Dans un article du 24 juillet 2019 Le Monde révèle que Jean-Michel Prêtre, Procureur de la république de Nice, a menti dans l’affaire de violence (policière) à l’encontre de Geneviève Legay afin de servir la communication du Président Macron.
Rappelons que le 23 mars (acte XIX des Gilets Jaunes) alors que des manifestants pacifiques protestent, à la limite du périmètre proscrit, contre les interdictions de manifester mises en place par le régime de Macron, le commissaire Rabah Souchi ordonne de réprimer par la violence cette manifestation pacifique.
Un article de Médiapart révélera que le capitaine de gendarmerie en charge d’un escadron de gendarmerie mobile place Garibaldi a refusé d’obéir à ces ordres manifestement illégaux et a été soutenu par sa hiérarchie. En effet, dans une « note sur la mission confiée », l’officier écrit que les ordres reçus étaient:
disproportionnés face à la menace (foule calme)». Il n’y avait donc pas de «nécessité absolue d’utiliser les armes pour charger cette foule.
À Nice, ce devoir de désobéir a été exercé par le capitaine qui commandait l’escadron malgré la pression. Il a fait preuve de courage intellectuel et d’esprit de responsabilité en ne participant pas aux opérations décidées par le commissaire. Cette décision a été fondée puisque, hélas, cet usage de la force s’est avéré disproportionné, puisque la charge a causé des blessures graves sur une manifestante qui n’était pas du tout agressive.
général Cavallier cité par Médiapart
Las, le commissaire Souchi menacera les militaires de « passage en cours martiale », puis, devant le refus des militaires de violenter des manifestants pacifiques, fera charger à coup de matraques et de boucliers 3 sections de police.
Geneviève Legay, septuagénaire et militante pacifiste d’A.T.T.A.C. tombe sous les coups de la police et doit être transportée en urgence absolue à l’hôpital. Elle est entre autres blessures, grièvement blessée à la tête, avec plusieurs fractures du crâne.
Alors que Geneviève Legay est encore hospitalisée, elle est , elle en témoignera, privée de la visite de ses proches et des policiers l’interrogent à plusieurs reprises et tentent de lui faire dire que » c’est un journaliste qui l’a poussée ».
Le 25 mars, alors que l’affaire fait à juste titre scandale, le Président de la République, E. Macron, au mépris de la séparation des pouvoirs, s’exprime avec morgue et mépris dans le quotidien Nice Matin:
» Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci […]
Cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre. Elle s’est mise en situation d’aller dans un endroit interdit, de manière explicite, et donc d’être prise dans un phénomène de panique. Je le regrette profondément, mais nous devons, partout, faire respecter l’ordre public. Je lui souhaite un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse. »
E. Macron
Le 25 mars, le procureur de Nice suit cette version et dans une communication officielle reprise par toute la presse déclare que Geneviève Legay n’a eu « aucun contact » avec le policier.
Quatre jours plus tard, il revient sur sa version suite à l’évidence des vidéos publiées par de nombreuses sources différentes (réseaux sociaux et médias). Il se justifie alors en mettant en avant de nouvelles images et témoins qui auraient permis de mieux comprendre la scène. Il faut toutefois noter que depuis, Mediapart a révélé que Jean-Michel Prêtre était présent dans le centre de supervision urbain au moment des faits. Il a donc pu voir la scène à 11h 42 via les cameras (camera 512) de surveillance ainsi que l’ordre du commissaire Souchi
Mediapart révélera aussi que Jean-Michel Prêtre décide de confier l’enquête sur les causes des blessures à la compagne du commissaire Rabah Souchi. Jean-Michel Prêtre assure alors à Médiapart qu’il est « tout à fait au courant » et qu’il ne voit pas « en quoi cela pose problème ».
Après toutes ces révélations scandaleuses, ces revirements, la Cour de cassation a décidé le 10 juillet 2019, à la demande de Maître Arié Alimi, l’avocat de Geneviève Legay,l de dépayser l’enquête à Lyon.
Le 11 avril, le procureur général de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, Robert Gelli, avait émis un avis positif, estimant que:
« le parquet de Nice s’était positionné dans les médias en faveur des forces de l’ordre. […] Les faits reprochés ne résultent pas d’un acte isolé mais s’inscrivent dans une opération de maintien de l’ordre […]à laquelle ont participé plusieurs policiers, dont certains sont en relations habituelles avec les magistrats de la juridiction ».
Robert Gelli, dans Médiapart
Saisi par la direction des services judiciaires, le procureur général de la cour d’appel d’Aix-en-Provence convoque Jean-Michel Prêtre. Le mercredi 24 juillet 2019, Le Monde révèle que le procureur de Nice a justifié son mensonge sur la charge qui a blessé Geneviève Legay lors de son audition avec ses supérieurs, par son soucis de ne pas contredire le chef de l’État et ainsi le mettre dans l’embarras avec « divergences (entre les versions) trop importantes ».
Seule, la garde des Sceaux Belloubet peut prendre des sanctions à l’égard de ce procureur courtisan. Contacté par Le Monde, le ministère de la Justice s’est refusé à tout commentaire précisant toute honte bue que:
« Jean-Michel Prêtre est « totalement indépendant », et « décide souverainement de la communication qu’il souhaite mener dans chaque affaire ».
Ministère de la Justice
Aucune poursuite disciplinaire n’a été entamée contre le procureur
Dans le même temps, les enquêtes pour violence et subornation de témoins avance à la même vitesse que toutes les autres affaires de violences policières (plusieurs centaines) commises pendant la violente répression anti-Gilets-Jaunes. À ce jour, aucun policier ni gendarme n’est inquiété par la justice. Et a fortiori aucun n’a été condamné.
Rappelons que, toujours d’après Médiapart, c’est le même procureur Prêtre qui, alors qu’il était en poste à Pointe-à-Pitre, a mené (dans le mur) les investigations suite au meurtre du syndicaliste CGT ,Jacques Bino, sur un barrage avec à la clef la aussi des accusations sans fondement à l’égard de Patrice Prixain qui pourtant a pu prouver qu’il ne se trouvait pas sur les lieux au moment des faits, puis contre Ruddy Alexis. Il faudra, là encore, que l’enquête du journaliste de Mediapart, Erich Inciyan, révèle les mensonges du procureur Prêtre.
Ruddy Alexis, après plusieurs mois de prison, sera acquitté par la la Cour d’assises de Basse-Terre. Le parquet ayant fait appel et demandé la délocalisation à Paris, il faudra attendre avril 2014, pour que la Cour d’assises de Paris confirme l’acquittement.
Selon l’avocat de Ruddy Alexis:
« Le procureur a fait de fausses déclarations. Il fallait trouver un coupable. C’est tombé sur Ruddy Alexis qui a passé près de quatre ans en prison alors qu’il était innocent »
« Plusieurs témoins ont subi des pressions, poursuit l’avocat. D’ailleurs, l’un des témoins clés, qui accuse Ruddy Alexis, a avoué pendant le procès avoir fait une fausse déclaration parce que la police lui avait promis d’enterrer certaines affaires qu’il avait avec la justice, s’il accusait Ruddy Alexis. »
” Aujourd’hui, il s’est séparé de son épouse qui s’est éloigné de lui pendant sa détention. Sa vie a été brisée par cette histoire. Le procureur n’a même pas enquêté sur la piste d’un commando patronal, soulevée au moment du meurtre. Mais il a détruit la vie d’un innocent ».
Daniel Démocrite, auprès de Mediapart
Rappelons également que ce procureur Prêtre est également celui qui poursuit personnellement de son acharnement judiciaire ceux qui portent secours aux migrants, avec notamment les scandaleux procès conduits contre Cédric Herrou, cet agriculteur qui refuse de ne pas porter secours aux migrants en danger à proximité de sa ferme des Alpes, dans la vallée de la Roya.