Après la déroute de « Marine » lors de son débat face à Macron, le FN essaie de se relouquer à défaut de modifier son ADN de parti fascisant, xénophobe, anticommuniste et anti-laïque. La tâche n’est pas facile car en réalité, si la candidate FN a piqué du nez à l’approche d’échéances décisives, c’est moins parce qu’elle n’était pas « prête » que parce que la grande bourgeoisie frontiste ne supportait même pas les postures (car il n’y a jamais eu rien de plus : le PRCF a toujours souligné que la « sortie concertée de l’euro » n’était qu’une fumisterie) indépendantistes et « sociales » du parti lepéniste rhabillé par Philippot. En réalité, ce parti prétendument interclassiste est un parti bourgeois, antisyndical, férocement anti-« Rouges » et hyper-patronal et, comme toute l’oligarchie hexagonale est engagée à corps perdu dans la « construction européenne », le FN s’est retrouvé à nu au second tour de la présidentielle : comment continuer à prétendre faire du « protectionnisme intelligent », rétablir la retraite à 60 ans, augmenter les salaires si l’on est obligé d’admettre qu’on ne pourra rien faire de tel vu qu’on a renoncé à sortir de l’euro ? La crise couvant dans le parti (on l’a vu avec le départ après coup de Philippot, la démission de Marion Le Pen et le retour peu discret des ex-« mégrétistes »), « Marine » a dû compenser le vide sidéral de ses propositions, non seulement sociales, mais nationales, en agressant Macron qui n’a eu aucun mal à riposter à des attaques dénuées de toutes perspectives alternatives.
Le changement de nom du FN devenu « rassemblement national » a du moins le mérite de confirmer le retour affiché aux thèmes identitaires les plus glaireux, puisque désormais, la pointe des attaques est dirigée contre les travailleurs immigrés et contre nos compatriotes musulmans, et que le FN va désormais tenter de vendre à ses électeurs non pas une variante faisandée et illusoire du Frexit, mais une prétendue « U.N.E. », l’Union des Nations d’Europe, qui est au patriotisme ce que l’Europe sociale chère à la fausse gauche est au socialisme : une contrefaçon grossière.
Cela ne signifie pas hélas que le FN, qui a obtenu 11 millions de voix à la présidentielle, est dénué d’avenir. Ses stratèges clament même, en patriotes bidon qu’ils sont, que la stratégie « nationale » du « RN » s’inscrit dans la mondialisation du schéma « mondialistes » contre « nationaux ». Et en effet, nous n’avons cessé de noter que, à l’échelle mondiale comme à l’échelle européenne ou nationale, la grande bourgeoisie s’efforce de bloquer l’alternative populaire et anticapitaliste en mettant en place deux blocs qui feignent de s’opposer mais qui sont admirablement complémentaires. Et en effet, les « nationaux » du style AFD (Allemagne), Lega Nord (Italie), Parti populaire (Espagne), FN/RN (France), Orban (Hongrie), etc. font très bon ménage avec la « construction européenne » qu’ils ne contestent pas sur le fond, mais qu’ils verrouillent sur sa droite en dérivant la colère des masses contre les « migrants », les syndicalistes, les communistes, les « étrangers », les « musulmans », etc.
Raison de plus pour qu’émerge en France – et pourquoi pas ailleurs (comme c’est par ex. le cas dans les pays de l’ALBA), des forces progressistes clairement opposées aux traités néolibéraux et supranationaux, indépendantistes en ce sens, mais également antifascistes, progressistes, internationalistes, luttant contre l’impérialisme et pour la coopération entre tous les peuples dans la direction du socialisme. Des forces franchement insoumises, au centre desquels émergeraient des partis communistes porteurs d’une politique de gauche patriotique et anticapitaliste, combattant les deux mâchoires du broyeur capitaliste, aussi bien les pseudo-patriotes fascistes ou fascisants que les faux internationalistes à genoux devant l’oligarchie euro-atlantiste.