Interdire et réprimer, voila donc les deux seules réponses du gouvernement après la mort d’Adama Traoré. Aux milliers de manifestants ayant répondu présents ce 30 juillet à l’émouvant appel citoyen de la famille Traoré pour exiger le la justice – n’est ce pas la le minimum? – le ministre de l’intérieur aura envoyé la troupe. Et le garde des sceaux un procureur débitant versions contradictoires sur versions contradictoires pour blanchir au pas de charge de possibles violences policières dénoncées par la famille et par des témoins. C’est comme cela que les choses se passent en France quand un jeune homme de banlieue meurt dans un commissariat ou lors d’une arrestation.
Interdiction d’une manifestation déclarée : la répression de classe
Des centaines de CRS auront donc été mobilisés par le ministère de l’intérieur pour empêcher la tenue d’un rassemblement pacifique. Un rassemblement populaire pour la justice qui malgré les provocations policières organisées par la préfecture de police n’aura d’ailleurs pas cédé opposant la force et la détermination du peuple, de ces milliers de jeunes de banlieue et de Paris pour résister à la violence d’état. Rappelons que la manifestation avait fait l’objet d’une déclaration en préfecture.
Les organisateurs montrent leur déclaration de manifestation. La police refuse de lever le dispositif #AdamaTraore pic.twitter.com/CHaqRTfG0i
— David Perrotin (@davidperrotin) 30 juillet 2016
Pourtant quelques dizaines de minutes après le départ de la gare du nord, des centaines de CRS nassaient le cortège, et la préfecture annonçait l’interdiction du rassemblement. Dans une interiew en direct sur les réseaux sociaux Assa Traoré la soeur d’Aminata Traoré explique pourtant que la manifestation a bel et bien été déclarée
« Pourquoi est on bloqué ? : parce que nos droits sont bafoués. Le droit de manifester en tant que citoyens français est bafoué et n’est pas respecté. On a déposé à la préfecture une autorisation, on a pas eu de refus. Ce matin, à 14h juste après la conférence de presse, on a eu trois agents de la préfecture qui étaient là, ils nous ont dit « ça se passe comment, vous parter à quelle heure ? » On a dit qu’on partait à 16h30. Ils nous ont dit on vous conseille de prendre ce chemin là et de tourner à gauche. On a eu les agents policiers en moto qui nous ont dit « il n’y a pas de problème, dès que vous êtes prets vous nous faites signe ».
Pourquoi aujourd’hui à 17h, on nous dit vous pouvez plus partir. Aujourd’hui nos droits sont bafoués. Ce qui me fait peur aujourd’hui, c’est est ce que les droits de mon frère, la justice, sera aussi bafouée » Assa Traoré
Assa Traoré, la sœur d’#AdamaTraore explique que toutes les démarches ont été faites pour cette manifestation pic.twitter.com/keEfiH4nee
— Le Bondy Blog (@LeBondyBlog) 30 juillet 2016
Les agissements de la préfecture de police ressemble bel et bien à une provocation organisés pour tenter de faire dégénérer le rassemblement. Pari raté, l’exigence populaire de justice aura été plus forte.
Mais en écoutant l’appel à l’unité d’action et à la résistance – à faire comme « Nuit Debout » – lancé par Assa Traoré on comprend mieux les raisons politiques qui ont conduit le prefet de police à interdire aux milliers de manifestants le droit de défiler jusqu’à la place de la République
La soeur d’#AdamaTraore appelle les citoyens a faire « comme #nuitdebout pour la justice pour adama et pour tous https://t.co/xse5mOzu3C
— PRCF (@PRCF_) 30 juillet 2016
Par ailleurs, chacun pourra constater sur les nombreuses vidéos circulant sur la toile, le nombre impressionnant de CRS déployés pour réprimer les milliers de citoyens venus défendre la justice et l’ordre démocratique. Visiblement le ministère de l’intérieur dispose de conséquentes réserves de CRS pour réprimer le peuple, des CRS qui rappelons ont été refusés pour sécuriser le feu d’artifice de 14 juillet à Nice – contrairement aux années précédentes. Ces réserves de CRS employées elles aussi en nombre pour réprimer avec les même méthodes les manifestants réclamant le respect de la justice sociale et de la démocratie en s’opposant à la casse du code du travail et le passage en force de la Loi Travail. Chacun peu mesurer ici quelles sont les priorités réelles de MM Valls et Cazeneuve : écraser le peuple plutôt que le protéger. La répression policières qui frappent les jeunes de banlieue, les syndicalistes, les manifestants anti loi travail n’est que différente facette d’une même répression de classe visant à défendre l’injuste et violente dictature de la classe capitaliste.
Le racisme et la politique de répression et de violences policières condamnée jusque dans les colonnes du New York Times : Black Lives Matters
La mort d’Adama Traoré lors de son interpellation par les forces de police n’est malheureusement pas une exception. Elle s’ajoute à la longue liste de ces jeunes de banlieue, morts d’avoir été arrêtes par la police ou passés par un commissariat. Elle s’ajoute à la longue liste des victimes des violences policières. Les associations recensent entre 10 et 15 morts chaque années dans les mains de la police. Comment devant cette longue liste ne pas s’indigner et se révolté de la quasi absence de condamnation lourdes des policiers ou gendarmes ayant commis ces actes ? rappelons que le gendarme qui a tué à coup de grenade Rémi Fraisse est toujours en fonction et qu’aucun de ses responsables hiérarchiques n’a pour le moment était inquiété. Aucun des policiers filmés en train de violenter des manifestants n’ont été jugés.
- A lire : contre l’impunité, les réseaux sociaux brisent la censure frappant les violences policières de masse
L’impunité policière ou la violence de classe
Les rares études sur les violences policières confirment d’ailleurs le très faible taux de sanction des policiers en France. Si les policiers sont soumis à un régime strict de sanction pour les obliger à se conformer aux ordres de leurs hiérarchie (plus de 40% des sanctions), il ne sont que très rarement sanctionnés pour les violences qu’ils commettent. Ces dernières, par exemple, constituent moins de 20% des dossiers ouverts par l’IGS à Paris et donnent lieu à sanction dans moins de 10% des cas. C’est à dire des sanctions très très rares. Alors qu’une police doit d’abord être contrôlée sur son usage de la force.
Les méthodes anti-démocratiques et violentes de la police française, couvertes par les ministres de l’intérieur ne sont pas sans susciter l’indignation internationale. A l’image des rapports successifs publiés par l’ONG Amnesty International (lire ci après). Le racisme et la politique de répression et de violences policières condamnée jusque dans les colonnes du très modéré New York Times qui vient de publier un éditorial condamnant dans les termes les plus stricts la politique de Bernard Cazeneuve. Un éditorial qui souligne de façon très pertinente que la fuite en avant autoritaire, l’état d’urgence et Bernard Cazeneuve lachant ouvertement la bride aux policiers ne sert qu’à renforcer les terroristes de Daesh.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
Black Lives Matters en France, aussi
Par La rédaction du New York Time – 29 juillet 2016
La mort en garde à vue de Adama Traoré, jeune homme noir de 24 ans, dans une ville près de Paris, le 19 Juillet a donné lieu dans les jours suivants à de violents affrontements entre les minorités en colère et les policiers.
La police a d’abord prétendu que M. Traoré était mort d’une crise cardiaque. Puis, après une autopsie, les autorités ont incriminé une infection grave. La famille de M. Traoré a demandé une autre autopsie, en disant qu’il etait entré dans un fourgon de police vivant et en bonne santé, pour être retrouvé mort au post de police peu après. Cette autopsie a suggéré que M. Traoré était mort d’«asphyxie», mais n’a pas indiqué les causes de cette asphyxie
L’épisode rappelle les émeutes qui ont suivi la mort en Octobre 2005 de deux adolescents d’origine immigré qui sont morts d’électrocution dans un transformateur électrique où ils étaient réfugiés alors qu’ils étaient poursuivis par des agents de police. Cette fois-ci, dans une nouvelle fracture pour la France, la mort de M. Traoré a été immédiatement repris sous la bannière de Black Lives Matter: Le hashtag #BLMFrance est devenu viral sur Twitter, et les manifestants lors d’un rassemblement contre les violences policières et le racisme à Paris le samedi ont scandé « Black Lives Matters » en anglais.
Il existe des différences importantes entre les histoires des relations raciales aux États-Unis et en France, où les attitudes racistes sont enracinés dans le passé colonial de la France. Cependant, que le mouvement Black Lives Matter résonne en France ne devrait pas surprendre: Plusieurs rapports au cours des dernières années de groupes de défense des droits de l’homme ont détaillé une culture bien ancrée de l’impunité parmi les policiers français, conduisant à des violations des droits des minorités. Une étude de 2009 a indiqué que les personnes identifiées comme «noir» ou d’ «Afrique du Nord» étaient six à huit fois plus susceptibles d’être arrêtés par la police à Paris que les blancs.
Malheureusement, après les attaques terroristes le gouvernement français et les législateurs ne sont pas d’humeur à exiger que la police rende des comptes des abus contre les minorités africaines et d’Afrique du Nord en France. Ces abus se sont multipliés sous l’état de la France d’urgence, déclaré par le président François Hollande Novembre dernier après les attentats terroristes à Paris. Il avait pourtant promis lors de sa campagne de 2012 de mettre fin à un profilage ethnique par la police, et l’an dernier une cour d’appel de Paris a jugé la pratique discriminatoire. Mais malgré cel, le Parlement le mois dernier a mis en veilleuse une proposition visant à exiger la police de délivrer un document écrit aux personnes arrêtées pour des contrôles d’identité – une mesure visant à suivre les contrôles répétés et abusifs – après que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a fait valoir ce n’était pas le moment de jeter la « suspicion » sur la police.
Ceci est un argument dangereux. L’État islamique a montré qu’il est en mesure d’exploiter les sentiments de colère et d’aliénation pour les convertir en intention meurtrière. Maintenant, plus que jamais, la police a besoin de construire de la confiance avec les communautés minoritaires en démontrant le respect des droits de tous les citoyens français, quelle que soit leur foi ou leur couleur de peau, et qu’une application impartiale de la justice ne fait aucune exception pour la police.
traduction depuis l’anglais www.initiative-communiste.fr