Ce 17 novembre 2020 – malgré le confinement plus de 2000 manifestants, professeurs et étudiants se sont rassemblés ensemble contre le vote de la LPR – « loi de programmation de la recherche » dénommée par antiphrase, puisqu’elle consacre, sur le plan parlementaire, une casse globale de l’Université, conduite sans répit depuis le programme de « formation » adopté par le Conseil européen de Lisbonne de mars 2000 , et mené à marches forcées depuis la présidence Sarkozy. Le projet de loi « pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l’enseignement supérieur », a d’ailleurs été adopté à 17h30, à l’heure où le rassemblement s’achevait, par les godillots de la Chambre, à 188 voix pour et 83 voix contre..
On y a vu des syndicats, Snesup, CGT, FO, , beaucoup de jeunes, pas de discours d’organisations, mais des pancartes, contre la LPR et la suppression simultanée du Conseil national des universités, qui marque la fin d’un recrutement universitaire national de personnel à statut : chaque jour apporte son lot de « réformes » assorties de nouvelles mesures liberticides. La place de la Sorbonne était presque noire de monde, plus qu’en avril 2020. Évidemment une délégation de camarades du PRCF y était emmenée par des camarades professeurs d’université.
Ce rassemblement démocratique, défendant ni plus que ce droit fondamental à une université libre, des chercheurs libres et des étudiants libres d’accéder à une Université de qualité dès lors qu’ils ont le baccalauréat s’est tenu dans une ambiance inquiétante : cerné de RoboCops, qui nous ont cependant permis de quitter les lieux…
#ESR #LPR #LPPR #CNU
— Didier Valette (@D79791023) November 18, 2020
Novembre 1945 : le général De Gaulle invente le CNU pour garantir la qualité du recrutement des universitaires de l’Université française.
Novembre 2020 : Frédérique Vidal détruit l’Université française. pic.twitter.com/f2Jhg2Dnyv
🔴Manifestation des #enseignants, chercheurs et des #étudiants contre la LPR-LPPR sur la Place de la Sorbonne à #Paris pour dire non à la précarisation et à la privatisation de la recherche. #StopLPR #LPPR #gouvernement pic.twitter.com/YvU7HRhczx
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) November 17, 2020
La Loi de programmation de la recherche s’attaque aux libertés et aux statuts du personnel.
Étendons la mobilisation pour qu’elle reste lettre morte
le communiqué intersyndical
Le gouvernement a annoncé le 1er février 2019 sa volonté de faire voter une loi pluriannuelle ambitieuse pour développer la recherche. Nous assistons au mois de novembre 2020 au dénouement de près de deux ans de « maturation » d’une loi destructrice pour l’ESR.
Le contenu de la loi de programmation de la recherche (LPR) et ses orientations néfastes avaient déclenché parmi les personnels un puissant mouvement de protestation, marqué par une journée d’action très suivie le 5 mars 2020, des assemblées générales très nombreuses et encore hier (17 novembre), en plein confinement, plus de 1200 personnes place de la Sorbonne à Paris.
Le 16 mars 2020, le gouvernement annonçait le confinement de la population. Le même jour le président de la République déclarait que les réformes en cours, notamment la réforme des retraites, étaient suspendues. Tout le monde pensait que cela concernait aussi la LPPR. Il n’en était rien. En pleine crise sanitaire, le gouvernement persiste et signe : le projet de loi doit aboutir en 2020.
Malgré la forte opposition et les mobilisations du personnel de l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) au cours de l’automne, le choix du pire contenu possible a été acté. La « commission mixte paritaire » (CMP) entre l’Assemblée et le Sénat a tranché en validant notamment des amendements surgis à la « dernière minute » qui criminalisent les mobilisations et contestations dans nos établissements et suppriment l’étape de qualification par le Conseil national des universités (CNU) dans le cadre des recrutements d’enseignants-chercheurs, au nom de l’autonomie. Nous nous inquiétons de ce que cet amendement favorisera en terme de clientélisme local, tout en participant à la casse du statut des enseignant·es-chercheur·es.
La ministre Vidal aura pesé de tout son poids auprès du Parlement pour que la loi soit validée. Elle porte une lourde responsabilité. Elle n’est plus crédible auprès du personnel de l’ESR. Elle a également perdu toute légitimité et toute confiance pour répondre aux besoins de la recherche.
Dans un contexte sanitaire très difficile, le personnel de l’ESR doit assurer le service public auquel les étudiant·es ont droit, y compris avec des cours en présentiel lorsque cela reste possible. Il doit aussi assurer le fonctionnement des laboratoires de recherche, malgré la détérioration des conditions de travail. Nous demandons, en urgence, au gouvernement, le financement des postes statutaires, à commencer par ceux qui s’avéraient déjà nécessaires indépendamment de la crise sanitaire. Ils doivent être créés et pourvus rapidement. Nous demandons la titularisation immédiate des non-titulaires exerçant des fonctions pérennes à tous les niveaux dans l’ESR.
Nous attendions des moyens budgétaires pour les laboratoires et des postes pour avoir un niveau de recrutement à la hauteur des besoins de la recherche et de l’enseignement, améliorer les conditions de travail et résorber la précarité. Nous aurons droit à des remises en cause des libertés et du statut de fonctionnaire !
Les organisations signataires appellent toutes et tous les collègues à multiplier les assemblées générales, y compris en visioconférence, pour discuter des modalités permettant d’amplifier la mobilisation par la grève, l’extinction des écrans, les rassemblements et les manifestations. Elles appellent à participer à la réunion nationale de Facs et labos en lutte le 23 novembre et à faire nationalement du 24 un moment fort de la mobilisation pour que la LPR ne soit pas appliquée et pour un ESR libre et ouvert à toutes et tous. |
Signataires : SNTRS-CGT, CGT FERC SUP, CGT-INRAE, SNESUP-FSU, SNEP-FSU, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, SNETAP-FSU, FO-ESR, SUD EDUCATION, SUD RECHERCHE EPST, SOLIDAIRES ETUDIANT-E-S, UNEF, L’ALTERNATIVE, FACS ET LABOS EN LUTTE