À partir du 5 décembre 2019 a été engagée l’une des plus longues mobilisations sociales de notre histoire contemporaine. Si elle est parvenue à susciter un rapport de force contraignant le pouvoir politique à moduler pour partie son projet initial, il n’en reste pas moins que satisfaction n’a pas été obtenue sur l’essentiel par les travailleurs en lutte et leurs syndicats. Il a fallu attendre le contexte exceptionnel créé par la « crise sanitaire » de 2020 pour que le pouvoir suspende sa contre-réforme. En somme, depuis un quart de siècle, la difficulté, voire l’impossibilité de contraindre un gouvernement à abandonner la substance de ses projets est devenue une règle quasi immuable.
Pour autant, de nombreux enseignements peuvent être tirés de ce conflit, à inscrire dans la perspective d’une contestation quasi-ininterrompue, dans l’espace public, de l’ordre libéral depuis 2016.
Une longue chaîne de critique sociale s’est formée, à laquelle devraient d’ailleurs s’ajouter de nouveaux maillons en lien avec les conséquences socio-économiques induites par la pandémie de Covid-19. Qu’il s’agisse de la panoplie de pratiques mises en œuvre, de l’équilibre entre syndicalisme de
« transformation sociale » et syndicalisme contre-réformiste, ou encore de la relation entre champ social et champ politique, les caractéristiques du mouvement contre le projet de loi sur le « système universel de retraite » et les circonstances du moment invitent à débattre des voies les plus fructueuses pour construire une dynamique favorable à l’émancipation du plus grand nombre.
Système universel de retraite stéphane sirot