Depuis le 25 septembre 2018, les personnels du Park Hyatt Vendôme, palace bien connus de Paris, sont en grève. Pour obtenir des augmentations de salaires de 3 € de l’heure, pour obtenir l’intégration des personnels sous traitant de la société STN, tout simplement pour la dignité et contre l’exploitation.
Une délégation de camarades des JRCF 75 est allé leur apporter le soutien des jeunes communistes et des militants du PRCF 75 le 14 novembre dernier. Les grévistes ont acceptés de répondre à leurs questions pour Initiative Communiste, pour faire entendre leurs revendications et appeler à la solidarité. Alors n’hésitez pas à partager sur les réseaux sociaux et par courriel autour de vous.
Une caisse de grève en ligne permet à chacun d’apporter son aide : https://www.lepotcommun.fr/pot/1vpwil8t
La parole aux grévistes du Park Hyatt Vendôme
A Marseille les grévistes de la STN obtiennent des augmentations de salaires
interview réalisée par nos confrères de La Marseillaise
Nelida Cardoso est employée de ménage de la société STN depuis 2015. A 23 ans, elle brique les chambres d’un 4 étoiles au Prado à Marseille. Depuis lundi, elle était en grève. Ce jeudi, elle et ses camarades ont signé un protocole de sortie de conflit après avoir obtenu gain de cause.
A 23 ans, Nelida, brique les chambres d’un 4 étoiles au Prado. Pas moins de 108 heures pour 910 euros par mois. Mais depuis lundi, chaque matin, dès 9 h, avec ses collègues, plutôt que de retaper les chambres, elles tapaient sur des casseroles sous les fenêtres de l’hôtel Marriott. Un piquet de grève sous forme de vacarme pour exprimer leur colère. Ces femmes de chambre se battaient, soutenues par le syndicat CNT SO, pour obtenir des salaires plus dignes et un 13e mois. Pas du luxe. Elle l’ont obtenu ce jeudi.
La Marseillaise : Vous êtes diplômée en gestion des entreprises. Comment avez-vous été amenée à travailler dans le secteur de la propreté ?
Nelida Cardoso : Je suis née à Lisbonne et j’ai fait mes études au Portugal, un bac +3. Ma mère y est femme de ménage. Elle se lève à 5h, court partout toute la journée et rentre épuisée pour 2 euros de l’heure. Je rêvais de vivre mieux, j’ai fait des études pour ça. Je suis venue en France en 2014 parce que je ne trouvais pas de travail au Portugal. Mais ça ne s’est pas passé comme ça. La Fac en France n’a pas validé mes diplômes. J’ai pleuré avec un fort sentiment d’injustice. Puis j’ai eu mon fils en 2015. Quand il a eu un an, j’ai voulu travailler car j’ai toujours souhaité être indépendante. En octobre 2016, une amie m’a dit que l’hôtel Hipark de la Timone cherchait une femme de chambre. J’ai envoyé mon CV. Le lendemain je passais un entretien.
Votre premier contrat et votre première lutte aussi ?
N.C. : J’ai débuté par des extras dans une autre société où j’ai signé. Mais les contrats étaient bidons, on était aux 35 h sur la fiche or on était payé à la tâche. La CNT SO est venue nous aider à trouver les bonnes attaques. On est allé aux prud’hommes et le 31 octobre 2018, le tribunal nous a donné raison. Mais entre temps, STN avait pris le marché du Marriott Prado, qui a décidé au bout d’un an de fonctionnement d’externaliser le service propreté. J’ai intégré l’équipe. Au début, STN payait bien et des filles qui étaient salariées de l’hôtel sont restées. Mais ça s’est vite dégradé. On s’est rendue compte qu’on faisait beaucoup d’heures mais que ça faisait peu de chiffres sur la paye. Et à nouveau on se retrouve à revendiquer nos droits. La CNT SO a mis les fiches à plat, a discuté avec les patrons et des sommes sont revenues sur nos comptes.
Vous revendiquez plus que du respect…
N. C. : On est passé de l’exigence du respect de la loi à la revendication du droit à une vie meilleure. On est sorti du silence, on fait du bruit pour gagner en dignité. Ce qui n’est pas dingue au regard des milliards que fait le groupe Marriott, qui soulève la colère de 8000 salariés aux USA. Et STN n’est pas une petite boîte : ils ont les marchés de beaucoup d’hôtels de prestige. Nous voulons un 13e mois, comme les autres salariés de STN, et des heures sup’ payées en heures sup’ (l’entretien a été réalisé mardi 13 novembre, ndlr).
C’est un métier méprisé et usant, les salariés ont-ils mis si longtemps à se défendre ?
N.C. : Oui, c’est physique. On a les bras en l’air durant des heures quand on fait les vitres, le dos plié en deux quand on fait les lits, avec des cadences de plus en plus rapides à respecter. Sans l’aide d’un syndicat, on ne serait pas aller au combat. On avait peur, on ne connaissait pas nos droits. Beaucoup ne maîtrisent pas assez bien le français. Au Portugal, le Smic est à 500 euros. Là, à 800, on trouvait ça normal. Mais on ne peut pas élever des enfants avec ça. Et en faisant des réunions avec le syndicat, on apprend à lire les fiches de paye, on compare et on voit qu’on se fait tous arnaquer dans ce secteur. Des collègues ne sont pas en grève par peur car il y a des pressions, du chantage à l’emploi. On pensait être 6 à se battre mais on est des milliers dans la même situation d’exploitation par les mêmes acteurs économiques. C’est là notre force.
Comment voyez-vous votre avenir ?
N.C. : Reprendre mes études pour que mon fils accède à l’université à son tour. Mais là, j’ai un crédit sur le dos…
Propos recueillis par Myriam Guillaume