Communistes résistants toujours ! Le 27 mai est la journée de la résistance. C’est en effet la date anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance. Et pour le progrès social, pour la liberté et la justice, pour la démocratie, pour la paix, pour la souveraineté nationale, contre l’exploitation et la dictature de la classe capitaliste et de ses armes totalitaires que sont l’Union Européenne l’heure doit être la résistance, tout ensemble. Comme nous y invitent ces résistants d’hier, résistant d’aujourd’hui qui lancent un appel à la résistance contre l’UE, à commencer par se rassembler – tous ensemble – devant l’Assemblée Nationale (place E Herriot à 14H) le 30 mai pour 10 ans après réaffirmer que non c’est non.
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cliquez pour écouter ou lire Léon Landini FTP-MOI et président du PRCF appelle à la résistance contre l’UE [Vidéo]
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Les FTP-MOI, les étrangers et une certaine idée de la France
La Résistance communiste avant juin 1941
Le 23 octobre 1941, 4 mois après l’agression de l’URSS, Charles de Gaulle, lors d’un message radiodiffusé de Londres, déclare ouvertement qu’il ne faut « pas tuer d’Allemands » et attendre les ordres, alors que le Parti communiste avait déjà commencé depuis plusieurs mois, officiellement et ouvertement, la Résistance armée contre l’occupant. Reproche t-on ceci à de Gaulle ? Jamais ! Les communistes étaient en avance sur tout le monde, les plus actifs et les plus déterminés, il serait peut-être temps de le reconnaître. Les communistes furent les premiers à prendre les armes et c’est un communiste, le Colonel Fabien qui tira sur l’officier allemand le 21 août 1941 au métro Barbes et qui donna le signal de la lutte armée générale contre l’occupant. Mais l’objet de cet article ne concerne pas cette période, mais la période qui se déroula de l’été 1940 à l’été 1941, cible de la propagande bourgeoise.
Je Voici une conférence du résistant FTP MOI Léon Landini , président du PRCF
Conférence de Léon Landinile 20 octobre 2002 à Avignon :
Dès juin et juillet 1940 et bien que désorganisés par l’arrestation de nombreux dirigeants, les communistes conscients que les combats ne s’arrêteraient pas avec la capitulation de Pétain et l’occupation de la France, commencèrent à ramasser des armes abandonnées par l’armée française en déroute.
L’OS (Organisation Spéciale du PCF) qui avait pour charge de protéger les imprimeries clandestines, ainsi que les cadres du Parti pourchassés par la police française, fut au lendemain de la libération, officiellement reconnue et homologuée par les services du Ministère des armées comme « unité combattante » à partir d’octobre 1940.
Les FTPF et les FTP-MOI ont été à leur tour homologués « unité combattante » à partir du premier mai 1941.
Parmi les animateurs de l’OS se distingueront des hommes qui paieront de leur vie la gloire des premières armes.
CARRE, LOSSERAN, REBIERE, COQUILLET, KERNIEN, MARCHANDISE, MIRET-MUST, HEMMEN… tous fusillés en 1941 et 1942.
La liste des survivants artisans de l’OS est moins longue que celle des morts.
Quant à « l’action directe » contre l’occupant et ses valets, préconisé dès le début par les communistes et longtemps vilipendée par les « attentistes », démontre que les communistes n’attendirent pas l’invasion de l’URSS pour la mettre en pratique, en effet :
En juillet 1940 : A Nantes, une famille d’instituteurs communistes nommée Leroy, a saboté une centrale électrique qui a privé Nantes de lumière. Une amende importante a été infligée à la ville par les occupants. Le même jour les Leroy ont effectué une distribution de tracts appelant à la Résistance.
Début août 1940 : Dans le Nord, dans l’arrière salle d’un petit café de Dechy, une douzaine d’hommes sont réunis, qui se jurent d’agir contre l’occupant. Il y avait là Eusebio Ferrari, les frères Martel, les frères Camphin, Debarge, tous communistes.
Le lendemain, les habitants de Fenain virent flotter en haut d’un pylône de haute tension, un immense drapeau rouge avec l’inscription « COURAGE ET CONFIANCE ».
Toujours au mois d’août : Les mêmes incendient plusieurs véhicules de l’armée d’occupation et font sauter un train allemand.
En décembre 1940 : Ils dynamitent la génératrice et la sous station de Benory-Cumichy.
Toujours en décembre 1940 : à l’autre bout de la France, dans le Var, Roger Landini, secrétaire des jeunesses communistes et ses camarades, font dérailler en pleine gare de triage de Fréjus-Plage, 8 wagons de marchandise destinée à L’Allemagne alors que la Zone-Sud n’était pas occupée.
En mai 1941 : Ils abattent des soldats hitlériens à Lambersart.
Dans son livre « Les FTP » Charles Tillon écrit : « Dans une circulaire en date du 28 novembre 1940 le Préfet de l’Aube fait connaitre que le Parti Communiste aurait organisé le ramassage sur tout le territoire des armes abandonnées par l’armée française ». Et Tillon ajoute : « En Corrèze fin décembre 1940, vingt groupes de trois sont déjà formés et agissent ».
Ces pionniers de « L’action immédiate » y compris contre les troupes occupantes auront, bien avant l’invasion de l’Union Soviétique ET ALORS QUE LEUR ACTION DEMEURAIT LARGEMENT IMCOMPRISE PAR LE PEUPLE DE NOTRE PAYS, DEMONTRE PAR L’EXEMPLE ET PAR DE NOMBREUX SACRIFICES, que la violence devenait la plus grande école du patriotisme résistant.
Des chroniqueurs, des hommes politiques en mal de notoriété où pour de basses raisons politiciennes et malgré toutes les preuves, n’en continuent pas moins à falsifier la vérité historique en continuant à affirmer que les communistes ne se sont engagés dans la Résistance qu’après l’invasion de l’Union Soviétique.
Il est vrai que l’entrée en guerre de l’URSS redonna à toute la résistance confiance et conviction que la victoire serait au bout de leurs peines.
Désormais l’Angleterre n’était plus seule pour faire face à la puissante armée hitlérienne, les forces en présence s’équilibraient, la libération de notre pays n’était plus une vue utopique, cela devenait une réalité, il nous fallait redoubler de force et de combativité pour hâter ce jour tant espéré. Il n’en reste pas moins vrai que les communistes étaient engagés bien avant cette date, j’en veux pour preuve les écrits du Résistant et historien Henri Noguères et du Résistant Vercors qui eux n’étaient pas communistes.
Dans son livre, La vie quotidienne des résistants de l’Armistice à la libération l’historien-résistant Henri Noguères qui n’était pourtant pas communiste a écrit : « Je pense que c’est faire un injuste procès à un grand nombre de résistants et de faire insulte à de nombreux morts communistes que de propager cette idée reçue selon laquelle la résistance n’aurait commencé pour le Parti communiste qu’au lendemain de l’agression contre l’URSS. Tillon à Bordeaux, Marcel Paul en Bretagne, Romagon en Champagne, Ouzoulias à Paris, Lecœur dans le Nord et ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres, qu’il n’est ni convenable, ni simplement décent de prétendre, comme l’ont fait tant de mémorialistes à mémoire courte et sélective et tant d’historiens à vue basse plus soucieux d’atteindre leur objectif que de faire preuve d’objectivité, que seuls des communistes agissant à titre individuel ont participé au combats de la résistance pendant la toute première année, ont regroupé dès 1940 tant de militants communistes dans la résistance active […] Notamment en créant l’Organisation Spéciale (O.S.) qu’il n’est pas convenable ni même simplement décent de prétendre, comme l’ont fait tant de mémorialistes à mémoire courte et sélective et tant d’historiens à vue basse plus soucieux d’atteindre leur objectif que de faire preuve d’objectivité, que seuls des communistes agissant à titre individuel ont participé aux combats de la Résistance pendant toute la première année. »
Il continue en écrivant : « Singulièrement plus honnête est la démarche d’un Léo Hamon qui, sans jamais s’être comporté en compagnon de route des communistes, a reconnu loyalement avoir rencontré en Zone Sud dèsle mois d’avril 1941 le communiste Marrane que son Parti avait chargé de créer le Front National donc de contribuer à organiser la Résistance ».
Et il ajoute : « Il est toutefois, une supériorité que nul ne peut contester aux communistes : c’est la part dominante, déterminante, prise par la résistance communiste dans le domaine de l’action directe… Ils ont été, pendant très longtemps, pratiquement les seuls à frapper l’occupant, en multipliant les attentats individuels, les embuscades, les sabotages ferroviaires, les attaques des locaux. L’ensemble de la Résistance, en reconnaissant par la suite de donner la priorité à l’action immédiate, rendra hommage à la tactique de guérilla à outrance préconisée par les FTP. »
Il est indispensable de rappeler que ce n’est que le 15 mars 1944, que le Conseil National de la Résistance préconisât « la lutte armée à outrance » alors que les communistes l’a pratiquaient depuis plus de trois ans.
Toutefois, toujours sur la question de la date de participation des communistes à la Résistance, nous souhaitons également porter à votre connaissance les termes d’une lettre adressée le 11 février 1955 par Jean Brüller dit Vercors, au Général de Gaulle, après la lecture de « ses mémoires ».
Il écrit : « En abordant hier soir la page 231, pourquoi a-t-il fallu que je retrouve sous votre plume les calomnies ordinaires que l’on porte contre les communistes… car mon Général, je mentirais par omission en ne témoignant pas pour eux. La première lettre que j’ai reçue, en août 1940 qui m’appelait à la résistance était signée du communiste jean-Richard Bloch. La première réunion à laquelle j’ai assisté en octobre 1940 chez le poète Arcos, s’était faite à l’initiative du même, accompagné du communiste Frédéric Joliot-Curie du communiste Wallon, du communiste Maublanc et du communiste Francis Jourdain …. La première revue clandestine fondée en décembre 1940 « La pensée libre » était une revue communiste et c’est sur ces cendres que j’ai fondé plus tard « Les éditions de minuit ». Le premier organe clandestin des intellectuels résistants (Comité national des écrivains), fut fondé en avril 1941 par le communiste Jacques Ducour. Il y laissa la vie. L’un des tout premiers résistants, que j’ai « pratiqué » qui fut arrêté presque sous mes yeux, puis torturé à mort, c’était le communiste Holweg. La première « grosse affaire » découverte par la Gestapo fut celle du Musée de l’Homme, conduite par le communiste François Lescure … et qui mena (en compagnie de Francis Cohen tous deux dirigeants des jeunesses communistes) l’affaire du 11 novembre 1940 à l’Arc de Triomphe. [Le 11 novembre 1940, eut lieu une grande manifestation à l’Arc de Triomphe de Paris, organisée par des étudiants qui protestaient contre l’occupation allemande. Parmi les principaux organisateurs il y avait François Lescure et Francis Cohen tout deux dirigeants de la jeunesse communiste].
« C’est justement parce qu’il est évident que nos historiens futurs puiseront presque tout ce qui concerne cette période dans vos mémoires et probablement dans eux seuls, que je me suis attristé d’y trouver une erreur historique qui risque de se perpétuer » et plus loin il ajoute : « Je ne parlais que du court passage (quelques lignes) où vous reprenez contre les communistes français l’accusation courante de s’être abstenus de la Résistance jusqu’à l’entrée en guerre de l’U.R.S.S. Vous objectez à mon témoignage : c’étaient seulement quelques individualités. Mais c’est là justement que gît l’injustice à leur égard …. Cependant quel autre « Parti » a édité clandestinement une revue résistante dès 1940 ? Les radicaux, les socialistes, les modérés ? Quel « réseau » issu d’un « Parti » a fonctionné avant les réseaux communistes ? Penseriez-vous à reprocher aux autres ces longs mois passés à hésité, à se chercher, à s’organiser ? »
En ce qui nous concerne, nous ajouterons, que le premier numéro de « Libération » est daté de juillet 1941, le premier numéro de « Combat » ainsi que celui de « Franc-Tireur » sont datés de décembre 1941, alors que depuis juin 1940, « L’Humanité » avait déjà publié 90 numéros illégaux. La part primordiale prise par les communistes, dans la lutte armée contre le fascisme le nazisme et pour la reconquête de nos libertés. Comme l’a écrit Henri Noguères : « Il est toutefois une supériorité que nul ne peut contester aux communistes : c’est la part dominante, déterminante, prise par la résistance communiste dans le domaine de l’action directe… Ils ont été pendant longtemps pratiquement les seuls à frapper l’occupant ».
Mais il est incontestable que longtemps les frappes contre l’occupant furent vilipendées non seulement par Pétain mais également par le Général de Gaulle.
Le 23 octobre 1941, au lendemain de Châteaubriant, le chef de la « France libre » avait ordonné au nom du Comité de Londres : « La guerre doit être conduite par ceux qui en ont la charge … actuellement la consigne que je donne pour le territoire occupé, c’est de ne pas y tuer d’Allemands ».
Dire alors : « Il ne faut pas tuer d’Allemands » constituait un désaveu de la Résistance dans son irrépressible développement.
La lutte des F.T.P. était-elle donc prématurée ? Et que serait-elle devenue, si de Gaulle avait été obéi ? La résistance intérieure devait-elle se borner à un service de renseignements, jusqu’au jour J où les ordres seraient donnés ?
Charles Péguy avait écrit : « Demander la victoire et n’avoir pas envie de se battre, je trouve que c’est mal élevé. »
Nous, nous devons d’ajouter « qu’un peuple qui ne se bat pas pour sa liberté est un peuple indigne de la liberté ».
Les F.T.P-M.O.I. placés directement sous l’autorité du Parti communiste français demeurent avec « L’affiche Rouge » la figure emblématique de la Résistance française.
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* Léon Landini : Ancien officier des FTP-MOI – Officier de la Légion d’Honneur – Médaille de la Résistance – Grand Mutilé de Guerre – Décoré par l’Union Soviétique – Président de l’Amicale Carmagnole-Liberté des anciens Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI).
Ne pouvant assister sans réagir, aux abominations commises par les troupes fascistes, les communistes appellent alors à la création de « Brigades Internationales » destinées à aller combattre aux côtés des républicains espagnols. Des milliers de communistes répondirent à cet appel. 3.500 d’entre eux perdirent la vie en défendant la liberté. Bien des années plus tard, le gouvernement français reconnaissant le rôle héroïque joué dans la défense de la patrie par les « Brigadistes », leur accorde la « Carte de Combattant », reconnaissant implicitement qu’ils étaient les premiers combattants de la Résistance ayant fait front à l’ennemi, les armes à la main.
Sur la préparation de la résistance armée dès l’été 1940 alors que le Parti communiste, récemment dissous, était sévèrement désorganisé :
« Ainsi, durant l’été 1940, Jean Baillet fut mandaté par le comité central pour porter ses directives dans un certain nombre de départements, notamment l’Aube. Il s’agissait de constituer des groupes spéciaux chargé de récupérer les armes abandonnées et plus ou moins camouflées par l’armée française durant la débâcle. [1] »
Enfin, sur le début de la résistance armée communiste qui n’a pas attendu l’invasion du « grand frère » soviétique :
« Dès l’automne 1940, les groupes de l’OS commencèrent à s’attaquer à l’appareil militaire nazi en prenant pour premiers objectifs les câbles téléphoniques. [1] »
« ″La participation des communistes à de tels actes de sabotage a été démontrée de façon irréfutable″ note la Gestapo le 21 février 1941 (…) Luttes revendicatives et actions armées s’articulent parfois. Ainsi, le 7 avril 1941, à Issy-les-Moulineaux, le Comité populaire de l’usine La Raffia, à main-d’œuvre surtout féminine, fabriquant des filets de camouflage pour les canons, organise une grève et une manifestation à la kommandantur de Montrouge. La police arrête dix-sept manifestantes. A trois reprises, dont une immédiatement après la grève, l’OS tente, mais sans succès, d’incendier l’usine. [2] »
Le premier reseau de résistance universitaire a été fondé par les communistes Jacques Decour, Georges Politzer et Jacques Solomon en septembre 1940 ! Ils publient « l’Université Libre » et « La Pensée libre » qui sera la plus importante publication de la France occupée. Traqués par la police française, ils sont arrêtés en février 1942, torturés puis fusillés en mai 1942.
En réponse au théoricien nazi Rosenberg, qui vient à la chambre des députés le 28 novembre 1940 faire une conférence intitulée « Or et sang » pour liquider l’héritage de la France, son histoire, sa culture, la Révolution française de 1789, s’en prendre à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et exalter le racisme, le philosophe communiste Georges Politzer, seul intellectuel français à réagir à cette mascarade, écrit un pamphlet distribué clandestinement : « Révolution et contre-révolution au 20° siècle » et démonte les arguments du nazi Rosenberg. Cette brochure, véritable texte philosophique de haute portée dénonce cette mascarade : « Le culte du passé glorieux [la Révolution française de 1789] acquiert un contenu et un sens nouveau, à l’heure ou le capitalisme français livre la nation à l’oppression d’un impérialisme étranger… Le mythe du sang représente la trouvaille. En appelant à la guerre du sang contre l’or, M. Rosenberg fait croire que l’Allemagne capitaliste mène une guerre anticapitaliste. Hitler parle même de « deux mondes ». Mais est-ce l’Allemagne a supprimé la division de la société en exploités et exploiteurs ? Il a supprimé les classes par l’esprit, c’est-à-dire comme l’explique l’auteur du « Mythe du 20° siècle » en faisant prendre conscience aux hommes de « l’unité raciale » et de sa « force » supérieure à toutes les autres. C’est ce qu’il appelle le mystère du sang. »
Georges Politzer a écrit à ce sujet un autre texte vers la même période : L’obscurantisme au 20° siècle.
Le 6 juin 1940 le Parti communiste français a officiellement – quoiqu’interdit et persécuté – proposé au gouvernement de prendre des mesures radicales pour défendre l’existence de la patrie. Le communiste Georges Politzer, qui sera fusillé par les nazis deux ans plus tard, a remis, le 6 juin, au ministre Anatole de Monzie (qu’il connaissait personnellement pour avoir travaillé avec lui à « l’Encyclopédie française ») un texte en cinq points rédigé par Benoît Frachon, et quelques autres dirigeants communistes, parmi lesquels Arthur Dallidet et, sans doute Victor Michaut. Le Parti communiste propose :
1) Transformer le caractère de la guerre, en faire une guerre nationale pour l’indépendance et la liberté ; 2) Libérer les députés et les militants communistes ainsi que les dizaines de milliers d’ouvriers emprisonnés ou internés ; 3) Arrêter immédiatement les agents de l’ennemi qui grouillent dans les Chambres, dans les ministères, et jusque dans les états-majors, et leur appliquer un châtiment exemplaire ; 4) Ces premières mesures créeraient l’enthousiasme populaire et permettraient une levée en masse qu’il faut décréter sans délai ; 5) Il faut armer le peuple et faire de Paris une citadelle inexpugnable.
Il s’agit, en fait, du tout premier appel à la Résistance. On en trouve l’esprit – et parfois la lettre – dans les tracts clandestins que diffuse à l’époque le Parti communiste (il en existe des exemplaires au Musée de la Résistance nationale de Champigny).
Le témoignage de Mounette Dutilleul permet de se rendre compte que les propositions du Parti pour faire de Paris une « forteresse inexpugnable » sont dans la logique de positionnement du PCF. Contrairement à l’affaire de la demande de reparution légale de L’Humanité, qui est le fruit de la désorganisation du Parti, les propositions transmises par Politzer sont l’expression de la ligne politique.
« Parce que j’ai toujours pensé que cette lettre avait témoigné de la vigueur du Parti dans une époque de guerre et de répression difficile. Nous étions alors à Paris coupés de toutes liaisons avec nos camarades de Belgique, comme avec le Bureau de l’Internationale Communiste. Nous étions non seulement pourchassés mais encore à contre courant de l’opinion publique. Pourtant, comme nous disait Frachon, nous avions la chance, mûris à l’école du Parti, d’être assez forts, assez organisés, assez savants pour ne pas trébucher sur n’importe quoi ! Frachon, dans les circonstances les plus étonnantes, avait une réserve inépuisable d’enthousiasme. En vérité, la lettre du 6 juin, ne relevait ni de la « bombe » ni du « tournant ». Elle n’avait rien d’occasionnel. On en trouve témoignage dans les Humanités ronéotées de cette période. En avril 1940, il y a l’article de Maurice Thorez sur « les Pitt et Cobourg ». En mai 1940, avant que la demande de De Monzie nous parvienne, on écrit dans l’Humanité : « […] Pour sauver notre pays et notre peuple de la misère et de la mort […] Face à l’ennemi de l’intérieur et de l’extérieur (il faudra) agir à l’exemple des révolutionnaires de 1793 et des héroïques Communards de 1871. » Et puis, pour remonter aux sources déjà jaillies, l’Humanité saisie du 26 août 1939 ne titrait-elle pas sur toute sa largeur : « Union de la nation française contre l’agresseur hitlérien » ? En janvier 1936, le Parti à son congrès de Villeurbanne ne lançait-il pas l’idée de réconciliation nationale sur le plan de sauvetage du pays ? En adressant la lettre du 6 juin 1940 à De Monzie, Frachon poursuivait sur la lancée. Il ne pensait certainement pas détourner, d’un revers de manche, le cours de l’histoire. Il avait surtout le souci de ne pas perdre une occasion de faire entendre le Parti dans le pays. Il voulait ce qui reste de cette lettre : appeler à redonner à la guerre son contenu de guerre antihitlérienne. Les propositions avancées dans cette lettre étaient-elles prématurées ? N’étaient-elles qu’un coup de clairon ? Je ne l’ai pas pensé. Je ne le pense toujours pas. En tous cas, si coup de clairon cela était, il sonnait déjà le rassemblement pour un front national de libération. Il jetait de la semence de Résistance armée. A la fin de cet épisode, je m’aperçois que j’ai fait avec la lettre du 6 juin 1940 comme on fait avec l’Arlésienne. On en parle tout le temps, mais on ne la voit jamais. Ci-après donc le texte tel que Maurice Thorez le redonne dans son édition de 1960 de Fils du Peuple page 193, et qu’il présente ainsi : « Alors que la menace allemande sur Paris grandissait d’heure en heure, notre Comité Central faisait transmettre au gouvernement, le 6 juin, les propositions suivantes [cf. plus haut] Et Maurice Thorez termine : « Nous proposions au gouvernement l’armement du peuple et la lutte à outrance. Il répondit par la capitulation. » »
Le premier rapport du commandement militaire allemand en France (MBF) fait état de l’activité communiste en août 1940 : « La population ouvrière des centres industriels, des localités minières, des grands ports et celle qui donne le plus son aide aux communistes dès juillet 1940 (…) La tendance communiste prédomine. »
Le rapport du 1° août de l’officier allemand de renseignement constate « Qu’une activité politique digne d’être retenue n’est développée nulle part en zone occupée, si on fait abstraction du communiste de plus en plus notable. »
Le 9 septembre 1940, le chef de la Sicherheitspolizei (Gestapo) écrit que « les communistes favorisent en pratique l’ambiance anti-allemande. »
Début octobre 1940, le SS Sturmbahfuhrer Karl Bomelburg, chef de la Gestapo à Paris, signale à ses supérieurs le danger important auquel l’occupant est confronté : « Quoiqu’interdit, le Parti communiste est le seul des anciens partis qui déploie encore une forte activité (…) et ait les masses derrière lui, c’est pourquoi la question est sans doute la plus importante pour les autorités allemandes et françaises. »
Le 5 octobre 1940, un rapport de la police de Vichy fait état que : « Le communisme est devenu le symbole de l’indépendance nationale par contraste avec la résignation générale. »
Le 14 septembre 1940, le colonel SS Heydrich, chef nazi au plus haut niveau de la Gestapo note : « Aujourd’hui le PC est bien en France l’unique organisation qui est en position d’organiser le peuple qui cherche une issue politique. »
Le 24 janvier 1941, Knochen signale que le PCF « orchestre systématiquement ces manifestations… »
Le préfet du Finistère en avril 1941, dans son rapport mensuel daté du 4 avril remarque : « Parmi les adversaires de la Révolution Nationale on peut distinguer : 1°) les communistes qui sont aussi actifs qu’irréductibles… doivent être considéré comme rebelles à toute propagande… »
On peut aussi citer le journal réactionnaire d’Amiens, qui, en avril 1941 écrit : « Alors que sous le poid de la défaite, en passant par les radicaux, tous ont renoncé à l’activité collective, les communistes seuls ont maintenus l’organisation. »
Le 16 juin 1940, les communistes brestois constituent leur premier dépôt d’armes au Bouguen, provenant d’armes abandonnées par l’armée anglaise. Trois jours plus tard, l’armée allemande arrive à Brest !
Le 17 juin 1940, c’est avec un jour d’avance sur celui du général de Gaulle que Charles Tillon, chargé de réorganiser le Parti communiste dans le sud-ouest, un des dirigeants du PCF et futur chef des FTPF, lance un appel à la résistance contre « le fascisme hitlérien » :
Mais le peuple français ne veut pas de l’esclavage, de la misère et du fascisme, pas plus qu’il n’a voulu la guerre des capitalistes. Il est le nombre, uni, il sera la force… – Pour un gouvernement populaire, libérant les travailleurs, rétablissant la légalité du Parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien. Peuple des usines, des champs, des magasins et des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins et aviateurs encore sous les armes, unissez-vous dans l’action. »
Il publiera un second texte le 18 juillet 1940 le « Manifeste de Bordeaux », au nom du PCF, invitant « à l’union pour chasser à la fois les capitalistes, leur tourbe de valets et de traîtes, et les envahisseurs. »
En Bretagne, le communiste Auguste Havez (ancien secrétaire du groupe parlementaire communiste à la Chambre des députés) sera encore plus percutant, le 22 juin 1940 : « Il n’y aura pas de répit avant d’avoir bouté les bottes hitlériennes hors de notre pays. »
Début juillet 1940, en Bretagne, le député communiste Marcel Paul rédige lui aussi un appel : « Il ne faut pas désespérer, il ne faut en aucun cas aider l’ennemi… »
Le 19 juin 1940, des groupes de jeunes communistes coupent les fils téléphoniques de la Kommandantur.
A Rennes, le 19 juin 1940, le jour même de l’arrivée des allemands dans la ville, Louis Coquillet (responsable régional de la Jeunesse communiste) diffuse un appel à la lutte contre l’occupant.
Le 20 juin 1940 a lieu un des tous premiers sabotages importants effectués par un groupe communiste, celui des ateliers de Vauzelles, prêts à être livrés aux Allemands.
Ce même jour à Brest, c’est-à-dire au lendemain de l’arrivée des allemands, plusieurs réunions de militants communistes ont lieu, à la question de savoir : « « Que faire maintenant qu’ils sont là ? » Partout la même réponse : « continuer ! » »
C’est en septembre 1940 que Georges Politzer et Jacques Solomon rédigent un appel aux « travailleurs intellectuels ».
L’Humanité clandestine, numéro spéciale du 30 octobre 1940 titre : « Pour que la France soit aux Français, Femmes de France, unissez-vous. »
Le 10 septembre 1940, l’Humanité clandestine titre : « Le blé français doit nourrir les français. »
Le 26 septembre 1940, l’Humanité clandestine titre : « Le gouvernement de Vichy n’est pas un gouvernement français. »
Le 1° mai 1941, l’Humanité titre Vive le premier Mai ! et dénonce les allemands.
Le 20 mai 1941, on peut lire dans l’Humanité : « Le PCF s’adresse à tous ceux qui pensent français et veulent agir français… Dans ce Front national pour l’indépendance il y a de la place pour tous les français sauf les capitulards et les traîtres au service de l’envahisseur, pour que la France soit la France et ne devienne pas une colonie nazie, l’unité nationale doit se faire… contre les envahisseurs et les traîtres, contre le gouvernement de Vichy qui obéit aux ordres des occupants allemands. »
Le 26 mai 1941, on pouvait lire dans l’Humanité : « A bas l’antisémitisme : les gouvernements de Vichy ne sont que de plats valets d’Hitler. Obéissant aux directives de Berlin, ils ont fait arrêter plus de 5 000 juifs et les ont envoyés dans des camps de concentration. »
L’appel dit « du 10 juillet 1940 » de Maurice Thorez et de Jacques Duclos (les deux principaux dirigeants du PCF) qui, s’il n’est pas un appel à l’insurrection armée – en juillet 1940, il ne faut pas rêver ! – incite à créer un « front de la liberté, de l’indépendance et de la renaissance de la France », proclamant qu’« il n’y a de paix véritable que dans l’indépendance des peuples ». Ce texte, qui a été diffusé à 600 000 exemplaires, est très souvent cité comme témoignant de l’engagement précoce du PCF dans la Résistance, le plus souvent avec cette seule phrase : « Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves ». On retrouve aussi dans ce texte les phrases : « Mais le Peuple de France ne se laissera pas faire. A la ville, dans les campagnes, dans les usines, dans les casernes doit se le front des hommes libres contre la dictature des forbans. A la porte le gouvernement de Vichy ! A la porte le gouvernement des ploutocrates et des profiteurs de guerre ! (…) Mais rien ne pourra empêcher que les comptes soient réglés et les masses laborieuses en demandant que LA France SOIT AUX FRANÇAIS expriment à la fois LA VOLONTÉ D’INDÉPENDANCE DE TOUT UN PEUPLE et sa ferme résolution de se débarrasser à tout jamais de ceux qui l’ont conduit à la catastrophe. (…) La France ne veut pas être mise au pas par les aventuriers de Vichy (…) CELA NE DOIT PAS ÊTRE ; CELA NE SERA PAS ! La France ne deviendra pas une sorte de pays colonisé, la France au passé si glorieux ne s’agenouillera pas devant une équipe de valets prête à toutes les besognes (…) La France doit se relever, elle se relèvera, il le faut, dans l’intérêt même de la fraternité des peuples, que, de toutes façons nous voulons (…) Et c’est seulement autour de la classe ouvrière ardente et généreuse, pleine de confiance et de courage, parce que l’avenir lui appartient; c’est seulement autour de la classe ouvrière guidée par le Parti Communiste, Parti de propreté, d’honneur et d’héroïsme, que peut se constituer LE FRONT DE LA LIBERTÉ, DE L’INDÉPENDANCE ET DE LA RENAISSANCE DE LA FRANCE. »
Ce texte dit-on était peu convaincant face à l’appel prophétique du Général De Gaulle. Daniel Cordier qui fut secrétaire de Jean Moulin souligne cependant que cet appel comparé au silence des républicains de tous bords eu le mérite de « briser le consensus béat et contrit qui s’établissait autour de Pétain et de son gouvernement ». Daniel Cordier affirme « qu’en appelant les Français à prendre leur destin à bras le corps, en livrant la bataille des revendications sociales, les communistes ont contribué à arracher les Français à leur apathie » en les dressant contre le « mea culpa » et les résignation générale prônée par Pétain.
Ce même-mois, un tract du PCF parait sous le titre : « La France ne sera pas fasciste ».
Fin août 1940, le Comité Central donne les directives de lutte : « Créez des groupes clandestins de trois camarades, des dizaines et des trentaines, partout ou c’est possible, dans les usines, les mines, les localités. Augmentez la propagande du Parti. La presse nationale ne suffit plus, chaque organisation, à tous les niveaux doit se doter de moyens de propagande. Il faut récupérer les armes abandonnées à la débâcle, les stocker en lieu sûr. Donnez une formation militaire aux militants pour organiser l’action directe et le sabotage. Préparez les planques pour les militants obligés de passer dans l’illégalité. Prendre contact avec les résistants isolés ou groupes structurés pour essayer de mettre sur pied un front uni résistant. »
Dés le mois d’août, le PCF dénonce la politique antisémite de Vichy et de l’occupant. Les tracts du PCF flétrissent les mesures raciales de l’Etat français (rapport du SS Sturmbanh-Fuhrer du 24 août 1940).
Des tracts du PCF ont été saisis comme : « L’antisémitisme arme de la réaction »… et « Vive l’union de la nation française »… furent des écrits de première importance, ils furent diffusés par le PCF pendant l’automne et l’hiver 1940.
En août 1940, à Lille, un groupe du PCF et des JC attaque un centre de la Propaganda-Staffel.
Le 9 novembre 1940, au Havre, un groupe de l’OS jette un Feldgendarme à la mer.
En novembre 1940, le PCF impulse l’action dans les syndicats clandestins de la région parisienne par l’intermédiaire d’André Tollet qui crée les GDS, des syndicats clandestins, dont les responsables dès leur création est Joseph Epstein et Henri Rol-Tanguy.
Même période, le PCF dénonce l’annexion de l’Alsace-Lorraine et élève : « une protestation véhémente contre cette annexion arbitrairement effectuée (…) et qui (…) voue au même mépris de tous les français (…) le gouvernement de Vichy, d’esclavage et de trahison qui laisse indexer l’Alsace sans dire un mot (…). »
En décembre 1940, l’annexion de l’Alsace-Lorraine est pratiquement terminé. Une nouvelle fois le PCF s’élève contre cette annexion, en particulier dans l’Humanité clandestine du 10 décembre.
La police de Vichy s’inquiète et signale que : « La propagande communiste est un danger sérieux pour la jeunesse. »
En automne 1940, les allemands recrutent des ouvriers volontaires pour l’Allemagne. Le PCF réagit et dénonce cette déportation déguisée qui vise à donner des bras à l’industrie de guerre allemande. En ce mois d’octobre 1940, on peut voir par exemple une manifestation organisée par le PCF à Saint-Denis (93) contre ce recrutement pour l’Allemagne. Un rapport de l’administration allemande d’octobre 1940 signale : « Des tracts communistes en Bretagne, contre le travail en Allemagne… »
Le 29 septembre 1940, le commissaire central adresse un rapport au préfet de l’aube : « Activité du Parti communiste, j’ai l’honneur de vous signaler d’après un renseignement recueilli de bonne source, que le Parti communiste aurait organisé le ramassage sur tout le territoire des armes abandonnées par l’armée française pour en constituer des dépôts clandestins qui seraient utilisés en prévision d’une attaque ultérieure. »
C’est en janvier 1941 que Georges Wodli, cheminot membre du Comité Central du PCF, revient en Alsace avec les directives du Comité Central dont l’objectif principal était de : « (…) rassembler ceux qui sont opposés à la destruction des libertés populaires en France, tous ceux qui se dressent contre le gouvernement de Vichy (…). Pour réaliser le front unique à la base et rassembler autour de la classe ouvrière et du Parti tous ceux qui veulent que la France soit LIBRE et INDÉPENDANTE et non réduite à l’esclavage et la vassalité. »
La déclaration officielle du Comité central, toujours avant la rupture du pacte germano-soviétique, le 15 mai 1941 : « Guidé par le souci exclusif de réaliser l’union de la nation pour la cause, sacrée entre toutes, de l’indépendance nationale, le Parti communiste français, mettant au-dessus de tout l’intérêt du pays, déclare solennellement qu’en vue d’aboutir à la création d’un large front de libération nationale, il est prêt à soutenir tout gouvernement français, toute organisation et tous les hommes dont les efforts seront orientés dans le sens d’une lutte véritable contre l’oppression nationale subie par la France, et contre les traîtres au service de l’envahisseur. »
Le Parti communiste français installe, à partir de juillet 1940, dans de nombreuses usines, des comités populaires dans le but d’obtenir de meilleures conditions de travail et des augmentations de salaires, de lutter contre les restrictions et de combattre l’influence des syndicats à la solde de Vichy. Ces comités donnent naissance, dans certaines entreprises, dès la fin 1940, à des groupes de destructions et de sabotages.
Par exemple, en octobre 1940, la délégation générale déclare : « A Boulogne-Billancourt, le comité populaire des usines Renault s’est doublé d’un comité des usines de Boulogne, sous prétexte de revendications diverses (salaires, congés payés, indemnités de toutes sortes). Le but de ce comité est de grouper le plus grand nombre d’ouvriers possibles sous l’égide du Parti communiste. »
Dès octobre 1940, la direction du P.C.F. met en place des « groupes spéciaux » (appelés « groupes de choc » par la Gestapo (cf le rapport de la Gestapo du 24 février 1941)) que l’on appelle aussi « groupes O.S. », constitués au départ d’éléments aguerris pour effectuer un certain nombre de tâches relevant du service d’ordre et des coups de main : récupération d’armes, d’explosifs, actions de sabotage contre les installations militaires allemandes, intimidation des traîtres, protection des militants qui prennent la parole sur les marchés, distribuent des tracts, collent des affiches, des papillons, participent à des manifestations patriotiques… Après la Libération, l’Organisation Spéciale a été reconnue, à partir d’octobre 1940, comme « unité combattante » par le Ministère de la guerre.
Concernant l’OS, voici un texte (tiré de Les chroniques de la Résistance) intéressant : « [Jean Chaumeil] raconte : « Dans le courant du mois de septembre 1940, nous avons commencé à recevoir comme directive de choisir les meilleurs camarades du Parti afin de constituer des groupes de l’OS… Qu’était-ce dons que l’OS ? Dès que ces deux lettres ont été connues, les journalistes collaborateurs ont prétendu qu’OS signifiait « Organisation soviétique »… En réalité, ça voulait, bien sûr, dire « Organisation spéciale »…Les groupes de l’OS que nous avons donc ainsi commencé à constituer avaient pour mission d’assurer la protection des militants et le châtiment des traîtres, mais aussi d’entraîner les hommes aux futurs combats armés, de chercher des armes, de constituer des dépôts d’armes, de se préparer à s’en servir et puis, en attendant, de s’exercer par le sabotage des lignes téléphoniques allemandes, des poteaux indicateurs bilingues, par la destruction dans les usines de tout ce qui pouvait être détruit pour saper la production… Dans la banlieue Est de Paris, notre premier groupe OS a été constitué par cinq ou six camarades que dirigeait, tout d’abord, un militant d’origine serbe, le camarade Henri Coli. La première mission que ce groupe a eu à remplir fut de détruire, place Carnot, à Romainville, tous les panneaux indicateurs que les Allemands avaient installés dans toutes les directions afin d’orienter leurs convois vers Paris ou vers l’Est. A la Kommandantur de Montreuil, ils ont piqué une rage terrible quand ils se sont rendu compte qu’on avait détruit ces panneaux et ils ont même menacé de prendre des otages. En fait, ce fut un premier coup porté à l’ennemi. On en parla beaucoup dans la population et il exalta l’ensemble de nos camarades en nous permettant même de créer immédiatement d’autres groupes de l’OS pour notre région de Paris-Est… » (…) A Brest, nous dit [Eugène] Kerbaul, le premier sabotage communiste date de novembre 1940. C’est celui d’une locomotive. Dans la ville, alors, les gens ressentaient beaucoup le manque de beurre et de pommes de terre. D’autant plus que, tous les jours, ils en voyait partir pour l’Allemagne. C’est pourquoi ce premier sabotage qui visait la locomotive d’un train transportant des pommes de terre en Allemagne a eu immédiatement une répercussion extraordinaire. (…) [Maintenant, un commentaire de Madeleine Riffaud] : · »Une nuit de l’automne 1940, alors que sur le Nord (…) plane un silence terrible, soudain, des explosions. Une flamme éclatante, véritable aurore boréale, éclaire le pays minier du haut du plateau de Vimy (…) Hapiot, glorieux combattant des Brigades internationales (…) et Georges Capel, supérieur direct de Charles Debarge, ont incendié sur les hauteurs un parc de voitures allemandes… » Ces exemples sont caractéristiques de l’effet psychologique, et donc politique, que produisent les sabotages, dès les premiers mois de l’Occupation. Mais ces exemples ont aussi intéressants pour ce qui est de l’évolution même du nombre et de la nature de ces sabotages. En effet, si les câbles coupés sont largement majoritaires dans la toute première période, les voies ferrées endommagées vont vite les rejoindre avant de les dépasser. Cette évolution marquera d’ailleurs une aggravation de la lutte puisque, d’une part, les sabotages ferroviaires auront des conséquences plus directement sensibles sur le fonctionnement même de la machine de guerre allemande et que, d’autre part, alors qu’il n’y a pas besoin d’être postier pour sectionner un fil téléphonique, il est difficile de perturber la circulation des trains sans l’aide d’aucun cheminot et que ce seront les cheminots eux-mêmes qui mèneront la « bataille du rail »… Mais n’anticipons pas… Pour le moment, bornons-nous à noter avec Joseph Jacquet, auteur de Les cheminots dans l’histoire sociale de la France, que « les actes de sabotage des voies ferrées qui ont débuté par celui du 16 juillet 1940 près d’Epernay » vont se multiplier. « Dès lors, ajoute le même auteur, lentement au début, car il faut s’armer, s’approvisionner en explosifs, apprendre à choisir les lieux les plus propices, puis de plus en plus rapidement, l’action de sabotage se développe sur les lignes comme dans les dépôts ; c’est le 20 juillet 1940 au dépôt de La Plaine qu’une locomotive tombe dans la fosse de la plaque tournante. » (…). [3] »
Le 11 décembre 1940, les premiers groupes de l’O.S. dirigés par Jean Mahon, Chalon et Grillot, font dérailler un train de marchandise entre le poste 2 de Perrigny et le poste 2 de Longvic, détruisant quatre citernes de vin destiné aux Allemands et coupant la voie pendant 14 heures. Albert Ouzoulias mentionne encore deux autres déraillements, les 3 et 13 janvier 1941, puis, « de janvier à juin 1941, ces mêmes groupes (réalisent) des récupérations d’armes et d’explosifs, la remise en état des armes et la fabrication d’engins dans les ateliers du dépôt. » De septembre au 15 octobre, avec un effectif de 24 hommes, le groupe OS FTPF s’attaque aux locomotives par sablage des boîtes à huile.
La police militaire allemande soupçonne Jean Mahon, Jean Bouscand et Gabriel Lejard de coordonner les opérations de sabotage au dépôt de Perrigny, mais n’en possède pas de preuves.
À la fin juin 1941, tous les responsables communistes Côte-d’Oriens connus sont arrêtés.
Quelques actions de l’OS/BJ en 1940-1941.
Le 14 août 1940 : un groupe spécial du PCF abat un soldat allemand sur le port de Royan, acion probablement organisé par Charles Tillon.
Le 9 novembre 1940, au Havre, un soldat allemand est jeté à la mer par un groupe de l’OS.
Même mois de la même année : l’OS montre son efficacité en détruisant un char allemand à Wandignie-Hamage dans le Nord.
Même période : Un groupe de l’OS incendie un parc de camion allemand à Vimy dans le Pas-de-Calais.
Le 3 janvier 1941 : L’OS fait dérailler un train de marchandises allemand, près de Perigny en Côte-d’Or.
Le 13 de ce mois : L’OS recommence à Perigny.
Toujours en janvier : L’OS sabote des lignes à haute tensions à Vauzelles, et encore au Havre, à Brest, en région parisienne.
Février 1941 : l’OS sabote les lignes à haute tension de Pont-Saint-Ours et de Puy-De-Dôme.
Le 27 février 1941, un soldat allemand est retrouvé dans le canal de Saint-Denis (OS).
Vers le 10 mars 1941, un groupe de l’OS abat trois soldats allemands au port de commerce de Brest.
Toujours en mars : l’OS incendie douze wagons allemands à Champigny-sur-Marne. Elle sabote le réseau à haute-tension de Saint-Eloi.
Le 16 mars : l’OS incendie un moulin au service de l’ennemi, à Mantes-la-Ville, Yvelines.
Le 17 avril : l’OS sectionne les câbles téléphoniques de la Kommandantur du Havre.
Le 20 avril 1941, un cheminot allemand est abattu par les Bataillons de la Jeunesse (en quelque sorte la jeunesse de l’OS).
Le 30 avril 1941, un sous-officier allemand est abattu à Lambersard (Nord) par un groupe OS/BJ.
Le 1° mai : l’OS fait sauter les permanences des nazis français à Angers.
Le 5 mai : l’OS incendie les entrepôts Damoy à Vitry.
Encore en mai, l’OS détruit un parc à voitures allemands à Saint-Die dans les Vosges.
Courant juin 1941 : l’OS incendie un parc de camions allemands à Vincennes.
Le 28 juillet 1941, deux officiers nazis sont abattus à Lille par un groupe OS/BJ.
Le 8 août 1941, porte d’Orléans à Paris, un officier allemand un abattu par des jeunes communistes. (Le Berre et Manuel)
Le 14 août 1941, les BJ détruisent l’usine Les Isolants de Vitry qui travaillait pour les allemands.
Le 21 août 1941 : Charlet (OS) est arrêté dans le Douaisis (Nord) et tente de s’évader un abattant le chauffeur, l’interprète allemand et en blessant un Feldgendarme.
Le 28 août 1941, un groupe de l’OS incendie des camions allemands rue de la plaine, dans le 20°.
On le voit, les groupes armés communistes ont commencé bien tôt à attaquer l’intégrité physique des troupes hitlériennes. Et encore ceci ne tient pas compte des pertes nazies subies lors des déraillements de trains allemands ou lors d’attaques de convois motorisés comme à Périgny en Côte-d’Or le 3 et le 13 juillet 1941, le même mois entre Arras et Vimy, le 16 juillet près d’Epinay ou bien d’un convoi motorisé en novembre 1940 à Wandignie (Nord)…
Maurice Thorez, le secrétaire général du PCF est parti à Moscou pour des raisons de sécurité… en mars 1941, depuis Moscou il rédige un appel aux français intitulé :Sur la défaite de la France : « Le premier objectif de notre peuple, c’est sa libération nationale (…) Les communistes s’adressent à tous les français qui placent avant toute autre préoccupation l’indépendance de notre peuple et qui sont décidés à lutter dans ce but. Nous apellons à l’union et à l’action des travailleurs socialistes et radicaux… Nous appelons à l’action les travailleurs catholiques… Le Parti communiste de France, sûr de l’avenir qu’est capable de réaliser la puissance irrésistible des forces vives populaires, appelle à la classe ouvrière, le peuple de France à s’unir sur ce programme d’action. Il les appelle en créant leur unité à refaire : LA FRANCE LIBRE ET INDIVISBLE.
Le Parti communiste de France. »
En novembre 1940, les communistes Elie Péju et Jean-Jacques Soudeille fondent avec deux autres personnes le mouvement de Résistance Franc-Tireur, le mouvement fusionnera avec Libération-Sud et Combat pour donner les Mouvements unis de la Résistance (MUR).
« La Jeunesse Communiste toulousaine se réunissait chaque dimanche matin sous le couvert des Amis de l’Union soviétique […] C’est au cours de l’une de ces réunions que les jeunes communistes ont préparé la visite de Pétain à Toulouse le 6 novembre 1940. Nous avons lancé depuis plusieurs fenêtres de la rue d’Alsace des tracts antivichystes et antinazis. Cela a eu un écho formidable. Une foule immense attendait Pétain. Quand les tracts sont tombés sur le sol, beaucoup de gens les ont ramassés et les ont glissés dans leurs poches. Il n’y avait pas de directives précises. L’idée est venue de nous mêmes, entre copains de la JC. Nous nous sommes dit : on ne peut pas laisser venir Pétain sans rien faire. Puis l’engagement s’est poursuivi selon les affinités de chacun, de façon très individualisée localement. » (Georges Séguy, ancien Résistant, lors d’un entretien avec Jean-Paul Piérot)
Le 18 novembre 1940, les jeunes communistes de Lyon font la même opération pour les mêmes raisons. En décembre 1940, à Marseille, mêmes personnes (les JC), même opérations, mêmes raisons.
Rappelons aussi qu’au mois d’août 1940, dans La Relève, journal évidemment clandestin de l’Union des étudiants et lycéens communistes (UELC), on pouvait lire : « Étudiants, vous ne permettrez pas qu’un régime de dictature et d’oppression vous ôte toutes vos libertés et étouffe la pensée française ! Étudiants, lycéens de France ! Unissez-vous pour la défense de vos droits de jeunes et d’intellectuels ! Unissez-vous pour réaliser avec le peuple de France le front de la Liberté, du travail et de l’indépendance de la France ! »
Lorsque Paul Langevin (un antifasciste, physicien de renommée mondiale) est arrêté en octobre 1940 par la Gestapo, l’UELC (l’Union des étudiants et lycéens communistes) publie et diffuse très largement un tract où l’on peut lire : « L’arrestation du professeur Langevin est le signal de la lutte ouverte des puissances obscurantistes contre la culture et la pensée libre… Aujourd’hui, le vieux Pétain, Laval, Ripert et leur bande, avec la complicité des troupes allemandes, ne cachent pas leur dessein d’asservissement intellectuel de la France en même temps qu’ils livrent notre pays, économiquement, à l’impérialisme étranger […]. Alertez vos camarades, vos professeurs ! Exigez la libération immédiate du professeur Langevin !
Le soir du 8 novembre, la direction de l’Union des étudiants et lycéens communistes (UELC) se réunit en présence d’un représentant du PCF, Maurice Berlemont, pour préparer la manifestation communiste du 11 novembre 1940 (la grande et première manifestation antinazie, qui a eu lieu à Paris).
Le même 8 novembre, les communistes François Lescure, secrétaire national de l’UEC (Union des Etudiants Communistes) clandestine, Danielle Casanova, secrétaire générale de l’UJFF et Francis Cohen, organisent une manifestation devant le Collège de France, où Paul Langevin enseignait.
Un mois plus tôt, vingt et un étudiants communistes avaient été arrêtés. Ils seront jugés le 1er mars 1941, puis, après appel, condamnés, en mai, à différentes peines de prison. Parmi eux, Claude Lalet. Après dix mois de prison, il ne sera pas remis en liberté, mais expédié comme otage dans le camp de Chateaubriand. Il y sera fusillé, le 22 octobre 1941, avec vingt-six autres. Dont Guy Môquet. Arrêté un an auparavant, en octobre 1940, le fils du député déporté Prosper Môquet n’avait pu prendre part à l’action du 11 novembre. Une date qu’en zone interdite, 35 % des mineurs du bassin houiller du Nord – Pas-de-Calais célébrèrent en débrayant. On leur retint, dit-on, pour leur peine, deux jours de salaire. Mais, du 27 mai au 10 juin 1941, ils n’en menèrent pas moins leur grande grève patriotique, lancée notamment sous l’impulsion d’Auguste Lecour. Et le combat partout s’intensifia.
Fin mai – début juin 1941, le PCF organise, dans le Nord et le Pas-de-Calais une grève qui rassemble 100 000 mineurs et prive les nazis d’une partie du charbon produit. Plus de 200 mineurs sont déportés. Cette grève a fait perdre 510 000 tonnes de houille et 54 630 tonnes de fer à l’occupant. Le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France, qui deviendra membre du Conseil National de la Résistance (CNR) et l’un des plus gros mouvements de la Résistance française (voir LE plus gros), a été crée en mai 1941 par le PCF, plus d’un mois avant l’invasion de l’URSS.
Le 20 mai 1941, on peut lire dans l’Humanité : « Le PCF s’adresse à tous ceux qui pensent français et veulent agir français… Dans ce Front national pour l’indépendance il y a de la place pour tous les français sauf les capitulards et les traîtres au service de l’envahisseur, pour que la France soit la France et ne devienne pas une colonie nazie, l’unité nationale doit se faire… contre les envahisseurs et les traîtres, contre le gouvernement de Vichy qui obéit aux ordres des occupants allemands.
En août 1941, le rapport du MBF (commandement militaire allemand en France) note : « L’appel pour la formation d’un Front National a été distribué en grande quantité.
Pour citer un particulier, Georges Guingouin, souvent présenté par les historiens comme le « premier maquisard de France », il était secrétaire local du PCF et chef du plus gros maquis de France, celui du Limousin.
Tout le renseignement gaulliste du tournant de 1940 rend le même son, supputant « que les communistes gagnent du terrain en zone occupée par suite de leur attitude antiallemande ». En octobre 1940, l’Abwehr signala la distribution de « tracts communistes […] de caractère très anglophile » par deux communistes de Forges-les-Bains : ils sont probablement, commenta-t-elle, « payés par les Anglais, qui font distribuer leur matériel de propagande par les communistes ». La presse collaborationniste dénonçait régulièrement, telle L’Oeuvre du 28 décembre 1940, la communauté de vues croissante entre « gaullistes anglophiles » et communistes. L’avance communiste en la matière inquiéta d’ailleurs précocement (et durablement), Henry Hauck, le conseiller du Travail de De Gaulle, socialiste champion des cégétistes confédérés qui rêvait de donner à celui-ci une assise à la fois populaire (qui lui manquait) et anticommuniste (objectif évidemment plus aisé). « Les communistes », rapporta-t-il en avril 1941, « luttent de leur côté contre les Allemands et contre Vichy, et des arrestations nombreuses ont été opérées dans leurs rangs, soit en zone occupée, soit en zone non occupée. Le problème semble être pour nous d’éviter que leur influence, médiocre pour l’instant, ne s’accroisse. ».
Voici trois passages – choisis au hasard – d’un discours d’Anne Lacroix-Riz sur le PCF entre juin 1940 et juin 1941, historienne française, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris VII, agrégée d’histoire, docteur és Lettres, spécialiste de la Collaboration, de l’Allemagne nazie et du Régime de Vichy :
« Entre « juillet 1940 » et la fin de 1941, les rapports hebdomadaires consacrés aux arrestations pour « menées communistes » ou « propagande communiste » emplissent de 9 à 16 p., précises et alertes sur les « prises ». Ceux qui recensent les arrestations pour « propagande gaulliste » (incluant tous les résistants non-communistes) occupent en général 1 p., très rarement 2, une fois seulement 10, le 11 août 1941 ; ils relèvent un nombre modeste d’arrestations, aucune certaines semaines, jamais plus de 23 – niveau unique et exceptionnel du dernier rapport cité -, l’éventail s’étirant de 0 à 10 : en moyenne 45 communistes par semaine « depuis juillet 1940 », et sur la base des seuls rapports hebdomadaires – je n’ai pas trouvé de document sur les arrestations totales de gaullistes – 2 à 3 pour les gaullistes.
Le rapport Cerny relève que « vers le début de septembre [1940] […] eurent lieu des manifestations communistes devant les mairies de banlieue exigeant le retour des municipalités dissoutes. Ces manifestations furent réprimées par la garde mobile et la police françaises avec l’autorisation des Allemands [4] (…) Le dernier rapport de la Préfecture de police destiné aux Allemands rédigé avant le lancement de l’opération Barbarossa, qui se flattait d’avoir procédé « depuis juillet 1940 » à un total de 2 411 arrestations, constata : « la propagande communiste attaque de plus en plus durement les autorités d’occupation et la “collaboration”, coïncide avec la propagande “gaulliste”, traite le gouvernement français d’“instrument dans les mains de l’impérialisme allemand” » et veut « convaincre la population que cette politique est particulièrement dirigée contre les travailleurs » [5] (…) Si l’on se fie aux deux premières années de la répression – le dernier rapport hebdomadaire de la Préfecture de police des volumes consultés date du 26 mai 1942 –, la police parisienne avait « depuis juillet 1940 » arrêté près de 2 500 militants communistes par an (2 411 avant Barbarossa, 4 461 au tournant d’avril 1942). Chiffres qui confirment que juin 1941 ne constitue pas une césure aussi décisive qu’on l’affirme : en tout cas, puisqu’il est exclu que l’association policière franco-allemande ait été plus clémente pour les communistes après le 22 juin 1941, ces chiffres prouvent qu’il n’y eut pas rupture du point de vue des forces de répression. [6] »
Voici des extraits de La Gestapo contre le Parti communiste, rapports sur l’activité du PCF, décembre 1940-juin 1941 publié en 1984 aux éditions Messidor. Dans la préface de l’ouvrage on peut lire page 30 :
« Une attention particulière est portée à ce qui constitue une menace directe pour l’occupant : les sabotages, dont il est dit que « la participation de communistes à de telles actions a pu être prouvée sans contestation possible » » ; l’action de démoralisation entreprise dans la Wehrmacht, et qui apparaît d’autant plus préoccupante qu’elle bénéficie d’appuis chez les Allemands, parmi les « anciens communistes ». Là encore, la Gestapo a tendance à grossir les faits, à la mesure de sa hargne (ne combat-elle pas le Parti communiste allemand depuis huit ans ?). Mais c’est effectivement à ce moment que se met en place le TA (Travail allemand) impulsé par les partis communistes français et allemand, et dont l’action à l’intérieur de l’armée allemande ne cessera de se développer. »
Dans un rapport de la Gestapo du 14 janvier 1941, l’auteur précise certains faits : Dans le département de la Saône-et-Loire, 3 personnes, et 5 dans le département de la Nièvre ont été appréhendées récemment pour activité clandestine de propagande communiste. A Saint-Viet, près de Besançon, plusieurs communistes ont été arrêtés pour s’être comportés de façon provocante vis-à-vis de personnels de la Wehrmacht, avoir chanté des chansons communistes subversives, et avoir fait montre d’une attitude de défi. Dans une autre localité, aux environs de Montbéliard, on a arrêté un homme qui avait tiré deux coups de pistolet contre des Allemands appartenant à la Wehrmacht. »
Dans un rapport de la Gestapo du 30 janvier 1941, j’ai retenu le passage suivant : « Le PCF illégal a consacré une attention particulière à l’acquisition d’armes et d’explosifs ainsi qu’a la mise en place de dépôts d’armes secrets. Il n’y a aucun doute qu’ils disposent d’un certain nombre de dépôts d’armes et d’explosifs. Il lui a été extrêmement facile de se procurer le matériel correspondant lors de l’effondrement militaire général de juin 1940. Mais dans cette opération, on a agi avec la plus grande prudence, les dépôts d’armes ne doivent en aucun cas se trouver dans les maisons de membres du parti, mais on a, à cet effet, recherché des endroits qu’il n’est pas facile de découvrir. En particulier, on a utilisé des souterrains situés à l’écart, aménagés et camouflés spécialement dans ce but. De fait, on a pas réussi jusqu’ici à découvrir des cachettes de ce genre. Dans un cas, dans le midi de la France, dans le département du Gard, on a trouvé chez des communistes 36 détonateurs et 3 pains de dynamite, dans un autre cas, quelques pistolets et quelques fusils.
De même, on a entrepris la constitution de groupes de choc communiste, unités militaires prévues pour le soulèvement armé et la guerre civile. Pour l’instant, voici quelles seraient leurs fonctions :
1) Police du parti, enquêtes auprès de tous les membres suspects dont on a quelque lieu de craindre qu’ils aient fait des déclarations à la police sur le PCF ou trahi leurs camarades ;
2) Surveillance de la propagande, de la distribution des tracts et du collage de papillons ;
3) Protection des groupes de propagande particuliers.
Pour ces diverses tâches, sont mis en place des équipes particulièrement entraînées, appelée « Équipes spéciales » [7] qui sont totalement responsables de l’exécution de l’action entreprise et de sa protection. »
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« La plupart des fusillés sont en prison ou au camp depuis un an, parfois plus. Et certains aujourd’hui ont l’audace de prétendre que les communistes ont commencé la Résistance en juin 1941 ! Ceux que nous pleurons seraient vivants s’il en avait été ainsi. Dire ou écrire ces infamies, c’est cracher sur les tombes des martyrs de Châteaubriant et de beaucoup d’autres lieux de la Résistance. » (Albert Ouzoulias, Les Fils de la Nuit, Grasset, 1975, p. 188-189)
« Mais si Hitler malgré tout, déclenche la guerre, alors qu’il sache bien qu’il trouvera devant lui le peuple de France uni, les communistes au premier rang, pour défendre la sécurité du pays, la liberté et l’indépendance des peuples. » (Maurice Thorez, le 25 août 1939 au Parlement)
« C’est tout du même tonneau dans cette émission : éviter d’avoir à faire connaître le rôle qu’ont joué les communistes dès l’entrée des armées nazies en France. C’était aussi une façon d’éviter d’avoir à évoquer le rôle important des communistes juifs de la MOI (Main-d’oeuvre immigrée) dès le début de la guerre. Ils en ont payé le prix fort. Ce documentaire, tout à fait dans la ligne des campagnes qui ont visé à minimiser la résistance des communistes depuis de longues années, les reprend à son compte en la faisant partir de l’invasion hitlérienne de l’URSS. Je ne sache pas qu’il y ait eu un seul autre parti, en tant que tel, qui se soit engagé comme l’a fait le PCF. » (Max Weinstein, ancien résistant de l’Union de la Jeunesse Juive, le 28 février 2008)
« Je pense que c’est faire un injuste procès à un grand nombre de résistants et de faire insulte à de nombreux morts communistes que de propager cette idée reçue selon laquelle la résistance n’aurait commencé pour le Parti communiste qu’au lendemain de l’agression contre l’URSS. » (Henri Noguères, ancien résistant du Comité d’Action Socialiste et historien, dans son livre La vie quotidienne des résistants de l’Armistice à la libération)
« Dès la fin juillet 1940, le doute n’est plus permis quant à la volonté de l’immense majorité des communistes de combattre sans attendre, l’occupant hitlérien. » (Pierre Maury, in La Résistance communiste en France, éd. Le Temps des Cerises, 2006)
« Le communisme, encore, qui te fait choisir d’entrer dans la Résistance après la défaite de juin 1940. Et lorsque Pétain décide de signer « l’armistice » et de collaborer avec Hitler, c’est encore la fougue du jeune militant qui te fait saboter ton avion pour qu’il ne serve pas à l’occupant. Dans ce gigantesque effondrement de civilisation que fut cette guerre, tu as été de ceux qui choisirent au contraire de se battre (pour beaucoup de mourir) contre la barbarie, pour une société et un monde qui serait encore meilleur après la libération qu’au moment du Front Populaire. C’est cette foi inébranlable en ces idéaux qui te poussa à combattre dans les maquis, jusqu’à devenir l’un des commandants des FTP du Vaucluse, sous la direction d’un de tes vieux amis et Compagnon de la Libération, Louis Blésy. « Résistant, parce que communiste » disais-tu… » (Diego Chauvet lors d’un entretien avec l’ancien résistant René Gilli (Le Patriote du 21 mars 2008))
Notes :
[1] : Jacques DUCLOS, Mémoires, édition Fayard, 1970.
[2] : Roger BOURDERON et Germaine WILLIARD, La France dans la tourmente, 1939-1944, éditions sociales, 1982.
[3] : Alain GUERIN, Chronique de la Résistance, éditions Omnibus, 2000 (également éditée en 1972-1976 par le Livre-Club Diderot).
[4] : Rapport Cerny, février 1941, Londres-Alger, vol. 300.
[5] : Extrait du rapport du MBF à l’Ambassade d’Allemagne à Paris, 4 octobre 40, souligné dans le texte, AJ 40, vol. 882 , dossier 1.
[6] : Anne Lacroix-Riz : http://www.historiographie.info/menu.html
Note : Tout ce qui n’est pas sourcé est tiré du livre de Pierre Maury La Résistance communiste en France, aux éditions Le Temps des Cerises, 2006.