Lundi 4 mars 2024, quatre jours avant le 8 mars, Journée internationale pour les droits des femmes, le Congrès, c’est-à-dire la réunion conjointe de l’Assemblée nationale et du Sénat, a approuvé par 780 voix pour et 72 contre l’entrée de la liberté de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution. Les termes de la loi n° 2086 sont les suivants : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse. »
Pas question, pour la commission à la Condition féminine du PRCF, de faire la fine bouche devant toute mesure permettant de garantir aux femmes, et aux couples, de décider de la venue au monde d’un enfant en recourant à l’interruption volontaire de grossesse si nécessaire. Le droit de contrôler sa fécondité, qui passe par un accès étendu aux moyens contraceptifs et au droit à l’avortement, est une avancée essentielle dans l’émancipation des femmes. Il faut donc saluer cette décision parlementaire progressiste. Hors de question cependant d’être dupe des tambours et trompettes accompagnant Macron, qui bombe le torse. Après la panthéonisation du résistant communiste Missak Manouchian, en deux semaines à peine, il peut s’agrafer une nouvelle médaille de « gauche » au plastron, sa com’ fonctionne !
Tous les députés et sénateurs, ou presque, sont d’accord, et même certains parmi les plus réactionnaires ont confié publiquement que s’opposer à ce nouvel article constitutionnel les ferait passer « pour des ringards ». La presse dominante se répand en odes à la gloire de Simone Veil et du mouvement féministe qui a milité pour ce droit depuis les années 1960 – en oubliant de dire qu’à l’époque, ce sont les députés communistes et socialistes qui ont permis l’adoption de la loi Veil, largement rejetée par la droite parlementaire. Les débats du Congrès ont été diffusés en direct : enfin un objet parlementaire positif, rassembleur, faisant oublier les affrontements autour des mesures sadiques qu’impose le gouvernement, à coups de 49.3, contre les classes populaires (retraite, chômage, logement, etc.) – sans parler des déclarations guerrières et irresponsables de Macron à propos de la Russie et de l’Ukraine.
Aussi, présenter cette mesure comme une « révolution » ou un « progrès démocratique » en 2024 est une plaisanterie. La société française est aujourd’hui largement acquise au choix de l’IVG, hormis quelques franges obscurantistes et autres fondamentalistes religieux de toute obédience, complaisamment relayés notamment par la chaîne télé C-Newsi, propriété de l’intégriste catholique milliardaire Vincent Bolloré. Il faut être aveugle pour ne pas voir que l’introduction de ce nouvel article dans la Constitution relève de la démagogie, servie par un pouvoir présidentiel quasi totalement carbonisé – à part pour une partie du « bloc bourgeois ». Et gageons que si nous devions tomber dans le fascisme, auquel concourt la Macronie par ses mesures toujours plus antipopulaires et réactionnaires dans de nombreux domaines, la constitutionnalisation de l’IVG sautera aussi vite qu’elle y sera entrée tant la Constitution, quand elle n’est pas carrément violée par le pouvoir, est modifiable à merci par ce dernier ! Car que changera en pratique l’introduction de ce nouvel article dans la Constitution française de 1958 ? Pas grand-chose, malheureusement.
En effet, pour obtenir une interruption volontaire de grossesse, il faut d’abord un entretien avec un gynécologue et un rendez-vous programmant l’intervention médicale. Or les hôpitaux sont en déliquescence ; les maternités et les consultations de gynécologie ont été fermés dans de nombreuses villes de province ; les gynécologues privés – sans parler de leurs prix – ont des agendas proches de l’indigestion. Comment arriver à tenir le délai de 14 semaines après les dernières règles, sagement fixé par la loi ? Et qu’en est-il des centres de planning familial, des associations diffusant conseils et information sur la contraception ? Tous ont vu passer le rouleau compresseur des économies et de la réduction de personnel. En outre, qu’en est-il de la « clause de conscience » des médecins qui peuvent refuser de pratiquer une interruption de grossesse en raison de leurs convictions religieuses ou morales ? Rien n’est entrepris pour faciliter l’accès des femmes des classes populaires, et surtout celles vivant dans les déserts médicaux, à la contraception et à une interruption de grossesse pratiquée dans le respect de leurs besoins et de leur dignité.
Comment s’étonner que le nombre de femmes et de couples renonçant à mettre au monde des enfants augmente ? Macron a beau se frapper la poitrine (une fois de plus) en appelant au « réarmement démographique », c’est de nouveau de la com’. Les futurs parents veulent des enfants désirés, à qui ils pourront apporter sécurité et bien-être dans un monde de paix, de viabilité environnementale, de plein emploi et de solidité des liens sociaux. Les conditions matérielles, environnementales, politiques et idéologiques imposées à la grande majorité des classes populaires, avec la déferlante de contre-réformes destinées à piller les pauvres pour gaver les riches, ne s’y prêtent pas.
C’est pourquoi le PRCF proclame clairement :
- OUI au droit des femmes de choisir de ne mettre au monde que des enfants désirés, oui aussi au droit des femmes et des couples, s’ils le désirent, de faire et d’élever des enfants dans une France en marche vers ce que la Première République appelait le « bonheur commun » !
- OUI pour des mesures médicales accessibles et sérieuses leur permettant d’user vraiment de la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse.
- Et OUI pour une dotation importante des centres d’IVG et de contraception.
Une raison de plus de se mobiliser massivement dans une logique de combat à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes vendredi 8 mars. Le PRCF y participera dans l’esprit qui fut celui de son initiatrice, la communiste allemande Clara Zetkin : la convergence systématique du combat social du prolétariat, des luttes anti-impérialistes et des luttes féministes
Communiqué de la commission Condition féminine du PRCF – 5 mars 2024
ihttps://www.huffingtonpost.fr/politique/article/cnews-assimile-l-avortement-a-une-cause-de-mortalite-des-deputes-saisissent-l-arcom_230384.html
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