C’est un des meilleurs connaisseurs en France de l’économie russe, et sans préjudice de ces positions politiques, l’économiste Jacques Sapir est un des analyses qui a le sérieux de publier sur la base de données chiffrées et factuelles. Et celles-ci sont édifiantes sur l’effet boomerang des sanctions décidées par l’Union Européenne contre la Russie. Qui frappent à plein l’économie européenne, réjouissent l’Oncle Sam qui voit ses vassaux s’affaiblir, désormais contraint d’acheter très cher les hydrocarbures américaines
Croissance économique de 3% en Russie
Jacques Sapir, économiste spécialiste de la Russie explique : sur la situation économique en #Russie à partir des données communiquées par la Banque Centrale de Russie et par AlfaBank. La croissance s’est bien accélérée en avril 2023, au-delà des attentes. Le PIB aurait augmenté de 3,3% en glissement. La prévision pour le mois de mai est à ce jour de 3%.Le salaire réel a augmenté de 1,9% au premier trimestre 2023 et les ventes au détail ont augmenté de 7,7% en glissement (par rapport à avril 2022). Le chômage est au plus bas et certains salaires, dans l’industrie et la construction, augmentent fortement.Différents secteurs ont connu en avril une forte accélération de la production, comme la métallurgie ferreuse, mais aussi les matériaux de construction, le textile et l’agro-alimentaire. Des pénuries de main d’œuvre sont notables dans les régions de l’Oural et Volga-Vyatka. Dans la région de l’Oural, les constructions mécaniques ont augmenté de manière notable. En Sibérie, la demande de produits par la Chine explique aussi une forte hausse de la production. Ces hausses de production se traduisent par un niveau d’activité élevé des ports et des infrastructures ferroviaires. L’Etat a repris le contrôle de plusieurs ports dont les conditions de privatisation ont été jugées illégales. Les investissements ont continué de croître pour les 4 premiers mois de l’année. Il faut noter de très fortes hausses dans la région de l’Oural (+8,7%) et de la Sibérie (+5,6%) https://cbr.ru/Collection/Collection/File/45058/report_31052023.pdf
L’économie semble travailler à un niveau proche du maximum de ses capacités, ce qui entraine une remontée de l’inflation. Cela explique que la BCR ait maintenu son taux directeur à 7,5%. https://cbr.ru/eng/press/pr/?file=09062023_133024Key_eng.htm
Le volume des crédits accordés tant aux entreprises qu’aux particuliers est élevé, + 22% par rapport à avril 2022, signe de l’optimisme quant à la situation économique. https://cbr.ru/eng/press/event/?id=15827
Il y a cependant une incertitude sur l’importance des crédits « bonifiés » (fait à des taux inférieurs aux taux du marché). Ces crédits semblent jouer un rôle important dans le mouvement général du crédit.
Récession de l’Union Européenne et inflation massive
Au premier trimestre 2023, l’Allemagne première économie de la zone euro est entrée en récession avec un recul de 0.36% suivant un recul de 0.5%. Un chiffre d’autant plus significatif qu’il est à comparer à l’inflation massive de plus de 7%.
La production industrielle recule de 3,4%
Au niveau de la zone euro, la croissance économique du secteur privé est tombée à zéro en juin selon l’index S&P Global.
Cyrus de la Rubia, économiste de la Hamburg Commercial Bank, établissement partenaire de S&P pour élaborer l’indicateur PMI rapporte dans les colonnes du très capitaliste Figaro :«Après deux trimestres consécutifs de contraction, le risque d’une nouvelle baisse du PIB de la zone euro au deuxième trimestre s’est accentué en juin» «La courbe baissière de l’indice annonce un deuxième semestre difficile pour les entreprises privées de la zone euro, caractérisé par un repli général des carnets de commandes au cours des prochains mois»