A force de mobilisation à la base et sur le terrain, les syndicalistes sont en train de bousculer l’inertie des directions syndicales confédérales. Tandis que les travailleurs, en gilets jaunes ou non ont massivement investis les rues, les ronds points pour dire leur colère, pour revendiquer des hausses de salaires, des services publics, la souveraineté populaire, l’initiative syndicale au niveau national était au point mort. Aucune surprise de voir la CFDT qui a appelé à voter Macron à voler au secours du régime. En revanche, les hésitations dans les prises de positions du sommet de la CGT et le silence à la FSU n’ont pas été sans augmenter la méfiance avec les gilets jaunes.
Pourtant, sur le terrain, dans les syndicats, la convergence des travailleurs s’est faites rapidement. A Marseille, la CGT 13, la FSU et SUD, avec un large rassemblement d’associations et de partis politiques ont déjà impulsé une manifestation dès le samedi 15 décembre une large manifestation unitaire à Marseille. Un nouvel appel à manifester à été lancé pour le samedi 26 janvier. Entre temps, la CGT 13 avec un tract siglé de son logo et d’un gilet jaune a organisé avec les gilets jaunes une manifestation commune réunissant un millier de participant à Martigues le 12 janvier dernier.
Dans le Tarn, la FSU et la CGT ont lancé également un appel pour une grève générale dès la fin du mois de janvier
Dans l’Allier, dès le 1er janvier la CGT, la FSU,FO et solidaires ont déposé un préavis de grève
Les exemples se multiplient comme nous on peut l’illustrer ci dessous, la convergence apparaissant souhaité tant par les syndicalistes que par les gilets jaunes qui demandent que le syndicats construisent la grève générale.
Au niveau national, la confédération CGT appelle dans un communiqué ce 15 janvier » toutes les organisations syndicales d’appeler, dans les jours qui viennent, à monter d’un cran le niveau de l’action y compris par la grève ». Cependant à ce jour aucune date n’est encore fixée, et dans la fonction public un communiqué commun de l’ensemble des centrales syndicales n’appellent pas à la grève. Pour autant des appels pour une grève générale à partir de début février circulent sur les réseaux sociaux, preuvent que les travailleurs ont compris quelle devait être la méthode et le moyens pour faire gagner les travailleurs. Chaque syndicaliste, chaque gilet jaune, chaque travailleur peut d’ore et déjà se mobiliser pour dans les assemblées générales et à la base appeler à construire cette grève générale. Car si la grève générale ne se décrète pas, elle se construit !
La FSU du Tarn appelle à la construction d’une grève générale et à avec la CGT construit la convergence avec les gilets jaunes
Motion FSU 81
D’un côté, le mouvement des GJ, mouvement populaire de grande ampleur soutenu par une grande partie des Français, a franchi le cap des fêtes de fin d’année et repart de plus belle, mettant en avant beaucoup de revendications dont les organisations syndicales n’auraient pas à rougir : hausse importante immédiate du SMIC, des salaires, des pensions et des minimas sociaux, fiscalité plus juste : rétablissement de l’ISF, suppression de la TVA sur les produits de 1ère nécessité et réduction pour les autres produits, renforcer la place de l’impôt sur les revenus (plus de tranches, plus progressif), accès à la santé et aux soins pour tous, développement des services publics (hôpitaux, crèches, écoles, transport, emploi…)…
Dans le même temps, alors que le mouvement des GJ fait aussi entendre l’idée de citoyenneté active fondée sur la compétence du peuple, nous assistons à une convergence de fait dans certains départements avec les organisations syndicales, CGT et FSU en tête, et l’idée monte progressivement de la nécessité de prolonger le blocage initial des ronds-points par le blocage de l’économie.
De l’autre côté, Macron et son gouvernement, représentants de l’oligarchie financière et soutenus par les instances internationales du capitalisme, UE en tête, utilisent à la fois répression de grande intensité et désinformation de masse avec la complicité de nombreux médias. Ils utilisent aussi la diversion autour d’un « grand débat » tout en annonçant que celui-ci ne changera rien aux mesures d’ores et déjà mises en place ou annoncées et en particulier la réforme des retraites, la poursuite de la casse du lycée et du Bac ou la remise en cause des statuts de la FP. Dans la foulée, le « questionnaire » joint à la lettre pour orienter le « débat » vise clairement à mettre en accusation les services publics et à promouvoir un « pacte girondin » accroissant les disparités sociales et territoriales.
De la crise historique qui se déroule sous nos yeux ne sortiront pas deux vainqueurs : soit Macron parviendra à la franchir pour mieux appliquer son programme de casse sociale, ouvrant la porte à l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir, soit le mouvement populaire le contraindra à se soumettre ou se démettre, ouvrant alors des perspectives de progrès social, de justice et de fraternité.
Dans ce contexte, la FSU 81 prend l’initiative avec la CGT du département de s’adresser aux gilets jaunes pour construire des convergences et, pourquoi pas, des manifestations en commun comme cela se fait déjà dans le Cher, en Haute-Garonne ou dans les Bouches du Rhône.
Mais la responsabilité des organisations syndicales est engagée spécifiquement dans leur champ d’intervention propre : les entreprises privées et les services publics.
Dans ce cadre l’heure est maintenant venue de mettre en débat la construction d‘une grève générale faisant le lien entre toutes les revendications (corporatistes type « stylos rouges » et générales de justice sociale et fiscale) et permettant de franchir un cap dans le rapport des forces par la convergence des luttes.
Aussi la FSU 81 s’adresse-t-elle à la FSU nationale afin qu’elle prenne toute sa place d’organisation syndicale de lutte et de transformation sociale en portant à l’interpro la nécessité d’une grève générale à la fin du mois de janvier.
La CGT et SUD 59 appelle à la convergence des luttes
La CGT la FSU et les gilets jaunes ensemble dans le 13
NOUS EXIGEONS LE DROIT
DE TRAVAILLER ET DE VIVRE DIGNEMENT :
- La suppression des taxes, et de la TVA
- Le rétablissement de l’ISF
- Hausse de tous les salaires, des retraites et des minimas sociaux
- L’accès à la santé et aux soins pour tous
- Une fiscalité équitable pour la population mais aussi pour les PME ET PMI
- Le développement des services Publics (Hôpitaux, crèches, écoles, ..)
- La consultation régulière des citoyens
Tous ensemble, c’est possible !
Alors venez nous rejoindre
LE SAMEDI 05 JANVIER 2019 à 13h30 A MARTIGUES
AU ROND-POINT DU CHAT NOIR SOUS LE VIADUC
Dans les Pyrénées Atlantiques
APPEL A MANIFESTER
SAMEDI 19 JANVIER, 14h placeSte Ursule
TOUS ENSEMBLE !
Pour le SMIC à 1 800 €, lerétablissement de l’ISF, une juste répartition des richesses… Parce que nous avons desrevendications communes, l’ union locale CGT de Bayonne appelle à un rassemblement sam edi 19 janvier à 14h place Ste Ursule. Le cortège rejoindra le rassemblement « gilets jaunes » pour favoriser la convergence des luttes.Parce qu’il est temps d’unir nos forces, contre cette politique des « ultras riches » qui continuent à s’ engraisser sur le dos des citoyens, des travailleurs ! La CGT reste persuadée que
les progrès sociaux se gagneront par la grève générale et la convergence des luttesNous revendiquons :- La diminution de la TVA surles produits de 1ère nécessité
- Le rétablissement de l’ISF
- Le SMIC à 1800€ brut
- Hausse de tous les salaires,des retraites et des minima sociaux
- L’accès à la santé et auxsoins pour tous
- Une fiscalité équitable pourla population mais aussi pour les TPE, les PME-PMI
- Le développement des servicespublics (hôpitaux, crèches, écoles, transport, énergie…) Bayonne, le 14 janvier 2019
L’appel des gilets jaunes aux syndicats pour lancer la grève générale
A #toulouse les #GiletsJaunes appellent la #cgt et les syndicats à impulser rapidement la #GreveGenerale pic.twitter.com/M4T5BEBwmO
— PRCF (@PRCF_) 11 janvier 2019
A Tour où la mobilisation est forte, les gilets jaunes réunis en assemblée générale lancent un appel
Appel adopté par « l’assemblée générale des Gilets Jaunes du 37 »
L’Assemblée générale des Gilets Jaunes du 37 du 11/01/2019 appellent les organisations syndicales du département :
- à se joindre aux actions des Gilets jaunes,
- à organiser une grève générale dans les entreprises privées et les services publics,
- afin de bloquer l’économie et de faire céder Macron et son gouvernement sur ces revendications sociales et démocratiques.
Le 6 janvier c’est les gilets jaunes de Montpellier qui avait décidé d’interpeller les syndicats et ils ont rencontrés la CGT et FO le 10 janvier.
Il ne s’agit pas d’initiative isolé mais bien d’un mouvement important, en témoigne par exemple cet appel
Appel aux syndicats adopté par l’assemblée régionale à Lille
Communiqué de la part des Gilets Jaunes Hauts de France à l’intention des organisations syndicales
Voilà sept semaines que la mobilisation des « Gilets Jaunes » ne connaît pas de répit. Nous sommes au quotidien sur les ronds – points, sur les autoroutes, dans la rue chaque samedi face à une répression des plus violente ! D’aucun pensait qu’avec les fêtes, notre mouvement prendrait fin, mais nous sommes encore là, bien décidés à ne rien lâcher !
Ce mouvement est inédit, intersectoriel, de portée internationale, indépendant de toute structure politique traditionnelle. Mais de la politique, nous en faisons tous les jours. Nous avons enfin compris que nous n’avions besoin de personne pour penser à notre place. Et certainement pas de professionnels de la politique qui prennent des décisions en notre nom mais qui pourtant ne connaissent rien de notre quotidien.
Nous luttons contre l’exploitation que la grande majorité du peuple subit au profit d’une minorité de riches, de plus en plus riches. Alors que les dividendes versés aux actionnaires n’ont jamais été aussi importants, la France d’en bas se crève pour des salaires de misère !
Pour bloquer l’économie et avoir enfin une vie juste, nous avons besoin d’une grève générale. Nous demandons aujourd’hui aux organisations syndicales de se positionner clairement du côté des exploité.e.s, de soutenir notre lutte et d’y prendre part en appelant à une grève générale reconductible dès janvier 2019 afin de permettre à tous les salarié.e.s d’exercer leur droit de grève et de pouvoir se joindre à la lutte.
La NVO rend compte de la convergence des luttes menée sur le terrain par les syndicalistes CGT
Depuis le 17 novembre, des militants CGT se rendent à la rencontre des gilets jaunes. Là où le courant passe, ces rapprochements ont fait émerger de nombreuses convergences revendicatives.
NVO -2 janvier 2019 Par Cyrielle Blaire
Quand les gilets jaunes lancent leur premier appel à manifester le 17 novembre, la CGT refuse de prendre part aux cortèges où le Rassemblement national (RN) a décidé de défiler. Pas question de manifester aux côtés de l’extrême droite. « Au début, on était très méfiants », reconnaît Fabrice David, secrétaire de l’union départementale CGT de Loire-Atlantique. Comme ce militant, beaucoup à la CGT voient d’un œil circonspect ce mouvement anti-taxe né sur les réseaux sociaux auxquels de nombreux petits patrons s’associent.
Des gens qu’on n’avait jamais vus
Dans les permanences syndicales, on voit alors débarquer des travailleurs inconnus au bataillon. « Les gens mobilisés chez les gilets jaunes sont des salariés de petites entreprises où l’on est peu présents, des publics précarisés que l’on n’avait jamais vus, relève Pierre Marsein, secrétaire de l’union départementale CGT de Haute-Loire. Sur le département, les salaires sont inférieurs de 20% à la moyenne nationale, on a beaucoup de temps partiel subi, de femmes seules. Les gens se font exploiter, il y a une exaspération totale et une grande colère ».
A Orléans, l’union départementale CGT est contactée après avoir vu passer sur les réseaux sociaux un tract CGT. « Ce sont des jeunes qui ne connaissaient rien aux syndicats, aux bourses du travail. On a eu une discussion passionnante, débattu de l’utilité de l’impôt, s’enthousiasme Aurelio Ramiro, secrétaire de l’UD. Ce qui a fait déborder le vase, c’est qu’ils habitent à 30-40 km de l’agglo orléanaise. La hausse du carburant impactait directement ce qui leur restait à vivre. »
Il y a des secteurs où des fachos se regroupent entre eux. Là, la discussion n’est pas possible, mais dans d’autres ça se passe très bien
François Bonnin, trésorier de l’union locale CGT de Châtellerault.
Partout, des syndicalistes se rendent à la rencontre de ces gilets jaunes qui se sont regroupés pour exprimer leur colère. L’accueil qui leur est réservé diverge selon la composition sociologique de ceux sur les points de blocage.
A Elbeuf dans l’Eure, le syndicat CGT a dû montrer patte blanche pour amorcer un échange avec les « jaunes ». « Ce sont des salariés perdus, qui morflent. Au début ils ne voulaient pas de nos couleurs. On s’est expliqués, on a distribué des tracts. Ils ont vu qu’ils s’étaient trompés d’adversaire» ,raconte Christian Morin le secrétaire de l’union départementale CGT normande.
Défiance ou simple méconnaissance ? Certains gilets jaunes se hérissent à la vue des syndicats. « A la Roche-sur-Yon, on a emmené nos tracts mais on s’est fait jeter. Il y a un rejet du politique et du syndicalisme », déplore Olivier Jacques, en charge de la vie syndicale à l’union départementale CGT de Vendée. Beaucoup de structures déplorent la mauvaise image qu’a pu donner la mobilisation des routiers ; la CGT et FO avaient appelé à la grève le 9 décembre pour le pouvoir d’achat avant de négocier avec le gouvernement. « On nous a traité de vendus » , regrette Nathalie Charron, secrétaire administrative de l’union départementale CGT d’Eure-et-Loire.
Au début, il y avait des vus caricaturales de part et d’autre. Des camarades voyaient les gilets jaunes comme des « populos », un peu fachos. En échangeant, ils se sont rendus compte que c’était le commun des citoyens
Damien Girard, secrétaire de l’union locale CGT de Saint-Nazaire
Après un mauvais démarrage, la situation s’est rapidement débloquée dans les Pyrénées-Atlantiques. « Des camarades sont allées sur les barrages des péages pour nouer des liens. Ils n’ont pas été très bien accueillis. Puis des gilets jaunes sont venus nous voir. On a vite vu qu’ils n’étaient pas hostiles. Ils n’étaient pas très éloignés de nous et avaient une vraie réflexion sur la fiscalité », relate Jean-Claude Zapparty, secrétaire de l’union départementale CGT des Pyrénées-Atlantiques.
Le rapprochement entre syndicalistes et gilets jaunes a fait émerger des débats de fond.
« Nous avons eu des discussions sur la nécessité d’augmenter les salaires sans rogner sur les cotisations sociales, sur le fait qu’il faut que ce soit les patrons qui paient et pas l’État », détaille le secrétaire de l’union départementale CGT de Haute-Loire. Des échanges semblables ont émergé à Châtellerault, renouant avec la tradition syndicale de l’éducation populaire. « On leur a expliqué pourquoi on revendiquait du salaire brut alors qu’eux parlent en net, qui est ce qu’ils voient sur leur fiche de paie, commente François Bonnin, secrétaire de l’union locale CGT viennoise. Sur les cotisations sociales – qu’ils appellent « charges » -, on a fait un travail pédagogique pour montrer que ça servait à financer la santé, les hôpitaux. Ils nous ont entendus ».
80 à 90% de revendications communes
Sur le terrain, des revendications ont été listées de part et d’autre, faisant apparaître de nombreuses convergences. « On est en train de regarder leur cahier de doléance. On est d’accord à 80%, même s’il y a encore des trucs qui nous choquent, par exemple sur la revendication d’un revenu pour les femmes aux foyers », signale Jérôme Delmas, secrétaire de l’union départementale CGT du Lot.
Aux dires des syndicats, les cahiers de doléances auraient beaucoup évolué depuis le début du mouvement. « On a dépassé la taxe sur le carburant. On voit qu’on a des revendications communes sur le pouvoir d’achat, les retraites, le chômage, la fiscalité… », énumère Sylvain Moreno, secrétaire CGT du groupe Lafarge, qui a appelé à rejoindre les gilets jaunes.
Les revendications ont évolué, elles rejoignent beaucoup ce que l’on porte. Les contacts avec la CGT y sont sans doute pour quelque chose
Jean-Claude Zapparty, secrétaire de l’union départementale CGT des Pyrénées-Atlantiques
Localement, les syndicats se sont appuyés sur ces convergences pour lancer des actions aux côtés des gilets jaunes. « Ils réclament le retour des commerces de proximité. On leur a proposé de bloquer le Auchan, où les salaires sont très bas et qui touche beaucoup de CICE sans créer d’emploi. Ça leur a tout de suite parlé », témoigne Matthieu Viellepeau, secrétaire de l’union locale CGT de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne).
A Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard, chasubles jaunes et rouges se sont rassemblés le 1er décembre devant la gare pour réclamer d’une même voix la réouverture de la ligne SNCF de train voyageurs Pont-Saint-Esprit-Avignon-Nîmes. « Les gens sont obligés de prendre la voiture pour aller jusqu’à Avignon. Les gilets jaunes se sont réappropriés cette revendication portée par la CGT », se réjouit Patrick Lescure, secrétaire de l’union locale CGT de Bagnols.
Gilets jaunes, gilets rouges : souvent le même combat !
Ce mouvement hétéroclite de salariés précarisés, de chômeurs, de retraités et de petits patrons tous éprouvés par des fins de mois difficiles, beaucoup de syndiqués l’ont rejoint spontanément, n’hésitant pas à enfiler une chasuble fluo pour aller bloquer barrages et ronds-points. « Les gens n’en peuvent plus. Ils ont des vies de merde, ils sont usés. Et en plus on les prend pour des gueux, des gens qui ne réfléchissent pas. Là on a l’occasion de montrer que la CGT n’est pas la caricature véhiculée par les médias. Il faut y aller », estime Christophe Chrétien, secrétaire du syndicat CGT Sanofi Tour, très impliqué dans le mouvement.
La couleur n’a pas d’importance. Le but c’est la convergence des luttes, c’est ce pour quoi on se bat
Matthieu Viellepeau, secrétaire de l’UL de Fontenay-sous-Bois.