Nous partageons la traduction d’un article du Morning star, journal anglais de gauche. Une traduction réalisées par deux camarades des JRCF. Sans être en accord total avec tout ce qui est dit, le texte est bien argumenté et doit permettre le débat sur ces questions.
En tant que féministes marxistes, nous cherchons à démanteler le capitalisme afin de libérer les femmes. De nombreuses vagues de mouvements féministes actuels ont trouvé leur vision politique dans un environnement universitaire, et ne voient donc pas que la plupart des femmes sont des travailleuses, et donc au cœur de la lutte des classes.
Fondamentalement, leur analyse manque de lier les oppressions sexistes à l’existence du capitalisme. Ces « étudiants activistes » de classe moyenne cherchent à réformer le capitalisme pour améliorer -faiblement- leurs conditions plutôt que d’en détruire la cause, soit le capitalisme lui-même.
Ces personnes occupent souvent des positions plutôt confortables dans le capitalisme – il n’est d’ailleurs pas rare de les voir franchir la ligne entre activiste étudiant et commentateur bourgeois « radical » .
Cependant, l’égalité homme-femme de surface sous le capitalisme continue d’oppresser et d’exploiter la classe ouvrière. Si les femmes obtiennent de nouveaux droits, les stéréotypes de genre persistent, on attend d’elles qu’elles soient femmes au foyer, et qu’elles se laissent subir les violences sexistes.
Ces derniers temps, ce féminisme bourgeois/néo libéral s’intéresse à la pornographie et à la prostitution comme un moyen pour les femmes de se libérer, or la sexualisation des femmes, non seulement place les hommes en position de supériorité, mais divise la classe des travailleurs, en nous éloignant de la lutte des classes.
Les féministes marxistes se doivent d’accepter la sexualisation de nos corps comme une émancipation. Mais il est crucial que les voix des féministes marxistes soient entendues dans l’ère du féminisme néo-libéral qui cherche à réduire au silence les dissidents tout en ayant une obsession sur nos corps, qu’on doit accepter et aimer.
Ces féministes libérales s’intéressent beaucoup au corps féminin, cependant, cette approche ne fait que de mineurs changements au rapport de domination/pouvoir. Le champ de bataille ne devrait pas se diriger sur notre corps, mais dans nos usines, nos bureaux, nos maisons, et nos syndicats.
Nous réduire à nos corps ne nous émancipe pas. Même si ce mouvement féministe est mené par des femmes, il continue de se baser sur notre apparence, notre corps et notre sexualité. Nous avons besoin d’être prises au sérieux comme socialistes et militantes.
Leur argument est que la prostitution doit avoir le même statut légal que n’importe quel travail, car tout travail sous le capitalisme est exploitation.
Pourtant, la prostitution n’est pas un travail comme les autres. Les féministes libérales/ bourgeoises clament que l’acte sexuel est une marchandise, pensant que cet argument est légitime. Mais peut-on affirmer que l’acte sexuel est une marchandise ? Non. L’acte sexuel est une action où une marchandise est effectivement consommée, la marchandise étant le corps de la femme. La prostitution, le plus vieux métier du monde, serait inévitable, et existera toujours.
Cela autorise les hommes à user sexuellement d’une femme et de son corps, et mène donc à la l’objectification sexuelle des femmes. Comment toutes les femmes peuvent elles croire à la pensée libérale perpétrée par un grand nombre de féministe qui décrit la prostitution et la pornographie comme une émancipation ?
Cette pensée traduit le mythe que les femmes auraient le choix et le pouvoir sur leur corps dans une industrie dirigée par une majorité écrasante d’hommes.
Ce choix se fait souvent par la force, comme dans les nombreux exemples de trafic qui soutiennent cette industrie.
Devrions nous adhérer à l’appel à la légalisation de la prostitution pour une minorité de femmes qui se sentent libérées et émancipées en s’appropriant cette industrie ? Cette perspective ne fait pas écho aux nombreuses horreurs que subissent les femmes dans ce commerce tous les jours. Les appels a la décriminalisation sont dommageables et légitiment l’abus des femmes.
Celles qui cherchent à légaliser cette industrie ignorent comment le travail du sexe est structuré par l’exploitation capitaliste, oppressant les pauvres et les femmes. Le seul groupe qui tirera profit de cela, c’est celui des proxénètes.
Nous, socialistes, devrions aider et soutenir les femmes à sortir du trafic sexuel et punir ceux responsables de la demande. Pendant que nous voulons bannir toute prostitution, nous devons lutter également pour copier et implanter le modèle nordique à nos sociétés.
Le modèle nordique a cette compétence : il dépénalise les prostitué.es, prévoit une aide sociale et médicale pour encourager la sortie de cette industrie, et fait des « clients » des hors-la-loi. Ainsi, on attaque le problème à sa racine en réduisant la demande.
Aussi, la pornographie a été spécifiquement façonnée par et pour les fantasmes masculins, ignorant complètement les femmes, ne les considérant pas comme des êtres humains. [Encore récemment, le journaliste Robin d’Angelo a infiltré le milieu du porno amateur chez Jacquie et Michel, où les actrices et leurs choix ne se font pas respecter, NDLR]
Le Porno est bien trop souvent violent et extrême, et le langage utilisé dans les titres de ce genre de films est humiliant et dégradant. Une recherche rapide sur Pornhub montrera des titres comme : « brutalisée », « défoncée », « détruite », « punie » etc.
La douleur et l’inconfort des femmes est clairement quelque chose d’attirant plutôt qu’une malheureuse dérive du porno. Les femmes ne sont ni plus ni moins que des objets sexuels.
Les féministes libérales croient qu’on peut utiliser la pornographie pour notre émancipation, c’est ainsi qu’on voit une montée du soi-disant « porno féministe », apparemment plus inclusif et représentatif de toutes les femmes dans la société, produit par et pour les femmes.
Sauf que le porno féministe, ça n’existe pas : la marchandisation de l’acte sexuel est fondamentalement capitaliste et immoral, et ce, indépendamment de la diversité du casting, et des conditions de travail.
Aussi longtemps que les hommes pourront avoir accès à des femmes ayant un acte sexuel filmé par un simple clic, nous ne pouvons espérer voir une égalité des droits entre les hommes et les femmes dans la société générale.
Voir n’importe quel être humain comme un moyen de production ou une marchandise est fondamentalement anti-communiste et ignore entièrement la lutte contre l’exploitation des femmes, qui est centrale dans la pensée communiste.
.Les parties génitales d’une femme ne sont pas un moyen de production que l’on peut saisir, et penser autrement tout en se proclamant féministe est déroutant, déconcertant. Nous devons lutter et repousser cette ré-imagination du féminisme si nous voulons unir les travailleurs et travailleuses contre le capitalisme et pour une émancipation totale. Marx disait : nous avons un monde à gagner, alors pourquoi perdons nous du temps à essayer de conquérir les parties les plus sordides du monde qu’on veut laisser ?
L’enseignante-chercheuse Mary Davis soutient que « La lutte pour un salaire égal pour un travail égal, pour une garde d’enfants prise en charge, pour la socialisation d’autres aspects de travail domestique et d’autres questions importante pour les femmes, notamment l’égalité complète des droits, mène en définitive au socialisme ». Et elle a raison de dire que c’est « autour de ces questions que les femmes sont plus possiblement mobilisées et unies ».
Les femmes doivent s’organiser ensemble pour des questions qui nous affectent exclusivement et disproportionnellement. Nous sexualiser et objectifier est un comportement qui existe pour discréditer et réduire notre impact dans la lutte des classes.
Nous devrions passer plus de temps à nous organiser collectivement et faire en sorte que toutes les femmes aient accès à des services de qualités. Nous pourrons faire des changements efficaces dans la société quand l’ensemble des travailleuses se rassembleront et s’uniront. La campagne couronnée de succès du « Repeal the Eight » en Irlande [campagne récente ayant mené à la légalisation de l’avortement en Irlande, NDLR] Nous ne devons pas perdre de vue la lutte des classes. Comme Clara Zetkin a dit « La femme prolétaire se bat main dans la main avec l’homme de sa classe contre la société capitaliste. »
Nous devons nous battre contre les politiques identitaires et leur rejet des classes, cherchant à nous diviser. Nous devons continuer de nous organiser ensemble, de nous battre ensemble, en tant que classe et pour notre classe.
Pour les Bolcheviks, instaurer une égalité complète entre les genres devant la loi, incluant le droit au divorce, à l’avortement, et au mariage hors église était une des premières priorités.
S’organiser en tant que féministes marxistes, nous devons le faire collectivement en gardant en tête les besoins de toutes les travailleuses, contrairement aux féministes libérales qui donnent la priorité aux envies et validations individuelles plutôt qu’au collectif.
Le féminisme libéral se centre autour de l’individu, c’est donc un féminisme anti-communiste. Nous devons rester entièrement engagées à démanteler le capitalisme de sorte à libérer complètement les femmes. Des millions de travailleurs et travailleuses prolétaires n’ont pas donné leur vie à notre lutte pour du porno pour hipster.
AS Marxist feminists, we seek to dismantle capitalism in order to liberate women. Large swathes of today’s feminist movement have found their political vision in a university environment and so are