Nous sommes heureux de mettre sur notre site les interventions de Marie-Christine BURRICAND et de Caroline ANDRÉANI au Conseil National du PCF des 25 et 26 mai 2013. Ces interventions montrent que de réelles convergences existent entre les militants demeurés fidèles à la raison d’être d’un véritable parti communiste. Agissons ensemble pour redonner, au plus vite, au monde du travail l’espérance dans la victoire par la lutte.
Marie-Christine BURRICAND
REPRENDRE NOTRE SOUVERAINETÉ NATIONALE ET POPULAIRE !
La première question des peuples aux élections européennes sera d’’exprimer la colère et le rejet de l’Union européenne identifiée comme le fer de lance des politiques d’austérité.
Ils chercheront des listes qui portent cette colère ou s’abstiendront.
A force de dire que le rejet de l’euro et de l’U.E. est d’extrême droite, au déni de tout le débat politique social et populaire qui traverse le pays, prenons garde de de ne pas rejeter des citoyens légitimement en colère vers ces forces d’extrême droite.
Je considère que le rapport de Gilles Garnier ne peut pas être la base du débat dans le Parti sur le contenu de notre campagne car il brouille les pistes.
Et arrêtons dans nos discours de confondre l’Europe qui est une réalité géographique, politique, culturelle avec l’Union Européenne qui est une construction politique et économique entièrement dominée depuis le départ par le patronat.
Pour ouvrir une alternative politique en France qui fasse du bien aux peuples du monde entier, portons l’idée que nous devons reprendre notre souveraineté nationale et populaire, condition essentielle mais non exhaustive pour libérer le combat contre le capital.
Le programme du CNR n’était pas un modèle européen mais une construction française rendue possible par l’engagement du PCF et de la classe ouvrière dans la Résistance, mais aussi par la volonté de tous les acteurs de la résistance que la France décide de façon autonome de son avenir sans tutelle de ses alliés.
Ce n’était évidemment pas le socialisme mais un haut niveau de redistribution des richesses de la nation et un grand pas démocratique.
L’internationalisme ne se confond pas avec la mondialisation, serait-elle habillée d’habits de gauche. je crois justement que dans le rapport, le mot Nation n’a pas été prononcé.
Allons nous laisser encore longtemps l’extrême-droite pervertir ce concept qui appartient aux républicains ?
Je participai cette semaine à l’inauguration d’une nouvelle mosquée, fruit d’un patient travail entre la municipalité, les autorités religieuses et habitants musulmans. Pas un discours n’a omis de faire référence à la France et à la République. Est ce qu’on prend bien en compte tout cela ?
Ne nous prêtons pas à la confusion entre souveraineté nationale et identité nationale, ce dernier terme n’étant d’ailleurs pas plus scandaleux quand il est utilisé en France qu’en Algérie, en Palestine ou à Cuba, pourvu qu’il ne serve pas de prétexte aux replis nationalistes. La nation n’est pas plus le nationalisme que la religion n’est l’intégrisme.
Enfin assimiler le débat sur la sortie de l’euro à des « billevesées » comme je l’ai entendu ici, c’est insulter le débat qui traverse le pays, bon nombre d’économistes sérieux…
Le débat dans le parti sur le contenu de notre campagne doit s’ouvrir sur des bases plus sérieuses.
SOURCE : http://lepcf.fr/Conseil-National-des-25-et-26-mai,1826
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Caroline ANDRÉANI
UNION EUROPÉENNE : SORTONS DU CARCAN IDÉOLOGIQUE !
La crise profonde que vivent plusieurs pays de l’Union européenne a des conséquences dramatiques pour les peuples. Chômage de masse, baisse des salaires, baisse des retraites et des pensions, recul des soins de santé, augmentation du nombre des suicides, recul de l’espérance de vie, émigration d’une partie de la jeunesse, etc.
La crise n’est pas au même degré partout, mais elle n’épargnera pas la France. Avec la signature du TSCG, l’austérité voulue par l’UE sera appliquée par Hollande et Ayrault.
L’aggravation de la situation en France est prévisible, notamment avec la mise sous coupe réglée des budgets des collectivités territoriales, collectivités qui jusque-là jouaient le rôle d’amortisseur pour la fraction la plus précaire de la population.
La cause de cette situation est parfaitement identifiée : c’est la construction européenne. Dans son rapport, Gilles Garnie nous dit que l’échec de l’Union européenne est du au fait que la construction s’est faite sans les peuples. J’ai une divergence d’appréciation majeure : elle s’est surtout faite contre les peuples.
La finalité de l’Union européenne, dès le départ, ce ne sont pas les peuples mais le marché. Crée un immense marché financier et économique, sans contrainte ni limite, en détruisant les acquis sociaux et les services publics qui constituent un frein, voilà la finalité de l’Union européenne depuis le départ.
Qui plus est, on nous fait miroiter des contre-pouvoirs qui n’existent pas. Les peuples sont totalement dépossédés des choix et des décisions : le Parlement européen, dominé par les conservateurs et les libéraux, n’est pas une instance décisionnelle puisque les véritables décisions sont prises par la Commission européenne.
Quel problème se pose alors au Parti communiste à un an des élections européennes ? Nous nous sommes bercés d’illusions, et nous avons bercé d’illusions nos électeurs en affichant la perspective d’une « Europe sociale » que jamais nous ne serons en mesure de construire. Et la proposition de nos économistes de réorienter économiquement l’Union européenne n’est qu’une version économiste de l’illusion de l’« Europe sociale ».
Ne nions pas les effets positifs de la période : on constate un infléchissement dans notre discours sur l’Union européenne. Ses méfaits, jusque-là minimisés, sont aujourd’hui identifiés et dénoncés. Mais nous réaffirmons à chaque fois qu’il n’y a point de salut en dehors de l’Union européenne. C’est un véritable blocage idéologique dans lequel nous nous enfermons, alors que la période va nous forcer à produire une autre analyse ou à rester définitivement en dehors du coup.
Ce faisant, nous laissons le terrain libre à l’extrême droite. Je suis ulcérée d’entendre dans l’enceinte du Conseil national que critiquer l’Union européenne, le rôle de l’Allemagne, ou évoquer la sortie de l’euro ou de l’UE sont des thématiques de l’extrême droite. Je suis pour la sortie de l’euro et de l’UE, et je ne pense pas que cela fasse de moi ou de tous ceux qui partagent ces convictions des adeptes de l’extrême droite. Oskar Lafontaine, qui vient de publier une tribune dans la presse allemande sur la nécessaire sortie de l’euro, apprécierait.
Avec ce type de raisonnement, non seulement nous nous interdisons de réfléchir, mais nous bloquons l’énoncé de toute perspective politique. Que croyons-nous ? 60 % des Français sont hostiles à l’UE : ils ne sont pas tous d’extrême droite et ils attendent un discours à gauche qui ne soit pas celui du renoncement face aux marchés financiers. Allons-nous passer à côté de cette aspiration politique ?
Pour conclure, je dirais que nous ne devons pas, nous communistes, sous-estimer le rôle du peuple. Notre peuple souffre de la construction européenne. Il identifie clairement les principaux responsables. Et il peut se mettre demain en marche pour rejeter ce carcan. Cela s’est vu à d’autres périodes dans l’histoire. Il serait malvenu que les communistes soient incapables de comprendre une telle situation.
Nous devons aujourd’hui réfléchir collectivement. Nous sommes à la veille d’un séisme politique et économique qui peut tout balayer sur son passage. La remise en question de la construction européenne va s’imposer à nous et elle ne doit pas être la chasse gardée de l’extrême droite : nous avons une véritable responsabilité par rapport à cela.
Réfléchissons ensemble, déconstruisons le carcan idéologique dans lequel nous évoluons et ayons une analyse saine de la situation, afin de dégager des perspectives politiques sur la question de l’Union européenne.
Source : http://lepcf.fr/Union-europeenne-sortons-du-carcan
Je trouve assez faible leur analyse qui manque d’une véritable approche de classe. On a l’impression que ce qui les gênent le plus ce sont les perspectives électorales à venir et comment le peuple va naturellement reporter ses voix sur ceux qui osent dire non à l’UE.
C’est assez caractéristiques d’où en est arrivé le P »C »F qui depuis le début des années Kroutchev a embrassé la thèse révisionniste de l’approche électoraliste, des paliers transitoires vers le socialisme, du passage pacifique au socialisme, etc.
Reconstruire un authentique PCF sur des bases bolchéviques ne va pas être de la tarte…