11 février 2023
LES TRAVAILLEURS CONFRONTES A L’OFFENSIVE GENERALISEE DU CAPITAL ET DE L’IMPERIALISME
Alors que l’Union européenne et l’OTAN soutenues par Macron attisent l’escalade en Ukraine et torpillent toutes les voies de la négociation, alors que des millions de travailleurs, ouvriers, techniciens, employés, cadres moyens, enseignants, hospitaliers, etc., ont besoin d’une augmentation franche des salaires, de leur ré-indexation sur les prix et d’un blocage de ces derniers, le gouvernement soumis au MEDEF, au CAC-40 et à l’UE n’a qu’une obsession : casser l’indemnisation du chômage, parachever le démantèlement des services publics (EDF, GDF-Engie, SNCF, Poste, hôpital public, trésor public…), araser les statuts, les conventions collectives et le Code du travail… Et surtout, mettre à mort à coups de 49-3 les retraites solidaires héritées du CNR et œuvre du ministre communiste et cégétiste Ambroise Croizat. Car au point où en est le système, un nouveau report de l’âge de départ en retraite, une nouvelle augmentation assortie de décotes de la durée de cotisation, plongerait des millions d’anciens dans la misère et finirait par priver de sens le système créé en 1946 en même temps que la Sécu.
En réalité, le prétendu « CNR » mis en place par Macron n’a d’autre but, au nom de la « construction européenne » inféodée au grand capital, que de « démanteler le programme du Conseil National de la Résistance », comme y appelait ouvertement un ténor du MEDEF dans l’édito de Challenges paru en 2007. Du reste, le projet de « porter progressivement l’âge moyen du départ en retraite à 67 ans en moyenne dans les pays de l’UE » a été écrit noir sur blanc dans les Accords européens de Barcelone cosignés en 2002 par Jospin et Chirac. En outre, face aux luttes de plus en plus dures des travailleurs, qui refusent les euro-privatisations, la dé-protection sociale, les fusions transnationales (Renault, PSA devenu Stellantis), et qui exigent le relèvement général des salaires et pensions, le gouvernement répond par la répression antisyndicale, l’embauche de milliers de CRS, la réquisition illégale des courageux grévistes d’EDF ou des raffineries.
TRAHISON DU SYNDICALISME JAUNE EN FRANCE ET A L’INTERNATIONAL
Pourtant, face à cette offensive générale contre le monde du travail, l’avenir de la jeunesse et la Nation, la riposte des confédérations syndicales n’est pas à la hauteur. Comme on pouvait s’y attendre, la CFDT et son président chéri des patrons et des médias bourgeois, Laurent Berger, ont poignardé dans le dos les grévistes de la Chimie et sapent le calendrier des secteurs combatifs de la CGT (Chimie, Dockers, Electriciens et Gaziers, Cheminots, etc.), pendant que la Confédération Européenne des Syndicats (C.E.S.) ignore nos luttes et que le président de la Confédération Syndicale Internationale, le jaune Vincentini, à laquelle sont affiliée la CES et l’ensemble des confédés françaises, est suspecté de corruption à l’instigation du Qatar. De tels vendus déshonorent le mouvement ouvrier !
LE DANGEREUX TANGAGE DE LA DIRECTION CONFEDERALE
Malgré cela, la direction confédérale de notre syndicat, la CGT, reste affiliée à la C.E.S., cette courroie de transmission de la Commission de Bruxelles et de ses directives scélérates (entre 2011 et 2018 Bruxelles a sommé 63 fois la France de « réduire ses dépenses de santé » !). Les dirigeants de la Confédé continuent d’ignorer la Fédération Syndicale Mondiale qui, elle, se bat pour la paix, la solidarité internationale et la souveraineté des peuples, et qui se réfère au syndicalisme de classe : ceci était d’ailleurs le cas de la CGT tant qu’elle avait le courage d’affronter franchement le grand patronat et les gouvernements capitalistes en apportant aux travailleurs les grandes victoires de 1936, 1968 et 1995.
Pire encore, pour ménager l’alliance d’avance perdante avec la CFDT (dont la probabilité pour qu’elle trahisse la lutte en cours de route est égale à 1/1 !), on a entendu des dirigeants confédéraux de la CGT dire qu’il fallait découpler la défense des retraites de la lutte pour les salaires. Elles sont pourtant étroitement liées car l’augmentation des salaires règlerait bien des problèmes d’emploi : elle alimenterait les caisses de la Sécu et des retraites tout en diminuant les inégalités aux dépens des profits et les surprofits capitalistes, notamment ceux des marchands de missiles – que Macron a décidé de subventionner à hauteur de 413 milliards d’euro pour 2024-2030 ! – et des actionnaires de Total.
En outre, aucun calendrier syndical permettant de monter en puissance vers le « tous ensemble » indispensable pour bloquer le profit capitaliste et faire plier le grand patronat n’est ni annoncé ni même envisagé, sauf parmi les secteurs combatifs de la CGT. A l’inverse, les Confédérations – CGT comprise – relancent des « journées d’action » sans suite pour la défense des retraites, sans appel à la grève interprofessionnelle reconductible, sans appel à faire vivre la démocratie ouvrière sur les lieux de travail en pratiquant le dialogue interpro et en décidant d’actions à la hauteur des enjeux. Pourtant, la mobilisation du 19 janvier 2023 (plus de 2,5 millions de grévistes) a démontré la volonté des manifestants et des travailleurs d’en découdre avec le pouvoir macronien.
Ajoutons enfin que la direction confédérale tourne le dos aux luttes anti-impérialistes de jadis. Renonçant à exiger le retrait de la France de l’OTAN (que réclamaient tous les dirigeants historiques de la CGT, Frachon, Séguy, Krasucki…), elle appelle à de nouveaux envois d’armes au régime de Kiev dont la dépendance à l’égard des Etats-Unis et des néonazis est avérée, qui martyrise le Donbass ouvrier depuis 2014 et qui vient d’abroger le droit du travail pour les 3/4 des travailleurs ukrainiens. Or, « les barricades n’ont que deux côtés » (Elsa Triolet) : on ne peut être à la fois du côté de l’UE du capital et de l’OTAN dirigée par l’Oncle Sam, et du côté des travailleurs, de la paix et de l’indépendance nationale qu’a toujours défendue historiquement la grande CGT !
L’AVENIR EST AU SYNDICALISME DE CLASSE ET DE MASSE !
Pourtant, depuis plusieurs mois et de nouveau dans le cadre du combat pour les retraites, de grands secteurs de la CGT, chimie, énergie, commerce, transports ferroviaires, hôpital, sans oublier nombre d’UD et d’UL CGT qui ont adhéré à la FSM, refont vivre le syndicalisme de classe et de masse. La grève des raffineurs a rappelé à tous que, sans la classe ouvrière, la production de richesses s’arrête en France, voire en Europe, dont l’économie dépend largement des transports de marchandises sur notre sol. Des grèves énormes ont eu lieu en Grande-Bretagne à l’initiative de syndicalistes de lutte (infirmières, cheminots, dockers, postiers…), en Allemagne (métallos), aux Etats-Unis (Amazon, John Deer, Chemins de fer), voire en Inde où des millions d’ouvriers et de paysans ont bloqué la capitale et obtenu satisfaction. Il est donc mensonger de prétendre que la lutte des classes est « dépassée » : non seulement les capitalistes se vantent de la mener à leur avantage, comme le milliardaire US Warren Buffett, mais les travailleurs refusent de plus en plus la trompeuse collaboration des classes, facteur de démoralisation, et retrouvent la voie du combat revendicatif sans le séparer du combat pour exproprier le capital et créer une société fraternelle dirigée par et pour le monde du travail !
De ce point de vue, et sans engager le moins du monde ce camarade sur la présente déclaration qui a été rédigée de manière totalement indépendante, nous jugeons la déclaration de candidature d’Olivier MATEU, secrétaire de l’UD-CGT des Bouches-du-Rhône et inlassable militant du syndicalisme de lutte, très positive et porteuse d’espoir pour l’ensemble des militants offensivement attachés au progrès social, à la souveraineté des peuples, à la paix, à la démocratie syndicale et au combat de classe anticapitaliste et anti-impérialiste.
C’est pourquoi nous, syndiqués ou anciens syndiqués de la CGT, suggérons que nos camarades des secteurs combatifs de la CGT se rencontrent au plus tôt pour :
- D’une part,élaborer et proposer ensemble aux travailleurs, qui en débattraient, une plateforme revendicative fédératrice :
– ciblant à la fois les euro-privatisations, les délocalisations, les fusions capitalistes transnationales tueuses d’emploi, la casse des statuts, du code du travail et des conventions collectives, sans oublier l‘abrogation des contre-réformes scolaires et universitaires, dont Parcourssup…
– exigeant la reconstruction des services publics (énergie, transports, éducation nationale, hôpital, poste, équipement et écologie, etc.), de la protection sociale de haut niveau et du produire en France industriel et agricole,
– réclamant l’augmentation sensible de tous les bas et moyens salaires (préciser), voire…
– la (re-)nationalisation démocratique des secteurs-clés de l’économie (banques, assurances, grande industrie, grande distribution, principales plateformes logistiques, aéroports, ports et autoroutes…),
– exigeant l’abolition des lois liberticides, la levée des sanctions contre des camarades en lutte, le jugement des politiques ayant provoqué la mutilation de 32 Gilets jaunes, etc., avec des droits étendus des travailleurs dans les entreprises et les services publics,
- D’autre part, en prenant appui sur le combat pour les retraites, proposer dans ses grandes lignes un calendrier syndicat partant des luttes concrètes pour construire le tous ensemble en même temps du privé et du public, des lycéens, étudiants et apprentis, des chômeurs et retraités, des travailleurs français et immigrés, des hommes et des femmes, en refusant les divisions « ethniques » cultivées par l’extrême droite. Cette dernière cherche à nous diviser pour aider le grand capital à araser les conquêtes sociales obtenues au prix du sang à l’époque du Front populaire, des ministres communistes et cégétistes de 1945 issus de la Résistance et de la grande grève ouvrière de Mai-juin 1968 !
Si cette plateforme nationale de revendication et d’action était soumise aux travailleurs et aux syndiqués, cela remobiliserait des centaines de milliers de militants et le congrès CGT qui vient cesserait d’être verrouillé par une direction qui nous a menés de crises en défaites depuis vingt ans, et qui, si les choses continuent ainsi, mettrait en péril l’existence même de la CGT ! Alors camarades, rencontrons-nous, et que la convergence visible des syndicalistes rouges donne au monde du travail l’exemple du tous ensemble en même temps indispensable pour aller à la victoire !
Premiers signataires
- Marc ARANDA, ouvrier forestier, syndiqué CGT au Syndicat Multiprofessionnel rennais (35) ;
- Gabriel CASADESUS, syndicaliste CGT dans le Gers (32) ;
- Michel COHEN, syndicaliste CGT en Seine-Saint-Denis (93) ;
- Gilliatt DE STAËRCK, CGT-STTRAT d’Ille-et-Vilaine (35) ;
- Pauline DETUNCQ, syndiquée CGT à l’USD 75 Santé-Social.
- Aurélien DJAMENT, syndicaliste au SNTRS-CGT de Seine-Saint-Denis (93) ;
- Yannick DUTERTE, ingénieur territorial, syndicaliste CGT Est Ensemble (93), Fédération des services publics ;
- Diane GILLIARD, UL CGT retraités de Caussade (82) ;
- Lucien MASCART, syndicaliste retraité CGT cheminots ;
- Anna PERSICHINI, syndicaliste de la CGT Métallurgie, Alpes-Maritimes (06) ;
- Lenaïc PIERSON, syndiqué CGT multipro de l’UD d’Ille-et-Vilaine (35) ;
- Jean-Claude VILLAME, ingénieur physicien – électronicien (semi-conducteurs), ancien secrétaire CGT – IBM de Corbeil-Essonnes (91) ; retraité CGT – Métallurgie à Albertville (73) puis Brest (29)
- Nasser, syndicaliste CGT à l’UL de Tourcoing (59) ;
- Roméo, militant à la CGT Educ’Action de Paris (75) ;
- Thomas, CGT Finances ;
- Tristan, CGT Finances publiques ;