Alors que EDF vient d’annoncer un vaste plan de suppression d’emploi (on parle de 4000 emplois soit 7% des effectifs), alors que le gouvernement – en application des directives européennes – a fait voter avec la loi de transition énergétique des dispositions permettant la privatisation des barrages hydroélectriques concédés, c’est l’ensemble des travailleurs de l’énergie qui seront en grève ce 21 janvier 2016 à l’appel de leurs syndicats.
Depuis des années, les vagues de libéralisations et de privatisations successives en application des directives européennes attaquent durement le service public de l’énergie. Ce service public issu des nationalisations à la libération conduites en application du programme du Conseil National de la Résistance par le ministre communiste Marcel Paul. Le pôle public de l’énergie EDF-GDF a alors permis une production sûre et peu couteuse d’énergie, l’accès à tous à un service public performant et une amélioration des conditions de travail des travailleurs de l’ensemble du secteur, sans compter les apports considérables en termes de développement des techniques innovantes mises au service de tous. Alors que les enjeux en matière de transition énergétique démontrent un besoin plus fort que jamais d’un renforcement du secteur de l’énergie au service de la Nation, les choix du gouvernement résultats directs des directives européennes l’affaiblissent, le morcellent et le détruisent. Dans le seul but de libéraliser ce secteur, marché très juteux, pour remplir les poches de la classe capitaliste.
L’ouverture à la concurrence imposée par l’UE : augmentation des tarifs, explosions des dividendes versés aux actionnaires
Rappelons que rien qu’en prenant le cas de GDF Suez, la privatisation c’est des bénéfices gigantesques pour les seuls actionnaires privés, des augmentations de tarifs pour les usagers. En 2014, comme en 2013, en 2012, etc., chaque abonné au gaz a versé 304 € aux actionnaires de GDF-Suez. C’est un véritable impôt inversé, qui prend aux travailleurs, aux retraités, pour donner aux riches. (lire l’enquête de nos confrères de Farkir).
Par ailleurs, au delà des tarifs et de la sécurité de la Nation, tant en termes de sécurité des installations que de sécurité de production et de distribution imposent de disposer d’un secteur de l’énergie sous le contrôle démocratique des travailleurs et échappant aux dangereux appétits de l’oligarchie capitaliste. La catastrophe de la rupture du barrage de Samarco au Brésil aussi bien que la catastrophe de Fukushima, les black outs à répétition en Californie devraient rappeler à chacun les enjeux en cause lorsque l’on parle de barrages ou de centrales nucléaires ou de résaux électriques.
Tous ensemble, pour un pôle 100% public de l’Energie, briser les chaines de l’Union Européenne
Quand les électriciens et gaziers défendent nos services publics, quand ils défendent leurs conquètes sociales, ils défendent chaque travailleurs. C’est pourquoi ils devraient recevoir le plus large soutien. Et ce d’autant plus que leur combat participe de la même lutte que celle d’autres travailleurs, de l’éducation ou de la fonction publique qui seront en grève le 26 janvier. Que celle des travailleurs d’Alstom / GE, ou des Goodyear défendant leurs emplois et le produire en France et de tant d’autres résistants de la lutte des classes contre l’exploitation capitaliste.
Plus que jamais, c’est tous ensemble et d’une même voix qu’il faut porter la revendication d’une renationalisation du secteur de l’énergie, seule apte à permettre à la Nation de faire face au défi de la transition énergétique, capable de participer de la réindustrialisation du pays pour réduire le chômage en produisant en France. C’est l’un des points du programme candidat du PRCF.
Cette nationalisation est aujourd’hui interdite par l’Union Européenne véritable arme d’exploitation massive des capitalistes contre les travailleurs. Union Européenne à laquelle les travailleurs ont dit NON et qui sert à imposer sous la menace de l’euro et sous le joug des traités les décisions des patrons, des banquiers et de leurs multinationales. Entre les travailleurs et les profits de l’oligarchie capitaliste il faut donc faire un choix, celui de sortir de l’UE par la porte du progrès social. Oui, tous ensemble, pour le secteur de l’Énergie, et pour tous les autres, faisons le choix d’en sortir pour s’en sortir, pour ouvrir la perspective d’une réelle alternative démocratique, populaire et de progrès. Exigeons un référendum pour sortir de l’UE et de l’euro !
JBC pour www.initiative-communiste.fr
L’énergie en grève le 21 janvier 2016
Les salariés contribuant à la production, au transport, à la distribution et au commerce des 152 entreprises de l’électricité et du gaz sont appelés, par la FNME CGT et en intersyndicale dans certaines entreprises ou sites, à cesser le travail et à se rassembler pour dénoncer les mauvais choix industriels et économiques mis en œuvre de façon zélée par le gouvernement sous le regard de l’Europe.
Ce 21 janvier, par l’occupation des sites et les rassemblements locaux ou régionaux organisés par les salariés en grève, de nombreuses perturbations sont à prévoir pour les usagers.
Par l’intervention concertée des salariés de la production des barrages hydrauliques, et de celle des salariés de la production thermique à flamme sur leur outil de travail, le réseau électrique risque d’être « tendu » dans cette période où le froid s’installe sur la France.
La transformation sur le secteur industriel de l’énergie en « marché de l’énergie » n’est pas sans conséquence sur l’avenir des entreprises qui n’ont de cesse de se réorganiser à des fins de profitabilités pour les actionnaires.
A chaque fois les salariés font les frais de ces mauvais choix !
Suppressions d’emplois (SNET, EDF, ENGIE,…), remise en cause des organisations de travail et délocalisations d’activités (ERDF, GRDF,…), remise en cause du temps de travail, privatisations (hydraulique), fermetures de sites (THF,…)…
A l’occasion de la Commission Partiaire de la Branche des IEG (instance patronat / syndicats) ou du CCE d’EDF SA, la FNME CGT appelle les salariés de l’énergie à faire du 21 janvier un grand temps fort d’actions et de rassemblements locaux ou régionaux avec intervention sur l’outil de travail pour exiger de sortir des logiques financières et enfin favoriser l’investissement, l’emploi et les salaires.
EDF SA: Quel avenir industriel ?
Adresse de la FNME CGT aux salariés d’EDF
Depuis quelques mois, EDF est confrontée à des enjeux financiers d’une gravité lourde qui auront des impacts forts sur son avenir industriel et sur les garanties sociales.
C’est pour mettre au jour cette situation que les élus CGT au CCE d’EDF SA ont impulsé la démarche de droit d’alerte économique, validé unanimement par l’ensemble des représentants du personnel.
Ce droit d’alerte porte sur des points fondamentaux de l’avenir financier d’EDF et par conséquent de son avenir industriel.
Le modèle industriel d’EDF est basé sur une architecture lui permettant de répondre aux besoins énergétiques de la nation, même si celui-ci est incessamment attaqué depuis la mise en œuvre des lois de dérèglementation.
Aujourd’hui, la FNME CGT s’interroge sur la pertinence des choix décidés dans un contexte de dégradation financière de l’entreprise. Il est légitime de s’interroger sur les conséquences de certaines décisions gouvernementales, structurelles ou d’entreprise.
EDF est contrainte à faire face à un casse tête financier pour assurer les investissements nécessaires pour ses installations de production d’électricité, en phase avec l’évolution des besoins, des techniques, des normes sur les installations nucléaires, du respect des normes environnementales ainsi que l’amélioration et le renouvellement des outils de production.
Le cumul d’un grand nombre de données –Perte de clients suite à l’ouverture à la concurrence, prix de marché inférieur à celui de l’Arenh (tarif d’accès au nucléaire historique – loi NOME), mise en concurrence des concessions hydrauliques et injonction de Bruxelles, menace de fermeture de Fessenheim, reprise de l’activité réacteur d’AREVA avec potentiellement les dettes de l’EPR finlandais (OL3), menaces de fermeture de la production de pointe THF, difficultés sur le chantier EPR de Flamanville, amende de Bruxelles, financement de Hinckley point C (EPR en Angleterre), nécessité d’investissements lourds dans le projet grand carénage- font peser de lourdes incertitudes sur les capacités d’EDF à assumer la gestion des infrastructures actuelles tout en assurant les capacités d’investissements sur le long terme, notamment celui du renouvellement du parc nucléaire actuel.
Pour la FNME CGT, les choix politiques effectués par le gouvernement dans le cadre de la loi transition énergétique ou dans l’imposition d’une reprise d’une partie d’AREVA par EDF sont un des éléments de catalyse du démembrement annoncé du groupe EDF.
Si l’on cumule le choix du maintien de certains investissements actuels comme Hinckley point C, alors l’avenir industriel du groupe EDF en France pourrait devenir rapidement compliqué.
La course à la vente des actifs internationaux du groupe EDF ainsi que les rumeurs qui circulent de plus en plus fréquemment sur la vente d’actifs historiques en France démontrent que les besoins financiers sont prégnants.
Or, sur le fond, c’est la réponse aux besoins énergétiques de la nation qu’il faut résoudre.
Pour cela EDF doit être solide financièrement, sans que les contraintes externes (gouvernement et commission européenne) ne viennent alourdir l’addition d’une dérèglementation qui pèse sur le résultat des groupes historiques de l’énergie en France. Il faut aussi repenser les choix d’investissements lourds hors territoire national qui n’ont aucun lien direct avec sa mission de service public en France.
La FNME CGT n’acceptera pas que l’outil industriel et les salariés soient sacrifiés sur l’autel du démembrement du groupe EDF.
La fermeture anticipée des moyens de production, notamment thermique de pointe, est une ineptie que la population et la nation payeront à terme, d’autant plus si l’on veut injecter sur le réseau toujours plus d’énergies renouvelables. Que RTE accompagne cette stratégie par un revirement d’analyse sur les besoins de production en l’espace de deux ans, arguant que les interconnexions sauveraient la France, est une duperie.
Répondre aux besoins financiers par l’austérité salariale et la suppression en masse des effectifs génère une baisse d’efficacité industrielle, la démotivation des salariés et la perte de compétences.
La FNME CGT revendique un autre avenir pour EDF, fleuron industriel de la nation.
Pour la FNME CGT, l’avenir énergétique de la France ne peut se résoudre dans une spirale financière qui l’entraînera inexorablement vers son démantèlement.
Dans ce contexte, la revendication de la FNME CGT de pôle public de l’énergie et d’agence européenne de l’énergie est encore, plus qu’hier, à prendre en compte pour assurer une véritable politique énergétique à la France.
Nous avons besoin d’une véritable politique énergétique sur le long terme, dégagée des jeux politiciens et financiers, afin de répondre aux besoins sociaux et de ré industrialisation du pays.
Il est maintenant primordial que l’Etat joue son rôle et prenne ses responsabilités en revenant sur les dispositions accompagnant la mise en concurrence de l’énergie en France afin d’être en capacité de continuer à répondre aux besoins énergétiques de la nation.
La participation des salariés dans toutes les initiatives menées par les syndicats CGT sera déterminante dans les jours, les semaines et les mois à venir.
Montreuil, le 19 janvier 2016