Menaces illégales, charges contre le droit de grève, chantage et répression contre les professeurs…paniqué le ministre de l’Éducation de Macron, Blanquer, directement issu des rangs de la droite dure, a fait escalade de violence tout au long de ces journées du 3 et 4 juillet. En effet, la fronde des professeurs, décidant de faire grève à l’occasion des dates de rendu des copies du bac a démontré que la politique de destruction du Bac, des lycées et de l’enseignement supérieur ne produit que défiance et détresse au sein de l’école de la République. Le saccage de l’Éducation nationale en vue de sa privatisation ne passe pas. C’est plus d’une centaine de milliers de copies qui n’ont pas été rendues ce 3 juillet, et étaient toujours retenues le 4 juillet.
Les mensonges du ministres n’y changeront rien, lui qui veut faire croire que le mouvement est marginal. Si tel était le cas, pourquoi s’est-il senti obligé d’ordonner des mesures d’exception manifestement illégales pour arriver à publier des résultats du bac fantaisistes, coûte que coûte le 5 juillet ? Car de toute la France, et de la part des professeurs non grévistes participant aux jurys du bac les mêmes témoignages remontent. Des notes rentrées par les rectorats sans même que les jurys n’aient pu voir les copies. Des notes manquantes remplacées par des notes arbitraires. 10/ 20, 20 / 20 , des moyennes entre d’autres notes ou des notes issues des livrets scolaires. Brisant l’égalité des candidats. Brisant la loi. Les candidats du Bac de cette année devraient d’ailleurs porter ces agissements devant les tribunaux!
Pire, des jurys, pourtant réputés souverains ont subi les menaces de chefs d’établissement , d’inspecteurs ou de certains mandarins des facultés censés présidés ces jurys- comme le rapporte des témoignages de professeurs choqués sur twitter. Dans ces conditions, des professeurs pourtant initialement non grévistes, ont pris leur courage à deux mains pour rejoindre les grévistes défendant les intérêts des élèves, de la jeunesse, et du pays, refusant de continuer à siéger dans ces conditions.
Dans une lettre ouverte, les profs de philo de l’Académie d’Amiens, massivement en grève, expliquent la situation.
Chers parents, chers élèves,
À l’occasion de l’assemblée générale des correcteurs de philosophie de l’Académie d’Amiens du 20 juin 2019, nous avons décidé de voter la grève reconductible à partir du 3 juillet, suivie d’une rétention des notes.
Nous avons conscience de la radicalité de cette décision, et de l’inquiétude qu’elle suscite parmi vous. Toutefois, cette modalité d’action s’avère pour nous nécessaire, car elle est l’aboutissement de la surdité du ministère face à toutes les actions entreprises antérieurement. En outre, les dommages consécutifs aux réformes en cours nous semblent plus lourds à supporter pour les élèves du futur qu’une attente prolongée de quelques jours pour les candidats de cette année.
Étant investis dans la réussite de nos élèves avec passion, nous ne pouvons par conséquent accepter :
1. La machine à sélectionner Parcoursup, la concurrence délétère qu’elle instaure entre les élèves, son algorithme opaque, et les inégalités sociales et territoriales pour l’accès à l’enseignement supérieur, qu’elle renforce.
2. Le bac du « Nouveau monde », façonné par Blanquer et imposé à marche forcée, qui constitue la fin du bac national donnant à chaque diplômé les mêmes garanties sur tout le territoire. Le nouveau bac s’accompagnera de 22 épreuves sur 2 ans. Outre ces facteurs anxiogènes, seules quelques épreuves feront l’objet d’un examen national et anonyme, ce qui, en définitive, fait de ce nouveau bac un diplôme à valeur locale. Autrement dit, les élèves scolarisés dans des établissements défavorisés pâtiront davantage des effets de cette réforme.
3. La baisse de l’encadrement pédagogique, avec plusieurs facteurs qui rentrent en compte :
→ suppression de 2600 postes dans l’enseignement secondaire alors que le public accueilli sera démographiquement plus nombreux ; → les spécialités se substituant aux filières provoqueront des groupes surchargés – souvent à 35 élèves, voire plus – et mettront fin à la dynamique de classe, puisque les élèves seront contraints de changer de groupes en fonction de leurs spécialités, ce qui risque de perturber les élèves les plus en difficulté.
4. Les transformations en cours de la fonction publique, qui mettront fin, à terme, à l’actuel statut de fonctionnaire, indispensable notamment pour garantir un service public républicain assuré par des enseignants indépendants de toute pression hiérarchique et politique.
→ Ainsi, à travers le « devoir d’exemplarité » par la loi Blanquer, familles et élèves ne pourront plus être informés librement par les enseignants.
→ De même, la loi Darmanin prévoit la généralisation du recrutement d’enseignants précaires, à qui il sera plus difficile d’assurer un enseignement de qualité en toute liberté.
C’est dans cette perspective que nous avons adopté comme modalité d’action la grève.
COMMUNIQUÉ DE L’AG DES PERSONNELS D’ÉDUCATION EN GRÈVE DE L’ACADÉMIE D’AMIENS DU 3 JUILLET 2019
Les enseignantes et enseignants correctrices et correcteurs du baccalauréat de l’académie d’Amiens étaient environ 28 % à être en grève avec rétention des notes mercredi 3 juillet 2019, ce qui correspond à environ 35 jurys et 4500 copies de bac.
CELLES ET CEUX D’ENTRE ELLES ET EUX QUI ÉTAIENT PRÉSENT-ES À L’AG ONT VOTÉ À L’UNANIMITÉ LA RECONDUCTION DE LA GRÈVE JEUDI
4 JUILLET, AVEC RÉTENTION DES NOTES ET DES COPIES.
Les personnels de l’éducation de l’académie réunis en assemblée générale, avec leurs organisations syndicales la CGT Éduc’action de Picardie, Sud Éducation de Picardie, le SNES 80, le groupe philo du SNES, le SN-FOLC 02, 60 et 80, le SNUEP de Picardie, la CNT-STE 80 et la CNT interpro de Picardie appellent à :
– un rassemblement devant le rectorat d’Amiens jeudi 4 juillet à 10h 30 suivi d’une AG pour décider des suites du mouvement ; – une convergence entre les correctrices et correcteurs du Brevet des collèges et celles et ceux du baccalauréat en grève ce jeudi 4 juillet.
Ils ont adopté à l’unanimité le courrier aux parents rédigé collectivement ci-joint.
Ils ont approuvé à l’unanimité le principe de la mise en place d’une caisse de grève de l’éducation académique.
Quand l’école est attaquée, c’est toute la société qui est en danger !
Attaquer la fonction publique, c’est attaquer la République !