Lettre ouverte du PRCF aux agriculteurs et éleveurs.
Par Léon Landini, président du POLE DE RENAISSANCE COMMUNISTE EN FRANCE – Octobre 2017
A propos des « Etats généraux de l’alimentation » :
Madame, Monsieur, cher(e) concitoyen(ne),
Si des individus comme Bernard Arnaud possèdent des fortunes dépassant les trente milliards d’euros, de l’autre côté de la chaîne, la misère frappe de plus en plus fort. Le désespoir est souvent à son comble.
Chez les agriculteurs, presque tous les jours nous apprenons qu’un des leurs, totalement désespéré a mis fin à ses jours. Comment en serait-il autrement ? Car après avoir travaillé un minimum de douze heures par jour tout au long de leur vie, les voilà qui terminent souvent leur existence chargés de dettes et sachant qu’ils ne percevront qu’une retraite dérisoire qui ne leur permettra pas de finir leurs jours dignement. Parfois, leur désespoir est tel qu’il préfèrent parfois abréger leur vie que de voir vendre aux enchères la maison dans laquelle, depuis des générations, leur famille a toujours vécu et durement trimé.
Toutefois, ils pensaient, sans le souhaiter, que leurs enfants reprendraient cette ferme qui leur venait de leurs arrière-grands-parents ; mais les enfants, en voyant la vie que mènent leurs parents, refusent de subir ce même calvaire : jamais de jours de repos, et souvent les jeunes, même lorsqu’ils réussissent à prendre quelques heures de détente le dimanche après-midi, ou en soirée d’autres jours de la semaine, il leur faut rentrer pour aider les parents à soigner les bêtes, il faut traire les vaches, refaire la litière etc. et… remplir toujours plus de paperasse exigées par les eurocrates. Plutôt que de vivre cette vie, des jeunes filles préfèrent partir à la ville, plutôt faire femme de ménage que d’épouser un agriculteur, car elles savent trop bien ce que cela veut dire que travailler et vivre à la ferme…
Et voici que le sieur Macron, amuse la galerie en annonçant que désormais les prix agricoles seront fixés à partir du prix de revient de la marchandise à son origine. C’est prendre les Français pour des imbéciles. Car dans les conditions actuelles résultant de la « construction européenne », fixer les prix de vente à partir du prix de revient créerait obligatoirement une augmentation importante du prix des produits français comparativement aux produits venant de l’étranger et souvent fabriqués dans des conditions sociales et environnementales scandaleuses.
Les médias ont beau répéter à longueur d’antenne que les Français accepteront de payer un peu plus cher la marchandise si elle provient des agriculteurs français, cette annonce est malhonnête : car il y a en France près de 10 millions de personnes que vivent sous le seuil de pauvreté et qui diront toujours, « tant pis pour la qualité, avec mes moyens financiers je suis contraint d’acheter le moins cher » : et les productions françaises resteront sur les étagères.
On ne doit pas oublier qu’avec « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence libre et non faussée » qui est le cœur des Traités européens, nous recevrons de certains pays étrangers, y compris prochainement du Canada (CETA) ou des USA (TAFTA), des produits de qualité très inférieure à celle qui est produite en France ; mais avec la misère qui existe et que Macron est encore en train d’aggraver (augmentation de la CSG, baisse des indemnités chômage, suppression de milliers d’emplois publics et des emplois aidés, baisse des APL, etc.), pour nourrir leurs enfants, la grande masse des travailleurs sera contrainte de consommer la marchandise la moins chère, bonne ou pas bonne, française ou pas française.
Pour se débarrasser de ce carcan il faut nous battre pour sortir de cette prison des peuples qu’est l’Union Européenne. Sans cela, impossible de retrouver notre indépendance et de remettre en place des frontières ne permettant pas à n’importe qui d’importer en France des produits que, il y a quelques années encore, nous réservions… à nos animaux de compagnie !
En tant qu’ancien Résistant communiste, quelque temps éleveur dans la Creuse, je rappelle que des centaines de mes camarades sont morts sous la torture sans lâcher un seul nom à leurs tortionnaires, convaincus qu’ils allaient mourir en nous laissant une « France Forte, Libre, Indépendante, Démocratique et souveraine ». C’est à ce programme, celui que les fondateurs du Conseil National de la Résistance avait intitulé Les Jours heureux, que tourne le dos la « construction » européenne et le maudit euro aligné sur le Deutsche-Mark. Pour reconstruire notre pays, avec une puissante agriculture permettant de nourrir la France et de faire vivre dignement ses paysan et ses salariés, il faut sortir de l’UE par la voie progressiste, nationaliser la grande distribution, les banques et le CAC-40, associer les paysans, les salariés, les consommateurs à la gestion démocratique des grands moyens de production et d’échange.
Léon Landini, président du PRCF, ancien officier des Francs-Tireurs et Partisans de la Main d’œuvre Immigrée (FTP-MOI), Médaille de la Résistance, Officier de la Légion d’honneur, Grand Mutilé de Guerre.