Fresnes, le 26 juillet 2022 – Voilà, qu’encore une fois, le droit de grève des travailleurs sans-papiers des trois piquets des travailleurs sans-papiers (CHRONOPOST, DPD et RSI) est remis en cause, ce dernier, étant cette fois-ci, spécifiquement ciblé (nous avons bien sûr en mémoire l’interdiction en début d’année du piquet permanent des grévistes de DPD par la mairie du Coudray-Montceaux). L’innovation, ici, est que cette attaque ne vient ni des directions des sociétés susnommées ni de l’État et de son administration (ces corbeaux et ces vautours ne sont jamais bien loin, rassurons-nous) mais de la SCI LES MULBERRY, accusant le piquet des travailleurs de RSI d’avoir fait fuir certaines de ses entreprises locataires et ainsi causer une perte de revenu foncier.
Nous avons donc, la SCI LES MULLBERRY, qui devant la surexploitation des travailleurs sans-papiers dans des conditions abjectes par l’intermédiaire de RSI, ne trouve rien de mieux à faire que de s’écrier « il n’y a que moi seul de malheureux ! Mes gages ! mes gages ! mes gages ! » et de traîner en justice, pour réclamer des loyers perdus, ces travailleurs-là quand ceux-ci entrent en conflit légitime avec leurs employeurs et exigent la reconnaissance de leur statut de travailleur et leur régularisation. Mais devons-nous vraiment nous étonner de ce comportement de la part de cette SCI LES MULBERRY, société de rentiers, vivant des loyers provenant d’entreprises qui elles-mêmes dévalisent leurs travailleurs (avec ou sans-papiers) ; négoce louable s’il en est, convenons-en.
Nous nous doutons bien, par contre, que les rentiers de la SCI LES MULBERRY ne se soucient guère de savoir si l’argent des loyers qu’ils perçoivent est fait sur le dos ravagé de travailleurs sans-papiers dans de sordides conditions.
L’hypocrisie et l’indécence ne s’arrêtent pas là. En effet, nous ne pouvons que constater avec quelle vitesse et quel empressement la justice est prête à abattre son glaive quand il s’agit de préserver la sacro-sainte propriété privée, droit parmi les droits, celui qui prive les travailleurs de leurs moyens de subsistance. Elle apparaît, cependant, bien timide et peu sûre d’elle, la main tremblante quand il s’agit de mettre l’État, complice, devant ses responsabilités, c’est à dire, de régulariser les travailleurs sans-papiers des trois piquets et leurs soutiens, ainsi que de punir fermement les patrons exploiteurs !
Preuve, une fois de plus si cela était encore nécessaire, que dans nos sociétés capitalistes, la justice, loin d’être aveugle sous son bandeau translucide, est une justice de classe, celle de la bourgeoisie, classe dominante hégémonique et exploiteuse. Bourgeoisie, qui, se cachant derrière des institutions soi-disant neutres et prétendant agir pour l’intérêt général et universel de citoyens libres et égaux, ne fait qu’asseoir et instituer ses propres intérêts de classe.
Dans un contexte où la plupart des grands media, aux ordres, sont dans les mains de quelques oligarques millionnaires et de groupes privés monopolistes, où aucun parti siégeant à l’Assemblée ne porte une ligne de classe assumée et émancipatrice, celle des travailleurs et des ouvriers, où les représentants politiques utilisent à des fins opportunistes la question des travailleurs sans-papiers ou bien les stigmatisent, se faisant ainsi complices de la fascisation actuelle, où la répression judiciaire et policière des mouvements populaires et syndicaux est devenue monnaie courante, dans ce contexte-là le soutien aux luttes qui durent depuis déjà bientôt 9 mois est d’autant plus essentiel pour tout communiste, syndicaliste de combat ou progressiste sincère.
À travers cette nouvelle attaque à l’encontre du piquet des travailleurs sans-papiers de RSI à Gennevilliers, à travers cette remise en cause de cette arme qu’est le piquet de grève, c’est le syndicalisme de classe et de combat qui est visé. C’est la possibilité même pour les travailleurs de s’organiser sur leur lieu de travail, de défendre leurs intérêts, faire valoir leurs droits et en acquérir de nouveaux qui est remise en cause.
Le PRCF, en tant qu’organisation communiste, est bien conscient de ce qu’incarne ces luttes-là et que, seul, sur la base de l’organisation des travailleurs pour et par eux-mêmes, en tant que classe, sur le plan politique et par dessus tout sur leur lieu de travail, pourra voir le jour, la société future, sans classe et sans exploitation, pour laquelle seulement le libre développement de chacun sera la condition du libre développement de tous et qui pourra écrire sur ses drapeaux « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».
Pour toutes ces raisons, le PRCF apporte son soutien total et résolu à Christian du CTSPV94 et aux quatre délégués du piquet convoqués au tribunal des référés de Nanterre !
La lutte continue, jusqu’à la victoire, camarades !