Communiqué du secrétariat national du Pôle de Renaissance Communiste en France, 13.10.2024
Après la Nouvelle-Calédonie, la Guyane, la Guadeloupe et Mayotte, c’est désormais la Martinique qui flambe. Non par la faute des manifestants populaires exaspérés par la vie chère et par les insupportables retards systémiques accumulés dans cet Outremer comme en beaucoup d’autres ; mais par la faute de l’État bourgeois français protecteur des « Békés », ces descendants des colons esclavagistes, mais aussi des monopoles capitalistes hexagonaux de la grande distribution. Des monopoles privés qui imposent des prix alimentaires prohibitifs à une population rongée par le chômage, la pauvreté, les inégalités sociales, le sous-investissement de l’État et la précarité.
Dans le même temps, l’oligarchie capitaliste détruit aussi, autrement et à plus petit bruit (pour le moment !), la France métropolitaine tant notre pays est strangulé et asphyxié par quarante années de politiques antinationales et antisociales liées à la « construction » européenne et à tous les fléaux qui l’accompagnent : casse générale des industries (dernière nouvelle: fin du Doliprane produit en France!) ; désossage de la protection sociale, des retraites et des services publics ; asphyxie des petits et moyens éleveurs, marins-pêcheurs et agriculteurs (merci Lactalis, merci la « PAC »!) ; poussée – encouragée par l’Élysée au nom du « Pacte girondin » – des euro-séparatismes métropolitains périphériques (Corse, Bretagne, Alsace…), voire arrachage accéléré du français au profit du tout-globish promu par Macron et par la Commission européenne.
La réaction du pouvoir aux légitimes revendications ultramarines est du reste pitoyable. Après avoir disparu une semaine, le préfet de Martinique vient d’édicter un arrêté d’interdiction de toute manifestation sur l’ensemble de l’île ainsi qu’un couvre-feu. Ainsi va la « démocratie » dans un Outremer d’autant plus explosif que, depuis vingt ans, il ne cesse d’appeler au secours un État central dont la principale réponse est la répression ! Cela n’empêche pas l’insurrection populaire de progresser puisque le pouvoir n’apporte aucune réponse : l’aéroport de Fort-de-France a été envahi par les manifestants pour empêcher des CRS d’atterrir, des gendarmeries ont été incendiées et les choses vont désormais si loin que les médias bourgeois qui donnent des leçons de démocratie au monde entier ne peuvent plus pratiquer l’omerta.
L’émancipation de la Martinique et, plus largement, des Antilles et d’autres Outremers signifiera-t-elle nécessairement pour elles sortir de la République française et acquérir leur indépendance formelle ? Nous, communistes, sommes partisans du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et s’il advenait qu’un jour, proche ou lointain selon ce qu’ils décideraient, les Antillais décident d’opter pour l’autonomie, voire pour l’indépendance, les Français républicains auraient le devoir d’accepter ce choix et de tisser avec les nouveaux États des rapports fraternels et égalitaires. Mais pour l’heure, ce que réclament nombre d’Antillais, c’est ce minimum démocratique qui consisterait à être enfin traités comme les Français de métropole (salaires, prix, services publics) dont, du reste, bon nombre sont originaires d’Outremer. Et la Macronie ne peut pas s’en tirer à bon compte en promettant l’ « autonomie » aux Antilles… et en espérant ainsi laisser les travailleurs antillais croupir dans la misère sans le rattrapage économique, salarial et social auquel ils auraient droit dans une République française sociale, une, démocratique et indivisible enfin digne de ce nom. Une République redevenue souveraine, affranchie de la dictature euro-atlantique et en marche vers le socialisme considérerait du reste comme un devoir d’honneur, juré sur les mânes de Maximilien Robespierre et de Toussaint Louverture, ces premiers abolitionnistes de l’histoire moderne, d’impulser ce rattrapage républicain à marche forcée.
Et pour commencer, il conviendrait de nationaliser les monopoles capitalistes qui oppriment les Outremers, de les gérer démocratiquement avec le concours de leurs salariés, des agriculteurs et des consommateurs locaux, de reconstruire de manière planifiée l’économie productive de ces territoires, de leur permettre d’échanger librement avec Cuba socialiste, leur voisine, de régler enfin les problèmes structurels récurrents (par exemple l’adduction d’eau), sans oublier de permettre aux Antillais de cultiver leurs riches traditions créoles sans avoir à renier cette langue française qu’ont illustrée Fanon ou Césaire et dont les Antillais ne sont pas moins copropriétaires que ne le sont les habitants de l’Hexagone et les autres francophones non français d’Afrique, d’Europe et d’Amérique.
Dans l’immédiat, soutenons la lutte de nos compatriotes et frères de classe martiniquais. Et mettons-nous à l’école des travailleurs ultramarins qui montrent ce que nous devrions faire ici même, sans nous laisser endormir par les états-majors syndicaux euro-chloroformés, pour balayer l’oligarchie qui détruit nos libertés, s’assoit sur les votes populaires, laisse les grands actionnaires délocaliser ce qui reste d’industrie. Et qui s’apprête à dévaster à nouveau, budget de casse et de classe à l’appui, le pouvoir d’achat populaire, les retraites, la Sécu et les services publics, hôpital et Éducation nationale en tête, au nom d’une « construction » euro-atlantique qui nous mène tout droit vers un « conflit global de haute intensité » mortifère pour toute l’humanité.
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