Massivement, suite à un accident grave, les conducteurs de train de la SNCF ont décidé pour la sécurité des passagers et la leur de faire valoir leur droit de retrait.
Plutôt que de répondre au problème grave de sécurité des usagers dénoncés par des cheminots responsables et jouant eux aussi leurs vies, le patronat de la SNCF et le secrétaire d’état Djebarri ont lancé une campagne de haine contre les cheminots. Avec l’aide de médias mentant en présentant l’arrêt des circulations pour des raisons de sécurité comme… une grève.
A l’inverse, le PRCF fait savoir qu’il apporte son plein soutien aux cheminots défendant la sécurité de tous, et dénonce l’irresponsabilité criminelle du pouvoir. Un pouvoir qui ne tire toujours pas les leçons de la catastrophe de Bretigny.
Ce 19 octobre, les trains sont toujours à l’arrêt pour la sécurité des usagers. La direction de la SNCF et sa tutelle ministérielle refusent d’ouvrir les discussions pour mettre rapidement en place les mesures de sécurité nécessaires pour rétablir la circulation des trains le plus rapidement possible. Espérant que les usagers tomberont dans la provocation à la haine des cheminots pour masquer le grave problème de sécurité qui les concerne directement.
Les faits
11 blessés, dont le conducteur du train sur les 70 passagers du TER c’est le bilan de l’accident grave à un passage à niveau à Pox Terron en Champagne ardenne le 16 octobre 2019.
Il y avait 70 voyageurs et un groupe scolaire, le conducteur était seul, il n’y avait pas de contrôleur.
Le train percute un convoi exceptionnel, un camion transportant une énorme machine agricole.
Le choc est massif. Il y a de gros dégâts sur le train et le conducteur est choqué et blessé (avec des plaies ouvertes et un traumatisme crânien).
Le service automatique, qui permet d’alerter les autres trains d’un accident, n’a pas fonctionné, la radio est détruite.
Le train a déraillé, il ne peut plus être détecté par les autres trains en circulation. La catastrophe peut survenir à tout moment si la circulation n’est pas immédiatement interrompue.
Seul, le conducteur , blessé, choqué, doit abandonner les voyageurs pour marcher sur près d’un kilomètre pour baliser la voie et éviter le sur accident.
Si le conducteur n’avait pu se déplacer ou sortir de sa cabine, que ce serait-il passé ?
Les faits sont là, une catastrophe majeure a sans doute été évitée grâce à l’héroïsme de ce cheminot. Cheminots que vilipendent le régime Macron.
France 3 rapporte : « On a mis en garde la direction depuis plusieurs années sur la suppression des contrôleurs et sur le problème de sécurité. En Champagne-Ardenne, on est passés à deux doigts de la catastrophe, on fait circuler les trains dans des situations dangereuses, déplore Julien Cabanne, aiguilleur à la SNCF et adhérent à la CGT cheminot en Auvergne.
En effet, la CGT cheminots n’avait eu de cesse que d’alerter contre cette situation de danger. Par exemple par ce rapport, il y a plus de deux ans. Bref, les médiasmenteurs qui éructent que les cheminots qui exercent leur droit de retrait sans avoir prévenu sont des propagandistes.
Je pose ça là… on disait quoi deux ans en arrière?? pic.twitter.com/vs5jDJ7lEd
— Wlad lignes N&U (@wladesty) October 18, 2019
Rappelons que l’ITF, organisation internationale des cheminots, demande la présence d’un contrôleur dans chaque train.
L’inspection du travail a confirmé au CSSCT de Strasbourg de la SNCF la légalité du droit de retrait exercé par les agents de conduite.
les causes
Le bureau enquête accident devra faire la lumière sur les raisons de cet accident. Cependant les causes profondes sont d’ores et déjà connues.
- a défaut d’investissement dans le réseau, il demeure plus de 15 000 passages à niveaux, par nature dangereux, dont nombre sont identifiés comme dangereux , sur les lignes de chemin de fer hors réseau à grande vitesse. Avec des conséquences dramatiques chaque année. Des plans de sécurisation successifs, (2008, 2014…) n’ont rien réglé et le nouveau plan de 2019 n’a que peu d’ambition.
- Le contrôle des transports exceptionnels a été fortement réduit avec la vague de suppression de postes du ministère de l’équipement devenu écologie. La plupart des transports exceptionnels sont quasi exercés en seul autocontrôle. Comment se fait-il que cet énorme engin agricole soit resté bloqué sur ce passage à niveau?
- Dans ce contexte, la suppression de l’assistance au conducteur par un contrôleur dans les TER est un facteur aggravant particulièrement dangereux. En cas d’accident, si les dispositifs automatiques ne fonctionnent pas, il faut prier pour que l’agent de conduite ne soit pas trop blessé pour pouvoir tout à la fois organiser les secours, protéger le train, interrompre la circulation ferroviaire.
Derrière tout cela, les même cause. L’euro austérité et les directives européennes impulsée par le Capital :
- directive de privatisation et de libéralisation de la SNCF qui impose de :
- réduire massivement le personnel, d’attaquer ses conditions de travail pour faire grimper les bénéfices,
- ne pas investir dans le réseau, notamment dans les lignes les moins rentables,
- saigner les services publics de contrôle et d’organisation des transports, en l’occurrence ici le réseau d’agents encadrant les transports exceptionnels qui a été massivement démoli ces dernières années par les ministres successifs de l’écologie : décroisement avec le ministère de l’intérieur, suppression de poste, abandon de missions et externalisation auprès des professionnels du secteurs.
Pour notre sécurité, pour le service public, la seule solution c’est donc la mobilisation. Pour rétablir un grand service public unifiée du ferroviaire, un vrai ministère de l’équipement, de l’écologie, des transports, ce qui n’est pas possible sans briser les chaînes de l’Union Européenne.
Le communiqué de la CGT
LA COLÈRE S’ÉTEND – Sécurité ferroviaire
Un accident qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques a eu lieu le 16 octobre 2019 en Champagne-Ardenne.
En effet, un train a percuté un convoi exceptionnel sur un passage à niveau.
70 voyageurs étaient à bord.
En cause : les choix irresponsables de la direction SNCF.
Dans le seul but d’abaisser ses coûts de production, la direction de la SNCF a accéléré, ces dernières années, sa politique de déshumanisation des gares et des trains.
Elle a pour cela généralisé la mise en place des équipements à agent seul (EAS, matériel roulant sans contrôleurs) sur l’ensemble du territoire. Cette logique d’abandon de présence humaine est aussi appliquée aux gares avec la fermeture des guichets et la suppression annoncée de l’autorisation de départ.
Ces choix contribuent à détériorer fortement le niveau de sécurité des circulations, la sûreté dans les gares et les trains.
Plusieurs accidents récents viennent malheureusement renforcer cette réalité. A titre d’exemple, nous n’en citerons que quelques-uns survenus récemment :
- Les 2 chocs suite à accident de personne survenus sur la région de Paris Sud-est sur du matériel Régio2N ;
- Le choc d’un train au passage à niveau survenu hier (le 16 octobre) entre Mohon et Poix-Terron.
A chaque fois, les trains circulaient en exploitation « EAS » et à chaque fois, l’agent de conduite s’est retrouvé seul et isolé à devoir traiter une multitude de procédures réglementaires et gérer les usagers, le tout en état de choc, sans dispositif de communication efficient à disposition.
La fédération CGT des cheminots exige le retour de contrôleurs sur l’ensemble de ces circulations afin de permettre aux agents de conduite de se concentrer uniquement sur la gestion de la sécurité ferroviaire.
En outre, elle exige le déclenchement immédiat de rencontres en régions sur l’équipement des trains.
La situation insupportable que vivent les cheminots et les usagers doit cesser.
La direction de la SNCF n’a pour l’heure donné aucun signe de vie. C’est inadmissible.
Au moment où s’écrivent ces lignes, plusieurs régions ont décidé de débrayer massivement.
La Fédération CGT exige des réponses immédiates de la direction SNCF et se tient résolument aux côtés des cheminots en lutte.