Par Georges Gastaud, responsable du Secteur Études et Prospective du PRCF – 21 juin 2024
Nul ne peut prédire à ce jour, ni le résultat des législatives, ni la couleur politique du futur occupant de Matignon. La seule chose qui dépende aujourd’hui de nous, c’est donc de militer sans relâche pour faire baisser le score de l’extrême droite en milieu populaire, pour combattre non moins fortement la politique antisociale de Macron… et pour rappeler qu’un « Front populaire » digne de ce nom glorieux ne peut se dissocier de la défense de la paix mondiale, des luttes pour le progrès social et de l’engagement pour l’indépendance de la France. Une independance que l’UE, c’est-à-dire Berlin, prétend désormais placer sous tutelle sous couvert d’endettement aux mortifères marchés financiers !
CRISE MAJEURE DU CONSENTEMENT POLITIQUE
« L’hégémonie est la dictature de classe matelassée de consentement »
Gramsci
Néanmoins, il est déjà possible d’affirmer ceci : le résultat du scrutin européiste atteste d’une énorme crise du consentement politique dans notre pays. Quand un électeur sur deux, et notamment une écrasante majorité de l’électorat populaire (et ce depuis des décennies), boycotte ce scrutin ou émet un vote nul, quand des millions de gens votent pour le RN en s’imaginant voter pour une alternative prétendument « patriote et républicaine », quand nombre d’habitants des banlieues votent LFI pour soutenir la Palestine face à l’ordre occidental génocidaire, et enfin quand le président en titre est soutenu par à peine 7% des inscrits, cela signifie que la crise de régime menace de se muer en crise révolutionnaire. Et/ou, hélas, et si l’avant-garde communiste tarde à se reconstruire (certains « marxistes » courant derrière LFI, d’autres derrière l’inconsistant Roussel…) en pic de fascisation selon que l’oligarchie capitaliste, ou bien les militants de la classe ouvrière, auront su prendre à temps l’initiative sociopolitique dans la période qui vient.
Et cela d’autant plus que ladite période sera également marquée, y compris si Bardella accède à Matignon, par l’accélération violente du « saut fédéral européen » dont aucun grand parti ne parle ! C’est-à-dire par ce « point de détail » que constitue, aux yeux des opportunistes de droite et de gauche du mouvement ouvrier, la prochaine mise en place d’un État fédéral européen et d’une armée européenne intégrés ! Sans oublier la tentation proprement vertigineuse du bloc euro-atlantique aiguillonné par les Macron et autre Glucksmann de précipiter la guerre mondiale antirusse et antichinoise.
GERMES D’EXPLOSION SOCIOPOLITIQUE EN FRANCE
Dans tous les cas la situation risque de vite devenir explosive en France car lorsque « ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner comme avant et que ceux d’en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant » (Lénine) – surtout dans un pays comme la France, qui est la « terre classique des luttes de classes menées jusqu’au bout » selon Marx (dans La guerre civile en France) -, alors s’ouvre une période de luttes intenses qui risquent, in fine, de ne plus avoir très longtemps de conclusion proprement électorale et institutionnelle. Rappelons du reste que le régime bonapartiste dit de la Cinquième « République » est lui-même issu du coup d’État militaire à peine camouflé de mai-juin 1958…
EXACERBATION DES ANTAGONISMES
Si Bardella accède à Matignon, qui s’imagine une seconde que le peuple et la jeunesse des banlieues acceptera la chose en toute bénignité ? Si au contraire Macron parvient à « couper l’omelette au centre » en associant « Renaissance » (si mal nommée) au gros des députés LR et aux bellicistes du PS (plus macronistes que Macron en matière de marche à la guerre…) et en criminalisant à mort, malgré leur euro-complaisance atlantique, la gauche de la gauche PCF et LFI, ce serait une autre forme de fascisation qui s’accompagnerait d’un monstrueux agenda antisocial et liberticide dicté et surveillé directement par Ursula von der Leyen. Là aussi, gros remous populaires à prévoir… et intense répression d’État à contrer en s’en donnant les moyens militants et organisés.
Si le NPF gagne nominalement l’élection, outre que son programme social ne pourra être appliqué dans le cadre de l’UE du Capital, du FMI, de l’OMC et de la Banque mondiale, d’énormes tensions sont à prévoir entre ses ailes droite et gauche. D’autant que, dans tous les cas, Macron restera maître de l’appareil d’État du fait du caractère présidentiel des institutions et que le « saut fédéral européen » agrémenté du climat de pré-guerre continentale donneraient à l’ensemble de l’oligarchie européenne l’envie et les moyens de régler définitivement son sort à ce peuple imprévisible de Sans-Culottes, de Communards et de Gilets jaunes. Tout cela relevant tout bonnement du principe de réalité et ne devant en aucun cas épouvanter d’authentiques révolutionnaires : comme disait Lénine, « qui craint le loup n’aille pas en forêt ! »
AUTONOMIE POPULAIRE OU EURO-SOUMISSION AUX APPAREILS
Dans tous les cas, de véritables communistes devront donc résolument miser sur l’autonomie du mouvement populaire, et centralement, sur celle de la classe ouvrière en rappelant que, comme le disait déjà la Première Internationale : « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». Dès lors, le suivisme à l’égard des appareils réformistes au nom de l’unité à n’importe quel prix – dont le fatal engrenage nucléaire contre la Fédération de Russie en cas de maintien de livraisons d’armes au régime pronazi de Kiev – finit toujours par coûter cher au mouvement ouvrier.
Un BESOIN EXISTENTIEL D’AVANT-GARDE
Avec l’offre stratégique du PRCF, les communistes et les travailleurs tiennent déjà et tiendront demain « tous les bouts de la chaîne » en militant à la fois pour la démocratie et les libertés (combat antifasciste et antiraciste), pour l’indépendance nationale (sortie de l’euro et de l’UE), pour la paix mondiale (sortie de l’OTAN), pour le progrès social (sortie de l’euro-austérité perpétuelle), pour le socialisme dans notre pays (sortie du capitalisme). Toutes choses qui impliquent de reconstruire AU PLUS VITE, au lieu de courir derrière LFI euro- et atlantico- reformatée, ou derrière le P »C »F totalement euro-muté, un parti communiste de combat, un grand syndicalisme ouvrier de classe et un large Front Antifasciste Pacifique Patriotique et Écologiste (FRAPPE), comme le propose le PRCF depuis des années.