La sanction est tombée vendredi 3 avril 2020 : il n’y aura pas d’épreuves finales de baccalauréat national (ni du diplôme national du brevet, DNB).
L’annonce de Jean-Michel Blanquer à la suite des déclarations de son patron de Premier ministre la veille au soir, devenait de plus en plus inévitable au regard de la désastreuse situation sanitaire dans laquelle se trouve la France depuis que le coronavirus s’est répandu dans le pays. Seules compteront les notes de contrôle continu qui, dans le cas présent, peuvent apparaître comme la solution adéquate. Mais faisons attention au bénéfice que pourrait en tirer le ministre de l’(In)Éducation de moins en moins « nationale », qui a déjà saccagé cet examen national.
En effet, en instaurant les E3C (épreuves communes de contrôle continu) comptant pour 30% de la note finale du bac, Blanquer a amplifié la brèche désormais béante pour privilégier la « décentralisation » et l’« autonomie locale » des lycées. Comment ne pas voir que le « succès » potentiel d’une notation totalement en continu servirait de prétexte pour liquider définitivement le bac ? « Trop cher », « trop complexe », « trop de problèmes », « trop de fraudes », « trop généreusement accordé », etc. : certes, le baccalauréat national comporte des défauts à corriger ; mais souvent, est avancée l’idée même de liquider complètement cet examen. Une idée portée notamment par… le MEDEF, qui affirma un tel projet dans ses « 60 idées pour Emmanuel Macron » proposées au Tartuffe de la République l’été suivant son élection. Et pour cause : selon l’auteur de cette « idée », le très néolibéral Nicolas Bouzou, sont attendues des économies « entre 50 et 100 millions d’euros pour les frais d’organisation et 1,5 milliard d’euros liés à la suppression des cours des lycées pendant les épreuves ». Et de préconiser à la place… le contrôle continu : « À la limite, si notre Éducation nationale ne peut pas s’empêcher d’organiser un examen national, faisons en sorte que le bac soit réalisé sous la forme d’un contrôle continu et que l’on recrée le certificat d’études en fin de CM2 ».
Le grand saut dans la sélection, déjà actée par « l’école de la confiance » de Blanquer à travers les établissements publics locaux d’enseignement international (EPLEI), financés par l’UE et des « dons et legs » et recrutant à partir du… CP. Suffisant pour bénéficier d’une main d’œuvre servile qui sera « libre d’obéir » aux oukases d’un patronat prompt à appliquer le « projet éducatif » de l’UE défini par la stratégie de Lisbonne de 2000. Ces circonstances exceptionnelles pourraient donner des idées à un Blanquer toujours prompt à « réformer » les « spécificités » françaises, à commencer par la destruction du bac dont l’une des sources d’inspiration majeures de la contre-« réforme » Blanquer est… Pierre Mathiot, auteur du rapport remis au ministre en 2018 et directeur de l’IEP de Lille ; on notera au passage comment Sciences Po est fâché avec les « concours » et « examens d’entrée » eux aussi condamnés à la disparition pour être remplacés par le recrutement « sur dossier » … Ajoutons à cela que le « baccalauréat européen » est sanctifié par « l’école de la confiance », et l’on voit bien que toutes les raisons pour éliminer le bac national sont réunies.
Macron/Philippe/Blanquer, le MEDEF et l’UE : ils détruisent le baccalauréat national ; stoppons-les avant qu’il soit trop tard !
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