Le projet de loi El Khomri est une agression totale, une provocation visant à une régression sociale faisant reculer les droits des travailleurs de plusieurs décennies. Ce projet de loi est bien évidemment inacceptable et il doit être retiré. Une pétition exigeant son retrait à d’ailleurs déjà recueilli plus d’un demi millions de signatures en l’espace de quelques jours.
Pourtant, il apparaît déjà que certaines organisations se prétendant « syndicales » refusent d’exiger le retrait de cette loi de la honte. Et ce même si le gouvernement par la voix de sa ministre du travail Myriam El Khomri a déjà indiqué que le gouvernement est prêt à utiliser le coup de force contre le parlement pour faire passer ce texte, comme il l’a déjà fait pour la loi Macron en faisant usage de l’Art 49.3.
Déjà Laurent Berger, le dirigeant de la CFDT – qui est le soutien systématique de toutes les régressions sociales, de l’ANI au protocole PPCR en passant par la casse des retraites – indique qu’il n’entend pas demander le retrait du texte, saluant des points positifs à ses yeux (sic!) mais le négocier . Rien d’étonnant quant on sait que Laurent Berger s’est positionné pour la condamnation des syndicalistes de Goodyear. Illustrant à merveille que la stratégie de la CFDT c’est bien de négocier le poids des chaines des travailleurs ! Alors que la riposte du mouvement social s’organise les travailleurs doivent se méfier des stratégies syndicales perdantes que certains , faux défenseurs des travailleurs, mais réels soutiens de fait du gouvernement Valls MEDEF voudraient tenter d’impulser pour empêcher le front uni des travailleurs de faire échec à cette loi. Et des syndicalistes tirent la sonnette d’alarme. Pour refuser le syndicalisme rassemblé dont on se souvient qu’il a débouché sur les défaites de 2010 ou 2003 – la CFDT torpillant à chaque fois la mobilisation populaire pour soutenir les régressions sociales – et ce alors même que les syndicats pouvaient s’appuyer sur un mouvement social d’une force considérable, mais au contraire s’appuyer sur un syndicalisme de classe, de masse, de combat seul garant du maintien de l’unité dans la lutte, et de la victoire. En 2016, le mouvement social doit se souvenir de 2006 et de la victoire obtenue avec le retrait du CPE.
Malgré le communiqué décevant publié par l’intersyndicale, si décevant que FO a refusé de le signer, il est encourageant de constater que des syndicats au sein de la CGT relèvent la tête et refuse l’alignement sur le pire soutenu par la CFDT. A l’image pour ne donner qu’un exemple du communiqué de la Fédération CGT du Commerce et des Services proclamant lucidement « nous refusons de négocier le poids de nos chaînes »
La Fédération CGT Commerce, Services et Distribution est atterrée par le communiqué commun publié le 23 février 2016 après la réunion de dix organisations syndicales à l’‛initiative de la CGT.
Nous nous prononçons pour le retrait immédiat et sans conditions du projet de Loi dit El Khomri, car il ne s’‛agit pas de « risques » pour les salarié-e-s et les jeunes, mais de jeter les travailleurs en pâture au patronat, en abrogeant des conquêtes sociales.
Nous nous questionnons sur le passage : « Elles conviennent de travailler ensemble sur la construction de droits nouveaux, et sur les autres articles du projet, notamment, sur les licenciements économiques, le forfait jours, l’‛organisation du travail et la santé au travail, l’‛apprentissage, … »
Pour notre Fédération, il est hors de propos d’‛engager la négociation sur ce projet de Loi rétrograde alors que nos camarades sont jetés en prison, convoqués par les forces de l’‛ordre ou licenciés à cause de leur engagement aux côtés des salarié-e -s.
Dans nos secteurs d’‛activité, déjà frappés violemment par les Lois Macron et Rebsamen, et contre lesquelles la Fédération n’‛a cessé d’‛alerter et de mobiliser, nombreuses sont les luttes dans les entreprises.
Nous considérons qu’‛il est de la responsabilité de la Confédération de faire converger toutes les luttes professionnelles pour permettre la conquête de « droits nouveaux ».
Il n’est plus l’‛heure de tergiverser, il faut relever la tête et s’‛engager tous ensemble dans l’‛action.
La Fédération CGT Commerce et Services
NOUS REFUSONS LA NÉGOCIATION DE NOS CHAINES
Montreuil le 24 Février 2016 »
Par ailleurs avec ou sans les syndicats une initiative qui prend de l’ampleur est prise pour une grève générale le 9 mars, vue comme le début d’un mouvement pour le retrait de ce projet de loi de mise en esclavage du salariat. Seules les grèves et la rue auront raison d’un gouvernement qui n’a de gauche que le nom…
A la veille du 51e congrès de la CGT et alors que se prépare également le congrès de la FSU, les militants syndicaux du Front Syndical de Classe dénoncent également cette stratégie perdante du « syndicalisme rassemblé » qui ne sert dans les faits qu’à briser l’unité syndicale de combat au profit d’un « syndicalisme d’accompagnement » dont le résultat est l’accélération de la destruction des droits des travailleurs, la régression sociale tout azimut. Et ils appellent à mener la bataille pour le retrait de la loi El Khomri.
Sous la pression de la base syndicale, et alors que sur les réseaux sociaux tourne déjà largement un appel à la grève le 9 mars, la CGT vient d’annoncer dans une note interne à ses militants qu’une journée d’action aura lieu le 31 mars.
Dans le même temps, la ministre du travail Myriam El Khomri a déjà reçu Laurent Berger, le dirigeant de la CFDT, CFDT qui s’oppose déjà à toute idée d’une mobilisation autour du retrait de la loi et qui a fait savoir à propos de la manifestation du 31 mars que «C’est peut-être acté chez eux, mais pas par l’intersyndicale. FO ira sûrement, mais nous non» et qu’elle ne se rendra pas à la réunion intersyndicale du 3 mars à l’initiative de la CGT.
Le « syndicalisme rassemblé » contre l ‘unité
La loi El Khomri est une attaque globale et en profondeur contre le code du travail.
Elle s’attaque à toutes les garanties des salariés et de la jeunesse: indemnité prud’homale plafonnée, les 11 heures de repos obligatoire, salaires et temps de travail, temps d’astreinte, apprentis mineurs pouvant travailler 10 heures par jour et 40 heures par semaine, accords d’entreprise et referendum contre l’avis majoritaire, plans sociaux …
Le communiqué commun de 9 syndicats issu de la réunion de mardi ne répond pas à la gravité de la situation, à l’attente des travailleurs et à leur volonté d’agir !
- Il limite l’exigence syndicale à une demande de retrait de la barèmisation des indemnités prud’homales.
- Il édulcore la profonde cohérence pro-MEDEF de la politique économique et sociale gouvernementale.
- Il laisse la porte ouverte à des marchandages qui modifieraient à la marge une loi intrinsèquement réactionnaire sous-couvert de concessions par exemple sur le plafonnement des indemnités prud’homales, préparant ainsi la capitulation face à la détermination affichée par Valls !
Dans le fond c’est l’orientation des dirigeants de la CFDT qui a inspiré le contenu de cette déclaration : ne pas s’opposer frontalement aux contre-réformes, refuser de les caractériser comme inacceptables globalement en pointant des risques éventuels pour les travailleurs et enfin en appeler au dialogue avec le pouvoir.
Cela rappelle de sombres souvenirs où par exemple en 2010 en pleine bataille contre la réforme des retraites les dirigeants de la CFDT se sont évertués à faire capoter le mouvement sur le point de bloquer l’ensemble de l’économie.
Entraînant l’ensemble de l’intersyndicale, dirigeants de la CGT compris sur la voie de l’échec.
Affaiblissant de ce fait la confiance à l’égard des organisations et de l’action collective !
Et on ne voit pas en quoi est rassurant l’annonce que « Les organisations signataires se retrouveront le 3 mars prochain afin d’approfondir leurs analyses ».
NON !
Plus que jamais il convient que les militants et les structures de base syndicale engagés dans la bataille d’explication sur la nocivité intrinsèque de la loi El Khomri se prononcent et exigent une action puissante, massive pour le retrait de cette loi !
En faisant connaître publiquement leur détermination.
Que les dirigeants de la CFDT en soient d’accord ou non !
Parce que l’unité et l’efficacité du mouvement social ce n’est pas des accords de sommet vides de contenu, mais la recherche de l’unité des salariés, des précaires, des sans emploi et de la jeunesse sur une base de lutte sans compromissions et sans illusions sur ceux qui les ont trahi depuis bien longtemps !
Le Front Syndical de Classe
24 février 2016
Communiqué commun CFDT, CFE-CGC, CGT, FSU, UNION SYNDICALE SOLIDAIRES, UNSA, UNEF, UNL, FIDL
Le droit collectif n’est pas l’ennemi de l’emploi
Les organisations syndicales de salariés et de jeunesse signataires se sont réunies ce jour pour faire le point sur la situation sociale et économique notamment après la publication du projet de loi dit El Khomri, concernant la modification du Code du travail. Ensemble et à des degrés divers, elles constatent que ce projet, élaboré sans réelle concertation, va profondément changer la législation du travail et comporte des risques pour les salarié-e-s et les jeunes qui aspirent à accéder à un emploi.
Les organisations signataires ne sont pas satisfaites de ce projet et demandent le retrait de la barèmisation des indemnités prudhommales dues en cas de licenciement abusif et deLes organisations signataires se retrouveront le 3 mars prochain afin d’approfondir leurs anals mesures qui accroissent le pouvoir unilatéral des employeurs.
Elles conviennent de travailler ensemble sur la construction de droits nouveaux, et sur les autres articles du projet, notamment, sur les licenciements économiques, le forfait jours, l’organisation du travail et la santé au travail, l’apprentissage, …
Les organisations signataires, conscientes des enjeux et des responsabilités du mouvement syndical sont porteuses de propositions et sont disponibles pour engager le dialogue permettant le développement de l’emploi, la lutte contre la précarité et la sécurisation des droits des salarié-e-s.
Les organisations signataires se retrouveront le 3 mars prochain afin d’approfondir leurs analyses.