On entend beaucoup que le mouvement des gilets jaunes c’est le retour d’une lutte des classes qui aurait donc disparue. Disparue la lutte des classe ? pas du tout explique sur le site internet des JRCF Thibault jeune militant communiste
Un contresens que l’on entend fréquemment à propos du marxisme est que les marxistes seraient favorables à la lutte des classes. Rien n’est plus faux. Les marxistes luttent pour la fin de la division des sociétés en classes, pour qu’il n’existe plus de capital contre le travail, mais une humanité réconciliée avec elle-même.
Voilà qui est dit et le rappel n’est pas sans importance. En effet, à l’heure où il faut être idiot pour ignorer le grand retour de la lutte des classes jusqu’au coeur du discours dominant, on peut entendre tout et n’importe quoi sur celle-ci. Ainsi pourra-t-on dire innocemment que “les gilets jaunes ont relancé la lutte des classes”. A cette vérité partielle qui peut vite devenir mensonge au service du capital – les gilets jaunes seraient fautifs puisqu’ils seraient les agresseurs dans cette lutte – nous devons opposer une formulation rigoureuse.
Proposons donc la suivante : le mouvement des gilets jaunes est une réactualisation de la lutte des classes assez manifeste pour que le grand capital ne puisse plus nier l’existence de celle-ci, au moins pour un temps et pour la fraction la plus éclairée du capital (son avant-garde).
Est-ce à dire que sans les gilets jaunes la lutte des classes aurait pu disparaître de France, que le grand apaisement, la fin de l’histoire selon le libéralisme était possible au titre d’une contingence historique ? Le projet ultime du capitalisme – une société de classes sans lutte des classes – était-il réalisable en France sans la mauvaise gestion de crise d’Emmanuel Macron ?
Evitons de tomber dans ces considérations en rappelant la chose suivante: il y a lutte des classes tant qu’il y a division de la société en classes, la contradiction existe tant que ses termes opposés n’ont pas été dépassés. La différence entre l’avant et l’après gilets jaunes est l’intensité de cette lutte des classes, non son existence.
Le mouvement des gilets jaunes est un phénomène de lutte des classes et pas de n’importe quel type : une riposte massive venue du camp du travail et qui pour la première fois depuis longtemps effraie véritablement le capital. Et si l’auto-organisation des masses n’atteint pas le point d’efficacité qui mène à la révolution, elle permet néanmoins la libération de forces créatives insoupçonnées : graphisme, musique, actions d’agitation et de propagande… Les gilets jaunes montrent avec brio le potentiel de résistance et d’inventivité d’un peuple Français désorganisé mais uni dans la défense de ses intérêts de classe. Si l’on est sur des positions de défense et non de conquête, on le doit en grande partie à l’absence de parti de masse, car seul un programme pérenne discuté par la démocratie prolétarienne ouvre l’horizon d’une conquête, seul un programme préexistant permet de réfléchir en amont (avant l’explosion de révolte du mouvement social spontané) à un projet positif de transformation de la société. Qu’à cela ne tienne, les gilets jaunes proposent (certes timidement, mais il faut les encourager dans cette direction et montrer ce qu’il y a de plus à faire) le RIC comme mesure phare. On n’a pas de programme à proprement parler, mais tant qu’on a la masse les idées bouillonnent, au grand dam des technocrates qui prétendent s’octroyer la gestion exclusive du monde.
Mais si les gilets jaunes viennent montrer qu’il y a encore un fond révolutionnaire en France que le capital ne soupçonnait pas il y a encore quelques mois, cela veut dire que ce fond révolutionnaire existait déjà auparavant. La France qui connaît son histoire sait qu’elle est une histoire de lutte et ne s’étonne pas de voir les “irréductibles gaulois” raviver l’espoir révolutionnaire. La lutte des classes existait en France depuis bien avant les gilets jaunes, on n’a pu l’occulter que pour la raison suivante : elle existait de manière larvée, invisibilisée. Tant qu’elle restait l’apanage de la gauche, la lutte des classes était le combat d’une partie de la société contre l’ensemble. Aujourd’hui le réel fait son retour et montre que la lutte des classes c’est avant tout la société toute entière, celle des travailleurs, contre la minorité d’oligarques qui commandent.
Il y a eu lutte des classes, il y aura lutte des classes. A plus forte raison depuis que la lutte se vit au grand jour, tous les samedis. Notre tâche intellectuelle devient ici de préparer l’avenir en retraçant l’histoire du processus qui nous a mené jusqu’ici. Notre tâche est de comprendre collectivement les conditions qui ont permis le triomphe du grand capital ces quarante dernières années. A cette condition nous pourrons le chasser à jamais de notre pays et bientôt de la Terre entière. Pour cela il nous faut la méthode du marxisme et les conditions léninistes du débat – le centralisme démocratique. Prolétaires de France qui lisez cet article : unissez-vous !
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