’usage excessif de la force » du régime de Macron.
Commission Luttes du PRCF
Revue de presse :
Des brèves :
§ – Grève illimitée à la RATP et à la SNCF prévue à partir du jeudi 5 décembre 2019.
§ – Manifestation de médecins et personnels hospitalier le jeudi 14 novembre 2019 à Paris pour un plan d’urgence pour l’hôpital public.
§ – Grève illimitée chez Conforama
Plusieurs syndicats ont appelé les salariés des magasins d’ameublement Conforama à démarrer une grève illimitée dès le mardi 15 octobre 2019. Cet appel a été fait à l’issue d’une réunion de négociations concernant le plan social. Les organisations syndicales estiment que les propositions financières sont insuffisantes.
§ – Cran-Gervier : 100 emplois menacés chez alpine Aluminium.
Depuis le 1er août, cette société qui produit pour les professionnels des tôles en aluminium laqué destinées à l’habillage du bâtiment et qui emploi 100 salariés, est en redressement judiciaire. L’entreprise, gérée par ses employés depuis 2014 sous la forme d’une SCOP a besoin de 10 millions d’euros pour survivre. Les collectivités territoriales et la Région on été sollicitées. Le tribunal de commerce d’Annecy doit trancher sur le sort de l’entreprise le 5 novembre.
§ – 500 retraités ont manifesté à Annecy contre la réforme des retraites le 24 septembre et le même nombre de nouveau le 8 octobre à l’appel de l’intersyndicale CGT, FO, CFTC, CGC, FSU,et Solidaires
§ – 180 personnes ont manifesté devant le tribunal de Bonneville pour demander la relaxe pour les 7 militants décrocheurs des portraits de Macron dans les mairies de la Haute Vallée de larve.
§ – Suite à un appel national, les membres de l’ADMR de Saint-Cergues se sont mis en grève pour dénoncer le manque de considération de leur travail, le manque de personnel et la modestie des salaires.
§ – Plus de 300 salariés du secteur de la santé se sont rassemblés et ont occupé le parvis de l’hôtel de ville d’Annecy pour une revalorisation de leur statut, pour une augmentation de leurs salaires et des effectifs.
Des luttes gagnantes :
A – Communiqué – fin de la grève à Dumortier victoire pour les grévistes !
Source : UL CGT Tourcoing – 23/10/2019
La direction du groupe a plié et a cédé sur les points suivants :
- 7 embauche d’intérimaires : c’est-à-dire que la grève des ouvriers de Dumortier a permis de faire reculer la précarité dans ce pays !
- une prime exceptionnelle de 900 euros
- une requalification de l’ensemble du personnel ouvrier avec une rétroactivité de un an, ce qui signifie une revalorisation des salaires (augmentation du taux horaire) ce qui induit en moyenne, une augmentation des salaires de 100 euros
- des primes et aménagements de poste pour les travailleurs âgés
Notre Union Locale félicite les grévistes et leur unité, salue fraternellement la section syndicale FO, les Fédérations CGT et FO de la Chimie, les nombreux soutiens qui sont venus encourager les grévistes dans leur lutte.
Il reste que de fait, les jours de grève ne sont pas payés. Notre caisse de grève reste d’actualité pendant quelques jours et ce afin que les grévistes soient totalement victorieux.
B – Communiqué CGT du sdis (56), la procédure de sanction est annulée !
La sanction à l’encontre de notre camarade Christophe, sapeur-pompier professionnel au centre de secours de vannes et membre de la commission exécutive du sdis du Morbihan, n’aura pas lieu.
Suite à la demande de l’organisation syndicale, le bureau de la CGT du sdis a été reçu le 17 octobre par le président du conseil d’administration à propos de la convocation en procédure disciplinaire.
Dans le même temps, un appel à manifester était prévu le 25 octobre pour soutenir le camarade.
Lors de cet entretien, il a été mis en évidence ses compétences et ses qualités professionnelles, en soulignant l’écho favorable de la mobilisation du 25 octobre avec un très grand nombre de personnes qui avaient prévu de se déplacer.
En conséquence, dans un esprit d’apaisement, la décision a été prise d’annuler la sanction de notre camarade.
Bravo et bonne continuation dans la lutte…
C – Le TGI d’Angers juge non conforme l’ouverture le dimanche
La décision de justice est tombée le jeudi 17 octobre dernier. Le juge des référés du Tribunal de Grande Instance d’Angers a jugé non-conforme l’ouverture de l’hypermarché le dimanche après-midi.
La justice a tranché. Le Géant Casino La Roseraie, va devoir se séparer de ses animateurs s’il souhaite continuer à ouvrir le dimanche après-midi.
Le Tribunal de Grande Instance d’Angers, saisi par la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi et par des syndicats, a décidé ce jeudi 17 octobre de condamner la société Etic, dont quatre employés travaillaient les dimanches après-midi dans l’hypermarché de 5.000m².
L’enseigne employait jusqu’alors des salariés de ce prestataire pour porter assistance aux clients lors de leur passage aux caisses automatiques.
Depuis le 25 août dernier et l’ouverture de l’hypermarché le dimanche, les syndicats avaient fait entendre leur colère.
L’inspection du travail avait alors été saisie.
Si des animateurs de la société d’événementiel continuent de travailler au Géant Casino La Roseraie le dimanche après 13 heures, le prestataire se verra infliger une amende de 5.000 euros par infraction constatée. Une décision saluée par les syndicats.
Des grèves et manifestations :1 – Naval Group. Les grévistes veulent durcir le mouvement
Source : Le télégramme – 23/10/2019
Après sept jours de grève, les personnels Naval Group de l’île Longue, réunis en assemblée générale jeudi matin, ont largement voté la poursuite, et le durcissement, de leur mouvement. En parallèle, les syndicats, CGT et Unsa, tentent de trouver une sortie de crise.
Ils étaient environ encore 250, soit près de la moitié des effectifs Naval Group sur site, à refuser d’embaucher, hier matin. La réunion tant attendue avec la direction, pourtant avancée d’un jour, mardi, était en effet loin d’avoir contenté leurs attentes. « C’est niet sur la prime d’attractivité pour l’Île-Longue », résume Mickaël Le Quinquis, délégué syndical CGT. « La discussion est seulement ouverte sur la demi-prime traversée, jusque-là réservée aux ouvriers d’État, et une possible inscription de Naval Group au dispositif Amiante, pour des départs à la retraite anticipée. Mais sur ce point, on veut que l’inscription soit rétroactive et remonte jusqu’à 2003 ».
« C’est désormais une question de dignité »
Après avoir été reçus en mairie par le premier adjoint Thierry Fayret, les personnels se sont réunis en assemblée générale à la Maison du peuple, en fin de matinée ce mercredi. Et les troupes apparaissaient particulièrement remontées, après une semaine de grève qui fait de ce mouvement l’un des plus longs connus par l’ex-DCN depuis près de quarante ans, à Brest. Les personnels ont donc voté la poursuite du mouvement, et même son durcissement dans les prochains jours, si la situation devait demeurer dans l’impasse. « C’est désormais une question de dignité », soulignait l’un d’eux lors d’une prise de parole.
Au sortir de cette assemblée, les syndicats ont à nouveau rencontré la direction locale de Naval Group pour « tenter de trouver une sortie de crise ». Pour l’heure, rien n’en a filtré de ces discussions, dont l’évolution devrait être dévoilée aux salariés vendredi matin, aux embarcadères pour l’Île-Longue.
2 – Haute-Savoie : La Poste se réorganise en fermant son centre de tri de Cran-Gevrier au profit d’un nouveau à Argonay
Source : FR3 Auvergne -Rhône-Alpes
C’est une réalité qui dure déjà depuis quelques temps : le nombre de lettres qui voyagent en France ne cesse de baisser, d’année en année. « -15% par exemple en Haute-Savoie depuis trois ans« , chiffre Sylvie Deléglise, la directrice opérationnelle des services courrier/colis de La Poste en Savoie et en Haute-Savoie. En parallèle, un autre type d’envoi prend de l’ampleur : les colis. « La Poste est dans un environnement très changeant« , reconnaît-elle.
Résultat, en Haute-Savoie, La Poste va fermer son centre de tri de Cran-Gevrier, en périphérie d’Annecy. Une inquiétude pour les 150 salariés du site. « Pour l’instant, les agents ne savent pas ce qu’ils vont devenir« , déplore Philippe Loriance, représentant CGT de la plateforme industrielle courrier (PIC) d’Annecy. « Que La Poste choisisse de fermer le centre, ça peut se comprendre économiquement. Mais quand on prend des décisions comme ça, il faut anticiper le reclassement du personnel.«
De son côté, La Poste assure qu' »il n’y aura aucun licenciement« . « Chaque salarié aura une ou des propositions de postes tenant compte de ses contraintes personnelles et de ses souhaits d’évolution professionnelle« , indique Sylvie Deléglise. L’une des solutions sera de rejoindre la nouvelle plateforme de tri que construit l’entreprise à Argonay, au nord d’Annecy, pour l’été 2020. « Cette plateforme permettra de trier les courriers qui restent et de faire face à l’augmentation du nombre de colis que nous aurons à distribuer, ce que celle de Cran-Gevrier ne permet pas. » Mais, sur place, la CGT craint des « conditions de travail comme chez Amazon« , selon Bernard Rosset, représentant du syndicat à La Poste de Chambéry (Savoie).
Autres solutions : la mobilité géographique -qui « concerne une proportion marginale du personnel« , selon Philippe Loriance- ou redevenir facteur. Mais « le personnel n’a pas envie de retourner vers ces emplois de distribution du courrier. Il en vient et connaît les conditions difficiles de ce métier« , enchaîne le syndicaliste du PIC d’Annecy. « Le résultat, c’est toujours des gains de productivité grâce à des suppressions de postes« , poursuit Bernard Rosset, représentant CGT à La Poste de Chambéry.
À La Poste, un agent de courrier, c’est 35.000€ annuels (20.000€ de salaire et 15.000€ de cotisations patronales). Quand on supprime un emploi, c’est 35.000€ qui passent au capital. Sauf que le traitement de la lettre demande du monde. La Poste veut casser le métier et « ubériser » la distribution.
Bernard Rosset, représentant CGT de La Poste à Chambéry
3 – A La Réunion, Macron accueilli par les Gilets jaunes et un appel à la grève générale
Source : Révolution Permanente – Claude Manor – 23/10/2019
On le sait, Macron a les yeux rivés sur les élections présidentielles. Voilà plusieurs mois maintenant qu’il chasse sur les terres de Marine Le Pen, son probable challenger pour 2022. Une tournée dans les colonies d’outre-mer vise à redorer le blason d’un président en perte de vitesse et à accroître ses chances électorales. Les voyages dans les DOM-TOM sont en outre fréquemment utilisés par les chefs d’Etat pour adresser des messages « Urbi et Orbi ». C’est le sens que Macron cherche à donner à cette tournée qui n’est pas sans risques.
A Mayotte, sa volonté était nette : affirmer le pouvoir régalien en vue de l’acte II avec un discours sécuritaire et anti-migrants. Dès son arrivée, il a annoncé la couleur en assurant que « le premier objectif [de sa visite à Mayotte] est d’apporter des réponses extrêmement concrètes à ses difficultés ». Et de préciser que « plusieurs réponses avaient déjà été apportées ces derniers mois ». Une allusion directe à deux mesures prises récemment : la limitation du droit du sol à Mayotte et « l’opération Shikandra » destinée à renforcer la « sécurité » des côtes Mahoraises.
La première, modifie les conditions d’attribution de la nationalité française en ne permettant à un enfant né à Mayotte d’obtenir la nationalité que si au moins un de ses parents est en situation régulière 3 mois avant sa naissance. La seconde, doit permettre, comme l’a expliqué la ministre des Outre-mer de « relever durablement le défi migratoire à Mayotte » et d’empêcher les kwassas-kwassas d’accoster sur le sol mahorais. Objectif : 25 000 reconduites aux frontières en 2019. Et pour bien montrer son « engagement » le président s’est embarqué à bord d’un bateau de la PAF !
Une réponse tout sécuritaire et anti-migrants à la situation dramatique que la population de Mayotte a dénoncé par la grande grève générale de 2018 et continue à dénoncer aujourd’hui : saturation au sein des hôpitaux, des services publics déficients, des écoles où, faute de places, les enfants vont en cours par rotation. Une fois lancé son message réactionnaire contre les migrants, il s’est contenté, pour le reste, de donner à la population mahoraise une leçon de sagesse : il faut laisser le temps au temps. Rien d’étonnant à ce que son passage n’ait pas rassemblé les foules et n’ait pas suscité l’enthousiasme.
A La Réunion, on l’attend de pied ferme
L’enjeu à La Réunion est encore plus critique. Lorsqu’il a mis le pied mercredi en fin de journée sur le tarmac, un comité d’accueil de Gilets jaunes l’attendait sur un Rond-Point voisin, rappel du puissant mouvement « contre la vie chère et les inégalités sociales »qu’ils avaient engagé sur l’île, il y a un an jour pour jour. Des affrontements avec les forces de l’ordre ont d’ailleurs eu lieu au moment de l’arrivée de Macron. Les gaz lacrymogènes envoyés pour les disperser, sur des manifestants qui déclarent n’avoir commis aucun acte agressif ne sont certainement pas faits pour calmer le jeu face à une population dont les revendications, à ce jour, n’ont pas été satisfaites.
Aujourd’hui, non seulement les gilets jaunes sont encore là, mais tous les syndicats, reprenant leur mot d’ordre contre la vie chère et les inégalités sociales, lancent un appel à la grève générale. : « Emploi, salaires, vie chère, logement, services publics, dialogue social : tous les clignotants sont au rouge depuis longtemps à la Réunion. Emmanuel Macron est l’artisan des pires régressions sociales jamais imposées à notre pays ».
Malgré les promesses, les chiffres sont là, la souffrance au quotidien aussi. Loin de s’améliorer la situation est plutôt en train de s’aggraver. Sur près d’un million d’habitants que compte La Réunion, 40 % vivent en dessous du seuil de pauvreté et le taux de chômage est de 20%, 42% pour les jeunes. Par ailleurs, selon l’INSEE, le coût de la vie pour un budget moyen de ménage réunionnais est 7,1 % plus élevé que dans l’Hexagone, avec un revenu médian de 30% inférieur au niveau national.
Quant à l’inflation record de 1,8% en 2018, elle a encore augmenté de 0,6%.
Tout comme en « métropole », les mesures prises sous le gouvernement Macron, frappent de plein fouet. La disparition des contrats aidés a créé une grave crise de l’emploi et les carrières particulièrement précaires que connaissent les habitants de l’Ile les rendent particulièrement sensibles au principe de la retraite à points. Quant à la jeunesse, désormais dans le collimateur du nouvel avatar de la réforme, elle risque de voir son avenir complètement laminé.
Macron aura du mal à convaincre les réunionnais mobilisés
C’est donc dans un contexte très tendu que Macron a très vite pris la parole au Business Forum « Choose La Réunion ». Se saisissant du mot d’ordre contre la vie chère, il fait appel à l’initiative des investisseurs privés et, visant à asseoir la puissance française dans la concurrence mondiale, il les exhorte : « La vie chère, on y a longtemps répondu en mettant des aides. Je veux dire à tous nos compatriotes, la réponse elle est là dans cette salle. En aidant tous les chefs d’entreprise à travailler avec la région et accéder aux marchés de l’océan indien… »
Un projet qui à l’évidence sert les intérêts du capitalisme et du néo-colonialisme dans la région de l’océan indien. Macron ne s’en cache pas lorsqu’il déclare que « La Réunion est encore plus stratégique aujourd’hui qu’elle ne l’était hier…elle est en train de devenir le carrefour de demain sur le plan maritime, de la connectivité et elle le sera encore plus au niveau des ressources énergétiques et des trésors de ressources qu’elle possède ».
Autant dire que ce projet a peu de chances de susciter l’enthousiasme et de calmer la colère des Réunionnais que la répression de mercredi soir n’a pu qu’aiguiser. A moins que Macron ne sorte de son chapeau des mesures « surprise » qu’il a tenté d’annoncer, la réponse des gilets jaunes et des syndicats qui entendent bloquer l’île pendant son séjour pourrait bien préfigurer la journée du 5 décembre et une cristallisation du tous ensemble contre le gouvernement, en France et dans les territoires qui demeurent des colonies, pour mettre fin à ses attaques.
4 – « Cadeau » empoisonné
Source : Révolution Permanente – Inès Rossi – 24/10/2019 –
Les mesures « gilets jaunes » seront financées par la sécurité sociale
Les députés ont tranché dans la nuit de mardi à mercredi : le coût des mesures « gilets jaunes » de Macron sera à la charge de la sécurité sociale.Mesures « gilets jaunes » : donner d’une main et reprendre de l’autre
Fin 2018, le gouvernement Macron avait décidé, dans l’espoir d’apaiser la colère des gilets jaunes, de prendre une série de mesures dites d’urgence pour le pouvoir d’achat, dont l’annulation de la hausse de la Contribution Sociale Généralisée pour près de 4 millions de foyers de retraités, et l’exonération des charges sociales sur les heures supplémentaires.
Or ces décisions ont contrarié les plans du gouvernement, qui comptait sur la hausse de la CSG pour combler le trou de la sécu. Et selon la loi Veil de 1994, « toute mesure d’exonération, totale ou partielle, de cotisations de sécurité sociale relative à la sécurité sociale, donne lieu à compensation intégrale aux régimes concernés par le budget de l’Etat pendant toute la durée de son application ».
En clair, l’État se doit, normalement, de compenser dans le budget de la sécu le coût de ces deux mesures. Mais, dans la nuit de mardi à mercredi, l’Assemblée nationale a voté en faveur d’une dérogation à cette loi. La sécurité sociale devra donc prendre en charge le coût de ces mesures, soit près de trois milliards d’euros de dépenses en plus.
Le gouvernement se défend de vouloir faire couler la sécu : « Quand bien même nous aurions retiré cette non-compensation (du projet de loi), il n’y aurait pas eu la [résorption] du trou de la sécurité sociale », a déclaré Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics.
Le « trou » de la sécu : la faute aux gilets jaunes ?
Alors que le gouvernement fanfaronnait il y a moins d’un an en parlant de retour à l’équilibre du budget de la sécu, il l’aggrave aujourd’hui : la non-compensation des mesures « gilets jaunes » représente environ la moitié des cinq milliards de « trou » prévus. « Trou » qu’il s’agirait évidemment de combler à tout prix sur le dos des plus précaires, en s’attaquant toujours plus au système de protection sociale. Et dans la même logique, pour ces détracteurs de la sécurité sociale, quel meilleur discours que d’imputer aux gilets jaunes le déficit qui se creuse ?
En un clin d’oeil, le gouvernement fait donc peser la responsabilité du déficit de la sécu sur le mouvement des gilets jaunes. Et manifestement, le tour de passe-passe fonctionne : « Le trou de la sécu de retour après les gilets jaunes » titre par exemple le journal Le Figaro.
Et qui dit aggravation du trou de la sécu dit économies. La sécurité sociale comprend quatre branche en France. La branche maladie, localement cela correspond à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). La branche famille avec les Caisses d’allocations familiales (CAF). La branche recouvrement l’Urssaf et la branche vieillesse. Le gouvernement va donc directement taper dans ces branches pour faire des économies. On peut s’attendre à des baisses d’allocations et encore plus de contrôle pour faire baisser le nombre de bénéficiaire. Les mesures « gilets jaunes » impacteront sans doute l’ensemble des aide ce qui va peser lourd dans les portefeuilles.
Le déficit qui se creuse : une aubaine pour défendre la réforme des retraites
Autre avantage de la non-compensation pour le gouvernement : le déficit de la sécu est un argument en or pour défendre sa réforme des retraites. En effet, le rapport Delevoye prévoit le respect de la « règle d’or » qui va piloter le nouveau système en lui interdisant tout déficit, alors même que dans le cas actuel, le déficit est en partie créé de toutes pièces par le gouvernement !
Cette fameuse « règle d’or » indique que les comptes doivent être à l’équilibre tous les cinq ans. Pour cela, les paramètres s’ajusteront au fil de l’eau, comme l’âge du taux plein qui serait ajusté en fonction de l’espérance de vie ou encore la conjoncture économique, ou la part du PIB consacrée aux retraites.
Le déficit de la sécu aggravé par cette décision sert donc à justifier un contrôle strict et austéritaire sur les retraites ; or, à budget constant, le montant des pensions va donc mécaniquement subir une baisse tendancielle étant donné que la part des retraités va augmenter en proportion de la population totale.
Rappelons que, comparé aux 5 milliards de déficit de la sécu, la fraude aux cotisations, c’est-à-dire la fraude patronale, elle, s’élève à plus de 20 milliards d’euros…
La décision de non compensation a d’ailleurs fait débat au sein de la majorité elle-même : une poignée de députés LREM s’est prononcée contre, avant de se ranger et de voter la dérogation ; mais les dissensions se font de plus en plus forte du côté des partisans de Macron, dont la majorité est de moins en moins solide à l’approche des prochaines élections.
La sécurité sociale ne devrait en aucun cas avoir pour objectif de générer du bénéfice, contrairement à ce que cherchent à faire croire le gouvernement et ses alliés qui aimeraient bien voir disparaître ce système de solidarité. D’autant que le déficit de la sécurité sociale, ce fameux « trou » fantasmé, n’est pas causé par les plus précaires et les Gilets jaunes mais bien par les multiples cadeaux faits aux patrons, les réels assistés du gouvernement.
À l’approche de la grève du 5 décembre, qui pourrait être le fer de lance d’un mouvement de convergence, cette décision ne manquera pas de renforcer la colère sociale, que ce soit du côté des gilets jaunes, des secteurs de la santé en lutte ou des opposants à la réforme des retraites.
5 – Inégalités : baisse du salaire après le premier enfant
Source : CGT – 25/10/2019
L’Insee a publié une enquête le 10 octobre portant sur les trajectoires professionnelles des femmes après l’arrivée d’un enfant. Les femmes les moins rémunérées accusent une perte de 40 % du salaire.
L’analyse porte sur des individus travaillant dans le secteur privé en France métropolitaine entre 2005 et 2015. Résultat : les femmes les moins bien rémunérées sont les plus affectées. L’arrivée d’un enfant conduit les femmes à réduire ou à interrompre leur activité professionnelle, parfois de manière définitive.
Cette situation entraine une diminution de 20 % de leur revenu salarial cinq ans après l’arrivée d’un enfant. Leur salaire horaire diminue d’environ 5 % par enfant, une baisse qui persiste pendant au moins cinq ans après la naissance.
D’après l’Insee, ces pertes de revenu traduisent une « décision » des ménages :
- d’une part, les ménages pourraient valoriser une répartition des tâches inégalitaire après l’arrivée d’un enfant ;
- d’autre part, la décision de travailler ou non peut se faire en comparant le produit d’une heure passée au travail et d’une heure passée à la maison (par exemple le rapport entre le coût de la garde d’enfant et la perte de revenu).
Les salaires des femmes étant en moyenne de 20 % inférieur à celui des hommes, ce système accroît donc de façon mécanique les inégalités salariales femmes-hommes et ce jusqu’à la retraite.
Des pertes de revenu très prononcées pour les bas salaires : jusqu’à 40 % et presque négligeables pour les mieux rémunérées.
Et pour les hommes ?
L’arrivée d’un enfant n’a quasiment aucun impact pour les hommes, hormis sur les mieux rémunérés d’entre eux qui augmentent leur activité.
6 – A la SNCF, rentabilité vaut mieux que sécurité
Source : L’Humanité du 28/10/2019
La direction de l’entreprise publique a balayé l’option du retour des contrôleurs à bord de tous les trains et confirme la disparition des agents d’escale, pourtant décisifs pour la sécurité.
La direction de la SNCF a une nouvelle fois manqué l’occasion d’apprendre de ses erreurs. Alors qu’un rapport interne – suite à la collision, le 16 octobre dernier, entre un TER et un convoi routier à hauteur d’un passage à niveau dans les Ardennes – a été présenté ce vendredi, Guillaume Pepy a clôturé le débat. « Il n’y a tout simplement pas de différence de niveau de sécurité, que ce soit pour les clients ou pour les agents, entre configuration sans contrôleur et configuration avec contrôleur », a asséné le président sortant du groupe public. Pourtant, le droit de retrait massivement utilisé par 17 000 cheminots – conducteurs et contrôleurs – dans la foulée de l’accident confirme non seulement le malaise profond de toute une profession, mais fait émerger avec force dans le débat public la question centrale de la sécurité ferroviaire. Un sondage, publié en fin de semaine dernière, révélait d’ailleurs que plus des trois quarts des Français revendiquent la présence de contrôleurs dans tous les TER.
Les conducteurs devront donner eux-mêmes le signal de départ
Qu’importe, pour la direction de la SNCF, relayée à longueur d’ondes par le gouvernement, l’optimisation de la sécurité se résumerait donc à la mise en place d’outils de communication radio plus performants dans les cabines de conduite. Ainsi, le rapport interne, réalisé par la direction des audits de la SNCF, préconise-t-il tout juste l’installation d’une « protection supplémentaire des circuits électriques des fonctions de signal d’alerte des AGC (Autorail grande capacité, le type de train impliqué dans la collision des Ardennes – NDLR) ». Par ailleurs, le rapport liste une série de « premières actions » à mettre en œuvre, parmi lesquelles l’édition d’une « fiche réflexe » à destination des conducteurs. En somme, déplore la CGT cheminots, la direction de la SNCF entend « faire porter une charge supplémentaire aux conducteurs en ignorant les besoins exprimés par les usagers ». Le syndicat, qui dénonce la course folle à la réduction d’effectifs, soulève en outre que pas une ligne du rapport interne ne fait référence à la « prise en charge des voyageurs en cas d’accident ou d’incident ». « Croire que la modernité du matériel suffirait à compenser l’absence de contrôleur est un leurre », estime Sud rail, le troisième syndicat de la SNCF, qui juge « irresponsables » et « très loin d’être à la hauteur des demandes des usagers et des revendications des cheminots » les annonces de la direction.
Et il n’y a pas qu’en matière d’effectif de cheminots à bord des trains que la sécurité ferroviaire est mise au second plan. Sous couvert de la traduction dans la réglementation française d’une directive européenne, la SNCF s’apprête en effet à supprimer les agents d’escale, pourtant fondamentaux dans l’organisation des circulations ferroviaires. Dans le jargon, on les appelle les « flingueurs », ceux qui, sur les voies, face au nez du train, signalent au conducteur qu’il peut prendre le départ. « En gare, les différentes voies de garage se trans- forment en une, équipée d’un seul signal de départ. Si tout le monde part en même temps, c’est la catastrophe », explique Matthieu Bolle- Reddat, conducteur de train. « C’est pour cela que l’agent d’escale vient avec sa palette, au pied du train, pour organiser les départs après avoir vérifié que la voie était libre, qu’elle resterait libre, que les croisements sont dégagés et que les appareils de voie sont correctement positionnés », poursuit le cheminot, secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Ver- sailles. Prévue initialement au 15 décembre, la disparition des agents d’escale s’étalera jusqu’en juin prochain. Le temps, promet la direction de la SNCF, de mettre en place la « transition » et la « formation complémentaire » des conducteurs qui devront donner eux-mêmes, à terme, le signal de départ de leur train. Une aberration pour la CGT qui précise que, derrière le motif officiel, se cache une explication officieuse : dans un contexte de libéralisation du marché, les opérateurs privés concurrents n’ont ni les moyens ni les personnels qualifiés pour fournir des agents d’escale. Alors, résume le syndicaliste scandalisé, « on abaisse les exigences de sécurité du service public pour les mettre au niveau des opérateurs privés ». ■
7 – Grand-Couronne : les salariés de Chapelle Darblay ont ouvert les portes de leur usine menacée
Source : Normandie.Fr – 28/10/2019
Grand-Couronne. Plusieurs centaines de visiteurs se sont rendus à l’événement de la papeterie Chapelle Darblay qui lutte pour sa survie.
Dès 9 h samedi 26 octobre, puis sans discontinuer toute la journée, des centaines de visiteurs ont rejoint, souvent en famille, le bâtiment du comité d’entreprise, point de départ de la visite de la papeterie Chapelle Darblay, à Grand-Couronne. Usine mise en vente par son propriétaire UPM, mais défendue corps et âme par les salariés, les « papchaps » et leurs représentants syndicaux CGT, organisateurs de cette vitrine sur site. Un succès populaire réconfortant pour les porte-paroles Cyril Briffault et Julien Sénécal : « Il faudrait que ces marques d’intérêt montent jusqu’aux repreneurs ! Ce succès populaire est éclairant. Nous sommes publiquement utiles par le recyclage et vertueux dans notre fonctionnement, économiquement et environnementalement sain ! Les gens avec bon sens l’ont compris. Pourquoi les politiques en responsabilité ne l’intègrent-ils pas ? ».
Par groupe d’une trentaine, durant une heure environ, les visiteurs ont été gui- dé par les salariés mobilisés, des cadres aux ouvriers, fiers de leur savoir-faire et de le faire savoir. Parmi les visiteurs Patrice Dupray, le maire de Grand-Couronne : « La balle est clairement dans le camp du gouvernement. Il y a urgence à agir pour faire pression sur UPM dont le silence devient assourdissant ! ».
Philippe Martinez à la rescousse.
Car le temps presse et les visiteurs l’ont bien compris. Certains de leurs commentaires sont parfois virulents : « Si cette usine ferme, ce sera un irréparable gâchis ! Un crime contre le bon sens et l’environnement ! ».
Présent, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, ne disait pas autre chose: « Cette usine ancienne a un avenir! Le futur n’est pas toujours la nouveauté mais aussi l’expertise. J’ai convié quatre ministres à m’accompagner ici aujourd’hui pour s’en rendre compte, ils ont dû se perdre en route… Ils parlent beaucoup d’industrie! Ils en parlent, puis ils viennent aux enterrements des usines. Alors si UPM ne veut plus du site, qu’ils le donnent et on s’en occupe! »
8 – Médecins, chefs de service, infirmières contre le PLFSS 2020
Source : L’Humanité du 30/10/2019
Dans le sillage de la grève des urgences, des praticiens ont battu le pavé avec les paramédicaux pour protester contre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), adopté hier en première lecture à l’Assemblée nationale.
Un drôle de cortège funèbre a marché, ce mardi, jusqu’au ministère de l’Économie. Des infirmières et des médecins ont tenu une couronne mortuaire, symbole de la mort programmée de l’hôpital public, en réponse à l’adoption en première lecture, à l’Assemblée nationale, du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020.
Un système au bord de la rupture
« Ce budget de la Sécu n’est pas du tout à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes confrontés », dénonce la neurologue Sophie Crozier, à l’initiative du collectif inter-Hôpitaux. « Il n’y a pas de prise de conscience du gouvernement. Nous demandons un plan d’urgence pour l’hôpital », poursuit la soignante. Des rassemblements se sont également déroulés sur tout le territoire. Pour la première fois depuis la grève des urgences, praticiens et paramédicaux ont manifesté ensemble. « La situation est très critique, notre système de santé est au bord de la rupture », alerte Sophie Crozier.
Les soignants rejettent en bloc le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020. Avec un ob- jectif national de dépenses de l’assurance-maladie (Ondam) de 2,3 % seulement, le gouvernement prépare un énième plan d’économies dans la santé. Cette année, le montant des coupes à réaliser va atteindre 4 mil-
liards d’euros. Pour respecter les dépenses de santé fixées par le gouvernement, l’hôpital public sera donc mis largement à contribution, avec 800 millions d’euros d’économies programmées. Ces nouvelles restric- tions budgétaires vont justifier les prochaines fermetures de services, qui entraîneront des suppressions de postes et, pour les personnels, une dégradation de leurs conditions de travail.
« Un Ondam aussi bas, ce sont des di- zaines de milliers de postes supprimés dans la fonction publique hospitalière, dénonce Olivier Youinou, cosecrétaire général SUD santé de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Derrière ces politiques d’austérité, il y a un projet : alimenter la défiance entre les agents et le service public hospitalier, mais également entre les patients et l’hôpital public. » Ce énième coup de rabot risque d’assombrir encore le paysage sanitaire. « Pour les malades, c’est l’accès aux soins qui en pâtira, avec un renoncement à consulter, des délais d’attente aux urgences rallongés… » prévient Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf). En somme, résume l’urgentiste, « les perdants seront les plus pauvres, qui sont généralement les plus malades ».
« Comment va-t-on passer l’hiver ! »
Prochaine étape de la mobilisation, les syndicats et collectifs appellent à une grande manifestation nationale le 14 novembre. Ils portent ensemble l’exigence d’une augmentation de budget de la Sécu à hauteur de 5 %, une hausse des salaires net à hauteur de 300 euros et l’arrêt des fermetures de lits. «Nous ne sommes absolu- ment pas reçus et entendus depuis le début du conflit par la ministre de la Santé. L’attitude du gouvernement montre qu’il ne prend pas en compte ces colères, alors que le système de santé s’effondre. À Mulhouse, par exemple, on n’arrive même plus à faire fonctionner l’hôpital ! Partout, on se demande comment on va pas- ser l’hiver ! » déplore Christophe Prudhomme, de la CGT santé.
En attendant, les hospitaliers main- tiennent la pression. Dans les établissements, la « grève du codage » s’accélère. « Sur 39 hôpitaux de l’AP- HP, 20 sont déjà en mouvement, indique la neurologue Sophie Crozier. Nous en avons recensé une dizaine en province. » En cessant de transmettre aux directions les informations permettant à l’hôpital de facturer à l’assurance-maladie les actes médicaux effectués, les médecins grévistes peuvent entraîner une perte des recettes pour l’hôpital. En parallèle, le mouvement aux urgences, lancé à la mi-mars, compte encore 269 services mobilisés. Suivis largement par les soignants, ces mouvements sociaux expriment la crise profonde du système sanitaire français. «Le président de la République va être obligé de réagir, relève André Grimaldi, professeur émérite de diabétologie au CHU de la Pitié Salpêtrière. Nous sommes au bord d’une catastrophe sans précédent.
9 – A L’APPEL DE LA CGT EURENCO, UNE CENTAINE DE PERSONNES SE SONT RASSEMBLÉES HIER MATIN DEVANT LA SOUS-PRÉFECTURE EN SOUTIEN AUX SALARIÉS DE L’ENTREPRISE DONT LES EMPLOIS SONT AUJOURD’HUI MENACÉS.
Source : l’HECO du 30/10/2019
Eurenco : « L’Etat doit rapidement prendre ses responsabilités »
Pour me faire une place dans la boîte, j’ai multiplié les formations… Il y a encore un mois on nous parlait même encore d’embauche, puis il y a une semaine on nous annonce que c’est fini ». En janvier prochain, cela aurait fait tout juste trois ans que ce dernier travaillait dans l’entreprise. Mais lui, comme plus de soixante autres, ne verront pas leur contrat renouvelé. Ce sont en effet tous les emplois intérimaires qu’Eurenco a décidé de remercier dès le 31 octobre prochain. La direction envisagerait d’ores-et-déjà un plan social courant 2020. En cause, un plan de charge ajourné par l’embargo allemand sur les munitions destinées à l’Arabie Saoudite. « L’Etat a une responsabilité très forte dans cette situation dont nous subissons aujourd’hui les conséquences », lâchait hier matin un salarié d’Eurenco. Et c’est justement pour anticiper cette baisse de commandes que la CGT rencontrait hier la sous-préfète de Bergerac, Stéphanie Monteuil. « Nous lui avons exposé la situation de crise que nous vivons aujourd’hui », indique David Lorgue, élu CGT, « d’une part à travers les soixante intérimaires qui vont devoir trouver un nouveau boulot, mais aussi concernant l’avenir du site ». La représentante de l’Etat a assuré de son suivi des emplois intérimaires pour qu’ils retrouvent rapidement un emploi, et garanti de faire remonter les pistes avancées par la CGT pour la pérennité de l’entreprise et de ses emplois. « La solution, c’est que l’Etat passe plus de commandes l’an prochain afin que nous passions ce cap critique de 2020, ou qu’il rouvre la licence à l’exportation afin que nous récupérions nos clients », lâche Florian Glane, élu CGT. « Le gouvernement ne peut décemment pas nous laisser le bec dans l’eau, sans charge de travail », renchérit le secrétaire syndical Stéphane Coumes, « il doit assumer les conséquences de ses décisions politiques et prendre les mesures adéquates pour l’entreprise et nos emplois sur Bergerac ». La question de la diversification de la production a également été abordée avec la sous-préfète. « On est en mono-production pour un seul client… Il est évident que cela ne joue pas en notre faveur. Nous portons depuis plusieurs mois le projet de destruction de l’amiante sur le site, nous ne lâcherons pas ce dossier qui peut être largement créateur d’emplois ». Si l’avenir d’Eurenco Bergerac est aujourd’hui en suspend, ses salariés ont pu constater un large soutien dans leur combat. Ce mardi, une centaine de personnes se sont en effet rassemblées devant la sous-préfecture pour dénoncer cette casse industrielle et sociale. Parmi elles, le Cerader, le Parti Communiste, mais également des élus du territoire. Le maire de Bergerac ainsi que le président de la CAB se sont joints au président du Département Germinal Peiro pour solliciter une rencontre avec la ministre de la Défense Florence Parly. « Le PDG d’Eurenco m’a confié qu’une commande de l’Etat de quinze millions d’euros permettrait de compenser la baisse du plan de charge, c’est largement faisable », indique Daniel Garrigue. Le groupe EELV à la Région a également écrit au président Rousset « afin de peser, notamment sur le gouvernement, pour que cette rupture de charge de travail ne se traduise pas par un plan social à court terme ». Tous ont à cœur de ne pas voir disparaître ce fleuron industriel. De son côté, la CGT promet de main- tenir la pression pour que des solutions pérennes soit prises.