15/08/24 – Par G.DS, membre de la commission luttes du PRCF et syndicaliste des transports – Les Jeux olympiques de Paris se terminent et laisseront place dans deux semaines aux Jeux paralympiques, et alors que la confédération CGT et sa secrétaire générale Sophie Binet avaient promis en 2023 « pas de retraits = pas de J.O. », au sujet de la contre-réforme des retraites exigée par l’Union européenne et imposée par Macron, on se demande aujourd’hui où est passé tout ce beau monde. Sachant par ailleurs que le sieur Bernard Thibault, ex-secrétaire général de la CGT, européiste convaincu devenu une « huile » du Comité olympique français se chargeait par avance, au prix d’un traitement qui n’était pas petit, de « lisser » le terrain social de l’avant et du « pendant » J.O… !
SIC « ces JO n’ont pas été un prétexte pour déroger au droit du travail » Bernard Thibault, ex secrétaire de la CGT, président du comité de suivi de la charte des JO
Nous avons tous, ou presque, au moins une fois vibré lors des ces JO pour tel ou tel athlète, qu’il soit français ou non. Et nous saluons le travail de tous ces techniciens et ouvriers de l’ombre qui n’ont cessé d’œuvrer à la réussite de l’évènement et qui, dès lundi matin étaient sur le pont pour préparer les Jeux paralympiques.
Il aurait évidemment été dommage, et les travailleurs de France en aurait été les premiers à le regretter, que ces JO ne puissent se dérouler dans de bonnes conditions de sécurité pour tous même si nous persistons à dire que le sport capitaliste à milliards, que le chauvinisme à tous les repas, que l’archi-domination étouffante de la langue anglaise dans la capitale présumée de la Francophonie, que le bannissement des drapeaux russe et biélorusse et l’accueil réservé au drapeau du boucher Netanyahou, que la cérémonie d’ouverture inutilement provocatrice ont fait que ces J.O. ne pouvaient pas être les J.O. de militants conscients du mouvement ouvrier de classe alors que parallèlement on nous dit que la France est surendettée, qu’ « il n’y a plus d’argent » pour les salaires, les retraites et les services publics et que, en fait de « grande fête universaliste », la France macroniste est aux avant-postes, en France même des lois liberticides et de la xénophobie d’Etat, à l’international de la marche à la guerre tous azimuts derrière l’UE, l’OTAN et l’hégémonisme étatsunien.
Car la question de la mobilisation coordonnée de la CGT, et plus largement des syndicalistes de classe, n’aurait pas été celle du désordre durant les Jeux, désordre que tout syndicaliste de classe flétrit. La question de notre mobilisation massive était celle du rapport de forces à imposer AVANT ces jeux, et l’on a vu les danseurs de la cérémonie d’ouverture se mobiliser quelques jours avant le grand départ, et avec succès évidemment car comment ne pas voir qu’à l’occasion de tels évènements, les travailleurs ont d’énormes moyens pour « faire réfléchir » les autorités gouvernementales et patronales qui ne peuvent se permettre le moindre « couac » !
Incapable de mettre en branle une stratégie offensive et populaire durant ce créneau comme elle l’avait été durant la mobilisation sur les retraites, dont la direction avait été concédée au jaunâtre Laurent Berger, la conf CGT ne sait que « se féliciter », que participer à répétition à toutes les unions sacrées qui se présentent, que laisser les travailleurs sans point de repère critique lors des grands évènement et que « regarder ailleurs » alors que :
a) la crise démocratique s’amplifie à mesure que Macron cultive un déni proprement fascisant sur sa défaite et sur son illégitimité ;
b) l’inflation n’a pas cessé, les salaires et les pensions n’ont toujours pas augmenté ni été réindexés sur cette dernière, les prix des denrées essentielles n’ont toujours pas été bloqués ;
c) l’argent public continue d’affluer pour l’Ukraine bandériste ainsi que la fourniture d’armes françaises qui servent désormais directement sur le territoire russe, mettant de plus en plus notre pays en première ligne d’une méga-riposte russe, ce pays disposant – ce que les médias taisent pudiquement – d’énormes moyens nucléaires ;
d) la Sécurité sociale et les droits des chômeurs sont attaqués comme jamais ; les contre-réformes continuent de produire leurs effets à la SNCF, à l’Education nationale, à l’hôpital, tandis que les délocalisations et les plans de licenciement continuent de désosser le « produire en France » agricole et industriel: pétrochimie normande et provençale, Chocolat Poulain, Conserveries Cassegrain, lignes de production Sanofi, dernières usines Renault du pays, etc.
e) la Troïka européenne s’apprête à imposer au peuple français une énorme cure euro-austéritaire « à la grecque » pour cause de « déficit public excessif » sans que cela semble heurter la fierté nationale évaporée des prétendus descendants de ces grands Résistants à la fois internationalistes et patriotes que furent Benoît Franchon, Pierre Sémard, Jean-Pierre Timbaud, Charles Debarge, Martha Desrumeaux, Georges Séguy, Ambroise Croizat, Marcel Paul ou Henri Krazucki, tous anciens dirigeants ouvriers de la CGT qui n’avaient pas peur de combattre ce qu’ils appelaient « l’Europe supranationale du capital ».
Dans ces conditions, faut il attendre davantage ? Faut il encore attendre « de voir » ? Faut il encore se raccrocher à l’habituelle « rentrée sociale » molle qui donne le LA du reste de l’année, sauf quand les travailleurs et le peuple français en général bousculent les confédérations syndicales comme en 2023 et les obligent à se battre même un peu contre la contre-réforme des retraite ? Faut-il en un mot laisser l’initiative sociale et politique au nouveau gouvernement, que Macron le choisisse dans le bloc euro-atlantique central qui va des LR aux sociaux-bellicistes à la Glucksmann, ou qu’il émane d’un NPF que, certes, nous souhaitons voir le plus vite possible « au pied du mur », mais qui est fort loin d’être clair sur les questions de l’Europe, de la guerre en Ukraine, sans parler de la question de la propriété capitaliste des grands moyens de production qu’il ne souhaite absolument pas contester!
En bref, c’est à nos camarades syndicalistes de classes et combattifs que nous adressons pour terminer. Retrouvons-nous ! Organisons-nous et mobilisons-nous ! Et pourquoi pas, pour commencer, reprogrammer, sans souci excessif de heurter les directions euro-formatés des partis et des confédérations établis, une grande AG nationale des syndicalistes de classe comme cela avait été le cas à Gardanne avec un grand succès depuis quelques années? Servir les travailleurs, passer à l’offensive alors que la classe bourgeoise est sortie divisée des législatives, ou bien avoir avant tout le souci de ménager prudemment sa place dans les appareils, voilà le choix devant lequel chacun est placé.
Et c’est aussi une question qui se pose, soit dit en passant, pour les militants combatifs qui existent aussi à SUD, à la FSU et même à FO. D’autant que, si nous, les travailleurs, ne bougeons pas très vite et très fort, les rats fascistes qui prolifèrent à l’abri de la poussée du RN et des pratiques liberticides de Darmanin (que certains « syndicalistes » ont été jusqu’à soutenir à Tourcoing [1]), ne tarderont pas à battre la pavé pour attaquer les travailleurs immigrés ET A AGRESSER AUSSI tous les secteurs combatifs du prolétariat. Face à nos dirigeants confédéraux attentistes et euro-apprivoisés, rappelons-nous là encore que « la meilleure défense, c’est l’attaque »!
Notre pays et tous ses conquis sociaux et démocratiques sont en voie d’extinction, menacés par l’autoritaire Macron, par l’Union européenne capitaliste et supranationale, et par l’OTAN qui menace tout bonnement notre monde d’une nouvelle guerre mondiale potentiellement exterministe.
Il n’y a plus à attendre, car le monde du travail seul peut être le moteur d’une contre-offensive populaire et patriotique d’ampleur qui servirait aussi le mouvement ouvrier de tous les pays voisins ![1] L’UL CGT de Tourcoing a toujours combattu Darmanin. Mais certains membres de la CGT ont, en tant que militants du NFP, appelé avant le second tour au désistement de leur candidate dans la circonscription de Tourcoing pour battre le RN… donc, implicitement, à assurer la victoire de Darmanin, qui lui était opposé.
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