On rappellera ainsi que 24% des ménages détiennent 68% des biens immobiliers en France d’après les chiffres du portrait social en France de l’Insee. 58% des ménages sont propriétaires de leur logement contre 42% de locataires. Mais dans le détail, c’est 11% seulement des propriétaires qui détiennent plus de trois logements et 46% du parc des logements des particuliers. En clair, un million de propriétaires se partagent près de la moitié du parc locatif. En réalité, c’est d’ailleurs une infime minorité de ménages qui a la main sur un vaste pan des logements du pays. 1 million de propriétaires détiennent la moitié du parc locatif, dont 40% des appartements à Paris. Des biens souvent détenus à travers des sociétés tels que les SCI, permettant ainsi d’échapper largement contrairement au revenu du travail, à l’impôt. En-effet, entre la défiscalisation des logements meublés touristiques type airbnb, ou les niches fiscales très favorables aux investisseurs fortunés (Pinel, Scellier etc, profitant à 430 000 ménages selon les déclarations de revenus 2022 pour un montant de 1.7 milliards d’euros), ce sont les plus riches qui sont les plus subventionnés.
On comprend mieux le résultat qui est le suivant : la classe capitaliste privatise le logement. 3,5 % détiennent à eux seuls la moitié du parc locatif. L’institut de la statistique nationale explique : « Cette concentration de la propriété de logements en location reflète une logique d’accumulation patrimoniale, qui s’appuie notamment sur le recours aux SCI ».
La France affiche d’ailleurs parmi les prix de l’immobilier au m² parmi les plus chers d’Europe. Cela alors que les salaires sont loin d’y battre des records. D’après le cabinet Deloitte, Paris est les ville la plus chère d’europe devant Londres, Munich et Oslo. C’est également là que les loyers sont les plus élevés avec plus de 29€/m². La France comprend un important parc de logements estimé à environ 37,2 millions de logements soit un logement pour 1.81 habitants.
Les prix y sont pourtant parmi les plus élevés d’Europe, avec 4639€/m² en moyenne. Supérieurs à ceux d’une Allemagne (4600€/m²) où le salaire médian brut (3560€/mois) est pourtant très nettement supérieur à celui de la France (1850€/mois).
Un appartement de 60m² en France couterait donc en moyenne 280 000€ environ. Avec ces revenus et en y consacrant 25% de leurs salaires, un couple de deux travailleurs devrait consacrer en moyenne 25 ans à accumuler une telle somme. Au taux des crédits actuels (environ 5%), un emprunt lui couterait près de 70 000€ soit pour le même taux d’épargne de 25% 6 années supplémentaires. Autant dire que dans ces conditions, la propriété est évidemment inaccessible pour plus de la moitié des ménages français, et une large majorité des travailleurs. C’est pourquoi l’accès aux logements sociaux est un besoin majeur. La France ne dispose cependant selon l’INSEE que d’à peine 4.5 millions de logements sociaux qui hébergent 10.7 millions de personnes. Ils représentent 16% de l’ensemble du parc des logements occupés. Ces derniers se situent pour 31% dans les quartiers prioritaires de la politiques de la ville et pour une large partie en banlieue parisienne (12% du parc des logements locatifs sociaux contre 6% du parc total des logements).
Cette réalité statistique et comptable conduit au constat politique suivant :
- le discours délivré en masse pour culpabiliser les travailleurs quant à leur soit disant responsabilité dans leur difficulté de logement est d’une hypocrisie absolue. Non il n’est pas possible pour une large majorité des travailleurs d’accéder au logement par la propriété. Dans ces conditions, et alors que la France manque de plus d’un demi de million de logements pour atteindre l’objectif pourtant fixé de 25% de logements social, ces travailleurs sont pour partie la proie de la spéculation immobilière qui ne profite qu’à une petite minorité, les capitalistes
- une large part du problème du logement est du non seulement à la spéculation, mais également aux bas salaires. Les salaires gelés pour satisfaire à la politique monétaire fixé par la banque centrale européenne n’ont pas suivi l’inflation et en particulier l’inflation des prix de l’immobilier. Des prix dopés là aussi par la politique monétaire imposée par l’Euro, et la libre circulation des capitaux imposée par l’Union européenne.
- le capitalisme est systémiquement antagoniste de la satisfaction du besoin essentiel et vital de logement pour chacun. Qui plus est, ces mécanismes spéculatifs, la ségrégation sociale qu’il entretient est également profondémement contradictoire des besoins d’aménagement du territoire, en particulier au regard des urgences environnementales qui sont celles du XXIe siècle.
JBC pour www.initiative-communiste.fr