Depuis le 24 janvier 2020 et l’apparition des trois premiers cas de COVID-19 en France métropolitaine, il s’est écoulé 79 jours. Où en est-on de l’épidémie de COVID-19, quel est le premier bilan en France et dans le monde à cette mi-avril. On essaye de faire le point en chiffres, et ce alors que le régime Macron ne semble toujours pas décidé à accélérer la mise en œuvre des mesures indispensables selon l’Organisation Mondiale de la Santé pour stopper l’épidémie : tester, isoler et soigner. Condamnant pour le moment l’ensemble de la population à un confinement de longue durée.
France : 14 393 morts et l’épidémie n’est malheureusement pas terminée
Au 12 avril 2020, le ministère de la Santé déclarait 14 393 décès dont 9253 recensés dans les hôpitaux. 6493 personnes âgées hébergées en établissements sociaux et médico-sociaux sont décédées, 37 188 ont contracté le covid-19.
Alors qu’un total de 68 925 malades du COVID 18 ont été hospitalisés, 31 826 sont actuellement hospitalisés, soit 1688 de plus pour les dernières 24h. Il y a eu 220 hospitalisations supplémentaires en réanimation, pour un total de 6845, en léger recul.
Compte tenu de la létalité de la maladie, de nombreux décès sont donc encore à craindre.
La France un des pays les plus touchés :
À l’échelle mondiale, la pandémie poursuit sa progression. Le nombre de décès est catastrophique en Italie et en Espagne, et il croit également de façon catastrophique en Grande-Bretagne. Si l’Union Européenne est la région du monde qui reste la plus frappée, la progression de l’épidémie aux États-Unis est telle, qu’il semble que ce soit désormais le pays du monde où l’épidémie frappe le plus fort.
Il est possible d’évaluer le stade de l’épidémie par comparaison de l’évolution quotidienne du nombre de morts décomptée à partir du moment où le nombre de morts dépasse le nombre de 10. Cela permet de « superposer les courbes », et ce alors que l’épidémie n’a pas démarré simultanément dans tous les pays.
Il apparait que la dynamique de progression de l’épidémie semble s’infléchir en France, en Italie, en Espagne, sans doute le résultat des mesures de confinement intervenues à la mi-mars après un temps criminel de retard. L’épidémie est terminée en Chine, y compris dans le Hubei, et elle est maîtrisée au Japon et en Corée. Le Vietnam socialiste, voisin de la Chine, ne figure pas sur ce graphique, bien que l’épidémie y soit maîtrisée également, puisqu’il n’y a pas eu de mort dans ce pays.
Si on effectue un zoom sur l’Europe, il semble que l’Espagne suive une dynamique épidémique semblable à celle de l’Italie, avec un retard de 9 jours. La France semble suivre une dynamique similaire, avec un retard de 12 jours, Le Royaume Uni suit avec un retard de 15 jours.
L’Allemagne avec un retard de 18 jours a clairement un niveau de mortalité bien plus faible que la France, l’Italie, l’Espagne ou le Royaume Unis. Il faut rappeler que les mesures de confinement y ont été prises en même temps que pour la France ou l’Espagne, c’est-à-dire à un stade plus précoce de l’épidémie. Nous y reviendrons.
Mais il ne s’agit là que de chiffres bruts, qu’il faut rapporter à la population de chaque pays pour pouvoir évaluer la virulence de l’épidémie et comparer la mortalité.
C’est ce que nous faisons sur le graphique suivant
Il permet d’observer que l’Espagne est encore plus frappée que l’Italie. La mortalité due à l’épidémie est 6 fois plus importante en France qu’en Allemagne.
En Chine, dans la province du Hubei, la seule en définitive à avoir été touchée, les autres provinces étant en réalité exemptes en raison des courageuses et précoces mesures de confinement, la mortalité est similaire à celle observée actuellement aux USA, de près du double de celle observée en Allemagne. Un chiffre qui tort définitivement le coup à ceux qui voudraient accuser la Chine d’avoir dissimulée la mortalité de la maladie. L’Allemagne qui dépiste massivement, comme l’a fait la Chine, et qui a pris tôt des mesures de confinement arrivent aux mêmes taux de mortalité. Ces chiffres sont connues depuis près de deux mois, et c’est à ce moment là que les dirigeants capitalistes de l’Union Européenne et des USA ont décidé en connaissance de cause et en dépit des morts par dizaines de milliers qui en découleraient de refuser le confinement au profit d’une stratégie moins coûteuse selon eux, « d’immunité de groupe ».
Si on regarde de façon plus précise les chiffres dans le monde, il est également possible d’estimer les pays en passe de maîtriser l’épidémie et ceux où elle est encore en croissance. Le facteur de croissance d’une épidémie peut être estimé par une raison géométrique généralement notée R0. C’est le facteur par lequel il faut multiplier chaque jour le nombre de malades pour connaitre le nombre de malades total qu’il y aura le lendemain !
nombre de malades de demain = nombre de malades d’aujourd’hui x R0
Nous l’avons estimé grossièrement à partir du nombre de morts déclarés le 10 avril et de la date du premier jour où le nombre de morts a dépassé le nombre de 10 pour un ensemble de pays.
On sait que l’épidémie est maîtrisée au Japon, le R0 y est de 1.18. Par simplification, si on considère que c’est la valeur au-delà de laquelle l’épidémie n’est plus maîtrisée, il apparaît que la France, l’Espagne, l’Allemagne, le Royaume Uni, les Pays Bas, la Belgique et les États-Unis ne sont pas sortis d’affaire. L’Italie pourrait voir le bout de la catastrophe. L’Autriche qui s’est engagée dans le déconfinement semble tirée d’affaire.
La Corée du Sud, la Chine, Le Vietnam, Cuba, ou le Venezuela dans une moindre mesure, semblent également dans une situation favorable.
En France : le pic semble être passé dans plusieurs régions
Le nombre de décès quotidiens n’augmente plus depuis le 6 avril
Et celui du nombre de malades en réanimation n’augmente plus depuis le 8 avril 2020. Cela pourrait être un premier signe de l’atteinte si ce n’est du pic de l’épidémie, du moins d’un plateau.
À l’échelle nationale, la tendance est à la baisse des consultations pour suspicion de covid-19 aux urgences
Les taux d’hospitalisation pour covid-19 après passage aux urgences sont eux stables.
Et cela se traduit par une tendance à la baisse des nouvelles hospitalisations.
La situation est cependant très contrastée selon les régions, avec des situations plutôt favorables dans le Sud-Ouest, le Sud , et l’Ouest de la France, mais des situations très préoccupantes dans le Nord et en Rhône-Alpes et même catastrophiques dans le Nord-Est, l’Est et la région parisienne.
Efficacité du confinement :
Santé Publique France, dans ces bilans épidémiologiques par région, publie des données quotidiennes qui permettent de vérifier l’efficacité certaine du confinement. C’est par exemple le cas des consultations médicales pour suspicion de Covid-19. Ci-dessous la courbe en Île de France :
On y observe que si logiquement le nombre de consultations a continué à augmenter après le 16 mars, résultats des infections jusqu’à cette date, il stagne ensuite à partir du 21 tout en se maintenant – résultat des infections au sein des ménages et sur les lieux de travail, avant de diminuer une quinzaine de jours après le début du confinement. En raison de l’absence de détection des cas par des tests, et donc de l’isolement des malades, la propagation de l’épidémie se poursuit.
La situation est identique dans le Sud-Ouest :
On observe la même dynamique sur un autre indicateur, le taux de passage aux urgences pour covid-19 en PACA
On peut également comparer l’évolution de la situation entre l’Allemagne et le Royaume Uni. L’Allemagne a de fait mis en œuvre de fait un confinement anticipé le 21 mars, contre le 23 mars au Royaume Uni, soit 8 jours en avance sur le Royaume Uni, et son nombre de morts par million d’habitants est 3 fois plus bas que celui outre-Manche. Le meilleur équipement du système de santé allemand, et les tests massifs, expliquent cependant une partie de ce bon résultat.
Cela démontre combien était et reste justifié la revendication du PRCF d’un confinement efficace, notamment par la limitation de la production aux seules activités essentielles, et de tests massifs ainsi que de l’équipement généralisé en matériel de protection (masque notamment) et la mise en œuvre des traitements disponibles au plus tôt des symptômes, comme l’a fait la Chine populaire, comme le recommande l’OMS.
Un bilan catastrophique en région parisienne et dans l’Est
Dans la région Grand Est, les chiffres de mortalité publié par l’INSEE sont le reflet d’une catastrophe de très grande ampleur. Alors que l’épidémie a passé son pic, la mortalité est de trois fois supérieure à celle observée en 2017 où avait sévi un épisode de grippe extrêmement sévère.
La situation est similaire en Île de France, et ce alors que le pic épidémique est tout juste atteint
On observe également une situation critique dans le Rhône.
Les départements de l’Ouest, du Sud et du Sud-Ouest semblent eux relativement plus épargnés.
Les bons chiffres de Marseille
L’IHU du CHU de Marseille, publie ses chiffres : des chiffres encourageants. Ils démontrent qu’il est possible de tester massivement. 73 436 tests ont été réalisés à l’IHU/ AP-HM. Dont 31 145 pour les patients de l’APHM. Ce qui fait que la population de Marseille est celle qui a été la plus dépistée du monde.
4181 cas ont été confirmés et parmi eux il faut déplorer 63 décès (1.5%).
Parmi les 2494 patients traités à l’antibiotique azithromycine et à l’hydroxychloroquine, seuls 10 sont décédés ( 0.4%) soit 3.75 fois moins. Ce qui démontre de façon empirique une certaine efficacité de ce mode de prise en charge.
Des témoignages de médecins qui sont nombreux à utiliser des antibiotiques de type macrolides seuls comme l’azitrhomycine semblent également témoigner d’une petite efficacité de ce traitement au stade précoce de la maladie. Une étude simplifiée en ce sens est publiée sur le site internet de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie par le docteur Sabine PALIARD-FRANCO
L’IHU vient d’ailleurs de publier (en anglais malheureusement), les résultats du traitement d’une cohorte d’un millier de malades, que l’on reproduit ci-dessous.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
Attention aux taux de mortalité, qui signifient souvent des choses différentes : plus on teste, plus on obtient un taux de mortalité bas, puisqu’on détecte aussi des patients asymptomatiques ou peu symptomatiques. Cela explique forcément au moins une bonne partie du taux de mortalité très bas observé à Marseille. Le Prof. Raoult a raison de demander de tester massivement, et d’essayer de traiter y compris quand les symptômes ne sont pas sévères, mais il a absolument tort (et se discrédite en bonne partie – et, plus grave, discrédite aussi en partie des voies thérapeutiques potentielles) quand il nie la nécessité d’essais avec un groupe contrôle assigné aléatoirement. Pour sa deuxième étude marseillaise sur son protocole, il aurait dû procéder ainsi (la taille de l’échantillon de patients était suffisante), on commencerait à avoir beaucoup plus d’idées de l’efficacité ou non du traitement.
1° )Attention ne pas confondre taux de mortalité et létalité. Nous avons bien calculé des taux de mortalité, c’est à dire les nombres de morts par millions d’habitants. Le nombre de tests n’influe pas sur ces résultats.
Le taux de mortalité est représentatif de la propagation de l’épidémie et de sa létalité. La létalité est la proportion de malades décédant de la maladie.
2°) sur les méthodologies : lire ceci.
l’éthique et la responsabilité du médecin c’est de donner des traitements dès lors qu’ils ont un bénéfice risque favorable et que les patients sont informés. Face à une maladie mortelle, il n’est pas responsable de prescrire des placebo pour valider le « score » de performance d’un traitement quand celui ci ne présente que des risques connues.